Unser Ottmar, Teil 3 : pour un fin tacticien…

Ottmar Hitzfeld est un des plus grands tacticiens de la planète football et je le ne remettrai pas en cause ici. Mais, au risque de décevoir certains, Ottmar Hitzfeld n’est aussi qu’un homme. Un homme qui a ses propres opinions, sa propre vision. Ça tombe bien, nous aussi !

Nous n’avons certes pas le même bagage footballistique que l’Allemand. Rien à foutre ! C’est aussi à nous d’ouvrir le débat. Passons rapidement les questions concernant le système. Non, ce 4-4-2 (parfois 4-4-1-1) à plat ne fonctionne pas en phase offensive. Oui, il serait peut-être bien vu d’essayer autre chose dès à présent pour être prêt en septembre 2012 (qualif du Mondial 2014). Certains veulent un 4-2-3-1, d’autres un 4-3-3. Puisqu’aucune vérité ne peut ressortir d’une telle discussion, je me permets de simplement mentionner la nécessité de se poser ces questions face à ce constat d’échec.

Postulat de base

Prendre Hitzfeld, c’était le gage, croyait-on, d’avoir un homme aux commandes ne commettant presque jamais d’erreur de coaching. Ben les gars, on s’est mis dedans ! Retour sur quelques épisodes.

Un entraîneur qui mise pendant deux ans sur un axe Inler-Huggel, soit deux camions pas vraiment créatifs, ne peut pas avoir envie que son équipe propose du jeu et soit inspirée. Je ne m’attarderai pas non plus sur l’obstination peu convaincante de l’Allemand à miser pendant 6 matches sur Abdi. A sa décharge, le sélectionneur ne pouvait pas ignorer les régulières bonnes prestations du demi du FCZ à cette période. Je n’évoquerai pas plus que cela non plus le naufrage du Letzigrund contre le Luxembourg, qui dépasse de loin les simples considérations tactiques et techniques.
J’aimerais par contre revenir sur quatre moments bien précis. Le 10 octobre 2009, la Suisse se rend justement au Luxembourg avec l’impératif besoin d’y gagner pour obtenir directement son billet en Afrique du Sud. Résultat des courses : une victoire 3-0, grâce à des réussites de Senderos (2) et Huggel. A chaque fois sur balles arrêtées, l’équipe peinant même au Grand Duché à produire du jeu. Une raison – parmi d’autres je vous l’accorde – à cela : peut-être le fait que, face aux amateurs luxembourgeois, la Suisse était restée organisée en 4-4-1-1. Quelle attitude conquérante ! Tu parles d’un message envoyé à ses joueurs…

Les errances du Mondial

La Coupe du Monde 2010 a surtout vu un Hitzfeld très mauvais gestionnaire des égos et du moral de ses ouailles. L’Allemand – et avec lui tout le service communication de l’ASF – a notamment laissé son capitaine Frei s’enliser dans une crise. On peut également se demander la pertinence de retenir un joueur qui avait été victime en début d’année d’une fracture du bras et d’une entorse à la cheville le jour du départ pour le Mondial. Enfin bref.
Frei et Behrami sont sur le banc contre l’Espagne. Un succès inespéré qui suscite un engouement hallucinant en Suisse. Or, Hitzfeld, plutôt que de reconduire la même équipe héroïque – notamment Derdiyok –, chamboule son onze et lance son capitaine dans la bagarre. Avec le succès qu’on connaît. Le cas Behrami est identique. Que l’on trouve son expulsion sévère ou non, on ne peut pas nier que le Tessinois, à l’idée de débarquer dans une équipe qui venait de battre le champion d’Europe, était soumis à une énorme pression. Dans le genre finesse psychologique, on a vu mieux…
Troisième match du Mondial, contre le colosse Honduras, avec une victoire obligatoire. Et, comme au Luxembourg, Hitzfeld persiste dans un 4-4-1-1 et s’enterre dans ses schémas tactiques rigides à l’extrême. Résultat : 0-0, on rentre à la maison !

Joker grillé à Sofia

Dernier épisode en date, le match de Sofia. Impossible que tout le monde soit d’accord sur un onze de départ, alors passons ça aussi. Surtout que, en toute bonne foi, cette équipe tenait la route sur le papier. Ce qui m’interpelle est plutôt le choix du coach après la blessure de Behrami. Je m’explique.
La Suisse doit gagner. Hitzfeld a, sur le banc, Derdiyok, Yakin et Gavranovic. Il décide d’introduire Fernandes, honnête mais dont l’apport offensif est quantité négligeable. Une décision qui prive l’Allemand de l’un de ses trois joueurs à vocation offensive. Il fera entrer Derdiyok et Gavranovic, histoire de s’assurer la présence de ce dernier pour l’avenir (en a-t-on vraiment besoin ?).

Yakin, lent, pataud, vieux, reste sur le banc. Sa patte gauche n’aurait pourtant pas fait de mal en fin de rencontre. Au moins pour tirer coups francs et corners, qui ont été catastrophiques au stade Vasil Levski. Pour ajouter du corps à mes doutes, je constate simplement que Derdiyok a été introduit dans le couloir gauche au milieu de terrain. Pourquoi alors ne pas l’avoir mis à droite à la place de Behrami, conservant encore les options Gavranovic ET Yakin ?
On le voit à travers ces quelques exemples, Ottmar Hitzfeld n’a pas toujours fait honneur à sa réputation – totalement méritée, je le répète – de grand tacticien. Sauf sur un point : c’est vrai qu’on bétonne plutôt bien. Didier Ollé-Nicolle aurait peut-être alors aussi fait l’affaire, et pour moins cher !
A suivre : The Nati is brought to you by…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Psyko Franco

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3 Commentaires

  1. 1000000 % d’accord avec toi psycho ! un résumé terrifiant mais tellement vrai ! à envoyer au ponte de la nati et à quelques médias pour ouvir un ou deux yeux…..

  2. Texte toujours aussi pertinent.

    Merci Psycho, ça fait plaisir d’avoir un article avec de vrais morceaux de journalisme dedans.

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