Un tifo et c’est tout

A part les échauffourées d’avant-match et un tifo somptueux, il ne s’est rien passé dans le match de la peur entre l’Eintracht Francfort et le 1. FC Kaiserslautern, les deux pires équipes de Bundesliga depuis le début de l’année 2011. Et bientôt les deux derniers du classement s’ils continuent à jouer de la sorte.

Lors de mon dernier passage à Francfort, en décembre, pour l’ultime journée du 1er tour, j’avais quitté un Eintracht euphorique : le club venait de s’offrir le scalp du leader Dortmund, semblait avoir quasiment assuré son maintien à Noël déjà et ne pointait qu’à trois points du Bayern Munich et de l’Europe, dans le sillage d’un buteur impavide, Theofanis Gekas (14 buts en 17 matchs au 1er tour). «Europapokal, Europapokal», chantaient les supporters. Moins de trois mois plus tard, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du Main, et la déprime a remplacé l’euphorie du mois de décembre : en sept matchs depuis la reprise, l’Eintracht n’a toujours pas goûté aux joies de la victoire et n’a toujours pas inscrit le moindre but, avec un Gekas désespérément muet et, en dernier lieu, une défaite affligeante à domicile contre l’avant-dernier Stuttgart pourtant réduit à dix dès la 15e minute. Du coup, l’Europe n’est plus qu’une lointaine chimère et SGE se retrouve en sérieux danger de relégation.L’adversaire du jour, le rival honni Kaiserslautern, n’est guère plus fringant. Là aussi, l’euphorie de la promotion s’est envolée depuis longtemps et les Roten Teufel débarquent au Waldstadion avec une peu reluisante 16e place et également toujours sevrés de victoire en 2011.

Frankfurt am Waziristan

Globalement, les Allemands ont réussi à pacifier leurs stades, sans pour autant tomber dans l’inflation sécuritaire et tout en conservant une certaine convivialité (places debout, alcool à volonté, prix populaires…). Il y a toutefois de temps en temps une piqure de rappel, généralement à l’extérieur des stades, pour ne pas oublier que la lutte contre la violence et la bêtise est un combat de tous les instants et ne tolère pas le moindre relâchement. Entre supporters de deux clubs qui se haïssent, la situation dégénère méchamment à l’arrivée d’un train de fans de Kaiserslautern.
Je n’ai pas vu grand-chose, j’étais pris au piège d’un S-Bahn bloqué en pleine forêt par les émeutes, toutes les lignes ferroviaires, y compris les ICE, ayant été coupées. Finalement, on trouvera le salut en sautant de la rame : fort heureusement, ton chroniqueur préféré avait encore le pied plus ou moins leste, à cette heure-là de la journée en tous les cas, il a pu assurer sa réception dans le ballast avec un télémark que n’aurait pas renié Gregor Schlierenzauer. D’autres, qui avaient manifestement un peu plus insisté sur l’apéro, n’auront pas cette chance et finiront à plat ventre dans le talus, la tête la première dans les ronces. Le tout sur fond de volutes de fumées, de sirènes hurlantes et d’explosions. Comme quoi, tu n’imagines même pas les risques que l’on prend pour te relater chaque semaine le meilleur du foot.

Le néant absolu

Enfin, le meilleur du foot, là je fais référence au somptueux tifo réalisé par les supporters de l’Eintracht Francfort. Parce que le match lui a été d’une nullité consternante avec deux équipes jouant la peur au ventre, incapables d’aligner deux passes de suite, sans la moindre prise de risque et ratant même les gestes les plus simples. La 1ère mi-temps a ressemblé à s’y méprendre à la 1ère mi-temps de LS – Chiasso. La référence n’est peut-être pas très parlante vu qu’on n’est pas très nombreux à avoir assisté à LS – Chiasso (et encore, parmi les courageux, la moitié est décédée d’une bronchopneumonie depuis lors), je voulais dire qu’avant la pause, il ne s’est strictement rien passé à part l’une ou l’autre altercation. Du coup, on se prend à avoir quelques pensées compatissantes pour nos voisins tricolores qui doivent assister à ce genre de mascarade tous les week-ends, qui plus est dans des stades pourris, à moitié vides et sans bière. Parce que si, durant ce week-end germanique, on n’a pas été gâté en buts, niveau bières en revanche, entre la Brinkhoff’s du Westfalenstadion et le Licher du Waldstadion, c’était plutôt du haut de gamme.

La balle de match

La partie n’est pas meilleure après la pause, ça reste toujours aussi navrant. Peu après l’heure de jeu on assiste à la première (et avant-dernière) occasion de l’après-midi, une reprise acrobatique d’Alex Meier qui passe au-dessus. Disons que la probabilité de voir Alex Meier réussir une reprise acrobatique dans un match aussi médiocre était proche du néant mais ça a eu au moins le mérite d’enflammer le stade. Alors qu’il n’avait rien tenté dans les 89 premières minutes de jeu, Francfort décide de partir aveuglément à l’abordage à la 90e : cela se solde évidemment par une perte de balle et un boulevard pour Kaiserslautern, Adam Hlousek et Srdjan Lakic partent en contre à deux contre un, le Tchèque joue parfaitement pour le Croate qui n’a plus qu’à marquer dans le but vide mais il envoie une chiquenaude de junior F qui termine tout doucement sa course six bons mètres à côté du but. A l’instar de Gekas, Lakic marquait les yeux fermés au 1er tour, il est complètement muet depuis la reprise et est même conspué par ses propres supporters, pas sûr que ce raté monumental fasse beaucoup remonter sa cote de popularité.

Direction Zweite Liga

De toute façon, ce match, terminé sous les sifflets du public, ne méritait pas de vainqueur. La seule façon d’échapper au 0-0, ça aurait été d’avoir un autogoal mais pour cela il aurait au moins fallu que les deux formations parviennent à amener le ballon dans la surface de réparation adverse. J’aime beaucoup Francfort et Kaiserslautern, deux Traditionsvereine avec des supporters fantastiques (enfin, à part les quelques imbéciles des incidents d’avant-match) et qui ont largement leur place dans l’élite. Mais là, le mal semble profond des deux côtés, alors même que les autres prétendants à la relégation, comme Gladbach, Köln, Brême ou Stuttgart montrent eux des signes de redressement. Une réaction est donc attendue rapidement, parce que si l’Eintracht et Kaiserslautern continuent à jouer des matchs du même calibre que celui de samedi, il n’y aura pas besoin d’aller chercher plus loin les deux relégués directs.

Eintracht Francfort – 1. FC Kaiserslautern 0-0

Commerzbank-Arena, 49’400 spectateurs.
Arbitre : M. Weiner.
Frankfurt : Fährmann ; Jung, Franz, Russ Tzavellas (46e Altintop); Schwegler, Rode (72e Amanatidis); Köhler, Meier, Ochs; Gekas (85e Fenin).
Kaiserslautern : Sippel; Dick, Rodnei, Abel, Jessen; Tiffert, de Wit (76e Petsos), Rivic (76e Kirch), Hlousek; Moravek (88e Hoffer); Lakic.
Cartons jaunes : 36e Tzavellas, 36e Abel, 39e Rode, 57e Rivic, 74e Köhler, 79e Hlousek, 89e Franz.
Notes : coup d’envoi retardé de 15 minutes en raison des échauffourées d’avant-match. Eintracht sans Nikolov, Chris, Caio ni Bajramovic (blessés), Kaiserslautern sans Simunek, Ilicevic (blessés) ni Bilek (malade).

Écrit par Julien Mouquin

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1 Commentaire

  1. En effet, pour avoir été présent au match aller, je confirme que j’avais trouvé ces 2 équipes bien faibles (malgré la victoire 0-3 de l’Eintracht, bien aidé par un pâle K’Lautern et un Gekas en pleine forme). Sinon, niveau ambiance et supporters (les vrais, pas les abrutis), c’était bien sympa et ceux de Franckfort m’avaient bien impressionnés ! Au plaisir. J.

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