Clubbing : Manchester City

Habituellement, dans clubbing on parle de clubs pas très connus chez nous, comme le Rapid Vienne, l’Etoile Rouge Belgrade ou la Fiorentina. Ça peut paraître un peu élitiste, car seuls les gens qui savent apprécier le vrai football sont capables de s’y intéresser. Pour corriger le tir, ce mois-ci on va s’arrêter sur un club qui aurait pu être dans notre catégorie il y a une dizaine d’années, mais qui n’y est certainement plus aujourd’hui : la machine à fric Manchester City.

Couleurs et symboles :

La machine à fric évolue historiquement en bleu ciel avec cuissettes blanches. Tiens, bleu comme le ciel dans lequel volent les avions de son sponsor principal Etihad Airlines. Hasard ? Je ne crois pas. Pour ce qui est des symboles, City avait autrefois un aigle qui sortait un peu de nulle part sur son blason. Mais en 2016, le club a décidé de remettre plus en évidence l’emblème principal de l’équipe en avant : un bateau. Une sorte de retour aux sources puisque ce symbole avait été utilisé dans les années 80 et 90, sans doute une stratégie pour s’amadouer les fans traditionnels. Bon Manchester n’est pas au bord de la mer, mais un vieux canal à l’eau brunâtre traverse la ville ce qui justifie l’existence de ce bateau.

Même les bateaux qui s’aventurent dans le canal de Manchester finissent avec la coque rongée par les bactéries.

Surnoms et appellation à la con :

Pour commencer, le nom du club : Manchester City. En français, ça donnerait Manchester Ville, ce qui est quand même un peu con quand on y pense. Alors c’est une tradition anglaise d’appeler son équipe City ou Town, peut-être afin de ne pas trop se mélanger avec les bouseux qui habiteraient la campagne. De ce City découle le surnom tout simple des joueurs et de leurs supporters, les Citizens autrement dit les citoyens ou les citadins. Enfin moi pour ma part, je cherche toujours un Manchester Country où les supporters se ramènent avec leurs bottes de foin au stade. Sinon on surnomme volontiers Manchester City les Sky Blues (les bleu ciel), mais là non plus rien de très original. Finalement, le surnom de machine à fric lui va très bien aussi.

Stade et supporters :

Depuis le début des années 2000, les Citizens possèdent une nouvelle enceinte, le City of Manchester Stadium. En réalité, on devrait l’appeler l’Etihad Stadium selon la stratégie commerciale bien connue du naming. Manchester City fut d’ailleurs un des premiers clubs à être victime de cette grotesque pratique qui en a ensuite touché passablement. Entre nous, elle peut encore se justifier lorsqu’il s’agit d’une nouvelle enceinte, construite par les nouveaux propriétaires, et c’est le cas ici. Ce que je retiens de ce stade à l’architecture assez classique, ce sont les banderoles électroniques. Je m’explique, ce sont des banderoles affichées par les supporters comme on en voit dans pratiquement tous les stades mais sur un écran LED. Moi ça me fait sacrément marrer.

Bien évidemment que le jour où je suis passé à côté de l’Etihad Stadium, il faisait grand beau.

Les grands rivaux du club :

Pas besoin d’être un prix Nobel pour deviner qui vient pointer le bout de son nez dans cette catégorie. Depuis la descente de Manchester Country en huitième division, le grand rival est bien entendu United de Old Trafford (c’est son nom de chevalier). Pendant des années, ça n’a pas dû être facile à vivre. Alors que Manchester United enchaînait les titres de champion d’Angleterre et même les titres européens (surtout dans les années 90 et 2000), Manchester City était complètement nul et n’avait strictement rien gagné depuis les années 70. La rivalité entre les deux équipes était même devenue un peu caduque tant la différence de niveau était énorme. Avec l’arrivée des cheikhs arabes en 2008, City est ainsi redevenu compétitif et le derby de Manchester a repris de sa superbe.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

Il y a eu passablement de joueurs de légende à Manchester City, mais étant donné que ce club était tout pourri jusqu’à récemment, on a décidé de faire la part belle a un joueur actuel de l’effectif. Sergio Agüero mérite ce titre avec plus de 300 matchs pour City et près de 200 buts inscrits, il est clairement en train de rentrer dans la légende du club. Au club depuis 2011, il aura fortement contribué aux trois titres de champion de l’ère moderne (2012, 2014 et 2018). Il ne reste donc plus qu’à enfin offrir un titre européen à City pour valider ce statut, parce qu’une coupe des coupes gagnée en 1970, ça ne compte pas vraiment.

Le joueur qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

Samir Nasri, point barre.

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

Il faut bien entendu parler de la dernière journée de championnat 2011-2012 où Manchester City est au coude à coude avec son rival United pour le titre. A la 90^e minute de jeu, City perd 2-1 face aux Queens Park Rangers, ce qui laisse filer le titre aux Red Devils qui eux s’imposent dans le même temps à Sunderland. Mais ô magie de Lelouch, dans les arrêts de jeu Edin Dzeko et Sergio Agüero renversent coup sur coup la vapeur. De la pure et simple folie ! City est sacré après plus de 40 ans d’attente. Un match où d’ailleurs Joe Barton a complètement pété les plombs pour la petite histoire.

Les cinq minutes les plus intenses de l’histoire du club. David Silva avait encore des cheveux.

Bon ok, et actuellement :

Au début, il y a dix ans, lorsque les Arabes d’Abou Dhabi ont racheté le club et injecté des millions, je me rappelle que des personnes autour de moi disaient : « Ce club, il pue vraiment le fric, ils sont en train d’acheter tout le monde » ou encore « C’est bon, ils peuvent même l’acheter directement leur Ligue des Champions ». Des critiques sans doute justifiées. Mais aujourd’hui, plus personne ne s’offusque de cela, puisque c’est devenu normal. Tiens Real, PSG, Barça, Chelsea, …  les grands clubs font tous plus ou moins pareil. Alors au moins, City était à la base un club de losers avec de vrais supporters qui a connu une longue période de frustration. Certes, actuellement le club compte sans doute plus de fans chinois et indiens que de vieux de la vieille mais je suis content pour ces derniers au moins, après tant d’années de galère.