Le Servette nouveau est arrivé

Après un début de championnat manqué et deux dernières semaines agitées, le Servette FC a retrouvé le chemin du succès en signant trois victoires de rang. De quoi donner du crédit à la stratégie des dirigeants, en dépit d’un manque flagrant d’élégance.

Le licenciement de Sébastien Fournier semble porter ses fruits. Après une victoire contre Chiasso que n’importe quel entraîneur aurait obtenue, les joueurs de l’intérimaire Jean-Michel Aeby ont brillamment confirmé dimanche en écrasant Lugano, un candidat à la promotion, sur le score sans appel de 4-1. Au vu de l’insigne faiblesse de l’adversaire du jour, il va sans dire que le titre de la Challenge League semble à portée de main d’un Servette retrouvé, qui ne se situe  aujourd’hui qu’à 3 petits points de la tête du classement.Pour expliquer une telle métamorphose, il faut dire que les coulisses du Stade de la Praille ont regorgé d’activités ces deux dernières semaines. Critiqué souvent à raison, Sébastien Fournier a été viré par Hugh Quennec, dont le poignant communiqué nous aura à tous fait sortir nos mouchoirs. Si les récentes performances de l’équipe donnent raison au président, c’est à nouveau la manière qui fait grincer les dents de supporters qui n’ont, eux, pas forcément goût pour le style sourire-colgate si cher au Canadien. Remercié pour défaut de modernisme, Fournier n’avait-il pas, une année auparavant, été justement engagé pour la pertinence de sa technique de travail ? Difficile aussi de ne pas penser que le Valaisan a joué le rôle du dindon alors que les renforts tant demandés n’ont débarqué qu’au lendemain de sa mise à pied… 
Ceci dit, force est de reconnaître que le SFC fait désormais plaisir à voir. Le transfuge Ousmane Doumbia a effectué un baptême du feu remarqué, son abnégation à mi-terrain et la précision de ses passes ayant fait merveille. Son association à M’Fuyi, excellent en no 6 bien que moins mobile que l’Ivoirien a redynamisé toute l’équipe. Les principaux bénéficiaires ont été les ailiers Kévin Bua et Geoffrey Tréand, le Français réussissant tout ce qu’il entreprenait et inscrivant même deux fois son nom à la liste des buteurs. L’équipe a montré un visage besogneux et gratifié le maigre public de la Praille de quelques jolis mouvements. De bon augure pour la suite !

Au final, seuls deux joueurs auront déçu. Tout d’abord Igor Tadic, dont l’obsession du dribble combiné à l’approximation du contrôle de balle lui auront valu des sifflets mérités. Buteur sur un de ses premiers ballons, son remplaçant, le jeune Boris Cespedes, mériterait lui d’avoir sa chance en attendant la qualification du nouveau venu Euloge.
Ensuite, le gardien Roland Müller a plus ou moins raté tout ce qu’il a entrepris. A sa décharge, il n’a presque rien eu à faire et il est impossible de le juger sur une rencontre pareille. Il n’empêche que son jeu aux pieds catastrophique a bien failli coûter l’ouverture du score luganaise en tout début de match. Le rempart germano-philippin s’en est finalement sorti de justesse en bloquant en deux temps et sur sa ligne de but une tentative de lob de l’attaquant adverse. S’il ne pouvait pas grand chose sur le 1-1, Müller n’en a pas moins échoué a tranquilliser sa défense.

Aeby les mains liées ?

On dit à Müller de jouer et il aurait bien tort d’y trouver quoi que ce soit à redire. ll n’y est bien sûr pour rien, mais l’éviction de Joao Barroca me reste en travers de la gorge. Le Portugais a été impeccable depuis qu’il a pris la place de David Gonzalez fin 2012 et n’a rien à se reprocher tant au niveau de la relégation du club en Challenge League qu’à celui de son début de saison 2013/2014 poussif. Difficile dès lors de penser que son nouveau statut de no 2 est uniquement dû au talent époustouflant de son vis-à-vis. Comment ne pas y voir l’interventionnisme de Pascal Zuberbühler, qui a lui même recruté Müller à la surprise générale et alors que le duo de portiers tenait clairement la route ?
A l’image du licenciement trop rapide de Fournier, on a l’impression que les dirigeants veulent à tout prix s’affranchir du passé, que celui-ci soit bon ou mauvais. Un peu comme un couple en crise qui décide de changer d’appartement pour prendre un nouveau départ ou un peintre qui rajoute une couche de blanc pour ne pas avoir à refaire le plâtre. Pour l’instant, seul Niklas Dams constitue une indiscutable réussite de la campagne de recrutement de Loïc Favre. Si Doumbia devra confirmer l’excellente première impression laissée, les Markovic, Crettenand, Marinkovic et autre Tadic n’ont encore rien montré. Alors de l’optimisme pour la suite, oui, mais pas trop non plus.
Photo Pascal Muller, copyright EQ Images

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