Anderlecht et les autres

A deux journées de la fin de sa phase de play-off, censée pourtant créer de l’intensité et du suspense, le RSC Anderlecht est désigné champion. La faiblesse de la concurrence et les individualités bruxelloises auront été les deux principaux ingrédients de ce titre. Pas le plus beau des 31 sacres nationaux des Mauves, c’est certain, mais un 31ème sacre quand même.

Avec un bilan de 28/30 face aux autres membres du top 6 en saison régulière et de 15/24 lors de cette inutile (cette année encore plus que les autres) phase de play-off, le titre d’Anderlecht ne souffre pas de la moindre contestation et c’est bien ça qui est gênant.

En effet, la direction mauve a appliqué une recette qui avait déjà fait ses preuves en Jupiler League et ramené deux titres au rival, le Standard de Liège, en reconstituant le duo d’attaque Jovanovic – Mbokani. C’est un peu – à une autre échelle on est d’accord – comme si le Réal Madrid gagnait une Liga avec Leo Messi et Samuel Eto’o devant. Ce serait amer pour les Barcelonais et les Merengues n’auraient pas de quoi se la péter…

La révélation de Matias Suarez, la saison de feu de Guillaume Gillet (sorte d’Arnaud Bühler à 20 buts) et une défense largement suffisante pour venir à bout des faiblardes offensives des autres clubs auront permis à Anderlecht de jouer une partie du championnat à cloche-pied sans jamais se mettre une seconde en danger. Ainsi, s’économisant le weekend, le RSCA est allé chercher un inutile, mais d’autant plus beau, 18/18 en poule de l’Europa League. Si cette performance est une source de fierté pour ses supporters, elle sera restée sans suite, le néo-champion de Belgique se faisant sortir sans gloire face à l’AZ lors du premier tour qui compte.

Mais, pour se compliquer la tâche, comme quand tu es trop fort pour ton petit frère à Street Fighter, Anderlecht s’est chargé d’un handicap pour que la victoire face aux autres ténors belges soit moins écrasante, en maintenant Ariël Jacobs – sorte de Gabet Chapuisat neurasthénique – sur son banc. Du coup, même avec des faiblesses tactiques criardes, dignes d’un club de 2ème ligue inter, l’effectif mauve s’est baladé en misant tout sur le talent de son effectif. Suffisant pour la Belgique, mais il faudra montrer autre chose afin de ne pas être tout à fait ridicule en Champions League, comme le club l’est habituellement.

Et en face ?

Les habituels rivaux d’Anderlecht n’étaient pas au mieux cette saison, et c’est le moins que l’on puisse dire.

Le besogneux Club Bruges avait un temps misé sur un jeu plus flamboyant, sous la direction du Néerlandais Adrie Koster. Les résultats n’ont pas suivi et du coup, le grand club flamand s’est donné les moyens de gagner – de nouveau – tous ses matchs 1-0 en amenant la moustache poivre et «sel» de Christoph Daum. Le coach allemand a amené ce que les coachs allemands amènent. De la rigueur, de la discipline et des résultats. Pour cette saison, il était trop tard, peut-être bien que le Club Bruges pourrait s’affirmer en vrai concurrent pour Anderlecht la saison prochaine, en fonction du matos que le coach aura à sa disposition, si j’ose dire.

Le Racing Genk, champion en titre, n’a pas su rééditer sa magnifique saison passée. Les pertes de cadres tels que Thibaut Courtois (Athletico Madrid, via Chelsea), Chris Mavinga (Rennes) ou Marvin Ogunjimi (Majorque), en attendant cette année le transfert déjà acquis de Kevin De Bruyne à Chelsea ont plombée l’équipe. Il y avait simplement trop de départs à compenser et Genk a présenté une équipe qui ne pouvait simplement pas concourir pour le doublé.

Le Standard de Liège enfin, doté d’une nouvelle direction aussi ambitieuse que celle du Lausanne-Sport et qui a d’ailleurs réalisé un mercato estival quasi-similaire a raté sa saison, comme prévu, et ne jouera pas l’Europe, sauf miracle. Mais, contrairement au LS, le Standard ne pourra pas compter sur la rétrogradation de ses adversaires sur tapis vert pour obtenir ce qu’ils n’ont pas mérité sur le pré. Ça ne sent pas très bon pour l’avenir sportif d’un club qui se voulait grand. Il faudra probablement des années au Standard afin de se mêler à nouveau à la lutte pour le titre, ce qui est désolant, le public de Sclessin étant le plus bouillant de Belgique.

Écrit par Arnaud Antonin

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2 Commentaires

  1. Sympa cet article sur notre bonne vieille Jupiler League :o)

    Mais tu n’as pas dit qu’il y a encore plus ridicule que le play-off pour le titre en Belgique !

    Il y a aussi le play-off pour le maintien qui voit s’affronter 5 fois dans un championnat à 2 les 2 derniers de la phase classique avec 3 points d’avance au départ pour l’avant-dernier.

    Le perdant de ce PO 3 descend, le « vainqueur » joue un mini-championnat avec 3 équipe de D2 pour 1 place en D1…

    Oui, je pense que nous, Belges, avons le monopole des idées aussi bizarres qu’inutiles…

    (et je n’ai pas parlé du « play-off 2 » qui offre une demie-place européenne… 😉

    Toujours sympa de vous lire sinon !

    Au plaisir,

    J

  2. aaah la Belgique, sa jup’, ses fricadelles et poulycrocs, ses scandales de la DH, ses 7 parlements (!) et surtout son football national quasi honteux quand on connaît le potentiel des joueurs belges….

    que ça soit le championnat comme l’équipe national, ils devraient un peu se réveiller fieu!

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