Dave Sutter prêt à relever le défi du championnat suisse

Pièce maîtresse deux saison durant de l’arrière-garde des Thunderbirds de Seattle dans les ligues mineures nord-américaines, Dave Sutter a choisi de revenir sous nos latitudes poursuivre sa progression. Du Chablais à la Cité émeraude, retour sur la déroutante expérience de l’un des espoirs du hockey helvétique.

Balmelli, Müller, Richard, Andrighetto… autant de jeunes joueurs suisses qui grifferont la glace des patinoires nord-américaines cette saison. Pas dans la grande NHL, non, mais en WHL, OHL ou LHJMQ. Barbares, ces sigles n’en représentent pas moins l’espoir pour des centaines de talentueux hockeyeurs. Ils désignent les trois championnats junior d’élite canadiens, là où les Sidney Crosby de demain effectuent leurs premières armes avec comme seul et unique objectif de rejoindre un jour la plus grande ligue du monde.Alors qu’on tire à boulets rouges sur les footballeurs en herbe qui quittent la Suisse, les jeunes talents du hockey helvétique sont eux encouragés à traverser l’Atlantique. Il faut dire que le statut d’un Européen dans les ligues mineures est particulier. «Là-bas, on est vraiment considérés comme des renforts, à l’image des joueurs étrangers dans le championnat de Suisse». Revenu au pays après deux saisons passées dans la Ligue de hockey de l’Ouest (WHL) sous le maillot des Seattle Thunderbirds, le défenseur Dave Sutter (20 ans) a joué un rôle majeur dans la franchise étasunienne. «La deuxième année, je jouais parfois plus de trente minutes par match», explique-t-il. Recruté par Genève-Servette, le Chablaisien a fait les frais de l’arrivée de Yannick Weber dans la cité de Calvin. Malgré trois premières sorties plutôt convaincantes, il est depuis peu prêté au Red Ice Martigny, néo-promu en LNB.
C’est donc au Forum d’Octodure que Sutter poursuivra son apprentissage. Pas exactement le Centre Bell de Montréal. «Je n’ai aucun problème à venir jouer en Valais», affirme-t-il pourtant, péremptoire. «J’aurai plus de temps de jeu à Martigny pour me réhabituer au style suisse.» Avec notamment un but et un assist lors de la victoire sur Lausanne (5-3), ses débuts sous le chandail de l’actuel leader de seconde division sont couronnés de succès.

D’une planète à une autre

A l’entendre, c’est un monde qui sépare le hockey pratiqué ici et là-bas. Les différences évidentes dans le jeu, notamment en raison de patinoires plus petites outre-Atlantique, ne sont plus un secret pour personne. «Un aspect qui m’a marqué, c’est la différence de jeu pratiqué dans les arrondis. En Amérique du Nord, il y a beaucoup de duels physiques, alors qu’ici les joueurs sont très mobiles et arrivent à s’extirper avec le puck», illustre-t-il.

Sutter surprend cependant en avouant que le principal objectif lié à son retour est d’améliorer son mental dans le jeu. «En WHL, c’est comme si on s’amusait sur la glace. On n’était pas des professionnels, il n’y avait donc pas la même pression qu’en Ligue nationale A». Il faut dire que l’encadrement proposé par les franchises des ligues mineures place les joueurs dans un véritable cocon. «Ça n’a vraiment rien à voir avec les juniors élite en Suisse. On jouait devant des milliers de spectateurs, on s’entraînait dans des conditions idéales, avec beaucoup d’analyse vidéo. On participait parfois à des séances d’autographes et on allait même rendre visite à des écoles. Les gens nous voyaient comme des modèles !», explique-t-il.
Et encore, dans une grande ville comme Seattle, de surcroît aux Etats-Unis, les joueurs des Thunderbirds vivent dans un relatif anonymat. «On nous reconnaissait parfois dans la rue, surtout aux alentours de la patinoire. Les gens venaient nous parler, au début j’étais vraiment surpris !». On imagine sans peine la ferveur que les hockeyeurs doivent susciter dans des petites bourgades canadiennes.

Des coups de mou aussi

Et la vie aux Etats-Unis, de manière plus générale, c’était bien ? «C’était génial ! J’aurais voulu y rester le plus possible», lance-t-il sans l’ombre d’une hésitation. Par contre, pour le quotidien au High School avec les survêtements du club et les soirées dignes d’American Pie, il faudra repasser. Arrivé dans l’Etat de Washington à 18 ans, Sutter s’est entièrement consacré au hockey. «On m’a demandé si je voulais aller au collège (réd : à l’attention des Vaudois : gymnase) mais j’ai refusé, ayant déjà fini ma formation en Suisse.»
Un aperçu du programme quotidien des joueurs laisse perplexe sur la capacité de mener des études de front. «Le matin, on s’entraînait à 9h et on enchaînait avec de la musculation jusqu’à midi. Après le repas, retour sur la glace jusqu’à 17h. Ensuite, de nombreux joueurs repartaient en salle de force. Je rentrais rarement chez moi avant 18h30-19h.»
Logé dans une famille d’accueil en compagnie d’un coéquipier, Sutter n’a, pour ainsi dire, pas pu se mêler à la vie locale. «L’équipe restait entre elle, on était vraiment soudés», explique-t-il. «La plupart de nos temps libres, on les passait à la maison. On avait congé environ un dimanche sur quatre, et parfois on allait voir un film au ciné. Pas grand chose de plus.»
A l’heure du bilan, le Montheysan ne cache pas quelques regrets. «J’ai l’impression que je n’ai pas vécu l’expérience assez à fond», admet-il. Quitter son pays, même pour un environnement où l’on est bien pris en charge, ne se fait jamais sans mal. «J’ai de la peine à rester avec les mêmes personnes pendant trop longtemps. Parfois, j’en avais un peu marre et j’ai eu quelques moments de moins bien. Ça a eu une influence dans mon jeu.»
En passant le cap des 20 ans et avec son statut d’Européen, Sutter aurait «pris» deux places dans les contingents de joueurs spéciaux autorisés par la WHL. Malgré le soutien de son entraîneur, il a préféré retourner au pays. «Je n’ai pas renoncé à mon rêve, j’ai juste choisi un autre chemin», affirme-t-il. «J’espère rester 3-4 ans en Suisse, progresser petit à petit, et on verra alors pour repartir de l’autre côté.» Mark Streit et Rafael Diaz n’ont-il pas montré que la Ligue nationale pouvait également être une excellente rampe de lancement ?
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Commentaires Facebook

1 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.