Un coup de boule pour le Pigeon d’Or

Que ce fut serré ! Face à la pléthore de brillants pigeondorisables du mois d’avril, John Tomic est parvenu à arracher d’un soufflet la victoire. Le Daddy pas franchement cool l’emporte avec 4 petites voix d’avance sur Leonardo et 5 sur José Mourinho. Les fans inconditionnels du Portugais devront donc attendre les prochaines frasques londoniennes de l’entraîneur pour le clouer au pilori.

Les paternels parasites dans le tennis, c’est comme le dopage dans le sport professionnel ou encore la simulation dans le football : un fléau difficile à éradiquer. Autrefois, cette forme de cancer métastasant le milieu de la balle jaune était confinée au tennis féminin. La première forme connue et identifiée est apparue dans les années quatre-vingt : le très respectable Peter Graf, père de Steffi, n’avait pas fait les choses à moitié. Domination, torture psychologique, incarcération, alcoolisme, adultère, coaching illégal durant les matchs, et pour couronner le tout, évasion fiscale sur une partie des gains remportés par sa fille. Rien que ça. Un véritable père modèle !

Pour le pire et pour le pire

Par la suite, le circuit a pu faire connaissance avec d’autres charmants zigotos possédant chacun leur propre style, mais ayant le même dénominateur commun : le recours à un protectionnisme fourbe et nauséabond envers leur progéniture, dans le seul but de permettre à ces pères de mener une vie pépère par procuration à l’abri du besoin. Jim Pierce, Damir Dokic, Stefano Capriati, Arsalan Rezai, Richard Williams, Youri Sharapov ; la liste de ces psychopathes en herbe qui cultivaient une relation malsaine avec leur fille est longue. Sans être dans le même registre certes, Martina Hingis n’a pas échappé à la règle, elle qui s’est vu affubler de son prénom en l’honneur de Martina Navratilova et imposer une raquette de tennis dès l’âge de 2 ans dans le seul but de devenir numéro 1 mondiale. Le pire, c’est que pour certaines, ç’a fonctionné.
Jusqu’alors, sur le circuit masculin, un père entraîneur n’a encore jamais fait la une de la rubrique «faits divers» pour un comportement répréhensible, du moins pas à notre connaissance. Changement de décor lors du tournoi de Madrid : John Tomic, accessoirement père et entraîneur du prétendu prometteur Bernard Tomic, refait le portrait de Thomas Drouet, le sparring-partner de ce dernier, en pleine rue. Le bouillant père ne l’a pas raté. Fracture du nez, arcade ouverte et cervicales touchées, le Monégasque a même dû passer sur le billard à cause de ce violent coup de boule.

Naturellement, le paternel s’est pris une plainte pénale aux fesses et s’est retrouvé dans une position difficilement défendable, sans compter les nombreux témoins qui ont assisté à la scène. C’est là que le génie de John Tomic entre en scène : le violent paternel nie tout en bloc ! Non, il n’a rien fait. Il n’est que la victime d’un coup monté et c’est lui qui s’est fait agresser. Monsieur n’a rien à se reprocher. On serait presque tenté de le croire, mais cela nécessiterait une bonne dose de substances psychotiques mélangé à divers breuvages fortement alcoolisés. En effet, Thomas Drouet s’est malencontreusement pris les pieds dans le macadam et sa tête est venue heurter celle du patriarche à l’insu de son plein gré. C’est vraiment pas de bol !

Papa flingueur

Et ce n’est pas tout : en plus d’être brutal et con, l’Australien aux origines bosniaques est un récidiviste. Il s’en est déjà pris aux arbitres, ce qui lui avait valu une modeste suspension d’un mois en 2009. Il y a cependant plus cavalier : selon la victime, ce dernier aurait même foutu sur la gueule à son rejeton à plusieurs reprises. Un grand homme, vraiment. Cela aurait justement pu être l’occasion au fiston de faire un peu le ménage dans son entourage encombrant, mais que nenni. Le futur-ex (?) espoir du tennis australien a continué à batifoler avec son père en dépit des interdictions formulées à son encontre. Tel père, tel fils on dira ; au pire, on invoquera une sorte de syndrome de Stockholm.
En attendant son procès qui se tiendra vraisemblablement au mois d’octobre, John Tomic est désormais privé d’accréditation et se trouve logiquement exclu des abords du court. Dans un circuit où les gains en tournoi ainsi que les retombées financières liées à la pub ont pris l’ascenseur, la tentation est forte de tout mettre en œuvre pour que sa marmaille touche le pactole en s’assurant un train de vie de nabab grâce au coussin financier accumulé par le petiot, avec toutes les dérives que cela comporte. Forcément, Bernard Tomic peine un chouïa à éclore, ce qui ne permet pas, pour l’heure, au père de toucher le jackpot. Dans ces cas, on tente souvent de noyer le poisson sous la grande générosité des géniteurs qui viennent d’un milieu modeste et qui ont tout sacrifié pour permettre à leur marmot d’être libre et de faire ce qui lui plaît.
En attendant son procès qui pourrait (et devrait) lui valoir quelques mois à l’ombre, John Tomic ne pourra pour l’heure que récolter le

Pigeon d’Or d’avril

Mais face à une concurrence aussi solide que Leonardo et José Mourinho, John Tomic a au moins réussi sur un point : battre des prétendants très médiatisés qui se sont, eux aussi, surpassés dans la connerie.
Classement final :
1. John Tomic : 128 votes – 25.6 %
2. Leonardo : 124 votes – 24.8 %
3. José Mourinho : 123 votes – 24.6 %
4. Uli Hoeness : 48 votes – 9.6 %
5. Sebastian Vettel : 37 votes – 7.4 %
6. Ibrahim Tall : 34 votes – 6.8 %
7. Mark Webber : 6 votes – 1.2 %
Nombre de votes : 500

Écrit par Mathieu Nicolet (texte) et Robert Johanson (dessin)

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