Sus aux Canado-Suisses !

C’est la mode depuis quelques années : aller chercher des joueurs partout dans le monde – enfin, surtout au Canada – et leur trouver une arrière-grand-mère suisse ou leur dégoter quelques matches parmi les ligues juniors helvétiques pour leur fournir la si précieuse licence permettant de ne pas grossir le contingent d’étranger. Ça en devient grotesque.

Le prochain futur éventuel bénéficiaire du précieux sésame ? Rien de moins que Jeff Tambellini, sixième compteur actuel de la LNA et récent finaliste de la Coupe Stanley. Et pourquoi ? Parce que ce monsieur a joué deux-trois matches avec ses copains au sein des Zurich Lions quand il avait… cinq ans. Reste juste à retrouver le papier de l’époque, autrement ils l’auront bien profond. S’ils le retrouvent en revanche, ce sont les gardiens adverses qui l’auront bien profond.

Chaque équipe, ou presque – Davos, Bienne, Ajoie, La Chaux-de-Fonds et Olten sont encore «pures» –, en a au moins un. Pire, ces «Canado-Suisses» sont en train de littéralement envahir notre championnat. Cela rehausse le niveau, peut-être, mais cela coûte pas mal de places aux juniors du cru.

A quoi bon limiter le nombre d’étrangers sur la glace, ainsi que le nombre de licences à disposition pour ces derniers, si la porte est ouverte à toutes ces dérives ? A l’heure actuelle, ils sont plus d’une quarantaine en Ligue nationale ! Incroyable ? Mais vrai… Jugez plutôt, petit tour non exhaustif des binationaux du championnat de Suisse ainsi que des joueurs ayant droit à une licence on ne sait pas toujours vraiment bien pourquoi.

LNA


Ambri-Piotta :
Vitaly Lakhmatov (Ukraine), Trevor Meier (Canada) et Mirko Murovic (Canada).

Berne : Ryan Gardner (Canada), John Fritsche Junior (Etats-Unis) et Johan Morant (France). Rien à voir, mais je savais pas que ce bon Joel Vermin avait un passeport néerlandais…

Bienne : bon, Clarence Kparghai (Liberia) et Marco Streit (Italie), ça compte pas.

Davos : personne.

Fribourg : Andrei Bykov (Russie) et Cristobal Huet (France) à la limite, on leur pardonne. Christian Dubé (Canada), c’est quand même 5 matches à Martigny avant de repartir en Amérique du Nord. Jan Cadieux (Canada), mouais, passe encore et Mike Knoepfli (Canada), c’est encore un peu plus compliqué.

Kloten : Victor Stancescu (Roumanie), Ronald Rüeger (Grande-Bretagne) et Eric Blum (Japon), on veut bien.

Lugano : Hnat Domenichelli (Canada), Stefan Ulmer (Autriche), Codey Burki (Canada et Etats-Unis) et Brady Murray (Etats-Unis).

Rapperswil : Nicolas Thibaudeau (Canada), Jordy Murray (Canada et Etats-Unis) et Niki Siren (Finlande).

Langnau : Robin Leblanc (Canada) et Anton Gustafsson (Suède).

Genève-Servette : Eric Walsky (Etats-Unis), Daniel Vukovic (Canada), Eliot Berthon (France), Dan Fritsche (Etats-Unis), Pierrick et Victor Pivron (France). Pour le passeport américain de Chris Rivera, on va rien dire.

Zurich : Robin Breitbach (Allemagne), Ronalds Kenins (Lettonie) et Ari Sulander (Finlande).

Zoug : Thomas Rüfenacht (Etats-Unis).

LNB


Ajoie :
personne, parce que les nationalités italiennes d’Antoine Todeschini, de Lionel d’Urso et de Nico Spolidoro, on s’en fout.

Bâle : Eugène Chirjaev (Ukraine, mouais, ok…), Hans Pienitz (Etats-Unis et Allemagne) et Adrian Plavsic (Canada).

La Chaux-de-Fonds : pour les passeports français de Régis Fuchs et d’Alexis Vacheron, on va laisser l’avantage. Tout comme le transalpin de Tobias Plankl.

GCK Lions : Kristof Hentes (Hongrie) et Santtu Sulander (Finlande).

Langenthal : Yanick Bodemann (Autriche), mouais…

Lausanne : Alexei Dostoinov (Etats-Unis et Russie), Bernie Sigrist (Canada), Martin Ulmer (Autriche), Victor Barbero (France) et Josh Primeau (Canada). Larry Leeger a un passeport finlandais, mais on va lui laisser le bénéfice du doute, comme celui des Etats-Unis de Simon Fischer.

Olten : personne.

Sierre : Paul Di Pietro (Canada), Wes Snell (Canada) et Leo Keefer (Canada).

Thurgovie : personne.

Viège : Tomas Dolana (République tchèque).

Si l’on peut aisément «pardonner» aux «fils de» de jouer dans leur pays de naissance ou d’adolescence de faire leurs classes par chez nous, que dire de certains cas extrêmes tels Alexei Dostoinov et Josh Primeau à Lausanne, Tomas Dolana à Viège, Thomas Rüfenacht à Zoug et j’en passe ? Ces types ne connaissaient pas la moindre virgule en Schwizerdütsch ou de patois vaudois et repartiront sous leurs latitudes dès leur carrière de hockeyeur terminée.

Un gentleman agreement limite à quatre en LNA et à deux en LNB le nombre de joueurs étrangers sur une feuille de match. En revanche, le nombre de naturalisés, binationaux ou anciens juniors n’est pas réglementé, contrairement à certaines autres ligues et d’autres sports en Suisse comme ailleurs. Ne serait-il pas bientôt temps de se pencher sur cette spécificité qui tourne au grotesque ?


Photos Pascal Muller, copyright
www.mediasports.ch

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26 Commentaires

  1. Fribourg : Andrei Bykov (Russie) et Cristobal Huet (France) à la limite, on leur pardonne. Christian Dubé (Canada), c’est quand même 5 matches à Martigny avant de repartir en Amérique du Nord. Jan Cadieux (Canada), mouais, passe encore et Mike Knoepfli (Canada), c’est encore un peu plus compliqué.

    Heu…. Dubé est allé à l’école et fait toutes ses classes juniors entre Martigny et Sierre si jamais… même 3 ans après la parution de l’article ça méritait d’etre dit.

  2. Article Grotesque, inutile… Les binationaux par exemple, sont aussi binationaux dans l’autre pays… Alors ils « oseraient » jouer ou? Dans un championnat international des binationaux? et les équipes de ce championnat auraient le droit d’aligner deux joueurs n’ayant qu’une nationalité…

  3. Dans les binationaux, il faut faire le tri entre ceux qui ont grandi ici (Bykov) et ceux qui ne savaient même pas qu’ils avaient des aïeux helvétiques (Walsky) ou ceux qui ne font pas partie des étrangers parce qu’ils ont eu leur 1ère licence chez nous (Dubé).

    Je pense que pour la 1ère catégorie, la question ne se pose même pas de savoir s’ils peuvent jouer en tant que « suisse ». Ils sont nés ici, on grandit ici et ne connaisse de leur pays d’origine que ce qu’ils en ont entendu de leurs parents. Et quand on entend parler Bykov, on ne doute pas qu’il soit fribourgeois 🙂

    Pour les 2ème, ça devient un peu plus limite, mais en même temps, s’ils ont la double-nationalité, aucune raison qu’ils ne puissent pas évoluer comme la 1ère catégorie.

    Reste la 3ème ! Là, je pense qu’il faudrait effectivement revoir les réglements et demander à ce qu’ils aient joué au moins 3 ou 4 ans dans les catégories juniors pour obtenir le droit d’être assimilé aux joueurs suisses.

    Mais bon, je doute que les dirigeants des clubs se privent de ce genre de joueurs qui coûtent certainement moins chers que les étrangers et certainement pas plus que les suisses.

  4. Si les jeunes du cru veulent jouer, ils n’ont qu’à faire de la place! C’est pas comme si la NHL était remplie de joueurs binationaux qui viennent se la couler douce en Suisse!

    Des Walsky et Vuko à Genève obligent les autres joueurs à se bouger le c.., alors que s’ils n’étaient pas là, leur seule concurrence serait des juniors, puisque le club ne peut acheter des bons joueurs suisses..

  5. La liste me gêne un peu, pour moi un joueur comme Domenichelli, Gardner, Bykov, Walsky, etc…et bien étant binationaux, on est bien content de pouvoir les prendres dans notre équipe national pour les J.O ou autre…Un gars comme Dubé, déjà moins (je ne parle pas de son niveau de hockey, club ou autre). Je veux dire par-là que s’il est binationale, eh bien tant mieux pour lui, son club, et la nation qui voudra le sélectionner. Concernant les cas comme Tambellini, c’est un autre débat, et je suis d’accord sur le fait que n’étant pas binational, peut importe s’il a fait ou non des matchs en junior, il devrait être considéré comme étranger.

  6. Pour information, dans le cas ou une personne de nationnalité étrangère prend la première licence de hockey en suisse celui-ci compte comme un joueur suisse.

    Les autres cas comme beaucoup de français à Genève ou autre sont des juniors qui sont venu faire une partie de leur catégorie juniors ici, pour optenir une licence suisse il faut faire 4 ans juniors (5 depuis la saison 11-12), 2 ans minimum en Novice pour pouvoir jouer en juniors élite et 4-5 ans minimum pour pouvoir jouer en LN comme joueur suisse ou en 1ère ligue.

    Voilà une explication et je trouve normal que quand un joueur français (ou autre) quitte la maison à 14 ans pour jouer dans un niveau meilleures et être mieux formé puisse jouer en suisse en étant joueur suisse.

    Explication très simple qui ce trouve dans les régle de Swiss Ice Hockey.

  7. C’est l’article le plus inutile que j’ai lu sur Cartourouge… Enfin y’avait eu celui sur le vélo mais c’était rigolo au moins! Svp, y’a assez de truc à se tirer des balles qui se passe dans le sport, alors perdez pas votre temps avec ça!

  8. Si les juniors Suisses y perdent dans cette affaire c’est qu’ils ne sont pas assez fort.

    C’est comme avec l’équipe de France de football. Un monsieur dit ouais c’est pas normal il y a que des blacks dans cette équipe et l’autre lui réponds mais non l’ami c’est juste les onze meilleurs Français du moment.

  9. Peter Jaks n’était pas d’origine suisse, personellement je ne le savais meme pas et ne m’étais jamais posé la question… Chez les plus de trente ans, on s’est tous identifiés à lui un jour, un tout grand nom du hockey SUISSE… On a tous quelque chose de Peter Jaks… Voilà bien une preuve que cet article sonne completement faux et est inutile a souhaits… Et il y a un peu qqch d’UDC dedans quand meme, n’en déplaise a certains…

  10. Mauvais papier! L’intérêt aurait été de comparé une éventuelle « dérive » ces 10 ou 20 dernières années. Mais l’investigation et le travail ne semble plus avoir d’importance pour CR. Lu comme ça, faut avouer qui pu un peu cet article…

  11. Cette manière d’aborder le problème est idiote! En effet, si les cas de Tambellini ou Di Pietro sont limites, je ne trouve pas très intéressant d’attaquer tous les bi-nationaux. Pas mal d’entre eux comme Morant ont fait leur formation en Suisse comme tout le monde et je trouve idiot de réflechir ne serait-ce qu’un instant à leur passeport.

    De plus, quelle est la différence entre un Français/Italien et un Canadien/Américain? Pour moi, ce qui à la limite pourrait être condamnable serait le fait de profiter d’une licence suisse due à deux matchs joués il y a n années. Par contre, un Ruefenacht qui a fait ses classes juniors à Langnau, si je ne m’abuse, ne devrait pas être condamné pour son passeport américain…

    N.B. : Même si l’article se veut humoristique, je pense que le point soulevé dans le fond est déjà un non-sens…

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