La plus inattendue

Ma première finale de Coupe du FC Sion, je m’en souviendrai toute ma vie. Outsider comme jamais ou presque, l’équipe de Christophe Moulin est revenue victorieuse de Berne. Comme à chaque fois me direz-vous… Non mais cette fois-là a quand même un goût particulier !

Pas simplement une parmi d’autres

Non, cette dixième Coupe n’est pas comme les autres. Sion, ce jour-là, a déjoué tous les pronostics ainsi que les principes de bon sens qui régnaient jusque là dans la compétition. Jamais une équipe de seconde division ne s’était imposée en finale face à un ténor de l’échelon supérieur. C’était sans compter sur l’équipe valaisanne qui ne rate jamais un rendez-vous de Coupe de Suisse à Berne ou ailleurs. Et il faut dire que voler un titre qui semblait acquis à cette détestable équipe de Young Boys est particulièrement jouissif. Mais plantons le contexte, on parle d’un temps où Gelson Fernandes va bientôt exploser, Gaspoz tire ses dernières cartouches, Joao Pinto est en préretraite et Vailati vient de s’installer dans les cages valaisannes.

Bien que ça sentait bon la promotion du côté de Tourbillon, il faut dire qu’on humait plutôt l’Europe à YB. Assez sûre d’elle, l’équipe de Gernot Rohr ne voyait pas comment elle pouvait paumer la partie face à une équipe largement inférieure sur le papier. CC, dans ses dispositions habituelles, avait commencé à faire de l’intox en menaçant de protêt l’équipe bernoise (cas Everson)… La Coupe était moche comme jamais à cause du sponsoring de notre fournisseur réseau favori… Sion avait été verni jusque-là au tirage… YB jouait à domicile… Muri ne rêvait que d’offrir un trophée aux Bernois qui ne connaissaient plus le succès depuis bien trop longtemps à leur yeux… Joao Pinto baronnait péniblement en ligue B… Enfin, ça sentait bon la fin d’une époque, celle où le Valais riait au nez et à la barbe de son adversaire chaque fois qu’il ramenait Aurèle Sandoz de la capitale.

La légende Obradovic

Dans les tribunes, le néophyte que je suis prend vite conscience de l’ampleur de la légende. Personne n’évoque la défaite, celle-ci est inconcevable ! Le Valais est uni comme rarement et les chants résonnent dans l’enceinte bernoise qui s’embrase rapidement. Les billets se sont arrachés comme à chaque fois et de nombreux déçus sont contraints de suivre la partie depuis la capitale. Comme prévu, le match débute dans un climat de peur et d’hostilité. Après s’être allumé dans les médias ou à travers ses supporters, les clubs en décousent enfin sur le terrain.
Sion joue bas et la supériorité bernoise est palpable. L’équipe de Rohr ne tarde d’ailleurs pas à ouvrir la marque par l’intermédiaire de Varela. Conspué à chaque fois qu’il touche la balle, l’Espagnol est un vrai poison pour Sarni, Gaspoz et consorts qui peinent à le contenir. Thurre et Vogt, eux, n’arrivent pas à se montrer dangereux. Mais un événement va précipiter le sort de cette finale. A la 31e minute, Gohouri se fait expulser et la physionomie du match tourne.

Dès la reprise, Moulin introduit Regazzoni pour mettre de la percussion sur l’aile et remonter le déficit. Le match s’embrase et arrive cette fameuse 55e minute. Sion bénéficie d’un coup-franc qu’Obradovic s’apprête à tirer. La tension est à son comble car Sion est en difficulté dans le jeu et peine à se montrer dangereux. D’un coup de patte qui créa sa légende, Goran propulse le ballon dans la lucarne d’un Wölfli impuissant et déchaîne tout un canton. Cette fois c’est sûr, pour moi comme pour le reste de la tribune, Sion reviendra une fois de plus la Coupe en main, défilant triomphalement du fond de l’avenue de la gare à la Planta. Le match s’achève au bout de 120 minutes de combat. Les jambes sont lourdes, la tension à son comble et la 10e en point de mire.
La session de tirs au but commence à merveille puisque le premier tireur bernois (Joao Paulo) envoie son missile sur la latte de Vailati. Les marqueurs se succèdent et la tension se renforce. Il ne reste maintenant plus qu’à Regazzoni à réussir son envoi et la légende perdurera. Le Tessinois s’avance et trompe Wölfli, propulsant le gradin valaisan dans un délire général. La pression est relâchée, la mission accomplie, la postérité assurée…

Retour triomphal

L’équipe regagne un Valais qui s’apprête à fêter ses héros. Comme à son habitude, le char de carnaval remonte une avenue de la gare noircie par le monde chantant à la gloire de ses guerriers. Sion l’a fait, une fois de plus ! On est revenu de Berne, la Coupe sous le bras, avec 2‰ par pneu et avec les meilleurs souvenirs de notre carrière de supporter ancrés dans l’esprit. Comme bien d’autres fois, Sion ne partait pas favori. Mais les Valaisans l’ont fait, au courage et au nom d’une légende qui a pris jour en 1965 avec une certaine victoire 2-1 sur l’ennemi juré servettien. Sur la place de la Planta, je me laisse aller à une séance photo avec ce trophée aux côtés de Crettenand (qui était quand même rentré à la 119e mais qui était le plus rond et fier de l’équipe et qui ne lâchait plus la Coupe).

Quelques semaines plus tard, cette même équipe allait reconduire Sion parmi l’élite en précipitant la chute d’un Xamax déjà apathique. La saison 2006 restera donc dans l’esprit valaisan comme celle d’un succès total entre une Coupe loin d’être gagnée et une promotion acquise à l’issue d’un barrage piège. Les JO volés sont oubliés, Sion est de retour dans l’élite et sur la scène européenne. A ce propos, les déplacements au stade de la Praille qui vont suivre la saison suivante doivent probablement être aussi inscrits dans l’esprit de bien des supporters. Jouer à domicile à Genève, c’est à la fois moche et assez beau quand même !
Le néophyte que j’étais a maintenant pris conscience de ce que c’est une finale de Coupe pour le FC Sion. Probablement un moment privilégié, où l’équipe et ses supporters communient comme jamais, qui fait vibrer un peuple et au delà et surtout qui se termine toujours de la même manière… par une victoire !

Écrit par Ernest Shackleton

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3 Commentaires

  1. Ah ben j’attendais que quelqu’un nous fasse les finales de coupe du FC Sion! Pour avoir fait les 7 dernières au stade, je peux vous dire que celle de 2006 n’était pas la plus belle sur le terrain, ni celle dont on se souviens de prime abord. Mais on a tous fini cramés: joueurs et supporters! Mais comme celle de 2011, l’important c’est de la ramener!

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