C’est le p’tit Michel qui a perdu ses nerfs…

Michel Morganella voulait défoncer les Coréens, mais c’est bien le record des records qu’il vient d’exploser ! 71% de suffrages pour s’adjuger le Pigeon d’Or des JO, c’est-à-dire le meilleur résultat jamais réalisé par un pigeonné. Il n’y aurait eu guère que le Biélorusse Alexandre Loukachenko ou le Coréen (du nord cette fois-ci) Kim Jong-Il pour réaliser un tel score. Et pourtant, moi je l’aimais bien l’ami Mimi.

Je m’en rappelle comme si c’était hier. Début février 2009, afin d’avoir un aperçu global du mercato d’hiver de la Série A, je visitai le site web du Corriere dello Sport (oui, le concurrent du quotidien de couleur rose, moins mainstream). Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que l’un de nos petits Suisses venait de signer à Palerme… surtout que je n’avais encore jamais entendu parler de lui, la honte ! A ma décharge, il faut dire qu’il n’avait joué que quelques matches avec Bâle auparavant. Mais qui était donc ce Michel Morganella ? Ravi de cette belle et inattendue arrivée, je décidai donc de suivre son évolution dans le Calcio. Durant ses six premiers mois à Palerme, le coach Davide Ballardini le fait entrer en jeu deux fois en fin de championnat pour une durée totale de 30 minutes durant lesquelles il réussit l’exploit de ne pas prendre de carton. Cela aurait pu être de bon augure pour le futur. Mais la saison suivante, ni Walter Zenga ni Delio Rossi (les deux entraîneurs qui se succèderont cette année-là sur le banc du club de Maurizio Zamparini, le Christian Constantin de Sicile) ne lui donneront sa chance et le p’tit Mimi passera la plupart de ses dimanches après-midis assis dans les tribunes du Stade Renzo Barbera. Tournant de sa jeune carrière, le natif de Sierre part en prêt à Novara – néo-promu en Série B – en juillet 2010. Avec l’équipe piémontaise, il s’impose immédiatement comme un titulaire indiscutable, contribuant grandement à la promotion en Serie A de son équipe, mais ratant de peu le très convoité titre du joueur le plus averti du championnat avec seulement 13 cartons en 34 matches. Pour sa deuxième saison à Novara, toujours comme titulaire, Morganella fait plus ample connaissance avec la Serie A. Là, non seulement son club fini avant-dernier, mais Michel est bien loin des meilleurs cartonnés du tournois en s’arrêtant à 10 jaunes, à égalité avec Behrami et Dzemaili. Mais le p’tit Michel en gardait sous la pédale pour nous épater aux JO !

Ce 26 juillet 2012, bière décapsulée et paquet de chips ouvert, j’allume ma tv pour voir notre Nati olympique débuter son tournoi contre le Gabon et première question : Marek Hamsik joue-t-il avec nous ? Ah non, c’est juste Michel Morganella qui tente d’imiter le Slovaque de Naples avec sa crête d’Iroquois, ses avant-bras tatoués et son numéro 17. L’illusion d’optique s’arrête là, la position sur le terrain et le touché de balle n’étant pas les mêmes. Après ce tour de chauffe, l’ami Mimi décide de frapper un grand coup contre les Coréens. Averti à la 66ème, il se lance quelques minutes plus tard dans un immense numéro d’acteur digne des plus grands d’Hollywood ! On avait beaucoup ri avec les simulations de Rivaldo contre la Turquie en 2002 ou de Dida durant Celtic – Milan en 2007, pour ne citer qu’eux. Mais là notre Mimi a excellé. A la 71ème, il s’écroule à terre sans avoir été touché par son adversaire. L’arbitre arrête le jeu et sanctionne le méchant Coréen Park Chu-Young d’un carton jaune pour avoir violemment frappé Michel. Le ralenti est non seulement éloquent mais également assez comique et Morganella aurait pu s’arrêter là. Certes, on se serait dit que l’oiseau n’était pas un modèle de sportivité, mais avec son célèbre twitt on sait également que le p’tit Mimi est un piètre communicateur et pas franchement une lumière. Bref, un «teubé» pour reprendre son vocabulaire. En fait, il a donné l’occasion à beaucoup de gens de se dire qu’ils avaient enfin trouvé plus bête qu’eux-mêmes.
D’abord, le contenu de son message est indigeste (et je m’arrête volontairement là au niveau des adjectifs qualificatifs, tant on pourrait en écrire une pleine page). Vouloir défoncer et brûler son adversaire parce que celui-ci vous a battu. Même le plus mauvais perdant des gosses pourris ne s’énerverait pas à ce point-là si on le bat une fois dans un jeu vidéo sur sa console fétiche. Ou peut-être juste à l’école enfantine. Alors venant de la part d’un sportif professionnel, ça fait tache. Accepter la défaite car votre adversaire a mieux joué, n’est-ce pas là un principe essentiel du sport, surtout dans le cadre des Jeux Olympiques ? Ce pauvre baron Pierre de Coubertin a dû faire un triple lutz dans sa tombe ! Et on ne parlera même pas de la référence à la trisomie, qui se commente d’elle-même. Ensuite, son niveau de français démontre une fois de plus que l’intelligence n’est pas un facteur essentiel pour devenir footballeur professionnel. Enfin, avec la caisse de résonnance médiatique que sont les Jeux Olympiques et alors qu’il représente la Suisse, son acte donne une image pas très alléchante de notre pays à l’étranger. Mais bon, c’est dans l’air du temps d’écrire des twitts débiles.
Par contre, Morganella nous a donné l’occasion de lire et d’entendre une quantité folle d’insultes émises par de nombreux journalistes sportifs et autres commentateurs de forums, révisant ainsi nos classiques. Ce qu’il a fait est certes «nul, bête, stupide, inexcusable, méchant, méprisant, raciste, petit et imbécile» (entendu à la radio), mais cela donne-t-il le droit à Monsieur et Madame Tout-le-monde d’insulter gratuitement sur tous les forums du web le p’tit Michel ? En faisant ainsi, ne se met-on pas tout simplement à son niveau ? On a sûrement tous un cousin éloigné, en plein âge bête prolongé, qui publie des absurdités sur Facebook, non ? Morganella a certes amplement mérité de remporter ce

Pigeon d’Or des JO

haut la main tant ses propos sont une connerie monumentale et ce trophée devrait siéger sur sa table de nuit pour le lui rappeler en guise de thérapie, mais saura-t-on nous aussi, simples mortels, lui pardonner ce geste ?
Finalement, l’ami Mimi a vraiment mal fait ses comptes. Chaque année, le football s’internationalise de plus en plus et le mercenariat exotique n’est plus le seul apanage des brésiliens. On retrouve ainsi des Helvètes un peu partout sur la planète, que ce soit en Major League Soccer ou même en Australie (Dominik Ritter aux Newcastle Jets). Alors avec ce twitt, son agent ne pourra jamais marchander un transfert aux Pohang Steelers, à Ulsan Hyundai ou dans un autre club de la K-League pour une retraite dorée de pigeon. Zyva jonpi rédo, fé pa yéch, tu ma otr fé golri télman kté teubé !
Classement final  :
1. Michel Morganella : 513 votes – 71 %
2. Nelson Monfort : 104 votes –  14.4 %
3. Gian Gilli : 53 votes – 7.3 %
4. Stanislas Wawrinka : 41 votes –  5.7 %
5. Nadzeya Astapchuk : 12 votes –  1.7 %
Nombre de votes : 723

Écrit par Mirko Martino (texte) et Robert Johanson (dessin)

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2 Commentaires

  1. le tweet était stupide a s’en taper la tete contre les murs, c’est certain. Je me demande toujours s’il a écrit comme ca en pensant que ca passerait innaperçu, car indéchifrable ou s’il est simplement limité.

    Après faut pas réécrire l’histoire non plus. Lors du match contre la corée, l’arbitre a laissé le match se pourrir à un moment en avertissant et sifflant à tort et à travers. Park a aussi simulé comme un fabregas pour faire avertir morganella, et les deux se sont provoqués, donnés des coups et des semelles jusqu’à la fin du match.

    Ensuite le gamin est titulaire en première division italienne, ce qui me fait dire qu’il n’est peut être pas si mauvais footballer au final.

    Donc du coup le tweet mérite un pigeon d’or, mais inutile d’ensuite en rajouter des tonnes et des tonnes

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