Les choses sérieuses commencent enfin

Les observateurs extérieurs ne s’en rendent pas compte, mais soutenir le LHC relève du sacerdoce. Se farcir toute une saison régulière où l’exercice d’équilibrisme de van Boxmeer consiste à gagner un minimum de matchs tout en craignant comme la peste le désavantage de la glace en play-off, c’est un exploit. Heureusement que le mentor de Malley est intouchable, il aurait giclé depuis belle lurette s’il s’était appelé Yake, Ryan ou Gélinas.

Finir troisième de la saison régulière présente l’avantage de pouvoir choisir la moins pire des deux dernières équipes en lice (en l’occurrence éviter l’écueil vispois jusqu’à la finale) tout en attribuant le statut de favori à un coach qui ne sait pas le gérer (vous savez, celui qui pourrait faire montre de tout son talent de communicateur à Gottéron, les pauvres). Ou comment faire baisser une pression qui, selon Mona, est la plus importante qu’il a jamais vécue. Car passer à un doigt dans le cul de l’élimination en quarts a permis à Boxy de faire passer tout ce qui vient maintenant comme du bonus, de ressouder son équipe, de ne plus traîner cet encombrant statut de favori et de pouvoir bâtir, match après match, ces exploits sportifs qui déplacent des montagnes – fussent-elles toutes râpées à force de servir de gravières, comme dans les environs de Biou. En un mot, de s’affranchir de la communication encombrante de début de saison.

Le mimétisme avec la saison passée est frappant. Troisième de la saison régulière, Ajoie poutsé en sept matchs, Olten au menu en demi-finale avant de… allez j’arrête, ça va encore faire mousser les lanceurs de cailloux qui ont déjà bien à faire avec leur propre équipe.

Super Olten

Quel plaisir d’affronter Olten ! Et quel changement avec Ajoie… Difficile de se dire que ces deux équipes font partie du même championnat. Chaque année, le premier tour des play-off sert à créer quelques frayeurs au futur champion, comme lors d’un premier tour de Grand Chelem où des «wild cards» classés 400èmes à l’ATP contrecarrent avec leur jeu rugueux les esthètes du tennis mondial.
Ajoie et sa ligne et demie, un gardien marchant sur la flotte (gelée), un power-play famélique… Comment voulez-vous monter en puissance dans ces conditions ? Et je ne parle même pas de l’antre calquée sur le modèle des remarquables patinoires bangladaises en carton compressé et des plexis faits dans le même métal. La patinoire d’Olten est certes actuellement vétuste, mais elle est accueillante et je me réjouis déjà de m’y rendre. Sans oublier l’ambiance amicale et chaleureuse avec des fans qui encouragent leur équipe avant de dégueuler sur celle d’en face et discutent volontiers avec les supporters visiteurs, et en français en plus. Tout l’opposé du Voyeboeuf, de la Gravière ou des Mélèzes, en somme.

«On monte en puissance»

Cette courte introduction m’amène en toute logique à ce deuxième acte des demi-finales. Bien sûr, Lausanne a gagné, mais il ne faudrait pas que ça en devienne une habitude. Rien de pire que les séries gagnées en quatre matchs pour perdre le rythme de la sacro-sainte montée en puissance. Ou quand l’improbable leitmotiv se transforme en prophétie à laquelle tous nous voulons croire. Au contraire, autant profiter du vrai sparring-partner à la hauteur qu’est Olten pour se préparer comme il se doit. Cinq, six, sept matchs, rien de tel pour établir les lignes qui n’ont pas pu être établies en seulement 45 matchs de saison régulière.
Au niveau des immenses satisfactions, relevons les prestations globalement extrêmement satisfaisantes des tauliers du LHC que sont Mona, Reist, Keller et bien sûr, Fedulov ! Plus qu’un retour en grâce, le tsar s’est rappelé au bon souvenir des play-off qu’il avait tellement l’habitude de marquer de son empreinte, au point d’être aligné en premier bloc aux côtés de Setzinger et Tremblay. Et l’ex-international russe n’a été remplacé dans la première triplette par Schnyder qu’en milieu de prolongation. Quelle joie c’était pour nous de voir celle de Fedulov sur son premier but ! Sans oublier les deux superbes assists, qui auraient pu être bien plus nombreux si ses caviars avaient été à chaque fois exploités. Oser sous-estimer Fedulov, c’est comme si le fameux deuxième bloc de l’année passée n’avait été si performant que grâce à Gailland et Miéville…

Même si ça en devient une habitude, mention spéciale aussi à la checkline lausannoise qui réalise un travail exceptionnel match après match. Non seulement en contrant la première ligne adverse, mais aussi en réussissant à créer le danger à maintes reprises devant la cage adverse, au point d’être alignée telle quelle en deuxième bloc de power-play. Juste récompense pour l’engagement sans faille de Hürlimann, Staudenmann et Sigrist.
Mais attention, la tâche pourrait être bien plus ardue qu’elle n’y paraît, car Olten est un sacré adversaire. Quatre blocs très compétitifs, un gardien qui a (presque) retrouvé son meilleur niveau et surtout, un entraîneur, Dan Ratushny, qui doit être l’un des tous meilleurs de LNB. Une sorte de John Fust, capable de transcender son groupe et d’établir la tactique pour faire plier son adversaire. Comme par exemple en réussissant à mettre sous pression le quatrième bloc lausannois au premier tiers, le forçant à concéder un dégagement interdit, et de pouvoir aligner son premier bloc face au quatrième lausannois. Cette configuration qui s’est reproduite trois fois consécutivement aurait pu  faire la différence, même si les hommes de Boxy ont alors réussi à s’en sortir. Et malgré l’absence de leur incroyable top-scorer Sertich (commotionné contre Ajoie, tiens comme c’est étrange), les lignes soleuroises sont remarquablement homogènes, très rapides et redoutables. Annen, Krebs ou Schwarzenbach n’ont pas grand-chose à envier à Della Rossa, Wüst et Germyn, le premier bloc. À n’en pas douter, la volonté et l’engagement offensif devraient permettre aux Souris de faire jeu égal avec les Lions sur les prochaines rencontres, tant les deux premières se sont jouées sur des détails, à l’image des power-plays improductifs en prolongations.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Olten 4-3 tab (0-0 2-1 1-2)

Malley, 5828 spectateurs.
Arbitre : M. Popovic.
Buts : 22e Fedulov (Setzinger, Tremblay/5c4) 1-0, 26e Antonietti (Fedulov) 2-0, 28e Maurer (Cy.Aeschlimann) 2-1, 41e Meister (Germyn, Pargätzi) 2-2, 43e Tremblay (Fedulov, Setzinger/5c3) 3-2, 54e Schwarzenbach (Pargätzi, Haldimann) 3-3.
Tirs au but : Setzinger marque, Germyn rate, Fedulov rate, Wüst rate, F.Conz rate, Schwarzenbach rate, Alston rate, Wüthrich rate, Sigrist rate, Annen rate.
Pénalités : 3 x 2’ contre Lausanne ; 8 x 2’ contre Olten.
Lausanne: Mona; Leeger, Reist; Stalder, J.Fischer; Kamerzin, Keller; Chavaillaz, O.Schäublin; Sigrist, Hürlimann, Staudenmann; Tremblay, Setzinger, Fedulov; Antonietti, F.Conz, Alston; Frunz, Dommen, St.Schnyder.
Olten: Leimbacher; Pargätzi, Meister; Parati, Si.Schnyder; M.Marolf, Haldimann; Della Rossa, Germyn, Wüst; Schwarzenbach, Annen, Hirt; Wüthrich, Marcon, Krebs; Maurer, Vogt, Cy.Aeschlimann.

Écrit par Yves de St-Aÿ

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22 Commentaires

  1. « Le mimétisme avec la saison passée est frappant. Troisième de la saison régulière, Ajoie poutsé en sept matchs, Olten au menu en demi-finale avant de… »

    …se viander à la 57ème minute du 7è match de barrage?

    C’est quand même comique d’en arriver à parler de la faiblesse du jeu d’Ajoie pour expliquer que Lausanne a failli se faire éliminer.

    2 victoires consécutives, et les arrogants sont de retour pour klaxonner leurs envies d’être champions. Quel exploit ça serait quand même, pour le premier budget de la catégorie de finir à la première place. Non, je déconne, le vrai exploit serait de ramasser une xème déconfiture consécutive sous la forme d’une non-promotion pour une équipe qui se voit plus belle qu’elle ne l’est année après année.

  2. Frustration de quoi, tu peux développer? Tu crois que je suis ajoulot? Je suis le hockey en tant qu’observateur, et je suis allé quelques fois à Malley cette saison, nulle part ailleurs, car j’aime l’ambiance de cette patinoire.

    Tout ce que je dis, c’est que l’humilité ne serait pas un vain mot pour une équipe qui a montré plus de faiblesses que de forces depuis le début de la saison, et qui n’assume pas son statut de favori qu’elle se plaît pourtant à afficher au début de chaque saison.

  3. MDR 🙂 Selon toi, le LHC réussit l’exploit de ne pas être assez « humble » tout en « n’assumant pas un statut de favori »…

    Il faut vraiment que je développe ?

  4. bon,quand même etrange que jvb ne remarque que depuis 4 matches qu’il a fedulov dans son équipe..alston toujours aussi mou (dans ses tirs..) et lent (vivement augsburger à sa place ); maintenant si mona nous sort encore 10 matches comme hier soir , que setzi ne se blesse pas et qu’on abuse pas de papy fedulov, il y aura de la joie à malley..

  5. C’est marrant que pour un télégramme de Lausanne-olten on parle d’ajoie a chaque paragraphe… Le traumatisme est évident…

  6. neuneu (Email) 02.03.2011 17:51
    Frustration de quoi, tu peux développer? Tu crois que je suis ajoulot? Je suis le hockey en tant qu’observateur…..

    L’un n’empêche pas l’autre et je parle bien entendu de la notion Ajoulot et observateur.

    Il ne me viendrait jamais à lidée d’assoicer Ajoulot et frustré —> :o))

  7. Oula attention les choses sérieuse commence on dois tous avoir peur maintenant.

    Toujours de la gueule même après un championnat pourri.

  8. Bon article bien provoque et qui va déchainer les passions. J’y vais donc de mon petit commentaire.

    Le gravier de Bienne, c’est un peu du réchauffé.

    « Et je ne parle même pas de l’antre calquée sur le modèle des remarquables patinoires bangladaises en carton compressé et des plexis faits dans le même métal. »
    Il y a vraiment que le fric qui compte sur les bords du lac Léman?

    « Sans oublier l’ambiance amicale et chaleureuse avec des fans qui encouragent leur équipe avant de dégueuler sur celle d’en face et discutent volontiers avec les supporters visiteurs, et en français en plus. »
    Je vois que Monsieur ne s’y connait pas trop. Le cop d’Olten et connu pour compter un nombre certain de nazions. Alors je suis sûr que la grande majorité du public, comme dans toutes les patinoires (si, si, même à Ajoie), est très gentille, mais il faudrait voir à ne pas faire l’apologie de n’importe quoi. Et depuis quand les Suisses allemands sont gentil sur CR?

  9. « MDR 🙂 Selon toi, le LHC réussit l’exploit de ne pas être assez « humble » tout en « n’assumant pas un statut de favori »…

    Il faut vraiment que je développe ?  »

    Ben oui.

    Le LHC s’auto proclame favori en début de saison, et ne l’assume pas. Un peu d’humilité ne ferait pas de mal. C’est compliqué à comprendre?

  10. @neuneu

    va sur le forum de la tchaux ou celui d ajoie et tu verras que l arrogance et le manque d humilité n est pas une caractéristique typiquement lémanique…. ha oui, j oubliais, quand c est les autres on parle de monopole du coeur…. moi j appelle ca de la frustration!

  11. Tant que Olten ne fais pas chier le LHC, il y aura toujours de l’amour.

    Imaginez Olten qui élimine le LHC en barrages ce serait plus pareil dans les commentaires.

    Qu’est ce qu’il faut pas entendre le Kleinholz est accueillant?

    C’est de la pure provoque envers les Jurassiens encore une fois.

    Faut pas s’étonner si après on vous insultes ou autres pauvre innocent que vous êtes.

  12. no comment, les ajoulots sont comme les français, ça va rester graver 10 ans dans leurs têtes, c’est comme être champion du monde, sauf que là c’est DES MAUVAIS PERDANTS FRUSTRéS

  13. @ Pacito.

    Il y a de l’exagérations, c’est aussi le propre de ce site.

    Je suis lausannois, mais ne fais que des déplacements de playoffs. La saison passée, me suis rendu à Olten lors des play-off. Ambiance bonne enfant. T’es mélangé. Tu peux aller te chercher une saucisse entre les deux patinoires aux milieux des soleurois et même « causer » (du moins on essaie de se comprendre). On était au milieu des soleurois dans la tribune latéral. Pas un mots, pas un geste, juste des regards amusés.

    Les seules insultes entendues (pas contre nous, mais contre le LHC), venaient d’un groupe de 3 ajoulottes. Et je doute que c’était 3 jeunes filles au paire jurassienne établies à Olten. Fallait vraiment avoir envie d’aller « supporter Olten » un soir de semaine par -5 au Kleinholz.

    Série suivante : aux Mélèzes, là où tout le stade s’unit pour chanter contre le LHC, mais tu entends à peine les
    gens encourager leur équipe.

  14. Vince, tu as tout dit. Mais par là-bas, ils appellent sans doute ça « avoir du coeur » que d’aller à Olten un mardi soir pour insulter les Lausannois… :-S

  15. @vince….bravo pour ce résumé. Preuve de la justesse des propos….5 étoiles en 24 heures !!! Alors que misters Pacito n’en décompte qu’une en dehors de la sienne.

  16. @ben

    On s’en fou des étoiles…

    @vince

    Merci pour ton résumé. C’est pas contre vous mais contre CC. Toi au moins tu expliques pourquoi c’est comme sa.

    Bonne chance pour la suite des playoffs.

    😉

  17. Et l’auteur de s’émerveiller des réactions des uns et des autres 😉

    Allez avouez-le qu’on aime bien se détester parmi… Ça nous manquerait si on devenait tous potes non ?

    Et tout ça en reservant les mêmes piques émoussées à force de se retrouver dans les papiers de St-Ay.
    Qu’est-ce que ça serait si en plus il avait du talent 😉

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