Vivement la pause !

Disputé dans une ambiance d’enterrement, boycott des supporters oblige, le match entre Hoffenheim et le Borussia Dortmund n’a pas atteint des sommets. Un peu à bout de souffle, le BVB a assuré l’essentiel, les trois points, mais c’est tout ce que l’on retiendra d’un déplacement qui ne restera pas dans les annales, surtout en conclusion d’une année 2012 si riche en émotions.

Officiellement, l’action de grève des supporters «ohne Stimme, keine Stimmung» était terminée mais les fans du Borussia Dortmund ont décidé d’en remettre une couche et même d’amplifier le mouvement : cette fois, une partie des fans restent carrément dehors du stade durant les douze premières minutes puis pénètrent dans l’enceinte mais ne feront entendre aucun chant durant tout le match. Pourtant, la fameuse rencontre au sommet sur la sécurité tenue mercredi dernier n’a pas sonné l’apocalypse redoutée pour la Fankultur allemande. Les mesures les plus radicales, comme l’interdiction des places debout ou un éventail de sanctions démentielles pour des actes qui, commis en dehors d’un stade, ne susciteraient pas la moindre réprimande, n’ont pas été retenues. Certaines des nouvelles prescriptions vont même dans le bon sens, notamment sur la professionnalisation, l’encadrement et la coordination des services de sécurité. Les fans contestent un article sur la procédure de fouille mais la disposition est assez vague et il n’est pas sûr que cela change quelque chose par rapport à la situation actuelle. La seule mesure à jeter, c’est la possibilité donnée au club recevant de décréter unilatéralement un match à risques et d’ainsi réduire le quota minimal de billets réservés aux fans adverses (10% du stade) ; ça, ça amènera plus de problèmes que cela n’en résoudra puisqu’on va créer de l’animosité lorsque les clubs qui drainent beaucoup de fans verront les matchs de leur équipe systématiquement classés «à risques». Avec bien sûr pour conséquence que les supporters visiteurs iront s’éparpiller partout dans le stade au milieu des fans adverses plutôt que de rester dans leur coin puisque celui-ci n’offrira plus assez de places. 

Pas l’unanimité

Mais je ne pense pas que cette mesure, aussi stupide soit-elle, justifiait une poursuite de l’action de grève. Clubs et fédération sont soumis à de fortes pressions de la part des milieux politiques, ils ont réussi à limiter les dégâts, les fans pourraient aussi faire un geste plutôt que de s’accrocher à un âge d’or qu’ils ont eux-mêmes contribué à briser par une série de débordements et transgressions. Sinon, le risque, c’est qu’au prochain incident grave qui choquera l’opinion, les politiques ne décrètent des mesures autrement plus radicales et attentatoires à la Fankultur germanique. D’ailleurs, autant l’action des 12 minutes et 12 secondes de silence des trois journées précédentes faisait l’unanimité, autant le mutisme un peu extrémiste des fans dortmundois de dimanche a suscité une certaine incompréhension de la part des joueurs et d’une partie des supporters. Les fans d’Hoffenheim n’ont pas suivi le boycott mais il nous a fallu pas mal de temps pour nous en rendre compte.
En tous les cas, avec cette série de grève de chants dans les stades allemands, j’aurai effectué mon «vis ma vie de supporter espagnol» en ce mois de décembre, je compatis et comprends désormais mieux leur susceptibilité exacerbée, ça ne doit pas être facile de supporter cette non ambiance tous les week-ends. Je suis donc fin prêt pour mon prochain déplacement footballistique à l’étranger à Dortmund, Gelsenkirchen, Mönchengladbach, Manchester, Genève, ah non pardon, à Barcelone pour honorer un pari perdu durant l’Euro.

Défense passoire

L’ambiance va déteindre sur le jeu. Dortmund domine mais c’est mou, c’est même Hoffenheim qui se crée la première occasion lorsque Compper devance la sortie de Weidenfeller mais ça passe au-dessus. L’ouverture viendra d’un exploit personnel de Mario Götze qui arme un tir soudain pour tromper le jeune portier belge Koen Casteels au premier poteau. Il fut un temps, pas si lointain, où Dortmund était quasi injouable une fois qu’il menait au score mais cette période est révolue. Il suffira d’une action à une touche de balle entre Fabian Johnson et Kevin Volland pour mettre hors de position toute la défense dortmundoise, gardien compris, et offrir l’égalisation dans le but vide à Sven Schipplock, préféré à Eren Derdiyok, resté sur le banc 90 minutes. Et dire que le buteur de l’équipe de Suisse (en match amical) avait quitté Leverkusen pour un club moins coté afin de gagner du temps de jeu… Les chiffres parlent d’eux-mêmes : lors de ses titres de 2011 et 2012, unser Borussia avait encaissé respectivement 22 et 25 buts en 34 matchs, là il en est déjà à 20 en 17 matchs ! Pourtant, les joueurs sont les mêmes mais c’est tout le bloc équipe qui défend de manière moins agressive, il n’y a plus tout à fait la même implication dans les matchs de Bundesliga et cela ouvre tout de suite beaucoup plus de possibilités à l’adversaire.

Défense encore plus passoire

S’il est collectivement un peu emprunté en ce moment, le BVB peut compter sur des individualités de classe mondiale. Et lorsque celles-ci haussent très nettement le ton après la pause, cela suffit à faire exploser la défense d’Hoffenheim, la pire de la ligue. Casteels sauve devant Reus et Hummels mais il doit s’avouer vaincu sur une inspiration géniale de Mario Götze pour Marco Reus, lequel centre pour Kevin Groskreutz qui marque dans le goal vide comme à l’entraînement. L’affaire sera classée quelques minutes plus tard lorsque Robert Lewandowski transperce l’axe central des Kraichgauer pour aller battre très proprement Casteels. Vingt petites minutes d’accélération auront ainsi suffit à Dortmund pour s’assurer les trois points.

Hoffenheim en danger

Hoffenheim boucle donc son pire premier tour depuis son accession à la Bundesliga en 2008 à l’antépénultième place, synonyme de barrage contre le troisième de Zweite Liga. Pourtant, la campagne de transferts estivale avait été ambitieuse mais la mayonnaise n’a jamais pris, l’équipe a été d’emblée été fragilisée par un naufrage (4-0) contre une quatrième division au 1er tour de la Coupe et ne s’en est jamais remise. Faute de trouver la solution, l’entraîneur Markus Babbel a été viré après quinze journées mais le choc psychologique n’a pas fonctionné, l’intérimaire Frank Kramer essuyant deux défaites qui réduisent à néant ses chances de prolonger l’intérim. A priori, Hoppenheim possède le contingent pour éviter les deux dernières places et peut même combler le fossé sur les équipes les plus vulnérables (Düsseldorf et Nürnberg) situées au-dessus de la barre.

Mais pour cela, il ne faudra pas se planter dans le choix du nouvel entraîneur afin de trouver un homme capable d’insuffler une dynamique du succès. Souvent évoqué, Marco Kurz (ex-Kaiserslautern) serait un bon choix ; par contre le peu charismatique Friedhelm Funkel, également pressenti, serait une catastrophe. Car Hoffenheim n’a jamais lutté contre la relégation et n’a pas la culture de la survie, il lui faudra trouver un entraîneur qui puisse convaincre les joueurs de se transcender pour sauver un club qui reste une coquille vide. Depuis deux saisons, les novices opportunistes qui avaient accouru en masse après la promotion (faisant passer l’affluence moyenne de 5’000 à 30’000) commencent à sa lasser de leur jouet de moins en moins brillant. Certes, pour la venue de Dortmund, cette Arena artificielle aux allures de sapin de Noël (jamais vu autant de publicité sur un stade) affiche complet mais c’est surtout dû au prestige de l’adversaire et aux nombreux fans jaunes et noirs qui ont fait le déplacement. Face à des équipes moins prestigieuses, l’affluence oscille plutôt aux alentours des 20’000, ce qui constitue un taux de remplissage faible pour la Buli, surtout dans un stade aussi petit. Bref, l’imposture Hoppenheim commence à être éventée et ce n’est pas pour nous déplaire.

Celtic en huitième ?

Le Borussia Dortmund voit lui arriver la pause d’un œil favorable. L’infirmerie est bien remplie et les héros semblent fatigués, physiquement et surtout mentalement, après une année 2012 qui restera comme la plus glorieuse de l’Histoire du club. Il y a encore deux échéances avant Noël : le huitième de finale de Coupe d’Allemagne mercredi au Westfalenstadion  contre la bête noire du BVB dans cette compétition, Hanovre (vainqueur des cinq duels entre les deux clubs en Coupe), puis le tirage au sort des huitièmes de finale de la Ligue des Champions jeudi. Tous les fans du Borussia ont le même souhait : Celtic Glasgow. Pas tellement parce qu’il s’agit de la plus faible des seize équipes rescapées mais surtout parce que les fans des deux clubs sont jumelés, ça donnerait des ambiances incroyable. A défaut des Ecossais, Milan serait un bon tirage, c’est largement jouable, j’aime bien San Siro et ça ferait un voyage assez court. Ou alors Donetsk, le déplacement serait sympa et les Ukrainiens sont généralement assez vulnérables durant leur pause hivernale. Bref, si nous aussi on n’est pas mécontents de voir arriver la pause et d’avoir deux ou trois week-ends tranquilles sans parcourir des milliers de kilomètres, on est d’un autre côté déjà tout frétillants en prévision des premières échéances de l’année 2013.

TSG Hoffenheim 1899 – Borussia Dortmund 1-3 (1-1)

Wirsol Rhein-Neckar-Arena, 30’150 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Meyer.
Buts : 26e Götze (0-1), 35e Schipplock (1-1), 58e Grosskreutz (1-2), 66e Lewandowski (1-3).
Hoffenheim : Casteels; Beck, Compper, Delpierre, Johnson; Rudy; Schröck, Weis (70e Firmino), Salihovic, Volland (62e Ochs); Schipplock (62e Joselu).
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Hummels, Subotic, Blaszczykowski; Leitner, Gündogan; Reus (83e Kirch), Götze (89e Hofmann), Grosskreutz (75e Perisic); Lewandowski.
Carton jaune : 53e Weis.
Notes : Hoffenheim sans Wiese, Chris, Jaissle, Vestergaard, Thesker, Malbasic, Schön ni Vukcevic (blessés), Dortmund sans Owomoyela, Kehl, Bender, Löwe (blessés), Schmelzer (malade) ni Bittencourt (suspendu).

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Hé Mouquin…je te donne un conseil : au lieu de regarder des matchs ennuyeux du faible championnat allemand « dans une ambiance d’enterrement », je te suggère d’aller voir au Nou Camp à Barcelone pour y admirer une fabuleuse équipe qui gagne tous ses matchs en offrant un beauspectacle à ses fans : 54 buts marqués en 16 matchs…qui dit mieux ???

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