Willkommen in der Regionalliga West !

L’événement footballistique du week-end en Allemagne, c’était bien sûr le retour en quatrième division du Sportgemeinschaft Wattenscheid 09 et du Krefelder Fussball-Club Uerdingen von 05. Fatalement, le duel entre les anciens clubs de Souleymane Sané et Stéphane Chapuisat ne pouvait laisser indifférent un fan du Lausanne-Sport. Brève immersion dans le monde merveilleux et la ferveur populaire de la Regionalliga West.

Quand j’ai un samedi après-midi à occuper dans le Ruhrpott, je me sens un peu comme le jeune Footix qui vient de recevoir son abonnement Teleclub pour son anniversaire et qui découvre le nombre de matchs qu’il pourra ingurgiter durant le week-end sans décoller de son canapé. Sauf que moi, ce qui fait briller mes yeux, ce n’est pas la touche bleue de ma télécommande mais la page du Kicker avec les horaires des matchs du week-end qu’on peut aller voir au stade. En ce samedi après-midi, on hésitait entre deux rencontres de Regionalliga situées à dix kilomètres l’une de l’autre, un succulent Rot-Weiss Essen–Viktoria Köln ou un savoureux Wattenscheid 09–Uerdingen 05. Finalement, c’est un orage survenu quarante-huit heures auparavant et le manque d’étanchéité des tribunes du nouveau stade d’Essen qui résoudront ce cruel dilemme avec le renvoi du match Rot-Weiss–Viktoria, au grand dam des plus de 10’000 spectateurs qui y étaient attendus. Ce sera donc SG Wattenscheid 09–KFC Uerdingen 05.

Wattenscheid n’existe plus !

Wattenscheid, c’est un ancien pensionnaire de Bundesliga dont le nom évoquera quelque chose aux fans du Lausanne-Sport puisque c’est de là que venait l’ancien buteur sénégalais de la Pontaise Souleymane Sané. On croise d’ailleurs un fan local qui porte un maillot du LS floqué Sané ! Tu imagines la conversation improbable entre un fan de Wattenscheid qui n’a jamais mis les pieds à la Pontaise mais arbore un maillot lausannois et un abonné de longue date du LS qui lui découvre le Lohrheidestadion en exhibant un tricot des Sports Réunis de Wattenscheid floqué Kai Koitka (ne me demande pas qui c’est, mais ce maillot, avec sa pub pour une menuiserie locale et son Ligalogo Regionalliga West, constitue désormais l’une des plus belles pièces de ma collection, tout comme l’écharpe «promotion en Regionalliga – une nouvelle ligue, une nouvelle vie», même si mon compagnon de route du week-end s’est bien moqué de moi). C’est aussi pour ce genre de rencontres qu’un match au stade, même de ligue régionale, aura toujours mille fois plus de saveur qu’un match, aussi prestigieux soit-il, derrière sa télé.
Depuis qu’il a quitté la Bundesliga en 1994, le SG Wattenscheid 09 a bien régressé dans la hiérarchie du foot allemand. Il faut dire que la commune de Wattenscheid n’existe plus depuis son absorption par sa grande voisine Bochum. Quand tu sais que le VfL Bochum peine déjà à subsister dans l’ombre encombrante des deux voisins géants du Borussia Dortmund et de Schalke 04, tu imagine les difficultés d’un club lui-même satellite de Bochum. Pour te donner une idée de la concurrence locale dans la Ruhr, quelques heures après ce Wattenscheid–Uerdingen il y avait, dans un rayon de trente kilomètres, 100’000 fans pour le Familientag de Schalke et 62’000 dans le stade pour l’amical entre Null Vier et Al Sadd et plus de 80’000 pour Dortmund–Bayern…

Punition divine pour Uerdingen ?

Située juste en dehors du Pott, à son extrémité ouest, Krefeld, la cité qui abrite le KFC Uerdingen, est également soumise à très forte concurrence, avec la proximité immédiate du 1. FC Köln, du Fortuna Düsseldorf, du Bayer Leverkusen et du Borussia Mönchengladbach. Le nom d’Uerdingen évoquera également des souvenirs (douloureux) aux fans du Lausanne-Sport : souviens-toi, on est en automne 1990, le LS de Bertine Barberis, emmené par un Stéphane Chapuisat stratosphérique, caracole en tête du championnat et rien ni personne ne semble pouvoir l’arrêter sur la route du titre de champion suisse. Sauf le départ de Chappi à Noël pour un obscur club de bas de classement de Bundesliga. Privé de son buteur, le LS avait sombré au 2e tour, alors que Chapuisat s’était blessé dès son arrivée dans le Niederrhein et n’avait pu empêcher la relégation des Krefelder. Si ce transfert foireux n’a pas empêché Chappi d’effectuer la carrière que l’on sait, les autres protagonistes de cette forfaiture, qui m’a privé d’une opportunité peut-être unique de fêter un titre de champion de Suisse du LS de mon vivant, ont subi une sorte de punition divine. Uerdingen n’a plus goûté aux joies de la Buli depuis 1995 et est même passé par la case faillite après le retrait de son principal sponsor, le géant pharmaceutique Bayer, qui donnait à l’époque son nom au club ; celui-ci a donc été rebaptisé KFC, ce qui ne signifie pas qu’il est sponsorisé par une chaîne américaine de fast-food mais plus prosaïquement Krefelder Fussball-Club. Quant à Gabet Chapuisat, à qui l’on avait prêté à l’époque une influence décisive dans le transfert de son fils, il n’a jamais obtenu le poste d’entraîneur principal du LS qu’il convoitait tant – en représailles diront certains.

Regionalliga West, mode d’emploi

Wattenscheid et Uerdingen sont toutefois en train de remonter la pente puisqu’ils ont tous deux obtenus leur promotion en Regionalliga en mai dernier. La Regionalliga, c’est le quatrième échelon du foot allemand qui compte trois premiers niveaux nationaux : Bundesliga (18 équipes), Zweite Liga (18) et Dritte Liga (20). Ensuite, on a la Regionalliga qui comporte cinq groupes régionaux, Nord (18 équipes), Nordost (16), West (19), Südwest (18) et Bayern (19), et dont il est particulièrement difficile de s’extirper : sur nonante équipes, seules trois sont promues en fin de saison et le niveau y est particulièrement relevé. Ainsi, dans cette Regionalliga West, qui regroupe les clubs de Rhénanie du Nord-Westphalie, on trouve six anciens pensionnaires de Bundesliga (Uerdingen, Wattenscheid, Alemania Aachen, Rot-Weiss Essen, Rot-Weiss Oberhausen et Fortuna Köln) et un ancien participant à la Coupe d’Europa (Viktoria Köln). Néo-promus, Wattenscheid et Uerdingen ne font pas partie des favoris de cette Regionalliga West qui sont plutôt à chercher du côté du Viktoria et du Fortuna Köln, des Rot-Weiss d’Essen et Oberhausen, d’Aachen, voire de Mönchengladbach II, du Schalke II de Gerald Asamoah ou du Sportfreunde Lotte, deuxième de cette Regionalliga West en 2012 derrière Dortmund II et vainqueur en 2013 mais battu aux prolongations des barrages d’ascension par le champion de la Regionalliga Nordost, les millionnaires du RB Leipzig de Fabio Coltorti (devant plus de 30’000 spectateurs au match aller !). 

Uerdingen supérieur

Le vétuste Lohrheidestadion (on peine à imaginer qu’il n’y a pas si longtemps le Bayern ou Dortmund venaient régulièrement jouer ici) n’a pas fait le plein pour cette ouverture de saison mais il y règne une belle ferveur avec des kops bien garnis et des tifos des deux côtés. D’ailleurs, le petit millier de fans venu de Krefeld fait beaucoup plus de bruit que les huit mille clients du Bayern Munich que l’on verra quelques heures plus tard au Westfalenstadion. Le décor étant planté, parlons du jeu. Le niveau est assez inégal. Il y a quelques séquences intéressantes, deux ou trois joueurs au bénéfice d’une technique appréciable mais aussi pas mal de déchet technique et des lacunes défensives assez criardes. Auteur d’un début de match entreprenant, Wattenscheid aurait dû en profiter sur un contre mais se voit annuler un but pour un hors-jeu qui ne nous paraissait pas flagrant. Le tournant du match déjà car les visiteurs vont ouvrir le score sur leur première occasion, un centre précis de Tim Rubink et une jolie élévation du buteur Emrah Uzun pour marquer de la tête. Ce but a douché l’enthousiasme primesautier des fans et joueurs locaux, encore plus sûrement que l’orage qui s’abattu sur le Pott quelques minutes avant le coup d’envoi. Uerdingen a alors fait valoir une maîtrise technique supérieure, sous la houlette de son meneur de jeu Issa Issa et de sa vedette Moses Lamidi qui a tâté de la Bundesliga à Mönchengladbach sans parvenir à s’y imposer. En revanche, en Regionalliga, le Germano-Nigérian est au-dessus du lot, même s’il n’a pas connu beaucoup de réussite samedi en choisissant le service à un coéquipier en position de hors-jeu plutôt que le shoot alors qu’il était en position idéale puis en tirant sur la transversale.

Vive la Regionalliga !

Wattenscheid bénéficiera d’une grosse occasion d’égaliser sur un tir non cadré de Zajas, avant de concéder un deuxième but sur un pénalty consécutif à une sortie hasardeuse du gardien Carpentier. L’expulsion du latéral d’Uerdingen Korte pour deux cartons jaunes idiots aurait pu relancer le match peu après la pause mais la pression désordonnée des Nullneuner ne débouchera sur rien, malgré deux jolies frappes de Berkant Canbulut, un sauvetage sur la ligne, une parade décisive du gardien Samulewicz devant Buckmaier qui trouvera en outre le poteau quelques minutes plus tard. Dommage, une réduction du score nous aurait permis de vivre une fin de match haletante. C’est l’un des trois bémols de l’après-midi, les deux autres étant l’absence de «mon» joueur Kai Koitka et la marque de la bière servie au Lohrheidestadion : de la Veltins, comme à Schalke, et en plus dans des verres microscopiques de trois décilitres. Mais à part ça, on a apprécié cette immersion en Regionalliga pour un match peut-être inutile (Wattenscheid a posé protêt sur un point de règlement). Si toi aussi tu veux découvrir le monde magique de la Regionalliga, jette un œil sur le programme de Sport 1 qui retransmet régulièrement des matchs, à commencer par un prometteur Waldhof Mannheim–SSV Ulm 1846 en Regionalliga Südwest mardi soir.   

SG Wattenscheid 09 – KFC Uerdingen 05 0-2 (0-2)

Lohrheidestadion, 2’589 spectateurs.
Arbitre : M. Waschitzki.
Buts : 15e Uzun (0-1),  42e I. Issa (pénalty, 0-2).
Wattenscheid: Carpentier; Rathmann (58e Lehmann), Melchner, Thamm (58e Buckmaier), Andersen; Zaskoku, Zajas, Trisic (74e Enzmann), Preissing; Lenz, Canbulut.
 
Uerdingen: Samulewicz; Rubink, Touré, Alexiou, Korte; Ellguth; Baltes (71e Schattner), I. Issa (84e Celik), Saka, Lamidi (81e Kuta); Uzun.
Cartons jaunes: 33e Uzun, 50e Korte,  61e Trisic.
Carton rouge: 56e Korte (2e avertissement).

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. Bon mais alors, on peut regarder Sport1 pour les matchs de 4 divisions teutonne, mais surtout pas Teleclub pour les matchs du pays dans lequel on habite ????

    Support your Local Team !

  2. J’adooooooore! Le bonheur en 4ème division… Quand on voit RW Essen qui joue régulièrement devant 10’000 spectateurs dans un stade préhistorique coincé entre Duisbourg, Bochum, Schalke ou Dortmund, c’est juste fou…

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