Bundesliga 2010-2011, bilan, partie II

Ils rêvaient de titre, ils ont été réduits à lutter contre la relégation. Voici trois des gros flops de la saison outre-Rhin : Schalke 04 et Wolfsburg avec leur recrutement galactique, ainsi que le Werder Brême qui a connu sa pire saison depuis le retour du club en Bundesliga en 1980.

VfL Wolfsburg (15e, 38 points)

Mon pronostic : 6e.
Wolfsburg espérait lutter pour le titre après un recrutement ambitieux et onéreux (Diego, Mandzukic, Friedrich, Kjær, Cicero…) mais il s’est vite avéré que le manager Dieter Hoeness avait fait tout faux. Engager un entraîneur anglais sans expérience de la Bundesliga, Steve McClaren, était une erreur de casting ; retenir Edin Dzeko contre son gré était une erreur de jugement ; remplacer Misimovic par Diego était une erreur tout court. Rapidement, les Wölfe se sont enfoncés au classement avec un aréopage d’individualités sans système de jeu reconnaissable, sans ambition collective, sans envie, avec un Dzeko qui traînait son spleen d’être encore là. Même notre Diego Benaglio national s’est mis à commettre bourde sur bourde…. Conscients que leur équipe n’avait plus rien à gagner cette saison, les dirigeants wolfsbourgeois ont laissé filer leur buteur bosniaque à Noël mais ils n’imaginaient pas que leur équipe avait encore tout à perdre.

Car, malgré son effectif prestigieux, le prétendant au titre Wolfsburg va se retrouver sérieusement menacé par la relégation au printemps. Le licenciement (trop tardif) de l’entraîneur McClaren et son remplacement par son adjoint Pierre Littbarski (autre erreur) ne permettront pas de redresser la barre. Finalement, aux grands maux les grands remèdes, Wolfsburg décidera de rappeler l’entraîneur qui l’avait mené au titre en 2009, Felix Magath, quelques jours après son licenciement à Schalke. Le choc psychologique ne donnera pas les effets escomptés et, à vingt-deux minutes de la fin de la saison, Wolfsburg était encore virtuellement 17e et relégué. Mais finalement, les Wölfe arracheront la victoire à Hoffenheim, pendant que Gladbach était tenu en échec à Hambourg et Francfort battu à Dortmund, pour assurer leur maintien. Mais que l’on était loin des ambitions d’avant saison.     
Top-Spieler : Marcel Schäfer
C’était difficile de sortir un joueur d’une équipe dont tous les cadres ont déçu. Alors retenons l’un des fidèles guerriers de l’ombre, Marcel Schäfer, l’un des rares Wölfe à ne pas avoir trop déçu cette saison. Même si, à l’image de son club, il est un peu rentré dans le rang depuis l’état de grâce du printemps 2009. Cet infatigable joueur de couloir gauche (demi ou latéral) n’a d’ailleurs plus été appelé en équipe nationale (8 sélections) depuis près d’une année. Il reste toutefois le seul élément de Wolfsburg à figurer en tête d’une statistique de Bundesliga cette saison : celle du nombre de minutes jouées. Avec Neuer (Schalke), Ulreich (Stuttgart), Daems (Gladbach), Westermann (Hambourg), Schmelzer (Dortmund), Lahm (Bayern) et Simons (Nuremberg), il est l’un des huit joueurs à avoir participé à l’intégralité des 34 matchs de Bundesliga cette saison.
Flop-Spieler : Diego
Wolfsburg pensait avoir réussi un gros coup en remplaçant son meneur de jeu Misimovic par Diego, dont les trois saisons passées à Brême avaient laissé un souvenir lumineux. Mais l’échec du Brésilien à la Juventus a laissé des traces. En dehors de quelques rares traits de génie, Diego n’a eu aucun impact sur le jeu des Wölfe, guère aidé il est vrai par les errements tactiques de McClaren. Pire, il s’est surtout distingué par des comportements de divas, multipliant voies de fait, réclamations incessantes, altercations avec ses coéquipiers… Lors du derby à Hanovre, il arrache le ballon à son coéquipier Helmes, désigné pour tirer les penaltys, pour s’en aller lui-même tirer (et rater) le penalty. Le Brésilien parachèvera son chef d’œuvre en quittant le stade et l’équipe lors du dernier match à Hoffenheim, vexé de n’être que remplaçant. Du coup, le très conciliant Magath ne veut plus en entendre parler et est prêt à brader à 10 millions d’euros un joueur payé 15.5 une année auparavant. Avis aux amateurs mais il ne faudra pas oublier d’engager un psychologue avec lui.

La révélation : Mario Mandzukic
Acheté neuf millions d’euros et présenté comme un crack à son arrivée, Mario Mandzukic a longtemps été l’un des flops de la Bundesliga. Balloté à tous les postes offensifs, le Croate est resté désespérément muet lors des 25 premières journées. Il finira toutefois par trouver la lumière, en position d’attaquant de pointe dans le 4-4-2 de Magath. Lors de ses sept derniers matchs, Mandzukic marquera huit fois, dont deux doublés lors des victoires capitales contre Köln et surtout Hoffenheim lors de l’ultime journée. Quand on sait ce qu’aurait coûté une relégation aux Wölfe, on se dit que finalement le Croate a justifié sur le tard le prix de son transfert.

Schalke 04 (14e, 40 points, vainqueur de la Coupe)

Mon pronostic : 5e.
Schalke a vécu une saison pour le moins mouvementée que l’on peut décomposer en huit actes. Acte I : Après la 2e place de l’an dernier, Schalke se lance dans une campagne de transferts galactique (Raul, Huntelaar, Jurado, Metzelder…) pour tenter de gagner un rang et ce titre qui fuit Gelsenkirchen depuis 1958 et que l’entraîneur Magath a promis d’ici 2013 au plus tard. Acte II : La mayonnaise ne prend pas, les stars ne parviennent pas à jouer ensemble, la décision de changer toute la défense était une erreur, Schalke squatte le dernière place du classement et Felix Magath n’échappe sans doute au licenciement que parce que son contrat était trop onéreux à résilier. Acte III : Les Knappen, emmenés par un excellent Raul, redressent la barre en fin de 1er tour et reviennent à mi-classement, tout en se qualifiant pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Acte IV : Schalke retombe dans ses travers après la pause hivernale et perd irrémédiablement le contact avec les places européennes. Toutefois, les Königsblauen se qualifient pour les quarts en C1 et pour la finale de la Coupe d’Allemagne après une victoire en demi-finale à Munich contre le Bayern.
Acte V : Malgré cette embellie, l’entraîneur Magath est viré. Sans doute pas uniquement pour des raisons sportives mais aussi parce que les dirigeants savaient qu’ils pourraient le recaser immédiatement à Wolfsburg sans trop payer d’indemnités de licenciement. Et aussi parce que Magath était très contesté par les supporters pour sa frénésie de transfert (40 en 18 mois !), l’endettement du club et ses méthodes dictatoriales, le controversé président Thönnies a préféré s’en débarrasser plutôt que de couler avec lui. Acte VI : Le nouvel entraîneur Ralf Rangnick réussit des débuts tonitruants, assure le maintien en championnat et atomise le champion d’Europe sortant, l’Inter Milan. Acte VII : Le renouveau n’a guère duré, les Knappen sombrent contre Manchester United en Ligue des Champions et finissent le championnat en roue libre. Acte VIII : Une victoire en finale de Coupe d’Allemagne contre le voisin de 2. Liga Duisburg (5-0), sauve (un peu) les apparences. Mais, comme la victoire en Coupe UEFA avait été éclipsée par le triomphe de l’ennemi historique Dortmund en C1 en 1997, comme les victoires en Coupe 2001 et 2002 étaient restées dans l’ombre du titre dortmundois en 2002, ce succès fait pâle figure à côté du sacre du BVB en championnat. Définitivement un club de losers. Même quand il gagne !
Top-Spieler : Manuel Neuer
Manuel Neuer, c’est le meilleur gardien du monde. Certains ont découvert l’étendue de son talent lors du match Schalke – Manchester mais ce n’était même pas sa meilleure performance ; il a été encore plus énorme lors de la victoire contre le Bayern (2-0) au 1er tour ou lors du nul à Dortmund (0-0) au 2e. Rien que sur ces deux parties, il gagne quatre points à lui tout seul. En fait, il n’est pas sûr que Schalke serait encore erstklassig avec un gardien juste ordinaire. Il n’a raté qu’un seul match cette saison, le retour à Old Trafford. Ce qui lui coûte peut-être un engagement à Manchester United. Malheureusement. Car cela m’inquiète beaucoup de voir arriver un tel mur dans les buts du Bayern, il ne manquerait plus qu’ils trouvent une charnière centrale plus crédible que van Buyten/Badstuber et ils deviendront difficiles à battre.

Flop-Spieler : José Manuel Jurado
José Manuel Jurado, c’est l’un des flops du recrutement galactique de Felix Magath. Acheté 13 millions d’euros à l’Atletico Madrid, l’Espagnol a certes montré d’évidentes qualités techniques mais il a pu constater que la Bundesliga, niveau rythme et engagement, c’était deux tons au-dessus de la Liga. Et que le mec qui se regarde jouer et n’est pas prêt à aller au combat n’y a aucune chance. Il est d’ailleurs assez révélateur de constater que Jurado a réussi ses meilleurs matchs en Ligue des Champions. En revanche, en Bundesliga, c’était la nuit avec seulement 3 buts (dont 1 penalty) et 1 assist, c’est maigre pour un milieu offensif payé aussi cher. Mais s’il ne muscle pas un peu son jeu, il n’a aucun avenir en Allemagne.
La révélation : Julian Draxler
Jusqu’en décembre, Julian Draxler était un écolier comme les autres. Enfin presque comme les autres, tous les écoliers ne sont pas internationaux juniors de football. Toutefois, Felix Magath le trouvait trop jeune (17 ans) pour lui faire signer un contrat pro. Flairant la bonne combine, le rival Dortmund a alors tenté d’enrôler le jeune prodige. Craignant de commettre la même bévue qu’avec Mesut Özil, formé à Schalke mais parti à Brême pour une bouchée de pain, les Knappen se sont alors empressés de proposer un contrat à leur jeune milieu offensif. Celui-ci ne tardera pas à démontrer son immense talent puisque, pour sa deuxième apparition chez les pros, il qualifie Schalke en Coupe contre Nuremberg en prolongations avec un but d’anthologie, un double passement de jambe suivi d’une frappe somptueuse. Si Julian Draxler devra ensuite se contenter d’apparitions sporadiques, il a été titularisé en finale de Coupe d’Allemagne où il a ouvert le score d’un but splendide. Incontestablement, un futur grand.

Werder Brême (13e, 41 points)

Mon pronostic : 7e.
Le Werder Brême a connu la pire saison de l’ère Thomas Schaaf, entamée en 1999. Ce n’est que la deuxième fois depuis 2003-2004 que le Werder manque le podium après la 10e  place de la saison 2008-2009. Mais, cette année-là, le club avait sauvé sa saison avec une finale de Coupe UEFA et une victoire en Coupe d’Allemagne. Rien de tout cela cette année, puisque les Brêmois ont été aussi peu inspirés en Ligue des Champions et en DFB-Pokal qu’en Bundesliga. La méthode consistant à céder régulièrement ses meilleurs joueurs pour les remplacer par d’autres plus jeunes a montré ses limites. Surtout que cette saison, le départ de Mesut Özil n’avait pas été planifié, le club ayant longtemps espéré conserver son meneur de jeu, avant de se résoudre à le laisser filer pour éviter qu’il ne parte douze mois plus tard sans indemnité de transfert. C’était embêtant car toute la préparation avait été effectué autour du jeune prodige de Gelsenkirchen et ceux qui étaient sensé le remplacer (Marin, Hunt, Arnautovic ou Wesley) n’ont pas été à la hauteur. Comme le buteur Pizarro n’a brillé que par intermittence, le secteur offensif brêmois a été beaucoup moins performant que d’habitude. Défensivement, c’était, comme toujours au Werder, catastrophique, encore pire que les saisons précédentes, avec un Naldo absent toute la saison, un Mertesacker hors de forme et un Silvestre titulaire.
Du coup, le Werder s’est retrouvé condamné à lutter contre la relégation. La question d’un éventuel licenciement de l’inamovible Thomas Schaaf s’est même posée, notamment après des déroutes spectaculaires à Stuttgart (6-0) et Hambourg (4-0) mais son éternel compère, le manager Klaus Allofs, a toujours réitéré un soutien sans faille à son entraîneur. Ce dernier a fini par trouver la recette pour sortir son équipe de la gonfle mais, en raison d’un nombre incalculable de matchs nuls, le Werder a dû attendre l’avant-dernière journée pour assurer son maintien. Un cataclysme pour un club qui sera privé d’Europe la saison prochaine pour la première fois depuis 2003-2004. 
Top-Spieler : Torsten Frings
Avec la retraite de Torsten Frings, c’est une figure marquante du football allemand qui s’en va, après 402 matchs de Bundesliga avec Brême, Dortmund, Bayern et à nouveau Brême, ainsi que 79 sélections en équipe d’Allemagne. La dernière saison de Torsten Frings n’avait pas très bien commencé, il paraissait dépassé par le rythme, a raté trois penaltys et s’époumonait beaucoup en râlant contre adversaires, coéquipiers ou arbitres. Mais lorsque le Werder a été menacé, le vieux guerrier est revenu à son meilleur niveau et est redevenu l’âme de l’équipe, avec une série de très gros matchs au deuxième tour. Il aurait sans doute souhaité terminer sa carrière sur quelque chose de plus glorieux qu’un maintien mais le capitaine brêmois peut s’en aller avec le sentiment du devoir accompli, il a pris une part prépondérante dans le sauvetage de son club de cœur.

Flop-Spieler : Marko Arnautovic

J’aurai pu mettre Mikael Silvestre, longtemps considéré comme le pire joueur de Bundesliga par le magazine Kicker. Mais le Français a bien fini la saison et a même abandonné son titre peu glorieux à son compatriote Ehret de Cologne, alors laissons-le en paix. Et parlons plutôt de Marko Arnautovic, qui vient s’ajouter à la longue liste des footballeurs talentueux mais au quotient intellectuel aussi développé qu’un fan du FC Sion dans un train en direction de Bâle croisé avec un supporter servettien célébrant une promotion en balançant des objets sur joueurs et supporters adverses (qui se ressemble s’assemble). L’Autrichien, champion d’Europe 2010 (avec l’Inter, pas avec l’Autriche), n’a jamais été en mesure de remplacer Özil, se contentant de quelques éclats épars, au milieu d’une multitude de matchs sans relief. En fait, il s’est surtout distingué par ses empoignades avec ses coéquipiers à l’entraînement, ses déclarations d’amour sur son club («ce club pue»), ses bagarres en discothèque et ses sorties nocturnes les veilles de matchs. Inutile de préciser que tout cela a beaucoup plus au sergent-major Schaaf. Egalement écarté de l’équipe d’Autriche pour ses frasques, Marko Arnautovic doit rapidement s’acheter un cerveau, sinon sa carrière va définitivement s’enliser.   
La révélation : Sebastian Mielitz
Troisième gardien du club en début de saison, Sebastian Mielitz n’aurait jamais dû jouer. Mais il a profité des absences des portiers numéro 1 et 2 Wiese et Vander pour se faire remarquer. Cinq titularisations, plus une apparition en cours de match, ont permis à ce jeune homme de 21 ans de se faire un nom en rendant six copies immaculées. Pas suffisant pour déboulonner Tim Wiese mais si celui-ci devait quitter les bords de la Weser cet été, ce qui n’est pas exclu, le Werder n’aurait pas besoin d’aller chercher trop loin son remplaçant.

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Bien vu, tout le paragraphe sur Arnautovic. « Sch… Werder Bremen, wir singen Sch… Werder Bremen… » Ce club pue, en effet. 😉

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