Le HC Ambri-Piotta en 11 points

Dans le paysage de l’élite du championnat suisse, Ambri-Piotta est une incongruité. Magnifique petit village bucolique intoxiqué par l’axe chimique nord-sud dans une vallée étroite, coincé entre une autoroute, une voie de chemin de fer et un aérodrome militaire, ce patelin ne fait pas rêver en tant que tel mais jouit d’une énorme popularité dans le monde du hockey helvétique.

Il est est vrai que le concept du petit poucet qui lutte contre tous les autres ogres de la LNA et qui continue à résister, c’est très vendeur et ça marche à merveille au sein d’un peuple qui n’a pas de mal à transposer son existence à celle du valeureux village léventin. Trève de sentimentalisme, le destin d’Ambri-Piotta en ligue A est compté. Tant que l’équipe ne disposera pas d’infrastructures nouvelles et de solutions pour être économiquement viable, les Léventins seront condamnés à lutter pour leur survie, année après année, jusqu’au jour où Langnau réussira sa remontée. Triste ? Peut-être, mais la loi du plus fort finit toujours par l’emporter.1. Les grandes forces du HC Ambri-Piotta…
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(je cherche toujours, mais je ne vois pas. Vous pouvez faire part de vos suggestions dans les commentaires ci-dessous.)
2. …et ses carences rédhibitoires.
La défense est aussi fiable qu’un Gripen rabiboché au Tadjikistan. A part Noreau et le routinier mais vieillissant Kobach, le reste s’apparente à du bricolage digne d’une armoire Ikea remontée pour la 14e fois. Chavaillaz n’a jamais évolué en LNA, Marc Grieder – même s’il a progressé – peut refaire du Marc Grieder n’importe quand et Adrian Trunz possède la vivacité d’un paresseux amazonien qui prend une pause entre deux siestes. Pour les gardiens, le constat est identique avec deux cerbères qui n’ont jamais crevé l’écran dans l’élite. Bref, pour imaginer la sérénité que dégage l’arrière-garde léventine et son dernier rempart, prenez un aller simple pour Mogadiscio via Addis-Abeba (le billet retour est superflu), faites trois fois de tour de la capitale somalienne sans escorte armée avec une pancarte qui suggère sans équivoque aux Shebabs proches d’Al-Qaïda d’aller se faire mettre par un porc, caricature du prophète Mahomet en prime. Résultat garanti.
3. Les Léventins seront-ils meilleurs que la saison dernière ?
Absolument pas. Si la seule arrivée intéressante reste Steiner, Park est en bout de course et la perte de Kutlak n’a pas été compensée. Les play-out tendent les bras aux Léventins qui vont alors pouvoir faire ce qu’ils font de mieux: préparer cette échéance dès la 6e journée afin de se sauver facilement lors de leur duel face au cancre du championnat.
4. L’objectif inavouable !
Une place en play-off. Hautement improbable, cette hypothèse se doit néanmoins d’être mentionnée. On ne va tout de même pas vous dire à vous, fidèle tifoso biancoblu, que «cette saison, non. Il faut être réaliste. Notre défense est pourrie, notre gardien est une passoire, on va juste essayer de préparer les play-out du mieux possible et tenter de se sauver. On promet d’essayer.» D’un point de vue marketing, il existe de meilleures approches. Donc oui, les Léventins vont jouer pour cela. et obtenir le droit de se faire rétamer en quarts par le SC Berne.
5. Qui sera le bour d’atout du HC Ambri-Piotta version 2013/2014 ?
Si le Wild du Minnesota est l’une de votre équipe favorite (quelle idée aussi…), reconnaissez qu’être fan de cette franchise est un véritable sacerdoce. L’organisation se surpasse dans la nullité lorsqu’il s’agit de repêcher de supposés talents qui se révèlent être des flops monumentaux. Et lorsque les dépisteurs se vautrent et choisissent des éléments au potentiel réel, ils se dépêchent de s’en débarrasser pour trois fois rien. Maxim Noreau fait partie de l’un d’eux. Sans surprise, le Québécois s’est affirmé comme l’un des défenseurs les plus solides la saison dernière, ce qui a provoqué une véritable ruée sur lui à Hockey Manager. Cette année encore, sa présence sera inestimable au sein d’une arrière-garde qui fait peine à voir. Si les Tessinois veulent un exploit, il passera par un Maxim Noreau en surrégime.

6. Au contraire, qui sera le boulet du contingent ?
Il n’y a pas si longtemps, Marc Grieder, risée de Malley, aurait eu la faveur du pronostic. Mais il faut avouer que le bougre est parvenu à se tailler une place dans l’élite à force de travailler comme un forcené. Sans compter qu’avoir sur son CV un but inscrit sur passe de Patrick Kane et Tyler Seguin, ça rend tout de suite le truc sexy. En accordant le bénéfice du doute à Chavaillaz, Julien Bonnet aura de la peine à suivre le rythme, lui qui n’est jamais revenu à son meilleur niveau à la suite de sa grave blessure.
7. L’entraîneur ? Homme de la situation ou simple sous-fifre ?
Serge Pelletier. Voyons donc, ça n’a pas d’allure ! Comme souvent, à chaque fois qu’Ambri-Piotta change d’entraîneur, cela va très bien (pas longtemps) avant que les affaires reviennent à la normale, c’est-à-dire dans la médiocrité durable et régulière. Déjà sur le banc léventin entre 2003 et 2006, il est probable qu’il ne termine pas la saison au sein de la formation tessinoise. Qui sera le premier coach à se faire virer: Elhers ou Pelletier ? Les paris sont ouverts.
8. La Valascia : forteresse infranchissable ou piteux château de cartes ?
C’est surtout la honte du hockey suisse. Comment peut-on encore concevoir de jouer un match de LNA dans ce frigidaire soviétique ? Sans vouloir faire l’apologie des enceintes aseptisées de la Bossard Arena et du Hallenstadion, il est toujours possible de trouver un optimum en trouvant l’équilibre entre chouchoutage de la noblesse qui rapporte les thunes et parcage en cage de la populace gueuse. En attendant une nouvelle patinoire qui ne risque pas d’arriver (Ambri aura été relégué bien avant cette chimère), il est toujours difficile pour les visiteurs de s’adapter aux –79 degrés Kelvin qui règne dans l’enceinte ainsi qu’aux courants d’air de force 11 sur l’échelle de Beaufort.
9. Et le public dans tout ça ?
Probablement la seule force du club, en dépit de l’érosion galopante de sa base. A force de lutter contre la culbute et d’espérer secrètement la réouverture du robinet pécunier du HC Lugano, les supporters alémaniques d’Ambri-Piotta sont finalement comme tous les autres: l’impatience couplée à une forme de lassitude met à mal un groupe prétendument soudé et fidèle qui a toujours été connu pour être l’un des plus chauds de Suisse.
10. Pour (presque) finir, le HC Ambri-Piotta en 3 mots.
Lugano, Lombardi, play-out.
11. Pronostic exact (à la virgule près) :
Terminant bon dernier du championnat régulier, les Léventins se seront préparés pour les play-out depuis le mois d’octobre (cf. point 3). Contre un HC Bienne en pleine liquéfaction, Ambri s’en sortira à l’acte VI contre des Seelandais qui écraseront par la suite Langenthal en 4 matchs en Ligaquali.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

Écrit par Mathieu Nicolet