Ils ont fait n’importe quoi

On poursuit notre présentation avec quatre clubs qui ont connu un premier tour difficile : Mainz, bien loin de sa 5e place d’il y a 12 mois, Hambourg, qui craint la première relégation de son histoire, Wolfsburg, sa frénésie de transferts foireux, et Hertha Berlin, qui vire un entraîneur qui gagne.

FSV Mainz 05 (14e, 18 points)

Que l’euphorie de la saison dernière, avec les sept victoires en début de championnat, la leçon de foot donnée au Bayern à Munich et une qualification européenne au bout, paraît loin. Le démantèlement du boys band (Schürrle et Holtby partis, Szalai blessé), ainsi que le départ du canonnier autrichien Fuchs, n’ont pas été sans conséquences. Pourtant, c’était bien parti, avec deux victoires liminaires. Le tournant intervient lors de la 3e journée lorsque le Karnevalsverein est battu 2-4 à domicile par Schalke après avoir mené 2-0. Les Mayencennois développeront ensuite une certaine psychose avec leur flambant neuve Coface Arena où ils encaisseront 5 défaites d’affilée, plongeant dans les abîmes du classement. Depuis, ils se sont réconciliés avec leur nouvelle arène, grâce notamment à une victoire de prestige contre le Bayern (3-2) mais le classement reste préoccupant. Il faut dire que les nouveaux venus n’ont pas fait oublier les partants et l’entraîneur Thomas Tuchel, déifié l’an dernier, a paru tactiquement emprunté, partagé entre la volonté de maintenir le pressing offensif très agressif de la saison dernière alors qu’il n’a plus forcément les joueurs pour le faire, et la tentation de revenir au système ultra-défensif qui avait assuré le maintien en 2009-2010.
Avec le retour prochain d’Adam Szalai et des renforts qui valent mieux que ce qu’ils ont montré jusque-là, Mainz semble avoir les moyens d’assurer le maintien. A condition de renouer avec ses valeurs et de tourner définitivement la page de la saison dernière. Car j’ai un peu l’impression qu’après cette fameuse 5e place, Mainz a un peu oublié qu’il restait l’un des plus petits budgets de la ligue et qu’une place dans la première moitié du classement tiendrait pour lui toujours du miracle et non d’une évidence. Et donc, qu’avant de tirer des plans sur la comète, il fallait commencer par assurer ses arrières et mettre des points au chaud pour le maintien. De toute façon, cette saison, le FSV n’a plus rien d’autre à jouer après ses éliminations peu glorieuses en qualifs de l’Europa League contre les modestes Roumains de Gaz Metan Medias et en 1/8ème de Coupe d’Allemagne par Holstein Kiel (4ème division).
Départ : Heller (Ingolstadt).
Arrivée : Karius (Manchester City).

SV Hambourg (13e, 19 points)

Si tu es fan du SV Hambourg, tu as deux grands motifs de fierté : la victoire en Coupe des Champions 1983 et le fait d’être le seul club allemand à n’avoir raté aucune saison en Bundesliga depuis la création de celle-ci en 1963 (le Bayern avait raté les deux premières). Sur le site internet du club, une horloge égrène les années, jours, heures, minutes et secondes depuis lesquels le HSV appartient à la Buli. Une relégation serait donc la pire chose qui pourrait arriver aux Rothosen ; c’est dire si l’on n’a guère goûté, sur les bords de l’Elbe, à la dernière place du classement occupée en début de saison. Les raisons du fiasco ? Le rajeunissement de l’équipe, une kyrielle de blessés, la méforme de certains cadres et une grosse erreur de casting dans le choix de l’entraîneur (Michael Oenning).
Le remplacement d’Oenning par Rodolfo Cardoso puis Frank Arnesen puis Thorsten Fink a donné une nouvelle dynamique. Depuis l’arrivée du lâcheur bâlois, le HSV n’a plus perdu, sinon en 1/8ème de Coupe à Stuttgart ; le hic, c’est qu’il n’a pas beaucoup gagné non plus (2 victoires, 6 nuls en championnat) et reste donc en position précaire au classement. A priori, sur cette dynamique relativement favorable, le HSV devrait pouvoir assurer son maintien assez facilement, voire même un peu mieux (Fink vise l’Europe). Le contingent est de qualité avec des joueurs qui auront intérêt à élever leur niveau de jeu en vue de l’Euro (Petric, Kacar, Illicevic, Berg, Westermann, Aogo, Jansen…) et des jeunes qui attendent un contexte plus serein pour exprimer leur potentiel. Les deux soucis que l’on a pour le HSV : la blessure de la principale satisfaction du 1er tour, le talentueux Gökhan Töre, et un calendrier infernal en début de 2e tour avec les cinq premiers du classement à jouer dans les huit premières journées. Il faudra absolument que le HSV grappille des points aussi dans ces matchs-là pour éviter une nouvelle crise et le retour du spectre de l’impensable relégation.
Départ :
Arrivée :

VfL Wolfsburg (12e, 20 points)

Grâce à l’appui de Volkswagen, Wolfsburg fait partie des rares clubs allemands qui peuvent dépenser sans trop compter. Le problème, c’est que les Wölfe ont tendance à faire n’importe quoi avec leur pognon. Le trio magique Misimovic-Grafite-Dzeko qui avait amené le club au titre en 2009 n’est plus là, leurs remplaçants se sont presque tous avérés des flops qui sont déjà repartis (Martins, Diego, Hleb, Caiuby, Kahlenberg, Ziani, Mbokani, Tuncay, Ben Khalifa, Cicero…) ou sont priés de se trouver un nouveau club (Lakic, Helmes). Finalement, le seul renfort offensif performant des deux dernières saisons, c’est le Croate Mario Mandzukic, lequel a d’ailleurs porté à bout de bras l’offensive basse-saxonne au 1er tour. Le tableau n’est guère plus reluisant en défense, avec cinq joueurs qui se sont relayés pour former une charnière centrale modifiée tous les matchs ou presque ; le pire, c’est que le défenseur central le plus utilisé a été Madlung, que l’entraîneur Magath cantonnait sur le banc lors de son premier passage à la tête de Wölfe.
Au firmament après le titre en 2009, l’étoile de Felix Magath a bien baissé depuis son échec à Schalke (40 transfert en 18 mois !). Et aujourd’hui, plus personne ne comprend sa stratégie. L’été et l’automne derniers, il semblait miser essentiellement sur des has-been (Hitzlsperger, Salihamidzic) dont certains (Hleb, Kyrgiakos) ont été écartés après quelques matchs seulement. Le VfL affirmait viser la Ligue des Champions en allant piller le relégué Eintracht Francfort (Russ, Ochs, Chris). Va comprendre… Après avoir utilisé 28 joueurs au 1er tour, Quälix a estimé que ce n’était pas suffisant et, alors que le mercato n’est pas fini, a déjà engagé huit nouveaux éléments, en payant des sommes de transferts démentielles, deux à trois fois supérieures que ce qu’aurait payé n’importe quel autre club allemand pour un joueur avec les mêmes références (voir par exemple Sio). Cette fois, plus question de has-been, la mode est d’aller chercher de jeunes inconnus aux quatre coins de l’Europe.
Dans ce contexte, qu’attendre de ce VfL Wolfsburg au printemps ? A priori, malgré les sommes investies, les Wölfe n’atteindront pas leur objectif, le retour en Coupe d’Europe. Il s’agira de voir si Felix Magath, dont les méthodes de GI passent de moins en moins bien, arrivera à faire l’amalgame avec son contingent pléthorique et hétéroclite. Si c’est le cas, Wolfsburg assurera tranquillement son maintien, sinon il devra, comme l’an dernier, lutter jusqu’au bout pour son maintien. Avec un sentiment d’immense gâchis compte tenu des moyens à disposition.
Départs : A. Friedrich (?), Hleb (Barcelone), Kahlenberg (Evian), Cigerci (Mönchengladbach).
Arrivées : Jiracek (Viktoria Pilsen), Medojevic (Vojvodina Novi Sad), Hasani (Shkendija Tetovo), Vieirinha (PAOK Salonique), Sio (FC Sion), Felipe Lopes (Nacional Funchal), Sissoko (Academica Coimbra), Rodriguez (FC Zurich).

Hertha BSC Berlin (11e, 20 points)

Sportivement, le Hertha Berlin s’est plutôt bien défendu. Néo-promu qui n’avait pas cassé la baraque sur le marché des transferts, le Hertha a atteint la pause avec une petite marge sur la barre. Le Hertha n’a pas gagné souvent (4 victoires pour 8 nuls) mais s’est payé le luxe d’un succès retentissant à Dortmund, qui restait sur plus d’une année d’invincibilité à domicile en Bundesliga. Le mélange entre éléments expérimentés (Mijatovic, Lell, Kobiashvili, Ramos, Raffael, Ottl ou Niemeyer) et jeunes prometteurs (Kraft, Torun, Lasogga) a plutôt bien fonctionné. Sans les remous en coulisses, on aurait dit que le Hertha s’acheminait vers un maintien assez tranquille, avec en plus un bon coup à jouer en Coupe d’Allemagne avec un quart de finale à jouer à domicile contre Mönchengladbach.
C’est du banc de touche que sont venus les soucis. L’été dernier, après avoir triomphalement assuré le retour de l’Alte Dame dans l’élite, l’entraîneur Markus Babbel clamait son amour du club dont il s’est fait tatouer le logo sur le bras. Satisfaits de son travail, les dirigeants berlinois lui ont proposé une prolongation de contrat à l’automne. Mais l’ancien joueur de Liverpool s’est dit que les bons résultats obtenus pouvaient lui valoir une ouverture dans un club plus ambitieux (Schalke ou Bayern) et il a un peu fait traîner les discussions. Les choses se sont envenimées entre Babbel et le manager Michael Preetz, les déclarations assassines dans la presse se sont multipliées jusqu’à atteindre le point de non-retour avec le licenciement du premier nommé au terme du 1er tour. C’est un beau gâchis dont les torts sont partagés car, depuis qu’il a écarté Dieter Hoeness, l’imbuvable Michael Preetz a quand même réussi à se brouiller avec deux entraîneurs, Lucien Favre et Markus Babbel, qui faisaient du bon boulot. Du coup, l’avenir s’annonce des plus incertains dans la capitale, surtout que l’équipe a toujours fait bloc derrière son entraîneur et que le nouvel homme fort du Hertha, Michael Skibbe, reste sur une expérience très mitigée à Francfort. Il faudra faire des points rapidement sinon ça va gronder à l’Olympiastadion.
Départ :
Arrivée :

Écrit par Julien Mouquin

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