Le gaspillage made in Sion : jeunes laissés en rade (2/3)

Entre vrais potentiels gâchés, jeunes laissés en rade et régressions fulgurantes, le FC Sion sait gaspiller et son président aime le faire plus que tout. Gaspiller du temps, de l’argent, des joueurs de qualités, des entraîneurs de renom… Enfin tout ce qui permettrait à Sion d’être champion un jour ou l’autre. Petite revue d’effectif en trois volets des personnes qui auraient pu ou dû faire gagner le titre aux Valaisans.

Les frères Yerly

Des fois, le talent s’organise en famille et cela donne des frangins qui éclosent souvent dans les mêmes clubs à quelques années d’intervalle. C’est le cas des frères Yerly qui auraient dû s’imposer sur le terrain sédunois il y a quelques années.
Franck l’ainé et Danick le cadet sont les deux bourrés de talent. Le premier n’a jamais pu le démontrer sur le terrain de la première équipe alors que le second a lui joué quelques minutes avec un but à la clé dans l’élite du football suisse. Franck a longtemps dirigé la défense des M-21 avec son autorité et un jeu de tête irréprochable. Au profil similaire à celui de Dinsdag, il aurait pu à l’époque prendre la place disponible en défense centrale. Mais voilà, à Sion, on préfère recruter plutôt que former…
Danick, de son côté, a réussi comme plein d’autres (Neuhror par exemple) une entrée remarquée en Super League. Premier match, premier but… Après 10 minutes seulement ! Le genre de signes qui ne trompent pas et augurent d’une belle carrière. Puis Sion recrute… Danick repasse éternellement sur le banc au profit de lumières comme Manset ou Danilo. Sion le prête actuellement à Chiasso pour l’occuper jusqu’à échéance de son contrat ! Yerly Jr a été contraint de rater le train, le FC Sion avait pourtant un passager première classe…

Damien Germanier

De la classe 88, Damien possédait des qualités rares et recherchées dans le milieu footballistique : un peu de bon sens et beaucoup d’intelligence. Leader naturel et stratège reconnu, il avait tout pour bien faire. Milieu récupérateur de formation, il pouvait également jouer latéral pour dépanner, une sorte de Sauthier avec des neurones en bonus… Il a d’ailleurs longtemps appartenu aux cadres suisses juniors avec lesquels il s’était imposé.
Le club décide, suite à un concours de circonstance (blessures et suspensions) d’aligner le joueur pour une rencontre. Sauf que l’adversaire n’est pas n’importe qui puisque Bâle arrive à Tourbillon. Pour ne rien arranger, Damien est placé sur l’aile de Chipperfield dont l’expérience et le palmarès peuvent intimider.
Sion prend une claque mais le gamin s’en sort tant bien que mal, même s’il n’est pas exempt de responsabilité sur un but bâlois. CC s’en servira comme bouc émissaire en expliquant que les jeunes ne sont pas encore assez bien formés pour assurer en première équipe et que Damien en est la preuve. Un peu facile comme analyse mais ça passe. Et la polémique sur le manque de Valaisans sur le terrain et le doigt d’honneur à la formation au sein du club est étouffée…

Florian Berisha

Le plus gros gâchis sédunois à ce jour. Le jeune avait vraiment tout pour bien faire… Il avait sauté toutes les étapes en jouant régulièrement avec des joueurs plus âgés et en s’imposant à chaque fois comme le patron des équipes dans lesquelles il évoluait. Pied gauche parfait et vision du jeu animaient un talent rare. Sauf bémol, un petit déficit de centimètre : 5 pour attendre les 1m77 que Sion jugeait indispensable à la réussite dans le football moderne…
Qu’importe, le gamin en impose suffisamment pour avoir sa chance. Zurich, Bâle et plusieurs clubs étrangers de renom lorgnent sur la pépite et Sion, à raison, le blinde d’un contrat longue durée avant que les sirènes ne se fassent trop fortes.
Il est lancé dans le bain en fin de saison comme ailier alors qu’il est, de coutume, meneur de jeu. Ses prestations sont bonnes et laissent entrevoir un potentiel important et une marge de progression énorme. Après 9 bouts de matchs (plus souvent des minutes de match que des bouts), on juge qu’il est finalement trop petit pour s’imposer. «Aux chiottes le talent, il n’a qu’à mesurer 5 cm de plus». Le gamin prend mal la chose et commence alors un cercle vicieux de blessures et déceptions. Il perd également sa place de meneur de jeu de la génération 1990 de l’équipe de Suisse et tombe peu à peu dans les méandres du football suisse. Il est prêté puis re-prêté, puis finalement cédé à Aarau qui le prête aujourd’hui en Roumanie. Moche…

David Gonzalez

Quand CC a une lubie, il aime bien la mener au bout afin de montrer qu’il n’est pas un homme de demi-mesure. Après avoir viré Vailati sur le banc comme un malpropre après deux matchs moyens, Gonzalez prend place dans les cages valaisannes. Alors que tout le monde perçoit un potentiel successeur ou du moins un réel concurrent, CC, lui, ne voit qu’un intermittent du spectacle.
Cependant, après 10 matchs honorables et laissant présager un vrai talent, la question se pose clairement : Sion a-t-il besoin d’un nouveau gardien ? La réponse est limpide : non ! Avec Vailati sur le banc mais déterminé à reprendre son bien et Gonzalez qui commence à s’affirmer, Sion possède deux potentiels titulaires.
Potentiels titulaires certes mais pas meilleur gardien africain de tous les temps, star interplanétaire et Bouffon égyptien ? En gros, ils ont beau avoir le bagage mais ils n’ont pas le statut… Flairant la super bonne affaire qu’aucun club européen n’avait remarqué pendant 10 ans, Constantin nous dégotte le fantasque El Haddary. Gonzalez comme Vailati sont peu à peu oubliés pendant que sur le terrain, l’Egyptien nous démontre que les gardiens africains ont encore du chemin à effectuer pour être crédible en Europe… Bref, David Gonzalez
s’imposera la saison suivante à Servette. Caramba, encore raté !

Stefan Glarner

Il faudra m’expliquer comment un joueur qui survolait les débats à Thoune et qui aujourd’hui s’impose à Zurich sans soucis, n’avait que sa place en M-21 quand il avait signé à Sion ? Cela reste une énigme… Ou plutôt, pourquoi sommes-nous allés recruter un talent comme Glarner à Thoune pour le reléguer directement à un niveau plus bas que terre ?
Stefan était un jeune prometteur qui s’était imposé au sein de la défense thounoise. Arrivé sans grand bruit dans la capitale valaisanne, il va vite déchanter. Rapidement cantonné au rôle de doublure, Stefan va vite dégringoler jusqu’à la réserve. Entré dans cette fameuse machine à régresser qu’est l’équipe valaisanne, la jeune pousse se morfond aux côtés de tous les rejetés de l’effectif pléthorique valaisan.
Zurich flaire alors la bonne affaire et décide de proposer au FC Sion de recruter l’énième pestiféré de Tourbillon. Glarner repart la queue entre les jambes et Sion se réjouit d’avoir limité la casse dans ce transfert. Sauf que peu après son arrivée dans la ville suisse allemande, Glarner retrouve toute sa superbe et s’impose à nouveau tranquillement sur le flanc défensif.
Simple hasard ? Baisse de forme temporaire ? Fainéantise soudaine ? Ou simple incompétence du staff valaisan à faire confiance à Steffi ? La question demeure mais le potentiel est bien réel. Il s’exprime cependant sous d’autres cieux…

A signaler

Le club ne porte aucunement l’entière charge de ce gâchis, il est simplement un acteur principal dans le gaspillage de talent aujourd’hui récurrent en Valais. Il serait trop simple de lui poser l’entière charge sur les épaules et ce n’est d’ailleurs pas le but de cette saga. Les joueurs sont également responsables de leur destinée et de leurs choix de carrière. Venir à Sion n’était pas forcément le choix le plus judicieux quand on connaît le turnover. On peut également relever que certains d’entre eux, malgré un transfert sous des cieux plus radieux, n’ont pas non plus su percer au plus haut niveau.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch Si tu as manqué le début : 1ère partie

Écrit par Ernest Shackleton

Commentaires Facebook

3 Commentaires

  1. Sion a remplacé le SFC de la fin des années 80/90 où les internationaux qui débarquaient aux Charmilles finissaient immanquablement à la casse. Un vrai cimetière aux éléphants.

    Tu aurais pu également ajouter à cette liste non-exhaustive Jonas Elmer.

  2. Quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi les joueurs et encore plus les entraîneurs signent à Sion ??? Comment des gars comme Munoz, Stielike, Challandes, etc… ont pu penser qu’ils pouvaient construire sur la durée à Tourbillon ??? Sion devrait avoir un mal fou à recruter joueurs et entraîneurs ce qui forcerait CC à réduire la voilure, non ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.