La marche des Géants

Les champions de Conférence sont désormais connus, et ils sont prêts à en découdre. C’est dans ces moments-là que les héros se distinguent, dans ces moments-là que les plus faibles craquent. C’est maintenant que les San Antonio Spurs et le Miami Heat vont écrire l’histoire…

Le Hall Of Fame du basketball, à Springfield, Indiana, n’ouvre ses portes qu’aux géants. Il n’accueille que ceux qui, par leur excellence, par leurs performances, ont fait évoluer et changer le sport. Lors de cette série finale, entre San Antonio et Miami, nous allons voir un nombre inhabituellement élevé de ces légendes encore vivantes du basket, dont on sait déjà qu’ils finiront, eux aussi, par être admis dans ce cercle très fermé des héros de ce sport. Tim Duncan, Manu Ginobili, Tony Parker, mais aussi le coach Gregg Popovich du côté des Spurs ; LeBron James, Dwyane Wade et Ray Allen, voire peut-être Chris Bosh du côté du Heat. Ces finales promettent. Ça va castagner sévère. Ce sera, au final, forcément cruel.

Le choc des époques

Pour les Spurs de San Antonio, tout commence en… 1996, alors que l’équipe subit une série effroyable de blessures, dont une qui va anéantir toute leurs chances d’être une équipe NBA pertinente pour au moins une saison : la perte de leur pivot, l’Amiral David Robinson.
Conscients que, sans lui, leur équipe n’a pas la moindre chance de succès, les dirigeants des Spurs vont faire un pari osé, mais qui, malgré un an de matchs dégueulasses et de défaites sans combattre, va finir par payer. Ce pari ? Rater plus ou moins volontairement sa saison pour avoir le plus de chance possible d’obtenir un bon choix de draft. Les dirigeants texans n’auraient pu espérer plus belle récompense à l’option choisie. Le 1er choix du draft leur est attribué, de quoi attirer Tim Duncan, jeune pivot de l’Université Wake Forest et constituer le «front-line» le plus terrifiant de l’époque en l’associant à un David Robinson assez rafistolé pour tenir quelques années de plus.
Alors que la saison 1997-98 n’a débuté que depuis 18 matchs, Gregg Popovich, manager de la franchise, estime qu’il est le plus apte à gérer cette nouvelle grosse écurie et débarque Bob Hill des bancs de l’AlamoDome pour s’y installer.
Depuis, San Antonio n’a fait qu’enchaîner les succès, participant pour la 17ème fois consécutive aux play-offs et décrochant 4 titres, toujours sous les ordres de Popovich, devenu entre-temps un mage du coaching.

Les Spurs résistent à tout, et notamment à la retraite de l’Amiral Robinson, dont la carcasse n’était simplement plus capable de tenir le rythme effréné de la NBA. Un système est mis en place, il se rôde année après année, et les «role players» encadrant Tim Duncan, puis Tony Parker et Manu Ginobili, deviennent tous soudainement meilleurs lorsqu’ils rejoignent la franchise.
Depuis 17 ans, San Antonio est l’équipe ennuyeuse, constamment sous-estimée, jamais soutenue, qui détruit tout ce que le basket NBA a de fun et de frais. Cette année par exemple, ils ont détruit les deux équipes montantes de la Conférence Ouest, Golden State et, surtout, Memphis, sans sourciller, et au grand dam des amateurs d’équipes surprises. San Antonio misera à nouveau sur ce système huilé et l’infinie expérience de ses cadres pour démonter, une à une, les pièces de la machine Heat.
Le Heat de Miami, quant à lui, a une histoire, certes, mais plus récente et plus tonitruante. Profitant du magnétisme de leur star, Dwyane Wade, du travail de l’ombre de son légendaire manager Pat Riley (introduit au Hall of Fame en 2008), de son climat tropical et de sa vie nocturne animée, la franchise floridienne réussit LE coup du siècle en signant les agents libres Chris Bosh, star des Raptors de Toronto et LeBron James, meilleur joueur du monde.
Après une saison pour mettre en place un système permettant aux trois stars d’être utilisées au mieux, achevée en finale NBA par Dallas, Miami a tout écrasé sur son passage au cours des deux dernières années. LeBron James devient plus fort chaque jour, attaque et défend aux 5 postes et est peut-être le sportif le plus puissant, du moins le plus athlétique de l’histoire du sport (un autre débat…). Il a porté à lui seul le Heat lors des finales de Conférence face aux étonnants Indiana Pacers. Dwyane Wade décline certes, mais il reste un joueur d’un talent rare. Quant à Bosh, son habileté à accomplir le sale boulot est salutaire. Trois stars, c’est dur à gérer, mais Miami forme un vrai bloc-équipe et est un exemple d’humilité et de dévouement au collectif. C’est bien ça, et non uniquement l’abondance de talent, qui fait de Miami la meilleure équipe du monde actuellement.
Je m’abstiendrais de tout pronostic pour cette finale. Pour ne pas passer pour un imbécile à la fin, d’une part, mais surtout, pour ne pas me la gâcher. Les identités radicalement différentes de ces deux équipes, leur manière opposée de jouer et la présence d’autant de légendes vivantes sur un même parquet, pour – je l’espère – 7 matchs dingues, je veux pouvoir l’apprécier à sa juste valeur. Comme un spectacle, en fan de sport, en toute tranquillité et en position d’admirer tant Duncan que James ! Je vous le conseille, ça vaut déjà le coup d’œil !
 

Écrit par Arnaud Antonin

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2 Commentaires

  1. Merci pour cette présentation très intéressante et objective.
    ça fait plaisir de lire des articles sur le basket US.

  2. Passionnant, merci pour ces articles.
    Même si pour « le sportif le plus puissant/athlétique de l’histoire du sport », je voterais plutôt pour l’extraterrestre Bo Jackson.
    Je recommande d’ailleurs à chacun le magnifique documentaire « You don’t know Bo ».

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