Calculs rhénans

Décidément, le HC Bâle a décidé de tenter d’accrocher la huitième place du tour qualificatif grâce aux cinq matchs qui l’opposeront au LHC. Sur huit points engrangés par les Rhénans, quatre l’ont été face au leader théorique de LNB. De là à dire qu’il s’agit d’autant de points galvaudés par les Lausannois, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai que lorsque la saison régulière revêtira le moindre enjeu.

Dany Gélinas a la rancune tenace. Non content de s’être fait lourder, gicler et vilipender à très juste titre lorsqu’un destin facétieux et téléguidé par le bout du Lac l’avait intronisé nouvel entraîneur des Lions, il se croit malin en tentant par tous les moyens de se venger de son précédent club, tel le Sheehan moyen (pardon pour le pléonasme). Il se rue ainsi tel un mort de faim sur les rebuts et les surplus du club de la capitale vaudoise, comptant ainsi dans son équipe pas moins de sept anciens lausannois (en comptant Plavsic, blessé).

Revanche ?

On se disait qu’après avoir subi le premier échec surprise de cette saison sur les rives du Rhin, les Lions allaient tout faire pour prendre une de ces revanches qui les font en enfiler onze à Sierre, avec la manière et un brin de satisfaction moqueuse. C’était d’ailleurs bien emmanché vu que Stalder profitait d’un excellent travail de Dostoinov en mettant la touche finale à un slalom dans la défense rhénane. Mais c’était compter sans les errements défensifs de ce début de saison qui ont vu une magnifique relance dans l’axe lausannoise être récupérée par un Roy qui passait par là, tout heureux de se rappeler au mauvais souvenir de Malley. Lui qui avait tenté de jouer les fiers à bras au premier tiers mais s’était fait étaler par Reist (combien de fois faudra-t-il répéter que l’ancien défenseur zurichois n’est peut-être pas le premier joueur à aller chercher sur le banc lausannois ?)

Comme souvent, quand les Lions sont pris à froid au retour des vestiaires, le deuxième but encaissé bêtement n’est jamais loin. Et c’est cette fois le massif attaquant de Langnau, Stefan Mäder, qui s’en est chargé pour donner l’avantage au HC Bâle. Là, étrangement, on se dit que malgré la domination réelle mais pas décisive des hommes de van Boxmeer, cette soirée pourrait se terminer avec un goût amer, à force de galvauder un nombre incalculable d’occasions de buts. Rien qu’au premier tiers-temps, les Lausannois ont tiré treize fois au but contre seulement… trois essais bâlois (34 tirs pour le LHC contre 14 pour le HC Bâle sur l’ensemble du match). Et ce chiffre ne tient pas compte des pucks qui sont passés à quelques centimètres des montants de l’excellent Lorenzo Croce (ex-Ambrì-Piotta) qui a su garder son équipe dans le match à maintes reprises.

Le puck magique

Qu’on se le dise : l’arbitre Koch n’a jamais tort. Même quand ses deux assistants sont unanimes, que tous les joueurs sur la glace tentent de le convaincre de l’évidence et qu’Helfenstein, d’habitude si mesuré et réservé, s’énerve devant une décision aussi incompréhensible. Nous sommes à quarante secondes de la fin du deuxième tiers-temps et le LHC évolue à 5 contre 3. Setzinger, démarqué sur la gauche du but de Croce ajuste le haut du but de ce dernier (bon ok, il aurait aussi pu envoyer une pétée en plein milieu histoire d’assurer, mais non, il n’est pas le Gretzky des Alpes pour rien, un peu de panache, que diable). Résultat, le puck rebondit perpendiculairement au but, autrement dit un angle rigoureusement impossible selon toutes les lois de la physique moderne pré-Freysinger, vu la position totalement excentrée du top-scorer des Lions. A moins de considérer la théorie tout sauf fumeuse de la «balle magique», brillamment mise en évidence par les pinces [sans-rire] de la supposée sérieuse Commission Waren enquêtant sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, où une seule balle aurait causé sept (!) blessures tout en slalomant à travers deux corps. Voici ci-dessous le tracé officiel, avec les virages dans les airs et tout et tout.


Tant qu’on nous prend pas pour des cons, ça va.

Ça aurait pu les énerver, ben non. Ou juste un petit peu. Le temps pour Setzi de se faire justice en ajustant un maître-tir de la bleue 17 secondes plus tard, très habilement dévié par un Ralph Stalder dont on ne sait toujours pas ce qu’il foutait devant le but adverse. Toujours est-il que ce doublé du défenseur-pivot lausannois à trois secondes du terme du 2e tiers-temps à 5 contre 3 allait avoir pour effet de calmer tout ce petit monde. La troisième période allait être insipide à souhait, malgré la danse du scalp en toute fin de tiers, car bon, se sont-ils dit, y a quand même un match à gagner, paraît-il. Certes, les Lausannois auraient pu en enfiler une bonne cinquantaine (au moins), mais à trop vouloir chercher la passe de trop et à refuser de prendre ses responsabilités, ça donne un match fade et sans relief. Même en prolongations, alors que les Lions évoluaient à nouveau à 5 contre 3 (sisi, les 2 pénalités bâloises ont permis l’entrée d’un cinquième lausannois le temps de la pénalité), le LHC s’est compliqué la tâche. Il était temps que ça se termine pour que l’on assiste, pour la première fois de la saison à Malley, à une séance de tirs aux buts.

Bays, essai concluant

Pour son deuxième match en tant que titulaire à Malley, Bays a plutôt bien tenu son rang. Il a certes tenté une Caminada en tout début de match (à noter le blanchissage de ce dernier), mais il a été plus qu’à son affaire lors de la séance des tirs au but, n’encaissant que l’essai de Jamie Wright, alors que Setzi, Helfenstein et Conz marquaient pour les Lausannois. Ceux-ci constituaient d’ailleurs le premier bloc du LHC vu l’absence de Genoway (malade). Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, pourrait se dire Boxy, car l’absence du Canadien a totalement bouleversé les lignes du LHC. Le deuxième bloc était ainsi constitué du désormais indispensable Dostoinov, de Sigrist et d’Ulmer, habituellement qualifié à tort de «quatrième bloc». Le talentueux Mottet évoluait principalement avec ses potes Antonietti et Oxo dans la troisième ligne. L’absence de Genoway a aussi permis de voir pendant plusieurs shifts et pour sa première vraie charge (la moindre des choses, vu son gabarit imposant) le jeune Primeau. Pour qu’il ait une licence suisse avec un nom pareil, le Canadien Josh Primeau est à tous les coups un secundo. Aligné dans un quatrième bloc inédit avec Staudi et Simon Fischer, on constate rapidement que Genoway est un élément essentiel du dispositif de Boxy, en mal de centres décisifs la saison dernière.

De son côté, comment Bâle espérait l’emporter avec un assistant capitaine qui s’appelle Schäublin et qui évolue en première paire défensive ? Gélinas est décidément magique. Et misait tout sur son mur Croce et les actions de contre. Evgueni Chiriaev en centre du premier bloc a été quasiment invisible, de même que les anciens Lausannois Frunz et Schnyder. Seul le troisième bloc de Gartmann, Mäder et Wittwer a proposé quelque chose d’intéressant ainsi que Stefan Voegele, bien esseulé dans sa «première ligne». A l’exception de ses résultats contre le LHC, Bâle est décidément la très mauvaise surprise de ce début de saison (alors que pour Ajoie, c’était carrément prévisible après les impostures des précédentes saisons). Lausanne va par contre devoir prouver qu’il peut proposer un jeu bien plus léché contre les grosses cylindrées, en accueillant les redoutables Langenthalois ce samedi déjà à Malley.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Bâle 3-2 tab (1-0 1-2 0-0)

Malley, 3814 spectateurs.
Arbitre : M. Koch (céciteux).
Buts : 14e Stalder (Dostoinov, Ulmer) 1-0 ; 22e Roy 1-1 ; 24e Mäder (Wittwer)
1-2 ; Stalder (Setzinger, Leeger/5c3) 2-2.
Tirs aux buts : Mäder se foire 0-0 ; Setzinger la met ; Wright égalise
1-1 ; Dostoinov allume les filets de protections  1-1 ; Falett se vautre ; Helfenstein envoie le puck sur la latte, rebondit dans le dos de Croce et rentre
2-1 ; Roy échoue face à Bays 2-1 ; Conz inscrit le point décisif 3-1.
Pénalités : 5×2’ contre Lausanne ; 11×2’ contre Bâle.
Lausanne: Bays; Stalder-Chavaillaz; Leeger-J.Fischer; Reist-Kamerzin; Borlat; Setzinger-Conz-Helfenstein; Ulmer-Dostoinov-Sigrist; Antonietti-Augsburger-Mottet; Primeau-Staudenmann-S.Fischer.
Bâle: Croce; Fäh-O.Schäublin; Ju.Bonnet-Weisskopf; Heinis-Pienitz; M.Marolf; Wright-Chiriaev-Voegele; Falett-Schwarz-J.Roy; Gartmann-Mäder-Wittwer; Frunz-Baur-St.Schnyder.
Notes : Lausanne sans Genoway (fléau subit) et Barbero (cassé) ; Bâle sans Plavsic (cassé aussi).

Écrit par Yves de St-Aÿ

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