Une faute professionnelle ! Genève-Servette est déjà en vacances

A deux doigts d’une qualification pour les demi-finales des play-off de LNA toute la semaine durant, Genève-Servette s’est finalement incliné en 7 manches contre le CP Berne. Les Aigles rejoignent le club peu glorieux des équipes ayant réussi l’exploit de perdre une série après l’avoir menée 3-1.

Quatre buts à un. C’est apparemment le tarif quand Genève-Servette se rend à la capitale pour y disputer un 7e match de play-off. La défaite en finale des séries 2010 était, somme toute, logique et venait ponctuer un parcours héroïque. Trois ans plus tard, le sentiment est autrement plus mitigé : l’élimination des Grenat relève ni plus ni moins de la faute professionnelle.La seule circonstance éventuellement atténuante est l’arbitrage. Mis à part le but injustement validé de Dan Fritsche lors de l’Acte III, difficile de ne pas avoir le sentiment d’un deux poids deux mesures en faveur des Bernois durant la série, comme l’a si élégamment fait remarquer Chris McSorley au micro d’une chaîne de télévision samedi soir. Outre la prestation sans nom de Danny Kurmann, les Genevois ont de quoi se sentir lésés par les décisions du duo Eichmann/Stricker lors des deux derniers matches.
Mais au final, force est de constater que l’arbitrage, si mauvais fût-il, n’a pas joué de rôle déterminant dans l’élimination des Aigles. Les joueurs genevois ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes et doivent regarder la réalité en face.

Des prestations schizophréniques

A l’image du tour qualificatif, Genève-Servette a disputé ses play-off sur un mode on/off. Aussi inexistante durant les Actes I et VII que séduisante lors des matches intermédiaires, la phalange du bout du lac a été nettement plus labile que son adversaire, qui a su profiter de ses bonnes relations avec le corps arbitral de manière remarquablement constante. Mais pas seulement. En remontant deux fois un déficit de plusieurs buts et en maîtrisant parfaitement les situations cruciales, comme lors de la séance de tirs de pénalty de l’Acte VI et le dernier match décisif, Berne a été la seule équipe à se mettre au niveau requis par une série pour le titre.
Décisifs, les Bernois. A l’image de leur meilleur joueur, Byron Ritchie. Le traître vénal, parti sans vergogne se vendre auprès des bourgeois de la capitale fédérale, n’en reste pas moins un joueur d’exception. Alors qu’il avait traversé les play-off 2011-2012 comme un fantôme, le Canadien a fait étalage de tout son talent lors de ce quart de finale. En face, on ne peut pas en dire autant. Alexandre «Mr. Play-off» Picard a beau avoir été nommé MVP des séries de AHL l’an passé, il n’a pas livré la marchandise espérée. Et que dire de Keller, à l’aise avec le puck mais jamais décisif ! Si les montants maintes fois touchés par les joueurs grenat témoignent d’un manque de réussite certain, les encore plus nombreux face-à-face perdus contre Marco Bührer sont eux la preuve de jambes qui tremblent devant la pression.
La gestion des situations spéciales a elle aussi été catastrophique. Si la solidarité défensive à 3 contre 5 a parfois fait merveille, comme lors de l’Acte III, comment une équipe aussi faible en supériorité numérique ose-t-elle seulement penser à décrocher le titre de champion ? A ce petit jeu-là, Chris McSorley n’a pas vraiment aidé son équipe en étant par deux fois sanctionné d’une pénalité mineure de banc. Et de manière générale, il serait peut-être temps de songer à engager un entraîneur préposé au jeu à 5 contre 4 puisque cela fait 11 ans que ça ne tourne pas. Même en LNB l’équipe avait un des pires jeux de puissance de la ligue !
Enfin, s’il compte garder son surnom de «Jésus», McSorley devra trouver autre chose que le sempiternel refrain de la différence de budget pour justifier la déconfiture de ses Aigles. Avec des blessés à la pelle et Ryan Gardner suspendu lors de l’Acte VI, Berne ne doit sa victoire qu’à un état d’esprit remarquable et une capacité à hausser son niveau de jeu quand la situation le demandait, à l’image du jeune Michaël Loichat, vaillant joueur des Basel Sharks en LNB mais précieux buteur lors du dernier match. A se demander, en comparaison, où se trouvaient Dan Fritsche, ses 256 matches de NHL et ses 800’000 francs de salaire annuel.

Pas tout noir quand même

La seule satisfaction de cette élimination précoce est à trouver du côté de l’arrière-garde, où l’absence de Bezina a permis à certains qui se complaisaient dans la médiocrité de franchir enfin un palier. Jonathan Mercier a été inhabituellement bon et Daniel Vukovic a fait plaisir en sortant parfois de sa zone de défense. Mathieu Carle a lui prouvé qu’il pouvait remplir le rôle d’un étranger au point que certains lui proposeraient presque de rempiler. Il y a aussi eu bien sûr la révélation Iglesias et le missile de Gautschi pendant l’Acte VI.
Cela reste néanmoins bien maigre au vu du potentiel de l’équipe et de son début de saison tonitruant. Vingt-cinq matches à subir le spectacle offert par une troupe de morts-vivants ont fini par fragiliser l’alchimie avec le public, et d’aucuns avaient abandonné toute espérance avant de passer la porte des play-off. Si sursaut d’orgueil il y a eu, l’épilogue dramatique de la confrontation contre Berne n’aura pas suffi à sauver du gâchis une impression générale prédominante.
Une impression d’un groupe désuni par les annonces de départ de Dan Fritsche, Tobias Stephan et Eric Walsky, celui-ci terminant son aventure genevoise par une pathétique relégation en tribune. Une impression de manque de considération envers les «seconds couteaux» que sont Friedli, privé de son numéro 24 au pire moment de la saison, Randegger et Gautschi, dont les départs à Kloten, respectivement Ambri-Piotta, ont été plus ou moins officialisés par une organisation toujours aussi à la pointe en matière de communication. Une impression enfin de manque de tact envers Paul Savary, véritable emblème du club lui aussi mis à l’écart, alors que le brassard de capitaine échouait à Keller puis Almond, arrivés dans la Cité de Calvin à peine quelques mois auparavant et dont la teneur de l’engagement en faveur de l’équipe reste encore à démontrer.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

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8 Commentaires

  1. Je ne suis d’accord en rien avec cet article, tout comme je n’étais d’accord en rien avec le précédent article du même (sauf erreur) lorsqu’il y avait 3-1 dans la série.

    Si faute professionnelle il y a eu, ce n’est pas du côté des joueurs qu’il faut chercher, mais plutôt du journaliste qui, ici-même, vendait la peau de l’Ours, certes blessé, mais loin d’être mort.

    La série s’est joué sur des détails, sur quelques coups de pouce de la chance, point final. Les actes I, II, IV et VII sont assez logiquement revenus au club à domicile sans qu’on puisse rien y redire. Les actes III, V et VI ont été trois moments de bravoure lors desquels on ne peut rien reprocher à personne, d’un côté comme de l’autre. A titre personnel, ce fut l’une des plus belles séries qu’il m’ait été donné de voir, avec un état d’esprit exemplaire des deux clubs qui ont tout, mais tout donner sur la glace, qui ont parfois composé avec les moyens du bord et qui ont proposé un hockey intéressant et plein d’émotions. Franchement, je l’ai souvent mauvaise après des défaites, surtout lorsque, sur deux matchs d’affilée, ça se joue à un poteau près; mais là, même pas, j’ai juste été content de pouvoir assister à ça. Berne n’a rien volé, tout comme GSHC n’aurait rien volé non plus s’il avait passé.

    Les gars méritent notre respect. Je regrette évidemment d’être passé si près d’une demi d’anthologie contre FG. Mais ma foi, le sort en a décidé autrement: entre le poteau de Picard et le but chanceux de Richie (nom de Dieu, il nous a fait mal celui-là dans cette série!) dans l’acte V, le poteau de Carle, le penalty rentrant au mm de Rubin alors que droit derrière il manque les mêmes mm à Carle pour mettre le sien, on peut pas dire que GS a été gâté par le sort.

    Reste, en effet, les 3 run away (sur les 2 matchs) qui auraient pu être décisifs. Peut-on pour autant parler de faute professionnelle? Bührer a été très bon.

  2. Tout à fait daccord avec Olmat, rien à ajouter, tout est dit et avec réalisme, ça s’est joué à rien du tout. Regretté aussi comme l’écrit Rigatori, l’absence de Paul Savary.

  3. Je suis d’accord avec cette analyse. GSHC devait tuer la bête lors des actes IV et V. Il s’en est vraiment fallu d’un rien. Mais on ne peut en tout cas pas reprocher un manque d’engagement de la part des acteurs, ils ont été au bout d’eux-mêmes.

    Au final petites causes, gros dégâts. Et forcément une grosse frustration légitime traduite ici par cet article quelque peu édulcoré.

    Dommage, mais vous, les Genevois, pouvez être fiers de vos couleurs.

  4. Tout à fait d’accord avec le commentaire de Olmat et je relèverais cette dernière phrase :

    « Les gars méritent notre respect. Je regrette évidemment d’être passé si près d’une demi d’anthologie contre FG.  »

    C’est tellement vrai! Du côté de St-Léonard je dois avouer qu’on pensait déjà à la 1/2 finale du siècle…

    Tout de bon au GSHC et
    ALLEZ GOTTERON !

  5. « La seule circonstance éventuellement atténuante est l’arbitrage »

    Grotesque… Dans un championnat normal, NHL par exemple, McSorley serait suspendu plus de trente matches par saison pour son comportement de voyou.
    Quand les Romands cesseront de faire les Caliméros en servant de porte-voix servile au gourou du bout du lac, peut-être verront-ils à quel point l’entraîneur de Genève non seulement se comporte comme une petite frappe, usant constamment de l’insulte et de l’intimidation, mais encore désavantage sa propre équipe par les pénalités totalement justifiées qu’il reçoit, mais surtout est un coach totalement surestimé, qui a largement perdu son duel contre Tormänen lors du match 7.

  6. Arbitrage pro-bernois ?
    Et le but décisif de GE au match III en prolongations par Simec, alors qu’il profitait d’un surnombre car il venait d’arracher le casque d’un défenseur (Gerber) obligé d’aller regagner le banc. Je crois qu’il faut cesser de faire les caliméros romands, à chaque fois, pour expliquer une défaite. Genève a passé très près, mais comme au tennis, il faut arriver à planter le dernier point, et Genève n’en ont pas été capable, et n’ont pas eu la « puck luck » de leur côté. C’est la beauté, et la cruauté du sport. Mais ils n’ont qu’à s’en prendre à eux mêmes. Entre le match V et le match VI, ils sont arrivés neufs fois seuls devant Bührer avec la balle de match (y compris les pénalties) sans mettre un but.
    Les journalistes romands feraient mieux de souligner à quel point le comportement de McSorley et ses continuels pénalités de banc sont la marque d’un immense manque de professionnalisme et d’un ego démesuré au détriment de sa propre équipe, au lieu de bêtement reprendre ses propos.

  7. Les propos de McSorley après le match VII, qui affirmaient que le toutnant du match étaient les dix minutes contre Salmaleinen pour « simulation » sont clairement mensonger. Salmalainen a écopé de 10 minutes pour protestations, au moins 20 secondes après avoir été victime d’une faute (bien réel semble-t-il). Donc le finlandais n’a pas écopé de 10 minutes pour simulation (d’ailleurs dans ce cas la pénalité est de deux minutes), mais pour ses propos peu élégants envers les arbitres. C’est clair que s’il prend exemple sur son entraîneur …

  8. Comme l’avait déclarer Guy Carbonneau en 93 a la fin du mythique deuxième match de la finale de la coupe Stanley a Montréal (match ou le frère de Chris McSorley, le célèbre gooneur Marty McSorley, dont le seule talent était de frapper quiconque approchait d’un peu trop près Wayne « la merveille » Gretzky, s’était fait pris une pénalité mineure pour bâton illégale à 2 minutes de la fin de la partie comme un bleu… Pénalité qui coûta le gain du match aux Kings de Los Angeles) Marty McSorley est un nô-brainer qui par ses agissements simplistes pénalise plus sont équipe qu’autre chose. On peu répondre par l’affirmative que son frère Chris remplit aussi très largement cette description. DNA familiale sans doute.

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