0,0

Zéro virgule zéro. Non, ce n’était pas mon taux d’alcoolémie dimanche matin au réveil, mais la note que l’on pourrait attribuer à ce match entre Lausanne-Sport et Young Boys. Avec ce troisième 0-0 d’affilée, l’équipe de Martin Rueda confirme qu’elle n’est pas là pour faire le spectacle en 2012 et que sa défense est en béton armé. Reste désormais à trouver le moyen de marquer…

«Mais siffle la fin de cette merde !» Tels sont les mots qu’a hurlé mon compère Vince McStein à l’attention de l’arbitre, provoquant mon seul éclat de rire de l’après-midi. On jouait alors la 92e minute et les 5’800 spectateurs de la Pontaise n’avaient qu’une envie : quitter ce stade le plus vite possible pour rejoindre Malley ou leurs chaumières. Disputé sur un champ de patates que n’aurait pas renié la Plaine de l’Asse après 6 jours de Paléo, ce non-match entre Lausanne et YB fut un véritable pensum. Dans ces conditions déplorables, il était certes difficile d’offrir un grand spectacle et des actions d’école, il n’empêche qu’on en attendait beaucoup plus de la part des 22 acteurs. Pourtant, en analysant le onze de base des Vaudois, on aurait pu s’attendre à vivre cet après-midi lénifiant. Disposé dans un 4-4-1-1 hyper défensif, avec Marazzi en soutien d’un Moussilou une nouvelle fois seul en pointe, le club de Jean-François Collet était surtout là pour ne pas prendre de goal et éventuellement marquer sur un malentendu. A noter tout de même que Martin Rueda avait pris le risque de titulariser Muslin à mi-terrain. Et c’est un risque conséquent quand on connaît la capacité de ce dernier à balader son physique de bobo à la vitesse d’un solex dans tous les endroits du terrain où il ne devrait pas être et à s’oublier sur l’ensemble de ses passes et de ses amorties…
De son côté, YB a présenté une jouerie lamentable couplée à une cruelle absence d’idées et de volonté. Pour une équipe censée viser le titre, c’est affligeant et très inquiétant. Ce n’est donc pas cette année que les Bernois gagneront leur premier titre depuis 1987 (!) et qu’ils enlèveront leur étiquette de Poulidor du football suisse.

Des vrais renforts, enfin

Même si on s’est ennuyé durant 95 minutes hier, il faut quand même saluer la solidité défensive de ce LS version 2012. Les nouvelles recrues Ibrahim Tall et Abdelouahed Chakhsi ont livré la marchandise et peuvent être considérés comme de vrais renforts, ce qui est assez rare pour le souligner cette saison. En 2011, Lausanne avait pris deux claques et sept buts contre cette même équipe (0-3 et 1-4), force est de constater que ce match nul est encourageant et porteur d’espoir.
Pour preuve, la deuxième meilleure attaque du championnat ne s’est pas procuré la moindre occasion (ou presque) de débloquer son compteur face à une formation qui en avait pris 44 en 18 matches, ce n’est pas rien et ça a le mérite d’être applaudi. Oui, le LS semble désormais avoir une défense qui tient la route, et en la présence d’un Page toujours aussi peu inspiré techniquement, c’est un exploit à souligner. En synthèse, le quintette Coltorti, Meoli, Tall, Page et Chakhsi est aussi difficile à déborder que Rafael Nadal sur terre battue. Et ce même si Coltorti a bien failli se faire surprendre comme un gardien d’Arabie saoudite en oubliant un joueur d’YB derrière lui au moment de relancer. Auteur de quelques arrêts, on ne lui en voudra pas. Pas plus que ses trois roulades au sol après chaque arrêt, aussi inutiles qu’inélégantes… 

Et ce malentendu a failli se produire…

Avec un peu de chance, le LS aurait même pu l’emporter sur la seule véritable occasion du match : la contre-attaque de la 74e minute. Une ouverture lumineuse de Pasche pour Moussilou qui sert un caviar à Junior Negrao, entré deux minutes plus tôt. Las, le Brésilien tentera une frappe en force déviée brillamment par Wölfli. Et c’est tout ce qu’il y a à noter comme possibilité de marquer. Même l’Autriche – Allemagne du Mondial 82 avait été plus vivant, c’est dire la misère proposée !

Avec 15 points d’avance sur Sion, le Lausanne-Sport dispose d’un matelas toujours très confortable, d’autant plus qu’il ne reste que 13 rondes à jouer, voire 11 si Servette est en faillite. Sans les Genevois, autant dire que le printemps du LS ressemblera à une série de matchs amicaux sans le moindre enjeu, sinon celui de ravir la 6ème place à GC. Si cette perspective se confirme, on espère que Martin Rueda donnera des consignes moins défensives à ses joueurs. Parce que sinon, on risque bien de retrouver un beau matin Matt Moussilou pendu dans sa chambre. Seul en pointe, ce dernier ne reçoit que du charbon. Des carcasses envoyées au lance-mine par une défense et des milieux aux abois que même la pire des hyènes n’irait pas chercher. Bref, si Martin Rueda devait changer ses plans, il n’apparaîtrait pas inopportun d’offrir à Moussilou une paire de lunettes de mineur chilien, tant l’arrivée d’un deuxième attaquant pourrait éclaircir la pénombre qui l’entoure actuellement…
Entre manque de spectacle et absence d’enjeu, les supporters du LS ne sont pas prêts de vibrer jusqu’à la fin mai. A moins que Lausanne signe un improbable exploit au Parc St-Jacques le 21 mars en quart de finale de la Coupe. Chiche !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne-Sport – Young Boys 0-0 (0-0)

La Pontaise, 5’800 spectateurs.
Arbitres : M. Ludovic Gremaud, assisté de Jean-Yves Wicht et Remy Zgraggen.
Lausanne : Coltorti ; Meoli, Tall, Page, Chakhsi ; Sonnerat (88’ Susaeta), Muslin, Bah, Lang (67e Pasche) ; Marazzi (72e Junior Negrao) ; Moussilou
Young Boys : Wölfli, Spycher, Ojala, Nef, Zverotic ; Simpson (78e Nuzzolo), Costanzo, Silberbauer, Vitkieviez (59e D.Degen) ; Bobadilla, Mayuka (67e Martinez)
Cartons jaunes : 45e Mayuka (antijeu), 56e Vitkieviez (jeu dur), 58e Lang (jeu dur), 70e D.Degen (jeu dur).
Notes : Lausanne sans Sanogo (suspendu), Luccin et Prijovic (blessés). Young Boys sans Farnerud (suspendu) et Veskovac.