Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Evian Thonon Gaillard se cherche toujours un stade… En manque flagrant d’identité, le club est toujours sans véritable domicile fixe. Avec une Ligue 1 toujours plus attractive, le déménagement de la franchise de Danone au Stade de Genève pourrait constituer une excellente opportunité pour la région franco-valdo-genevoise. Las, on n’en prend toujours pas le chemin.

Un communiqué de presse publié jeudi sur le site d’Evian Thonon Gaillard FC a relancé le débat sur la construction d’un nouveau stade pour ce club, 16e de la dernière saison de Ligue 1 française. Lors de sa deuxième saison dans l’élite hexagonale, le jouet artificiel de Danone, né en 2007 des cendres du FC Croix-de-Savoie, a réussi non sans mal à sauver sa peau et s’est même offert le luxe d’une participation à la finale de la Coupe de France. Des débuts réjouissants sur le plan sportif qui, affirme-t-on, se doivent d’être soutenus par des infrastructures un peu plus adaptées que le Parc des Sports d’Annecy, actuel terrain de jeu des Savoyards. Et pourtant, à deux pas de Gaillard se trouve une enceinte sous-utilisée qui serait ravie d’accueillir un nouveau locataire. Je veux bien sûr parler du Stade de Genève.Président de l’UEFA que l’on a connu plus inspiré, Michel Platini s’est opposé à plusieurs reprises au déménagement de l’ETG à Genève, arguant lâchement qu’il ne voulait pas que cela serve de «précédent» en Europe. Entre avoir une équipe française jouant physiquement ses matches du championnat de France en Suisse, et des équipes participant au championnat d’un autre pays comme Monaco ou Vaduz, je me demande ce qui est le plus politiquement incorrect mais bon : l’affaire a été enterrée bien vite et aucun lobbying digne de ce nom n’a été effectué auprès de l’instance faîtière européenne pour la faire changer d’avis.


Une solution pour enfin remplir le stade de la Praille ?

Si quelques plumitifs d’extrême-droite ont pu profiter de cette décision pour donner libre cours à leur verve populiste dépourvue d’argumentation (pléonasme), les Genevois plus modérés ne peuvent que regretter ce dénouement. Alors que la France doit faire face, comme chacun le sait, à une conjoncture économique difficile, quel idée aurait la Savoie d’aller s’empêtrer dans le financement – fût-il en partenariat public-privé – d’un nouveau stade alors qu’il y en a déjà un juste à côté de la frontière, quasi flambant neuf et ne demandant pas mieux que d’être utilisé ? Un stade par ailleurs superbement desservi par une autoroute et bientôt un train menant directement à Annemasse. Comble de l’absurdité, suite au veto de Platini, on parle désormais de bâtir une enceinte de 20’000 places à Ville-la-Grand, c’est-à-dire à quelques centaines de mètres de la future gare CEVA d’Annemasse !

Fierté contre bon sens

Je comprends le sentiment des supporters servettiens qui n’ont aucune envie de partager leur stade, de surcroît avec des méchants Français voleurs d’emplois. Surtout qu’avec un ETG en Ligue 1, on pourrait facilement tabler sur une moyenne de 15’000 spectateurs, soit un brin plus que ce devant quoi joue la formation locale…
Néanmoins, et si leur fierté en prendrait assurément un coup, avoir un peu de concurrence à leur porte pousserait les dirigeants du SFC à développer de nouvelles stratégies pour attirer la foule. Voir l’ETG débarquer au Stade de Genève ferait certes bien rire les Vaudois qui nous traitent déjà de frontaliers, mais pas seulement. On imagine que la Fondation du Stade s’en frotterait les mains, elle qui pourrait enfin obtenir les rentrées d’argent suffisantes pour finaliser les derniers travaux qui séparent l’actuelle infrastructure d’un stade digne de ce nom, comme le changement de ces sièges qui virent désormais au rose (c’est un signe !). Avec en moyenne un match par semaine organisé à la Praille, le centre commercial et les échoppes environnantes en tireront profit, financièrement parlant, alors que le Servette FC bénéficiera lui d’un outil de travail que l’effervescence aura remis au goût du jour.
En résumé, c’est le genre de coup de boost qui ferait le plus grand bien à un quartier se destinant de toute façon à évoluer ces prochaines années, avec un ambitieux projet d’urbanisme dans lequel apparaîtrait éventuellement une nouvelle patinoire pour le GSHC. Et enfin, même si le projet footballistique actuel d’Hugh Quennec a toute ma confiance, avouons que Marseille, Lyon et ces affreux du PSG, c’est quand même un peu plus sympa à regarder que Wohlen, Locarno et Biou.

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21 Commentaires

  1. Je suis genevois, modéré et pourtant et je suis archi contre la venue de l’ETG à la praille.

    Outre le côté purement primal (j’veux pas des frouzes dans notre stade!), cet emménagement amène passablement de questions.

    Quid des frais annexes ? de la sécurité ? des parkings ? des autorisations de travail ? de l’entretien du stade ? de la pelouse ?

    De plus, la Police genevoise n’arrive même pas à gérer les 75 pelés lausannois, j’ose pas imaginer le bordel en ville avec la venue du PSG, l’OM, de Sainté, etc…

  2. Il me semble que l’AC Milan et l’Inter arrivent à cohabiter dans le même stade. Tout comme GC et le FCZ. Pourquoi ne serait-ce pas possible à Genève?

  3. Des Français dans un stade français, moi je vois pas le problème. D’autant que les jolis sièges roses de cette enceinte sont parfaitement assortis au maillot d’Evian.

  4. Boah, si les frouzes font un stade de 20’000 places à Ville-la-Grand, on pourra y faire jouer Servette. C’est mieux adapté au niveau de la capacité…

  5. Un stade suisse, un club français, un arbitre italien, un ballon chinois, une pelouse anglaise (mouarf), de la bière allemande ou danoise, des hotdogs américains, des écrans géants sud-coréens et pas de public, c’est pas génial la mondialisation?

  6. @Moskito

    J’ose imaginer que les frais seraient bien évidemment réparti entre les clubs. En ce qui concerne la sécurité, je vois bien le problème mais à nouveau, il existe pas mal de solution, comme un billet majoré pour match à risque, société de sécurité privé payé directement par l’ETG…enfin bref, aux édiles de s’entendre mais je pense comme dit dans l’article que ce serait tout bonus pour le stade et Genève.

  7. La solution : faire jouer Evian au Stade de Genéve et Servette au stade de Carouge ou Meyrin. De toute façon, avec les 2000 spectateurs de moyenne qu’ils vont attirer par match, ça vaut pas la peine d’ouvrir la Praille.

  8. Bonne idée, intelligente.

    Un peu comme Porta Alpina ou le revenu inconditionnel à 2500.-, par mois, c’est une idée beaucoup trop novatrice pour être acceptée par des Suisses, des footballeurs ou des Genevois.

    Et quand on est les 3 à la fois…

  9. ‘Entre avoir une équipe française jouant physiquement ses matches du championnat de France en Suisse, et des équipes participant au championnat d’un autre pays comme Monaco ou Vaduz, je me demande ce qui est le plus politiquement incorrect mais bon’

    Exellentissime. Faut dire que Platini n’en n’est pas a sa premiere gaffe ou contradiction.

    Le seul hic dans ton plan c’est qu’Henniez ne laissera pas sa place a la cantine pour de la vulgaire eau d’Evian, faut pas deconner quand meme…

  10. J’imagine déjà les prises de bec entre l’ASF et la FFF pour fixer les jours de matchs ! Foutoir garanti.

    Quant à la sécurité, j’imagine bien la France envoyer une compagnie de CRS à Genève lors de la venue de l’OM ou du PSG. Vous pensez que la République genevoise sera enchantée ?

    Cette idée aurait du rester au fond d’un tiroir et ne jamais sortir. Chacun joue dans son propre pays et dans son propre stade. D’ailleurs, l’erreur première vient d’où ? De devoir construire un 2e stade aussi proche du 1er ou d’avoir construit le 1er complètement surdimensionné ?

  11. Si le pays limitrophe qui nous entoure (malgré nous) était celui des bisounours, ce projet serait certainement LA solution. En effet, les gentils petits supporters bisounours viendraient dans notre république afin d’utiliser avec respect et soin notre stade, pour ensuite repartir chez eux heureux pleins d’images dans la tête…

    Malheureusement, je doute que ce soit le cas. Louer notre enceinte aux shadoks nous coûterait plus d’argent qu’il nous n’en rapporterait. Je rejoins Moskito, nos policiers sont déjà débordés avec une dizaine de pêcheurs, je vous laisse imaginer l’accueil de milliers de parigos casseurs…

    J’étais séduit par ce projet, au début. Mais il faut se rendre à l’évidence : il y a un gros problème non seulement juridique si l’on laisse les Frouzes faire la sécu (un CRS tricolore qui me demande de circuler sur MON territoire?! Ça va ou bien?!), et surtout de répartition des coûts. Parce que les supporters parigos ou marseillais qui démolissent le centre commercial ou la voie publique, ce n’est pas l’Etat français qui va gentiment se proposer au portillon pour payer les factures. Rappelons-nous le scandale du G8…

  12. @ bob: Milan et l’Inter, ou encore FCZ et GC évoluent dans le même championnat et dans la même ligue. Faire cohabiter leur calendrier en rapport aux diverses exigences (surtout dû aux TV) n’est pas un souci en sois. En revanche, trouver un arrangement entre deux clubs dépendants de deux fédérations différentes soumises à des exigences différentes quant aux horaires et jours de matchs (canal vs swisscom), c’est « un poil » différent…

  13. Etant donné tes commentaires politiques, tu dois probablement être un jeune gentil socialo. Quand à comparer Vaduz et Monaco avec ce cas, c’est comment dire…, très LOL.

  14. Carlos, mon pauvre Carlos, tu me fais pitié avec tes comms à 2 balles, un oportuniste, un de plus, y aura certainement un match à l oeil cette saison , tu pourra ramener ta grande gueule et toute la famille avec!

  15. Zurich et GC joue pas dans le même stade. L’un est en reconstruction.
    Pour l’un des départements les plus riche de France vous avez des problèmes de pauvre. Vous avez une équipe de ligue 1, et l’infra ne va pas avec…. Normalement c’est un peu la base.
    Bref Platini ne vous veut pas dans l’enceinte de son club de cœur… C’est purement personnel

  16. Une partie de l’article décrédibilise tout le reste.

    « On imagine que la Fondation du Stade s’en frotterait les mains, elle qui pourrait enfin obtenir les rentrées d’argent suffisantes pour finaliser les derniers travaux »

    C’est donc encore pire. Servette a d’un côté besoin d’avoir ETG pour supporter le contrat de 32 ans signé par Pyshar, de l’autre cela poserait des problèmes de cohabitation. Sans parler du problème de la securité. Pas simple.

  17. Parler de ce sujet sans aborder le problème de jurisprudence « mondiale » que cela supposerait, c’est ne rien comprendre au dossier.

    Si on permet à un club français de jouer ses matchs de championnat français dans un pays étranger, comment empêcher Manchester United de délocaliser eux-aussi un de leur match, par exemple en Chine?

    Et ce n’est pas qu’une théorie, vu que le projet de délocaliser la première journée de Premier League, voire de créer une journée spéciale « ex-nihilo », revient régulièrement sur le tapis.

    Parce que c’est là que réside la réelle raison du refus de l’UEFA: ne pas créer un précédent extrêmement dangereux pour les championnats nationaux.

    Et finalement, les supporters réels (et pas virtuel/télévisé) de football devraient être contents qu’on mette un frein à l’aliénation commerciale de leur club.

  18. Et pourquoi pas fusionner Servette et Evian Thonon Gaillard? …qui ne formerait dès lors plus qu’un seul club et jouerait dans deux championnats en même temps. Servette jouerait en lever de rideau d’Evian Thonon et lui servirait de club ferme. Ce serait une perspective digne d’un grand visionnaire!!!!
    Plus sérieusement, les arguments développés dans l’article ci-dessus sont vraiment très courts et très limités.

    Le premier mot qui me vient à l’esprit est concurrence déloyale.
    Evian Thonon Ga… touche le pactole des droits télévisés de Canal Plus et voudrait (pour autant qu’ils y pensent encore…) faire main basse sur une infrastructure financée par des collectivités publics genevoises et suisses. Bref, c’est l’escalade footballistique.
    Il n’y a pas besoin d’être d’extrême droite pour y penser, il suffit pour ça d’ouvrir les yeux.
    A terme, ça risquerait de tuer Servette.
    Donc cet argumentaire fait non seulement tomber les chaussettes de plus d’un, mais elle est surtout hallucinante de la part de supporters qui se disent Servettiens au point de s’appeler servettiens.ch

    Si ce stade est sous-utilisé, il le doit en grande partie à une gestion absurde de dirigeants soit inconscients soit malhonnêtes. Elle doit en tous cas beaucoup à une entreprise nommée Jelmoli qui a décidé de séparer le centre commercial du Stade. C’est le symbole de tous ceux qui se servis de Servette par le passé, au lieu d’aider le club grenat.
    A Berne, ce n’est pas le cas. La SA Stade de Suisse permet de financer le club sans difficulté parce que les deux structures sont liées.

    Quant à l’identité inexistante d’Evian Thonon, elle s’explique facilement.
    L’existence de cette équipe n’est basée que sur le fric de Danone et son maillot ressemble d’ailleurs à une étiquette des bouteilles d’eau de la marque que vous connaissez.
    Ses dirigeants ne peuvent donc s’en prendre qu’à eux mêmes.
    Si ils avaient une vision véritablement intelligente, ils construiraient un stade à Evian, comme le nom de leur eau et ils pourraient contribuer au développement d’une région (au sud du Lac Léman) qui en cruellement besoin.
    Rappelons au passage que le train s’arrête(ait) à Evian, alors qu’elle allait par le passé jusqu’à Saint-Gingolph. On a même envisagé un développement tel qu’on l’a appelée la ligne du Tonkin parce qu’on se disait qu’elle irait jusqu’en Chine.
    Sans aller aussi loin, elle pourrait déjà aller jusqu’à Monthey.

    Bref, tout ça pour vous dire que les arguments lisibles ci-dessus en valent bien d’autres et que la pensée unique ne résout rien.
    Ce n’est parce qu’on n’est pas d’accord de hurler avec les loups qu’on est fou ou d’extrême droite!

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