Une joyeuse insouciance

Les joueurs du Lausanne-Sport sont-ils seulement conscients du danger de relégation qui les menace ? A priori non, si l’on en juge par la manière dont les Vaudois se sont inclinés contre un FC Sion qui n’était pourtant pas bien féroce. Inquiétant.

Le match livré par le Lausanne-Sport contre Zurich, en particulier en première mi-temps, avait laissé entrevoir l’espoir d’un léger mieux et d’un certain renouveau face à l’une des meilleures équipes du pays de ce 2e tour. On espérait que cette embellie se concrétise par des points contre un adversaire en grande difficulté en ce moment, le FC Sion. Las, le LS n’a pas confirmé les progrès entrevus contre Zurich et est retombé dans ses travers du 2e tour au terme d’une rencontre d’une infinie médiocrité.

L’inutile Gennaro Gattuso

Et pourtant, le FC Sion a démontré à la Pontaise pourquoi, malgré un effectif bâti à coup de millions, il n’avançait plus depuis le début de ce 2e tour. Il n’y a pas de miracle : un attelage hétéroclite avec un entraîneur-joueur-capitaine néophyte, un deuxième entraîneur prête-papiers et, pour couronner le tout, les interventions divines, pardon présidentielles, cela ne peut pas fonctionner. Christian Constantin (et avec lui ses laquais de la presse romande) avait présenté Gennaro Gattuso comme le transfert du siècle, il n’a pas la fierté aujourd’hui de reconnaître qu’il s’agit d’un énième flop très onéreux, alors il tente de recaser l’Italien où il le peut. Avec sans doute l’espoir que, le jour prochain où Ringhio se fera virer comme coach et se verra proposer un poste de superviseur des futurs adversaires des vétérans du club à la place, il rompra également sa dernière année de contrat de joueur. Malin. La venue de cette équipe sans âme et sans fond de jeu à la Pontaise représentait donc une occasion idéale pour le LS de creuser l’écart par rapport à Servette. Encore eût-il fallu en avoir l’envie. 

Malonga porté disparu

A la décharge du LS, il est vrai que, alors que le match n’avait pas encore vraiment démarré, il a été victime d’un coup du sort sous la forme d’un pénalty inexistant sifflé lors d’un duel gagné par Tall sur Darragi. Historiquement, Sion a toujours fait partie de ces clubs qui, sur l’ensemble d’une saison, gagnent plus de points sur des erreurs d’arbitrage qu’ils n’en perdent, c’était déjà le cas à l’époque des quatorze simulations par match de Mirsad Baljic, rien n’a changé. Mais ce pénalty cadeau ne saurait expliquer la défaite lausannoise. Car le LS, après avoir flirté avec le KO (tir de Marques sur le poteau), était parvenu à corriger l’injustice et à remettre les compteurs à zéro lorsque Jérôme Sonnerat a repris victorieusement un corner de Yannis Tafer. Les Lausannois ont alors connu leur meilleure (ou moins mauvaise) période, avec toujours autant de déchets dans le jeu mais en parvenant au moins à s’installer de temps à autre dans le camp adverse. Ils auraient même pu prendre l’avantage sur un centre de Malaury Martin mais c’est le poteau qui a repoussé le coup de tête de Chris Malonga. Ce fut là le seul coup d’éclat du Congolais de la soirée. On ne sait pas s’il est insuffisamment remis de sa blessure ou s’il n’a déjà plus la tête au LS mais sa prestation fut nettement insuffisante pour un joueur dont le retour était attendu comme celui du Messie. Quand on connaît l’importance de l’ancien Monégasque dans le jeu offensif lausannois, il est clair qu’il y a beaucoup de soucis à se faire s’il ne parvient pas à élever sensiblement son niveau de jeu.

Et le marquage ?

Le match sera définitivement plié juste avant la pause sur une grossière erreur de marquage du duo Avanzini-Facchinetti qui a permis au jeune Benjamin Kololli de fusiller Anthony Favre, pour fêter sa première titularisation par un premier but dans l’élite. Enfin, c’est avec une certaine réticence que l’on emploiera le terme d’«élite» pour le match de mercredi soir. Après la mi-temps, le LS n’a pas montré le moindre signe de révolte. Entre les contrôles ratés de Jocelyn Roux, les centres derrière les buts de Mickaël Facchinetti, la passivité de Matt Moussilou et l’invisibilité de Yannis Tafer, il était difficile de s’approcher du but adverse. Même Selim Khelifi semble s’être perdu dans le marasme lausannois actuel, alors que Guillaume Katz a paru peu à l’aise comme demi-défensif et Ibrahim Tall a effectué un retour au jeu compliqué. Face à un adversaire aussi limité, Sion s’est contenté de gérer et de casser le rythme (le seul apport de Gattuso), si tant est qu’il y eût un quelconque rythme à casser. Et d’attendre l’erreur adverse, laquelle s’est produite sur un ballon perdu par Martin qui a permis à Oussama Darragi d’aller inscrire un troisième but de raccroc. Dommage, Malaury Martin avait été jusque-là le seul Lausannois à surnager avec une intense activité à mi-terrain et une capacité à remonter proprement le ballon. C’est généralement après que les choses se gâtaient et se terminaient par une ouverture en touche ou une passe à l’adversaire.

Inquiétant

Il n’y a pas grand-chose de positif à retenir de la performance du LS mercredi soir. Sinon de constater qu’une nouvelle occasion de distancer Servette a été manquée contre un adversaire tout sauf injouable. On a la désagréable impression que les joueurs lausannois considèrent que leur total stratosphérique de 27 unités au classement suffira pour le maintien et que les points qu’ils pourraient encore obtenir ne le seraient que pour la beauté du geste. On est désolé de les détromper mais Servette finira bien par faire des points, ne serait-ce qu’en profitant des passe-droits accordée par la Ligue pour décaler des matchs en espérant rencontrer des adversaires démobilisés. Bref, plus que jamais, le spectre de la relégation plane sur la Pontaise. Car quand ni la volonté ni l’esprit de révolte ne se sont là pour compenser le manque de qualité criard de l’effectif, quand personne ne se propose jamais pour offrir une solution au porteur du ballon et quand le jeu offensif se résume à attendre un hypothétique exploit de Malonga, il devient difficile de gagner des matchs. Même contre ce Sion moribond. Et même contre Servette le 29 mai prochain dans ce qui a de fortes chances de s’apparenter à une finale contre la relégation.  
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne-Sport – FC Sion 1-3 (1-2)

Pontaise, 5’200 spectateurs.
Arbitres : M. Bieri, assisté de MM. Pozzi et Hidber.
Buts : 17e Ndjeng (pénalty, 0-1), 28e Sonnerat (1-1), 43e Kololli (1-2), 74e Darragi (1-3).
Lausanne : Favre; Chakhsi, Tall (52e Marazzi), Sonnerat, Facchinetti; Katz, Martin; Malonga, Tafer (65e Moussilou), Avanzini (46e Khelifi); Roux.
Sion : Vanins; Vanczak, Adailton, Bühler; Kololli, Gattuso (61e Basha), Fernandes, Marques; Darragi (82e Margairaz); Ndjeng, Itaperuna (70e Crettenand).
Cartons jaunes : 36e Marques, 45e + 1 Katz.
Notes : Lausanne sans Sanogo (suspendu), Guié-Guié, Gabri, Lavanchy ni Meoli (blessés), Sion sans Dingsdag (suspendu), Yoda (malade) ni Adao (blessé).

Écrit par Julien Mouquin

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13 Commentaires

  1. Servette revient fort, et nous on est toujours aussi nuls. Et ceci à TOUS les niveaux (entraîneur, public et président inclus).

    A moins d’une faillite de Servette, ça pue vraiment. A moins que les joueurs réagissent enfin !

  2. Le plus intéressant c’est de lire d’abord l’article sur le pigeon d’or et ensuite cet article par le même auteur…ou comment se décrédibiliser en un instant…certes carton rouge se veut satirique ou ironique mais la mauvaise foi prend une nouvelle fois largement le dessus.
    Ce qui est dommage avec cet auteur c’est qu’il peut écrire de magnifiques récits quand il parle de club qu’il aime et devient totalement de mauvaise fois quand le club l’indiffère au plus au point.
    L’inutile Gennaro? Sur le terrain certes il n’est pas toujours à la hauteur mais laissons le travailler sur la longueur pour une fois qu’apparemment c’est le but de CC on vient lui casser du sucre la dessus…bonjour la logique…
    Et le pénalty inexistant…Tall vient charger inutilement Darragi sans toucher le ballon a aucun moment aucun scandale à siffler pénalty…

  3. pas de soucis servette a un programme d’enfer et est moins fort que le LAUSANNE SPORT et de loin ,c’est la saison prochaine qui va être pénible

  4. Je partage entièrement l’analyse de Julien. L’équipe est faible (on le savait) mais c’est surtout le manque de révolte qui inquiète au LS.

  5. Je rejoins carrément Chris!!! Comment tenir une thèse sur le pigeon d’or de la RTS et pondre un article sur le LS en profitant de chaque ligne pour chier dans le col du FC Sion et de remplir de tristesse les phrases concernant le LS…….. Pour continuer dans la même mauvaise foi, article aussi triste à lire que le LS à regarder

  6. je crois que le commentaire de corner est le meilleur résumé qu’on puisse faire sur la saison des deux clubs concernés.

  7. sion, c’est 16 millions de budget, un ex-ballon d’or et un ex-champion du monde et ça en prend 5 à saint-gall… Ils ont peut-être de l’âme et du style mais même pas sûr qu’ils fassent l’europe. Le seul truc qui me troue le cul c’est de penser qu’un mec comme gelson a été vendu 9 millions, n’a joué à peu près nulle part, se retrouve à sion et surtout en équipe nationale…rarement vu une imposture pareille..
    Pour le reste et c’est vraiment un reste: LS devrait se laisser glisser en ligue b, faire un ou deux ans de purgatoire en repartant de rien, de joueurs du centre de formation en faisant du foot plutôt beau à voir plutôt que de traîner une saison de plus à la queue de la ligue A. D’ailleurs le même raisonnement vaut pour servette…Qu’ils se battent pour descender!!!

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