Le HC Davos en 11 points

Respecté à tort dans le monde du hockey helvétique, le HC Davos n’en reste pas moins un sérieux candidat au titre. Souvent miné par les blessures, la formation grisonne peut toujours compter sur l’inamovible Del Curto pour mener sa barque à bon port. Il vaudrait en tous cas mieux, car une troisième saison consécutive sans titre écornerait sérieusement l’image glamour de ce club, qui rentrerait alors dans le rang. Avec une légion étrangère totalement remaniée, le HCD entame une petite révolution et pourrait bien se révéler être le principal outsider du championnat. Pour autant qu’il évite les ZSC Lions en play-off.

1. Les grandes forces du HC DavosDavos, c’est d’abord Arno Del Curto. Le mythique entraîneur est chaque année capable d’amener ses boys au sommet. Avec un Reto von Arx qui tient toujours la route, Leonardo Genoni devant les filets et le retour d’Andres Ambühl, les valeurs sûres ne manquent pas et côtoient d’autres joueurs plus jeunes mais déjà confirmés comme Dario Bürgler, Grégory Sciaroni, Dino Wieser et Samuel Guerra. Si, en sus, Peter Guggisberg retrouve santé et niveau et Grégory Hofmann confirme un dernier exercice très réussi, le HCD possèdera un effectif capable de viser le titre. Reste en suspens la question des étrangers (voir point numéro 3).
2. …et ses carences rédhibitoires.
Avec les départs de Joggi et Ramholt, la défense davosienne a perdu deux éléments d’importance. Elle pourra néanmoins toujours compter sur le vil mais bon Beat Forster, les jeunes Grossmann et Guerra et le vieil ermite René Back pour tenir une baraque encore renforcée par les arrivées de Koistinen et O’Connor. Bref, gageons que la défense de Davos tiendra le choc. En fait, si la phalange est-alémanique semble avoir été en perte de vitesse ces deux dernières saisons, c’est avant tout à cause d’une hécatombe de blessures. Un licenciement du préparateur physique et plus rien n’arrêtera la machine jaune et bleue !
3. Les Davosiens seront-ils meilleurs que la saison dernière ?
Dieu seul le sait. Etrangement champion en 2005, 2007, 2009 et 2011, le club grison avait alors éveillé la curiosité de la cellule d’enquête des journalistes du «Matin». S’assurant les services des plus grands statisticiens, ils avaient prédit, modèle théorique de calcul de probabilités à la clé, que 2013 verrait à nouveau le triomphe du HCD. Las, la troupe d’Arno Del Curto s’est fait sortir dès les quarts de finale par les ZSC Lions. Si même la science n’est plus fiable, à quels saints nos Edward Snowden romands oseront-ils se vouer pour prédire le destin des Davosiens ?
Les performances du HC Davos dépendront cependant grandement du rendement de leur nouveau quatuor de joueurs étrangers. Exit les piliers Sykora, Taticek et Marha, en nette perte de vitesse. Virage au nord et bonjour à Ville Koistinen, Ryan O’Connor, Perttu Lindgren et Marcus Paulsson. A l’heure où la NHL dégraisse, on peut rester sceptique devant le pédigrée des nouveaux arrivants. Il n’empêche que Del Curto a souvent fait les bons choix. En confiant une place de mercenaire à un Ryan O’Connor non repêché et fraichement débarqué des ligues juniors canadiennes, le coach davosien ne manque en tous cas pas de panache !
4. L’objectif inavouable !
Eviter de tomber contre Zurich en quarts de finale des play-off après deux déconvenues consécutives. En 2011/2012, Davos, brillant vainqueur de la saison régulière mais décimé par les blessures, s’était fait humilié 4-0 par l’équipe de Bob Hartley qui glanait le titre quelques semaines plus tard. L’an passé, la phalange grisonne résistait mieux et menait même 3 victoires à 1 face à la formation coachée par Marc Crawford. Elle n’en finit pas moins par mordre la poussière.
5. Qui sera le bour d’atout du HC Davos version 2013/2014 ?
Grégory Hofmann est passé, l’espace d’un transfert, du statut d’espoir décevant à candidat pour une place dans le cadre national. Avec plus de 0.5 point par match, le Biennois de 20 ans traversera vite l’Atlantique s’il continue sur sa lancée.

6. Au contraire, qui sera le boulet du contingent ?
Déjà discret en Suède, Marcus Paulsson ne parviendra pas à tirer son épingle du jeu dans une LNA où un étranger est prié de marquer 1 point par match minimum. Pris en grippe par le kop davosien pour avoir tenté de blesser Ambühl dès son premier match de préparation, il quittera la station après une seule saison, accompagné d’un Peter Guggisberg dont la énième rechute aura sonné le glas de son contrat.
7. L’entraîneur ? Homme de la situation ou simple sous-fifre ?
Arno Del Curto n’est plus à présenter, lui qui a déjà ramené le titre à cinq reprises dans les Grisons. Presque tous les bons joueurs qu’il prend sous son aile refusent l’équipe nationale et ne descendent qu’à contrecœur de Davos lorsque le calendrier de la Ligue le leur contraint. A part contribuer à développer la consanguinité dans le district de Prättigau, difficile de lui reprocher quoi que ce soit.
8. La Vaillant Arena : Forteresse infranchissable ou piteux château de cartes ?
Fort plaisante à regarder, la Vaillant Arena n’en arrêtera pas moins personne.
9. Et le public dans tout ça ?
A l’antithèse des remarquables fans d’Ambrì, les supporters de Davos ne méritent que notre dédain. Davos est le club le plus titré de Suisse et attire une incompréhensible sympathie aux quatre coins du pays, nourrie notamment par les Bünzli qui traînent leur bedaine houblonnée une fois l’an dans les montagnes grisonnes quand vient la Coupe Spengler, cet infâme raout de fin d’année. La bien mal nommée Vaillant Arena ne se remplit d’ailleurs que pour cette occasion qui, au nom de la tradition, monopolise toutes les ressources hockeystiques du pays une semaine durant avant de venir enrichir l’hôte local un peu à la manière d’une banque helvétique fraudant le fisc américain. Club le plus détestable de Suisse au coude à coude avec les Gaydoul Flyers, Davos a habilement réussi à noyer le poisson en achetant certains dirigeants de LNA à coup de petits fours (et en conviant accessoirement leur équipe à la fête). Une parade qui marche du tonnerre du côté de Genève, puisque le GSHC s’est vu gratifié d’une seconde invitation en quatre années seulement d’existence de la nouvelle formule.
10. Pour (presque) finir, le HC Davos en 3 mots.
Del Curto, von Arx, Spengler.
11. Pronostic exact (à la virgule près) :
Encore deuxième du classement à quelques secondes de la sirène finale du 55e match de la saison régulière, un puck malencontreusement relâché par Genoni relègue Davos à la 3e place. Opposés à nouveau à Zurich, les Grisons ne tiennent pas le choc psychologique, perdent 4-0 la série et Guggisberg sur blessure alors que, dans la foulée, Hofmann et Guerra annoncent leur départ en Amérique du Nord et les frangins von Arx leur retraite. C’en est trop pour Del Curto qui craque, démissionne et retourne à Lucerne prendre les rênes d’un ambitieux projet. Pour le remplacer, les dirigeants davosiens voient en Gary Sheehan l’homme de la situation, au grand dam de la RTS qui doit se trouver un nouveau consultant pour les championnats du monde. Relégué en LNB une saison plus tard, le HCD cède sa place permanente à la Coupe Spengler à Genève-Servette, ce qui permet aux Genevois d’augmenter leur budget et de décrocher enfin leur premier titre tant attendu.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

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