BoReussia

Après deux mauvais matchs à Hambourg et Francfort, le Borussia Dortmund s’est rassuré en atomisant son homonyme de Mönchengladbach dans l’ambiance surchauffée du Westfalenstadion. Auteur d’un doublé, Marco Reus a causé la perte de son ancienne équipe qui est bien loin de l’euphorie de la saison dernière.

Ce sont deux équipes en proie au doute qui s’affrontaient samedi dans le Borussen-Derby. Le champion en titre Dortmund a quelques soucis avec sa défense. Lors des deux Meistersaison, en 34 déplacements de Bundesliga, le BVB n’a encaissé qu’à trois reprises plus d’un but, deux fois dans des matchs pour beurre, le titre déjà acquis, après une semaine de festivité (défaite 2-0 à Brême et victoire 5-2 à Kaiserslautern) et une seule fois dans un match qui compte (défaite 2-1 à Hanovre). Or, là en quatre jours et deux matchs à l’extérieur, le Borussia vient d’encaisser deux fois trois buts (3-2 à Hambourg et 3-3 à Francfort) avec à chaque fois une défense qui se laisse mettre hors de position beaucoup trop facilement. Le gardien Weidenfeller a voulu jouer malgré une grippe, il a commis plus d’approximations sur ces deux matchs que lors des deux saisons écoulées, Hummels prend trop de risques inutiles dans ses relances et ses dribbles et le marquage des latéraux Schmelzer et Piszczek est bien trop large. Ceci dit, le problème est plus collectif qu’individuel : le pressing offensif est moins intense, cela laisse bien davantage de temps à l’adversaire pour lancer ses attaques par rapport aux deux saisons précédentes où la défense jouait dans un fauteuil face à des attaquants qui ne recevaient que peu de ballons exploitables. En outre, les postes étaient mieux définis à mi-terrain avec Kagawa dans l’axe et deux joueurs scotchés dans les couloirs, Grosskreutz ou Perisic à gauche, Götze ou Kuba à droite. Là, comme le Japonais n’a pas été vraiment remplacé, les demis de couloir rentrent plus souvent dans le terrain, les latéraux sont aspirés vers l’avant et ça laisse des espaces béants sur les côtés. Il y a donc beaucoup de boulot pour que le BVB redevienne le rouleau compresseur qui écrasait tout sur son passage au printemps dernier. Jürgen Klopp n’a toutefois pas paniqué et il a reconduit sa défense sans changement. En revanche, surprise à la pointe de l’attaque où Julian Schieber remplace le buteur Robert Lewandowski ; l’ancien joueur de Stuttgart n’a pas vraiment saisi sa chance puisqu’il n’est impliqué sur aucun des goals dortmundois.

Les problèmes de Lucien Favre

Le tableau est également sombre du côté de Mönchengladbach. Les Fohlen ont raté leur qualification pour la Ligue des Champions contre un Dynamo Kiev pourtant largement prenable mais un manque d’expérience et de réalisme et quelques grosses erreurs défensives au match aller ont été rédhibitoires. En championnat, si le nul arraché à la 90e à 10 contre 11 face à Hambourg sauve un peu les apparences, Gladbach n’a plus gagné depuis la 1ère journée. En défense, Dominguez n’a pas fait oublier Dante, loin de là. En attaque, il s’est avéré que le Hollandais Luuk de Jong, censé remplacer Marco Reus, ne joue pas au même poste mais plus en pointe. Du coup, Lucien Favre se retrouve avec trois attaquants de pointe (Hanke, de Jong, de Camargo) pour une place mais sans meneur de jeu. Lulu a essayé d’avancer Granit Xhaka, samedi il a tenté d’évoluer avec deux attaquants mais, pour l’instant, il n’a pas trouvé la lumière. Et puis il serait faux d’imputer les problèmes des Fohlen aux seuls nouveaux arrivants, certains joueurs comme ter Stegen, Jantschke, Herrmann ou Hanke sont assez loin de leur forme de la saison dernière.

Marco Reus le détonateur

L’après-midi va mal commencer. Comme le veut la coutume lors d’un Topspiel du samedi à 18h30, on commence par la Bundesliga-Konferenz au Strobels. Dix minutes avant la fin, le commentateur annonce «Tor in Bremen», la foule jaune et noire massée dans le Biergarten frémit d’espoir mais, patatras, les images montrent un Bayern Munich triomphant. C’est donc avec dix points de retard sur le Rekordmeister que le BVB entame son match contre Gladbach. L’entame de partie ne va guère nous rassurer puisque la défense dortmundoise se fait transpercer après deux minutes mais Weidenfeller sauve devant Hanke. Dortmund domine mais, à part une tête de Subotic sur la latte et un arrêt de ter Stegen après un sauvetage de Brouwers, les occasions ne sont guère nombreuses. C’est finalement le talent individuel de Marco Reus qui va débloquer la situation. Le transfuge de Mönchengladbach profite d’une mésentente dans la défense des Poulains pour traverser tout le camp adverse et aller crucifier son ancien coéquipier ter Stegen. La nouvelle idole du Westfalenstadion n’a pas célébré son but, par respect pour son ancienne équipe, mais il y a 73’000 fans qui l’ont fait à sa place dans les gradins, soulagés. Et ce d’autant plus que cinq minutes plus tard Neven Subotic double la mise en reprenant un centre de Jakub Blaszczykowski. Tout à coup, tout devient plus facile et il faut un miracle de ter Stegen devant Reus pour que Gladbach atteigne la pause avec seulement deux longueurs de retard.

En démonstration

Contrairement à ce qui s’était passé quatre jours plus tôt à Francfort, où il menait également 2-0 à la pause, le BVB ne va pas laisser la moindre chance à son adversaire de revenir. Jamais Mönchengladbach n’a donné l’impression de pouvoir recoller au score sinon sur une tête de de Camargo détournée par Weidenfeller. En proie au doute, les Fohlen vont lâcher sur la fin et, du coup, avec une confiance retrouvée et énormément de talent sur le terrain côté jaune et noir, l’addition est devenue salée. Marco Reus s’est offert le doublé d’un lob splendide. Puis c’est Ilkay Gündogan qui a inscrit le numéro quatre comme à l’entraînement sur un centre de Jakub Blaszczykowski. C’est un but amplement mérité pour le jeune international allemand qui a réussi un match énorme en milieu de terrain et distillé un nombre incalculable de bons ballons. Et au passage, on a une petite pensée pour son prédécesseur Nuri Sahin qui espérait faire avancer sa carrière et son compte en banque au Réal Madrid mais qui se retrouve dans un club qui lutte contre la relégation devant le microscopique kop d’Anfield qui ne fait même pas la moitié de la Südtribüne. C’est l’inévitable Jakub Blaszczykowski qui scellera le score sur une passe inspirée, une de plus, d’Ilkay Gündogan.

Gladbach à la peine

5-0, la défaite est lourde pour Gladbach qui voit poindre la crise. Certains parlent même déjà de relégation ; personnellement je reste persuadé que cette équipe vaut mieux que son classement, l’équipe est jeune et a subi pas mal de changements durant l’été, il lui faut juste un peu de temps. Une victoire pourrait provoquer le déclic, espérons que cela vienne cette semaine contre Fenerbahce en Europa League et en Bundesliga contre Francfort. C’est tout le mal que l’on souhaite à Lucien Favre. Trois semaines avant ce Borussen-Derby, je faisais mon footing du samedi après-midi (si, si…) le long d’une rivière du Gros-de-Vaud et, au détour d’un bosquet, je tombe sur Lucien Favre, l’ambiance était un peu plus feutrée que trois semaines plus tard au Westfalenstadion. Et cette fois, je me suis dit que j’étais définitivement intoxiqué au foot allemand si, même en allant innocemment courir dans une forêt du Gros-de-Vaud, j’arrive à croiser le meilleur entraîneur de Bundesliga.

Oktoberfest

Le BVB s’est lui rassuré, aussi bien offensivement que défensivement avec un blanchissage qui va faire du bien. C’était assez bienvenu avant la série infernale qui attend le Borussia les semaines à venir avec deux déplacements périlleux à Manchester contre City puis à Hanovre, avant de recevoir Schalke pour le match le plus attendu de l’année puis le Réal Madrid. Après ces quatre chocs, on sera sans doute un peu mieux renseigné sur les ambitions que peut nourrir le BVB cette saison, aussi bien au plan national qu’international. En attendant, une victoire 5-0, cela méritait d’être joyeusement fêté. Opportunément, la Westfalenhalle qui jouxte le stade accueillait une Oktoberfest. Une fausse fête de la bière dans une vraie ville de foot, c’était un bon échauffement avant d’aller à la vraie fête de la bière dans une fausse ville de foot.

Borussia Dortmund – Borussia Mönchengladbach 5-0 (2-0)

Signal Iduna Park, 80’645 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Stark.
Buts : 35e Reus (1-0), 40e Subotic (2-0), 70e Reus (3-0), 79e Gündogan (4-0), 85e Blaszczykowski (5-0).
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Gündogan, Kehl (83e Santana); Blaszczykowski, Götze (71e Grosskreutz), Reus (75e Bender); Schieber.
Mönchengladbach : ter Stegen (77e Heimeroth); Jantschke, Brouwers, Dominguez, Daems; Herrmann (75e Ring), Nordtveit, Xhaka, Arango; De Camargo, Hanke (62e Hrgota).
Carton jaune : 90e Nordtveit.
Notes : Dortmund sans Owomoyela (blessé), Mönchengladbach sans Stranzl (suspendu) ni de Jong (blessé).

Écrit par Julien Mouquin

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