L’Euro 2012 à Kiev était magique (sauf la finale, 2/3)

Tu nous connais : le foot derrière la TV, ça nous gave assez vite, alors on n’a pas pu s’empêcher d’aller faire un saut à Kiev pour la conclusion de l’Euro 2012. L’expédition s’est avérée plutôt du genre festive. Alors, pour ceux qui n’ont pas eu le privilège d’aller voir ça, voici quelques lieux, instants, anecdotes, impressions et photos ramenés d’Ukraine et aussi deux ou trois considérations footballistique.

Fête

Mon compagnon de voyage avait eu l’idée un peu saugrenue d’emmener avec lui un guide sur l’Ukraine (!). Le seul truc que j’y ai lu, c’était qu’«il est pratiquement impossible de rester sobre en Ukraine». Je confirme. La fête est partout et l’alcool omniprésent. Les rues étaient toujours animées jusque tard dans la nuit et tout est prétexte à boire un verre. A la plage, tout le monde a sa bière à côté de son linge. Même le lundi soir qui aurait dû être le soir de déprime post-Euro, il y a eu moyen de finir au bout de la nuit ou plutôt au début du jour dans un bar bondé à faire des théories vaseuses avec un Anatoli local (ne me demande pas en quelle langue). Bref, notre Euro 2012 à Kiev, cela a été une fête en continu pendant cinq jours, cela ne s’est interrompu que lorsque le physique a commencé à ne plus suivre.

Maidan Nezalezhnosti

Maidan Nezalezhnosti, c’est la place de l’Indépendance, la principale place de Kiev avec sa gigantesque colonne. C’est là qu’était situé le centre névralgique de l’Euro à Kiev, au bout de la Fan Zone. On y trouvait la scène sur laquelle animations, danses et concerts se succédaient à longueur de journées et soirées, le premier des écrans géants et le Superstore de l’UEFA. C’est assez pratique de squatter des lieux historiques pour y installer le centre de la fête, un peu comme avec la Fanmeile berlinoise devant la Porte de Brandebourg : ça permet à des gens comme nous d’au moins voir un monument lors de leur séjour.

Fan Zone

Située sur l’Avenue Kreshchatyk, les Champs-Elysées de Kiev, avec la Maidan Nezalezhnosti au bout, la Fan Zone pouvait accueillir environ cent mille personnes. Quatre écrans géants répartis le long de l’avenue permettaient de suivre les matchs ou les concerts et les bars étaient innombrables. C’était plutôt bien organisé, on n’a jamais attendu pour commander des bières, il fallait juste éviter de donner un billet supérieur à 100 Hryvnias, sinon c’était l’expédition pour rendre la monnaie. Le premier soir, on a eu l’impression que cette Fan Zone était plutôt surdimensionnée mais l’on s’est rendu compte par la suite que ce n’était pas le cas, lorsqu’il s’y passait quelque chose de plus trépidant que Portugal – Espagne.

Demi-finales

C’est donc dans cette FanZone que l’on a assisté aux demi-finales. Comme dit ci-dessus, le public était plutôt clairsemé et l’ambiance morne pour le triste Portugal – Espagne, c’était surtout l’occasion de découvrir les vertus de la Lvivske qui a presque failli rendre ce match intéressant. Le lendemain, il y avait beaucoup plus de monde et d’ambiance pour Italie – Allemagne, on ne sait pas si c’était à cause de la Fête de la Constitution ou de l’affiche d’un intérêt infiniment supérieur à celle de la veille. J’imagine que certains d’entre vous auraient donné cher pour me voir me décomposer avec mes deux maillots de la Mannschaft quand j’ai commencé à prendre conscience que la finale allait être Italie – Espagne. Là, c’est par valises qu’arrivait la Lvivske que l’on distribuait allégrement aux nombreux Allemands déjà sur place pour la finale qui partageaient notre désillusion.

Perdants

Le football est un sport qui se joue à onze et où à la fin ce sont toujours les Allemands qui perdent. Après avoir touché le fond en 2004, tant au niveau des clubs que de l’équipe nationale, l’Allemagne a connu un spectaculaire redressement. Mais cela tarde à se concrétiser par un grand sacre international, l’Allemagne est toujours placée, jamais gagnante : demi-finaliste en 2006, 2010 et 2012, finaliste en 2008 pour la Nationalmannschaft, finaliste en 2010 et 2012 en Ligue des Champions pour le Bayern Munich et demi-finaliste pour Schalke en 2011, finaliste de la Coupe UEFA 2009 pour Brême… Pourtant, jamais l’Allemagne n’a eu un tel réservoir de joueurs talentueux et tous les postes sont doublés voire triplés. Il y aurait sans doute moyen de former trois équipes capables d’atteindre les demi-finales de n’importe quel grand tournoi. Mais le but, ce serait de pouvoir constituer une seule équipe capable d’aller au bout. Et là, la responsabilité du sélectionneur national Joachim Löw est accablante.
Comment aligner une équipe en demi-finale avec sept joueurs du Bayern qui ont perdu tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un match important cette saison, plus un mec relégué avec Köln et transféré à Arsenal ? Titulariser Kroos à un poste où il n’a plus joué depuis une saison était une hérésie. Et, alors que le jeu allemand est basé sur un intense pressing offensif, pourquoi aligner des joueurs usés physiquement et mentalement par une longue saison bouclée par des désillusions, alors que sont restés sur le banc voire à la maison, des joueurs beaucoup plus frais et habités par la dynamique du succès ? La vérité, c’est que, comme en 2008 et 2010, Jögi a eu peur lorsque les choses vraiment sérieuses ont commencé. Il a fait jouer son équipe contre-nature et a préféré se reposer sur l’expérience, quitte à aligner des éléments manifestement hors de forme comme Schweinsteiger ou Podolski. Chaque week-end, la télévision allemande nous montre Jögi Löw en train de parader dans tous les stades de Bundesliga mais on a l’impression qu’il ne se rend pas très bien compte de ce qu’il se passe actuellement en Allemagne, qu’il a occulté l’équipe qui rafle tout outre-Rhin depuis deux saisons et qu’il reste fixé sur les vérités de 2010.
Ceci dit, je reste persuadé que, de par la santé financière éclatante de ses clubs, l’engouement populaire qui y règne et la qualité de son secteur de formation, l’Allemagne est l’avenir du football. Mais il lui faudra réapprendre à gagner et retrouver les tueurs d’antan, ces mecs qui étaient capables de gagner des matchs même en étant inférieurs à l’adversaire. Et pour cela, il faudra tourner la page des Löw, Lahm, Schweinsteiger et autres Podolski, tous marqués par les échecs à répétition depuis 2006. Je ne dis pas forcément qu’il faut tous les mettre au placard mais il faut maintenant faire davantage de place à la génération qui gagne. 

Italie

J’étais assez confiant sur une victoire allemande avant le match, j’avais trouvé la réputation flatteuse de l’Italie sur ses quatre premiers matchs largement surfaite. Après tout, ça restait une formation qui n’avait fait que trois nuls et une victoire laborieuse contre la faible Irlande sur deux corners et n’avait inscrit qu’un seul but sur une action de jeu en 390 minutes, vraiment pas de quoi s’extasier. Mais, dès l’hymne national, on a senti une détermination largement supérieure chez les Transalpins. Certes, on en voudra toujours à ce diable de Pirlo d’avoir sauvé devant Hummels en début de match mais sinon, rien à dire, l’Italie était largement supérieure sur cette demi-finale. Ou toute la différence entre une équipe composée de gagnants et une équipe de perdants, puisque Cesare Prandelli, lui, n’avait pas hésité à bâtir son équipe autour du champion national, avec un champion d’Angleterre en match-winner. Ceci dit, et même si cette équipe d’Italie était moins rébarbative que ses prédécesseurs, on va quand même la maudire. Il faut qu’elle sorte son meilleur match du tournoi au plus mauvais moment et, lorsqu’enfin, pour une fois, je tiens pour elle, en finale, il faut qu’elle se fasse laminer… Voilà, c’est dit, fin de la parenthèse football.

Perdant

Je suis le grand perdant de cet Euro 2012 sur CartonRouge.ch, puisque tous mes pronostics ont foiré. J’avais présenté les victoires finales de la Pologne et l’Ukraine et l’élimination au 1er tour de l’Espagne, tout a foiré ; du coup, ça fait quelques gages à réaliser. Boire un Coca-Cola au premier but marqué au Westfalenstadion par un Polonais la saison prochaine, ça devrait se faire lors de l’ouverture du score de Robert Lewandowski contre le Werder Brême le 24 août ; à priori, ça n’a l’air de rien mais ceux qui ont déjà vécu un match avec moi au Westfalenstadion confirmeront que c’est beaucoup plus contraignant qu’il n’y paraît. Défiler sur l’Avenue Kreshchatyk avec un maillot de l’équipe qui a éliminé l’Ukraine, en l’occurrence l’Angleterre, c’est fait. Quant aux gages relatifs à la victoire espagnole, j’y reviendrai.

Arena City 

L’Arena City est un gigantesque complexe situé au centre de Kiev, entièrement dédié aux joies de la vie nocturne. L’immeuble est en rond avec tout autour des bars et discothèques de tout style et au milieu une disco à ciel ouvert. Cela a parfois un côté un peu froid mais on y a quand même passé un certain temps. Un soir, il y avait une anthologie des plus grands joueurs de l’histoire du foot dans l’un des bars et l’on avait bien sûr des frissons et la larme à l’œil quand est arrivé le tour de Matthias Sammer et de la Ligue des Champions 1997. Mais ça, c’était avant que l’on apprenne qu’il avait signé comme directeur sportif au Bayern Munich. Tout fout le camp…

Politique

A part quelques banderoles en faveur de Ioulia Tymochenko en bordure de la Fan Zone, on n’a pas aperçu l’ombre d’une manifestation ou revendication politiques, pas même les Femen. Celles-ci doivent avoir eu gain de cause car on n’a pas vu non plus la moindre proposition de sexe tarifé au centre-ville. Ou alors on n’est pas allé aux bons endroits. De toute façon, c’est toujours la même chose : avant chaque grand tournoi, on a droit à des théories féministes sur la prostitution, alors qu’en fait le supporter moyen dans ce genre de manifestation est beaucoup trop saoul en permanence pour penser à ça.

Hydropark

L’Hydropark est un énorme complexe balnéaire situé sur une île du Dniepr, avec des divertissements en tout genre et beaucoup de bars. On se croirait dans l’une de ces usines à touristes espagnoles. Les plages se trouvent sur des affluents du Dniepr, l’eau y est d’une couleur jaunâtre assez douteuse mais, quand on a vu que tout le monde y allait sans la moindre réticence, on s’est aussi jeté à l’eau. Il faut dire qu’il faisait assez chaud à Kiev. On a juste évité de trop boire la tasse et on n’a pas été malade. Jusqu’à maintenant du moins.

Écrit par Julien Mouquin

Commentaires Facebook

6 Commentaires

  1. Des postes doublés voir triplés ?!

    Quand on vois jouer Badstuber (à peu près du même niveau que Reto Zanni) ou ce qui se trouve avant 25m on se dit qu’il manquait une ligne dans le paragraphe dédié à l’équipe allemande…la défense est risible pour dire qu’ils sont allés si loin en grandes compétitions…

  2. De 2006 à 2012 : les 6 cauchemards de Julien Mouquin :

    2006 : Barça champion d’Europe
    2008 : Espagne championne d’Europe
    2009 : Barça champion d’Europe
    2010 : Espagne championne du monde
    2011 : Barça champion d’Europe
    2012 : Espagne championne d’Europe

    Si ça ce n’est pas la gloire…

  3. En fait, si on comprend bien, ce n’est pas l’Italie qui a gagné mais l’Allemagne qui a perdu et le jeu des macaronis n’avait rien de beau, et c’est l’Allemagne qui devait être championne d’Europe, que dis-je de l’univers!

    Et à part boire, que peut-on faire en Ukraine? Mouais, bof, quand même un peu trop caricatural tout ça…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.