ShaqiRi chtung Euro 2012

Le chemin est encore long mais en battant la Bulgarie 3-1, la Suisse s’est remise sur la bonne voie en direction de l’Ukraine et la Pologne. Une fois n’est pas coutume, la Nati a pu compter sur le formidable talent d’une individualité, Xherdan Shaqiri, pour faire la différence.

Le match nul de Wembley avait marqué l’esquisse d’un renouveau pour l’équipe de Suisse mais le vrai test, c’était mardi contre la Bulgarie. Soit non plus dans un match que la Nati abordait dans son rôle préféré d’outsider qui n’a rien à perdre mais dans cette position du favori qui doit absolument gagner qu’elle n’est que trop rarement parvenue à assumer dans un passé récent. Et pour que le test soit vraiment relevant, la Suisse s’est compliquée la tâche en concédant l’ouverture du score sur un corner et un manque de réaction de la défense après un renvoi de Benaglio, permettant au défenseur Ivanov, Ivan de son prénom et non Trifon, de marquer au deuxième poteau.

Merci l’arbitre !

On pouvait craindre le pire, sachant que les onze titulaires helvétiques affichaient seulement 15 petits buts au compteur en matchs internationaux, dont seulement quatre pour le quatuor offensif. C’était d’autant plus compliqué que, si la Bulgarie n’avait rien d’un foudre de guerre, elle s’entend à merveille en matière d’antijeu et de pertes de temps, à l’image de Blagoy Georgiev, le Sergio Busquets du Caucase. Néanmoins, la Suisse est partie à l’assaut, avec beaucoup de bonnes intentions mais une réalisation un peu plus laborieuse, avec énormément de déchets dans le dernier geste et une insuffisance crasse sur les balles arrêtées. Seuls un tir de Shaqiri juste en-dessus et un centre de ce même Shaqiri effleuré par Mehmedi ont véritablement inquiété le portier Mihaylov.
On s’acheminait vers un score défavorable à la pause lorsque l’arbitre tchèque a eu la bonne idée de rajouter quatre minutes d’arrêts de jeu. Il faut saluer ici la décision de M. Kralovec d’avoir sanctionné les multiples simulations bulgares et les interventions de la civière qui en ont découlé en accordant des arrêts de jeu aussi longs. Il devrait toujours en être ainsi lorsqu’une équipe abuse des séjours prolongés au sol, quitte à mettre 12 minutes d’arrêts de jeu. La Suisse profitera du temps supplémentaire pour égaliser grâce à une percée de Xherdan Shaqiri, un bon relais avec Derdiyok et un enchaînement d’une rare promptitude de Shaqiri.

Affluence honteuse

Ce but était d’autant plus bienvenu qu’il nous a redonné le moral avant la pénible épreuve de la mi-temps : comme il n’y a que de la bière sans alcool en matchs internationaux, on ne va pas à la buvette durant la pause et l’on doit subir les «animations» concoctées par les sponsors. Cette fois-ci, des dés géants sont balancés de la tribune C, la partie droite de la tribune affronte la gauche pour réussir le plus grand nombre de points possible. Un animateur s’égosille en Schwytzertütsch pour nous expliquer à quel point ce jeu est passionnant. Après les trois lancers réglementaires, droite et gauche sont à égalité, 9 partout, un lancer supplémentaire est nécessaire, le suspense devient insoutenable et l’ambiance irrespirable. La droite pense tenir la victoire avec un 5 mais la gauche réplique avec un 5, ça fait rêver. Nouveau lancer, la droite est mal partie avec un 2 mais la gauche ne fait pas mieux. Troisième extra-time, la gauche lance un 4 et la droite réplique par…
Tu ne le sauras pas, on ne te dira pas qui de la droite ou de la gauche a eu le droit au lancer de t-shirts offerts par une grande banque, fallait venir au match, na. 16’880 spectateurs pour un match capital, c’est honteux. Le pire, c’est que tous ceux qui ne sont pas venus avec un méprisant «on ne va pas aller jusqu’à Bâle en semaine pour voir ces losers» seront les premiers à clamer leur amour indéfectible pour la Nati, à pester contre le site de Ticketcorner qui sature et à pleurnicher s’ils n’ont pas eu de billets si l’on doit jouer le Portugal, la France ou la Turquie en barrages. Même si le match a lieu un lundi matin à St. Gall. 

Les chefs d’œuvre de Shaqiri

Après la pause, la Suisse a repris sa domination brouillonne. On est pas loin du 2-1 sur un bel effort de Derdiyok mais Mehmedi, un brin décevant, écrase sa frappe. Le Zurichois sera toutefois à l’origine du deuxième but avec une passe à l’origine destinées à Dzemaili mais qui parvient à Shaqiri après une Stéphane Henchoz (si ma mémoire est bonne, à dix mètres près au même endroit) d’un défenseur bulgare. Le prodige du FC Bâle prend son temps pour ajuster Mihajlov d’une merveille de frappe enroulée. Le plus dur semblait fait, surtout que la Bulgarie sera réduite à dix peu après.
Mais la Suisse va se contenter de ce résultat et ne passera pas loin de la catastrophe sur deux cafouillages devant Benaglio après des balles arrêtées. Je dois dire qu’on peine à comprendre le coaching d’Ottmar Hitzfeld qui a attendu les toutes dernières minutes pour effectuer des changements, alors même que ses trois milieux axiaux étaient à court de compétition et donnaient d’évidents signes de fatigue. Fort heureusement, cela ne portera pas à conséquence et Xherdan Shaqiri s’offrira son troisième but somptueux de la soirée avec une frappe pleine lucarne après avoir chatouillé la transversale.

A deux victoires du barrage

On ne va pas fanfaronner après ce succès car cette équipe bulgare n’avait vraiment pas beaucoup d’arguments à faire valoir, bien loin de la glorieuse équipe des années 1990 ou même de celle, alors emmenée par Dimitar Berbatov, qui avait techniquement dominé la Nati lors d’un amical glacial à Genève en février 2009. En dehors du gardien Mihaylov, ses éléments les plus cotés sont Stiliyan et Martin Petrov, qui arrivent en fin de carrière, alors que l’entraîneur Lothar Matthäus ferait passer Gabet Chapuisat pour un entraîneur à succès. Bref, cette équipe n’est pas prête de nous faire rêver comme elle l’avait fait en novembre 1993 (mais si la Bosnie pouvait la remplacer…).
La victoire suisse doit sans doute davantage au talent de Xherdan Shaqiri qu’à l’expression d’un collectif impressionnant. Djourou nous a fait peur sur chacune des très rares offensives bulgares, Inler a eu trop de déchets pour confirmer son bon match de Wembley, Xhaka et Mehmedi ont été très discrets et Derdiyok n’est toujours pas le leader de l’attaque attendu. Dans ce contexte, on peut s’estimer heureux d’avoir emporté ce match qui, en d’autres temps, se serait sans doute soldé par une défaite ou un nul. Il est sans doute encore prématuré de réserver l’hôtel pour la Pologne ou l’Ukraine (de toute façon, les hôtels sont déjà tous complets en Ukraine en juin prochain) mais cette Suisse-là devrait avoir les moyens de battre le Pays de Galles et le Monténégro et de s’offrir un barrage. Lequel serait déjà inespéré vu notre début de qualifications.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Suisse – Bulgarie 3-1 (1-1)

Parc Saint-Jacques, 16’880 spectateurs.
Arbitres : M. Kralovec, assisté de MM. Zlamal et Wilczek.
Buts : 9e Ivanov (0-1), 45e + 3 Shaqiri (1-1), 62e Shaqiri (2-1), 90e Shaqiri (3-1).
Suisse : Benaglio; Lichtsteiner, Djourou, Senderos, Ziegler ; Inler, Dzemaili ; Shaqiri (91e Ben Khalifa), Xhaka (88e Fernandes), Mehmedi (84e Emeghara); Derdiyok.
Bulgarie : Mihaylov; Milanov, Iliev, Ivanov, Zanev; S. Petrov; Georgiev, Popov, Sarmov, M. Petrov (61e Gadzhev); Genkov (70e Bodurov).
Cartons jaunes : 31e Georgiev, 33e Milanov, 60e Djourou, 63e Shaqiri, 91e Bodurov.
Carton rouge : 65e Milanov (2e avertissement).

Écrit par Julien Mouquin

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12 Commentaires

  1. Quelqu’un pour relever le crétinisme de notre goléador du jour de se ramasser une biscotte pour avoir enlevé son maillot ? Là, on s’en cogne mais suivant la tournure des événements et une éventuelle suspension, on risque d’avoir des regrets…

  2. Pour l’affluence.. le jour où les matchs seront équitablement joué entre Bâle, Genève, Bern et Zurich je bougerai mais là ras le bol d’aller voir des matchs à Bâle !

  3. @anatole: chut! pas de blasphème!

    @Mouquin: J’ai beaucoup ri de la référence à Henchoz (au passage Djourou commence sérieusement à ressembler à Henchoz version fin de carrière). Au fait, la Bulgarie n’est pas dans le caucase.

  4. c’est moi ou Xhaka et mehmedi c’est franchement pas terrible ?? sans parler de ce blairo de Djourou qui ne voit plus le puck depuis quelques temps ! ce gars risque de nous couter la qualif. on en a déjà pris 2 contre l’angleterre a cause de lui !!!!

  5. @Reto Gertschen:
    Je sais que la Bulgarie n’est pas dans le Caucase mais Blagoy Georgiev joue au Terek Grozny (futur recrue pour Wainach ?).

  6. Question stade, je pense qu’à Berne, il y aurait 30000 personnes. Mais bon c’est tellement cool d’avoir un stade de Suisse avec une pelouse synthétique….. !!!!!!!!!!

  7. Carton Rouge à l’ASF qui n’a pas proposé assez de billet aux… 3, oui 3 seuls guichets de caisse ouverts à St-Jacques. Après avoir patienté 45 minutes dans la file d’attente pour que des billets soit a nouveau imprimés, aucuns ne sont arrivés. L’ASF a eu la sainteté d’esprit de laisser rentrer gratuitement les fans venus sans billet. Pas très correct pour ceux qui ont mis 50, 80 voir 100 francs pour ce match.

  8. …Troisième extra-time, la gauche lance un 4 et la droite réplique par…

    – allez dis-nous
    , le suspens est insutenable
    16’880 spectateurs pour un match capital, c’est honteux.

    – oui mais «on ne va pas aller jusqu’à Bâle en semaine pour voir ces losers»

    Le pire, c’est que tous ceux qui ne sont pas venus avec un méprisant «on ne va pas aller jusqu’à Bâle en semaine pour voir ces losers» seront les premiers à à clamer leur amour indéfectible pour la Nati, à pester contre le site de Ticketcorner qui sature et à pleurnicher s’ils n’ont pas eu de billets si l’on doit jouer le Portugal, la France ou la Turquie en barrages. Même si le match a lieu un lundi matin à St. Gall.

    – j’admets. mea culpa. en même temps j’étais allé voir le Suisse-Bulgarie de 2009 et j’ai failli m’endormir…et puis j’avais piscine

    Pour revenir au match, la paire djourou-senderos risque de nous couter cher. Et je ne sais pas quand Inler et derdyiok vont se reveiller, on en aurait besoin

  9. « Reto Gertchen+for+ever (Email) 07.09.2011 17:10
    @Mouquin: mea maxima culpa pour mon ignorence du championnat Tchètchène (certainement injustement méconnu).  »

    La Tchétchénie n’est pas un pays. Il ne s’agit donc pas du championnat Tchéchène mais du championnat Russe.

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