En attendant Lombardi, GE-Servette convainc contre Munich

Première sortie aux Vernets réussie pour les boys de Chris McSorley. Faciles vainqueurs 5-0 du Red Bull Munich, un club de tradition, les Aigles ont rassuré leurs fans à deux semaines de la reprise du championnat de LNA.

La journée de jeudi avait commencé sur les chapeaux de roue par l’officialisation tant attendue d’une insistante rumeur: la signature de Matthew Lombardi en tant que troisième étranger de l’effectif 2013/2014. Au vu du palmarès du centre canadien, McSorley a réussi un sacré coup de maître. Ce d’autant plus que l’Ontarien doit toujours gérer l’un des plus petits budgets de la Ligue, seul Ambrì-Piotta lui partageant la vedette dans cette version hockeyistique du conte du Petit Poucet. Mais comment diantre Big Mac a-t-il accompli le miracle d’attirer le coûteux Lombardi dans ses filets ? Les voies de Jésus Chris sont impénétrables, mais nul doute que sa sage parole a su lui faire voir que l’argent n’était pas le bonheur. Là où Berne et Zurich alignent les liasses de billets, Genève-Servette contre-attaque avec une nutritionniste, une nouvelle sono et une glace toute blanche. Des atouts qui ont visiblement fait mouche chez un Matthew conscient qu’accepter 4’500 francs de salaire cette année est le dur mais nécessaire chemin de croix pour décrocher un contrat à 3 millions l’an prochain dans son Montréal qui l’a vu naître.

Le deuxième moment fort de ce 29 août était bien sûr la première sortie du GSHC sur sa glace des Vernets, à l’occasion de la seconde journée d’une Coupe des Bains autoproclamée plus beau tournoi d’été en Suisse. Dans cette interview qui nous aura décroché une larme, le président ne devait certainement pas parler de la communication : le «plus beau tournoi d’été en Suisse» a en effet annoncé un peu partout la participation du Traktor Chelyabinsk, fière équipe de KHL, avant de la substituer comme si de rien n’était par le Chelmet, son pendant de VHL (ce qui ne l’a pas empêché de battre Genève-Servette mercredi) mais pourtant toujours annoncé sur le site officiel comme ayant «terminé 5e du très relevé championnat de KHL».
Bref, on a placé la barre des tournois estivaux bien bas cette année, et ce n’est pas les ailes du Red Bull Munich qui sont parvenues à la relever. Affublés d’un ridicule casque en canette de l’infâme breuvage, les Allemands n’ont pas eu voix au chapitre contre les Rod, Impose et autre Léonelli. Pour le plus grand malheur des quatre braves supporters bavarois qui auront bu le calice jusqu’à la lie, forcés de troquer leur Augustiner contre cette immonde Feldschlössen 2.4 qui fait office de bière dans les travées des Vernets. Ecrasés 5-0, les pensionnaires de première division teutonne se sont brisés sur un Tobias Stephan des grands soirs, pas trop troublé par l’inquiétante présence de Pascal Zuberbühler dans les gradins. On imagine assez bien l’ancien portier de la Nati en train d’essayer de refourguer à Quennec un nouveau gardien austro-kurde rompu aux méthodes d’entraînement modernes et appelé à subrepticement prendre la place de notre no 51.

On veut Berthon !

On a également pu voir à l’œuvre Lennart Petrell, de retour sur la glace après un passage remarqué dans la série le Trône de Fer. Si le Finlandais, par son jeu manifestement très complet, a montré de prometteuses dispositions, il s’est fait voler la vedette par l’excellent Eliot Berthon. Dans tous les bons coups et auteur d’une lumineuse passe de but pour le 3-0 de Cody Almond, le jeune Français a encore prouvé qu’il méritait d’avoir sa chance sur un des trois premiers trios. Saura-t-il pour autant en convaincre McSorley ? Rien n’est moins sûr. Si le GM a souvent brillé par des trouvailles improbables, comme Trachsler, Rubin ou Suri, il n’a pas la réputation d’avoir permis l’éclosion de nombreux jeunes du cru. Depuis son arrivée dans la Cité de Calvin, McSorley n’a pour l’instant guère fait passer que Jonathan Mercier et Christopher Rivera du statut de Junior élite à celui de membre à part entière de la première équipe. Peut-être que les jeunes arrivés jusque-là aux portes du professionnalisme n’avaient simplement pas un potentiel suffisant. Toujours est-il qu’il est délicat de connaître le véritable niveau d’un Jean Savary lorsque celui-ci est aligné 2’30’’ par match depuis deux saisons. Espérons que, cette année, Berthon aura la chance de pouvoir véritablement montrer de quoi il est capable.

Une autre bonne – mais aussi inquiétante – nouvelle a été l’excellent match de Goran Bezina. Blessé depuis plusieurs mois, le défenseur international est soit parfaitement rétabli, soit encore limité dans ses capacités mais néanmoins déjà un cran en-dessus de ses compères de l’arrière-garde genevoise. Entre les brouillons Antonietti et Kamerzin et un Marti qui doit encore tout prouver, Mercier et Vukovic semblent bien seuls pour tenir la baraque aux côtés de leur valeureux capitaine. Autant dire que si l’engagement d’un quatrième étranger en attaque – comme l’a annoncé McSorley il y a quelques semaines – devait se concrétiser, cela constituerait un choix purement et simplement incompréhensible.

Insupportable speaker

Sinon, eh bien tout le monde aura eu loisir d’apprécier les premiers pas du nouveau speaker, pour qui Alexandre Picard a marqué tous les buts avec son numéro «huitante et un». En plus de devoir se coltiner ses tics ruraux de langage, ses approximations et son allemand de l’école primaire, le public a dû subir ses annonces incessantes concernant tous les produits de merchandising du club au moindre arrêt de jeu. Dix-sept francs pour une telle pollution sonore, c’est décidément bien cher payé.
Après ce match de préparation d’un niveau globalement correct, on se réjouit du prochain rendez-vous des Vernets, le mercredi 4 septembre contre Lausanne (19h). Peut-être y découvrira-t-on Matthew Lombardi ? Le club a en tout cas confirmé que les nouveaux maillots seront présentés à cette occasion. En espérant que les dirigeants auront eu le bon goût de ne pas les affubler de cet horrible logo infantilisant de poulet au regard du crétin satisfait, auquel on ne peut déjà échapper au moindre clic sur le nouveau site officiel.
Photos Pascal Muller / copyright EQ Images et EHC RedBull Munich