Bundesliguide : SC Freiburg

Véritable révélation de la saison dernière ponctuée d’une cinquième place inespérée avec l’un des plus petits budgets de la ligue, Freiburg va vivre la troisième campagne européenne de son histoire. La confirmation s’annonce compliquée mais les Breisgauer ne se sont pas autant affaiblis que ce que l’on pouvait redouter et ont les moyens de bien figurer tant en Allemagne qu’en Europe.

2012/2013 :

5e. La sensation. Sur la lancée du maintien acquis à la surprise générale au printemps 2012, le SC Freiburg est resté sur un nuage durant toute la saison. S’appuyant sur une génération dorée de juniors du club qui avait tout raflé chez les jeunes renforcée par quelques arrivées improbables, comme Max Kruse, milieu anonyme venu de Zweite Liga qui s’est révélé en buteur hors-pair dans l’élite, les Breisgauer ont séduit durant toute la saison par leur jeu simple mais efficace, leur organisation sans faille et leur enthousiasme communicatif. C’est en vain qu’on a attendu un coup de mou qui n’est jamais venu, si bien que le petit Freiburg a même pu jouer une « finale » pour une place en qualifications de la Ligue des Champions contre le grand Schalke lors de la dernière journée. Finalement, la logique budgétaire l’a emporté et le SCF doit se contenter de l’Europa League, avec une accession directe aux phases de poule qui constitue déjà un succès incroyable pour l’un des plus petits budgets de la ligue. Seul regret : une défaite évitable en demi-finale de la Pokal à Stuttgart.

Objectifs :

A Freiburg, on garde les pieds sur terre et il n’est pas question de s’enflammer et de gâcher des années de gestion pérenne et prudente du club pour une campagne européenne. Toutefois, avec l’assurance de disputer les phases de groupe de l’Europa League, les Fribourgeois se sont tout de même donnés les moyens de viser un peu plus haut que simplement assurer le maintien, qui constituait le seul et unique objectif du club depuis son retour en Bundesliga en 2009. Une place en milieu de tableau en championnat et passer les phases de poule en Europa League, ça paraît un objectif raisonnable.

L’effectif :

La base de l’effectif reste la même que l’an passé et s’appuie toujours sur cette jeune génération lancée au printemps 2012 par l’entraîneur Streich. L’effectif a même gagné en expérience et en profondeur durant le mercato. La colonne vertébrale demeure inchangée avec le gardien Baumann, la charnière Ginter-Diagne, le récupérateur Schuster ou l’ailier français Schmid, le principal changement intervient à la pointe de l’attaque avec le remplacement de Kruse par Hanke. Mais, plus que la valeur des individualités, c’est surtout la qualité et le dynamisme du jeu mis en place par l’entraîneur Christian Streich qui font la qualité du groupe.

Le mercato :

On pensait qu’après sa brillante saison, Freiburg allait se faire piller durant le mercato, il a finalement mieux résisté que prévu, sous réserve d’éventuels départs qui pourraient encore intervenir (Ginter). La principale perte, c’est bien sûr celle du buteur néo-international Max Kruse ; sinon, trois autres départs significatifs, les milieux de terrain Flum, Caligiuri et, dans une moindre mesure, Makiadi, figure emblématique du club mais qui n’était plus titulaire ce printemps. La nouveauté, c’est que les Breisgauer n’ont pas recruté des inconnus aux références improbables mais des joueurs avec tout de même un certain pedigree (souvent en prêt). Gelson Fernandes a pas mal bourlingué et tout de même marqué en Coupe du Monde contre l’Espagne (si, si…), Admir Mehmedi est international suisse, Vaclav Pilar avait été très bon à l’Euro 2012, il a juste eu la malchance de se blesser dès son arrivée à Wolfsburg, Mike Hanke est un ancien international allemand et il y a encore seize mois de nombreux médias militaient pour son retour avec la Mannschaft, alors que Francis Coquelin est présenté comme un grand talent, Christopher Jullien est tout récent champion du monde M-20 avec la France (sans jouer) et l’espoir Hendrik Zuck a signé le doublé décisif au 1er tour de la Pokal … Si tous ces nouveaux venus s’intègrent, Freiburg ne sort donc pas forcément affaibli de l’été.  
Départs : Ferati (Sion), Jendrisek (Cottbus), Makiadi (Brême), Kruse (Mönchengladbach), Caligiuri (Wolfsburg), Flum et Rosenthal (Francfort), Santini (Zadar), Calvente (Betis Seville), Lais (Sandhausen).
Arrivées : Coquelin (Arsenal), Fernandes (Sion), Jullien (Auxerre), Pilar (Wolfsburg), Hanke (Mönchengladbach), Höfler (Aue), Sautner (Halle), Klaus (Fürth), Mehmedi (Kiev).

Entraîneur :

En décembre 2011, Freiburg est bon dernier du classement et laisse partir ses meilleurs éléments dont le buteur Papiss Cissé. Et lorsqu’entre Noël et Nouvel-An les dirigeants fribourgeois décident de promouvoir à la tête de la première équipe l’ancien adjoint et coach M-19 du club Christian Streich, on pense qu’il s’agit de faire des économies en vue d’une chute inéluctable. Mais Streich, trois fois vainqueur de la Coupe et une fois du championnat à la tête des M-19 du club, parvient à créer une nouvelle dynamique en faisant une confiance aveugle à la jeune génération qu’il avait côtoyée en juniors. La mayonnaise prend et Freiburg se sauve puis finit cinquième dans la foulée. Entraîneur atypique, mélange de Bernard Challandes pour le côté bougon et revêche, de Jürgen Klopp pour la proximité avec ses joueurs, et de Thomas Tuchel pour le jeu direct et vertical proposé, Christian Streich est l’un des plus brillants représentants de cette nouvelle génération d’entraîneurs allemands à succès. Forcément, les miracles accomplis en Breisgau ont attiré l’attention de clubs plus huppés, Schalke 04 était notamment très intéressé mais Christian Streich a décliné, désireux de poursuivre son œuvre sur les bords de la Dreisam. Respect.

Atouts :

Une incroyable dynamique du succès. Un groupe jeune et perfectible. L’impression de n’avoir rien à perdre dès le maintien acquis. L’entraîneur Streich. Le gardien Baumann, moins médiatisé que les Leno, ter Stegen ou Trapp, reste cependant le plus régulier des gardiens de la nouvelle génération. Un effectif un peu plus aguerri que la saison dernière. La volonté de rebondir des Mehmedi, Gelson, Pilar et autres Coquelin.

Faiblesses :

L’inexpérience du contingent. Le départ de Max Kruse. L’accumulation des matchs avec le Coupe d’Europe pour une équipe dont le jeu est basé sur un pressing très exigeant. La difficulté de confirmer. La capacité de réaction du groupe en cas de résultats négatifs. L’éventuel départ de Mathias Ginter. L’effet de surprise ne jouera plus.

Inconnue :

L’action des ultras fribourgeois pour interdire au Dreisamstadion la distribution des Klatschpappen, ces infects éventails en carton qui tuent toute ambiance et font le délice des beaufs, aux Vernets, à Langnau, au Bayern Munich ou en Coupe Davis, aboutira t’elle ? On est de tout cœur avec eux et on espère que d’autres groupes de supporters se lèveront contre ce véritable fléau commercial des stades et patinoires. 

A suivre :

Matthias Ginter, à ne pas confondre avec deux autres grands espoirs du foot allemand, son coéquipier Christian Günter et l’arrière central de Dortmund Koray Günter. Evoluant également dans l’axe de la défense, Matthias Ginter est le plus précoce des trois. A seulement 19 ans, il a déjà conquis une place de titulaire et de patron dans la défense fribourgeoise. Son calme, sa vitesse et la qualité de sa relance ont fait de lui le deuxième joueur à gagner la médaille d’or Fritz-Walter, la plus haute distinction allemande chez les juniors, dans deux catégories d’âge différentes, le premier avait été Mario Götze. Forcément, c’est un joueur très convoité, des contacts avancés seraient en cours avec Arsenal mais Arsène Wenger ne nous a pas vraiment habitués à autant de flair en matière de transfert, surtout que le prix évoqué, sept millions d’euros, paraît très raisonnable pour un joueur de cette qualité. A suivre mais il est sûr qu’avec ou sans Ginter, les ambitions des Breisgauer ne seront pas tout à fait les mêmes.   

Sur nos monts, quand le soleil… :

Beg Ferati parti s’enterrer à Sion, ils sont deux pour représenter la Suisse en Breisgau. Gelson Fernandes poursuit son incroyable tour d’Europe et, après la Suisse, l’Angleterre, l’Italie, la France et la Portugal, découvrira le meilleur championnat du monde. Même s’il reste sur quelques expériences mitigées, son abatage et sa générosité devraient lui permettre de s’imposer dans le système physiquement astreignant de Christian Streich. Admir Mehmedi reste lui aussi sur un échec, à Kiev ; il apportera une dotation technique appréciable aux Breisgauer, même s’il devra muscler son jeu et porter un peu moins le ballon qu’en Suisse. Avec Hanke, il aura la lourde tâche de faire oublier le départ de Kruse, dans un style complètement différent, mais il en a le talent et le contexte lui sera plus favorable que la constellation de stars du Dynamo.

Stade :

Mage-Solar-Stadion, 24’000 places.

Abonnés :

14’800.

Equipe type présumée :

Baumann ; Mujdza, Ginter, Diagne, Sorg; Schuster, Coquelin (Fernandes); Schmid, Mehmedi (Zuck), Pilar (Klaus); Hanke (Freis).

Agenda :

8-9 mars 2014 : SC Freiburg – Borussia Dortmund. L’occasion de voir le meilleur club du monde aux portes de la Suisse.

En résumé :

Son nouveau statut européen n’a pas fait perdre la tête à Freiburg qui semble avoir de nouveau travaillé intelligemment durant le mercato en faisant le maximum avec le peu de moyens à disposition. S’il sera compliqué de conserver la cinquième place miraculeuse de la saison dernière face à des adversaires aux moyens considérablement plus élevés, les Breisgauer ont les moyens de ne pas trop rétrograder dans la hiérarchie. Tout en restant conscient que l’édifice reste fragile et que le moindre grain de sable (blessures, fatigues…) peut dérégler la mécanique. Après Slavia Prague (1995), Puchov, St. Gall et Feyenoord (2001), Freiburg va ajouter au moins trois noms à la mince liste de ses adversaires en Coupe d’Europe, de quoi provoquer un bel engouement au Dreisamstadion.

Pronostic :

10e.

Écrit par Julien Mouquin

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