Résiste !

Le Borussia Dortmund va au devant de semaines difficiles jusqu’à Noël. Si un pénalty transformé par Marco Reus en début de rencontre a permis au BVB d’assurer le minimum vital contre Hanovre au terme d’un mauvais match de foot, la qualité du jeu présenté n’incite pas à un optimisme béat avant les déplacements compliqués sur les pelouses d’Arsenal et Schalke 04.

Sur la longueur d’une saison de football, toute équipe ou presque connaît des hauts et des bas. Il y a des périodes où tout rigole, les matchs et victoires faciles s’enchaînent, les joueurs cadres sont en forme, la réussite sourit et les buts tombent comme des fruits mûrs. Et puis, il y a des périodes plus creuses avec un calendrier difficile, des blessures, une réussite qui fuit ou des leaders diminués. Généralement, en fin de saison, les équipes qui gagnent des titres, ce ne sont pas tellement celles qui ont fait le spectacle et amusé la galerie dans les périodes fastes mais bien davantage celles qui auront su limiter les dégâts dans les moments de vaches maigres. C’est sans doute pour cela que des clubs comme le Bayern Munich, la Juventus ou Manchester United sont beaucoup plus souvent titrés que des Leverkusen, Schalke, Roma ou Arsenal à qui il manque souvent cette capacité à traverser les difficultés sans trop perdre de plumes.

Le boulevard

En début de saison, c’est plutôt le Bayern Munich qui était dans le dur. Le Rekordmeister a pris une rouste en Supercup à Dortmund pour son premier match officiel, il fallait digérer le quadruplé de la saison passée, intégrer les méthodes d’un nouvel entraîneur au plan de jeu très différent de son prédécesseur, l’infirmerie affichait complet et le calendrier était plutôt gratiné avec la bête noire Mönchengladbach en entrée de jeu et quatre déplacements sur la pelouse de clubs classés aux places 3 à 6 de la Bundesliga la saison dernière (Francfort, Freiburg, Schalke et Leverkusen). Cela n’a pas toujours été glorieux, il a parfois (souvent) fallu compter sur les largesses du corps arbitral mais le Bayern a traversé sans dommage cette période délicate et maintenant tous les feux paraissent au vert du côté de la Säbener Strasse. Les blessés reviennent, le nouvel entraîneur commence à trouver ses marques, les victoires s’enchaînent et, en dehors du déplacement à Dortmund en novembre, les Bavarois disposent d’un calendrier très favorable jusqu’à Noël. C’est donc un boulevard qui s’ouvre aux Munichois dans les prochaines semaines, surtout qu’après avoir surclassé leurs deux adversaires les plus dangereux dans leur groupe, la qualification pour les huitièmes de finale de Ligue des Champions est déjà virtuellement assurée et permettra de faire tourner un effectif pléthorique.

Dans le dur

Le Borussia Dortmund a lui connu son moment faste en début de saison. Il y a eu la victoire en Supercup, un entraîneur en poste depuis cinq ans, un effectif stable avec des nouveaux renforts qui ont rapidement trouvé le chemin des filets, une soif de revanche après les échecs de l’an passé et un calendrier plutôt facile en entame de championnat. Mais le BVB n’en a pas profité pour creuser le trou et aborde maintenant une période bien plus compliquée. L’infirmerie ne désemplit pas, l’imbroglio Lewandowski n’a toujours pas été résolu, l’équipe a manqué de réussite lors de ses trois derniers déplacements, les renforts tardent à confirmer leur entame tonitruante et le calendrier jusqu’à Noël est plutôt du genre infernal. Bref, s’il veut encore avoir quelque chose à jouer au printemps prochain, le Borussia va devoir faire de la résistance dans les deux mois qui viennent.

Westfalenstadionophobe

Le BVB a toutefois de la chance dans son malheur. S’il avait dû jouer le week-end passé, le Borussia aurait déploré neuf absences, presque tous des titulaires. La trêve internationale a permis de récupérer Sahin, Bender, Sokratis et Hofmann, c’est toujours ça de pris, surtout qu’en face l’adversaire s’annonçait plutôt du genre conciliant : Hanovre. Depuis qu’il y a perdu le titre de champion d’Allemagne avec Schalke en 2007, l’entraîneur de 96 Mirko Slomka a développé une Westfalenstadionophobie chronique. Son bilan dans le plus beau stade du monde à la tête de Sechsundneunzig ?  Cinq matchs, cinq défaites, 4-1, 4-1, 3-1, 5-1 et 3-1. Accessoirement, Hanovre se montre particulièrement vulnérable en déplacements depuis quinze mois et n’a toujours pas inscrit le moindre but ni le moindre point sur terrain averse cette saison. Et pour couronner le tout, si l’an passé les Bas-Saxons ont vu leur saison perturbée par une mauvaise gestion d’un contingent offensif pléthorique, le départ d’Abdellaoue, la méforme de Schlaudraff, les blessures de Diouf et Ya Konan les ont fait tomber dans l’excès inverse : une pénurie d’attaquants. On aurait pu penser que cela profiterait à Adrian Nikçi pour grappiller enfin un peu de temps de jeu mais il est resté scotché sur le banc ; l’ancien Zurichois ne paraît avoir guère d’avenir à Hanovre. 

Un pénalty et puis c’est tout

Le début de partie va confirmer le statut de 96 comme souffre-douleur favori du Westfalenstadion puisque Marco Reus ouvre la marque sur pénalty après moins de quatre minutes suite à une faute indiscutable d’Hiroki Sakai sur Erik Durm qui remplace toujours un Marcel Schmelzer convalescent. Erik Durm, c’est un jeune homme qui était venu comme attaquant de pointe pour aider la réserve du BVB à se maintenir en Dritte Liga. Mais Jürgen Klopp adore reconvertir ses joueurs offensifs en latéraux et, comme Lukasz Piszczek et Kevin Grosskreutz avant lui, Erik Durm se retrouve cantonné, avec succès, en défenseur de couloir après avoir effectué tous ses juniors en pointe.

On aurait pu arrêter le match après le pénalty que cela n’aurai pas constitué une immense perte pour le football et sa postérité. Car il ne s’est plus passé grand-chose par la suite. Avec plusieurs joueurs à court d’entraînement, le BVB a manqué de rythme, d’idée, d’envie et s’est contenté du strict minimum. Il y a bien eu quelques tentatives de Sahin, Lewandowski ou Mkhitaryan détournées par le gardien Zieler mais rien de bien dangereux, le Borussia ne méritait clairement pas de marquer plus d’un but samedi. Et, une fois n’est pas coutume, l’ambiance est restée bien calme au Westfalenstadion qui dépassait pourtant la barre des 80’000 fans pour la 32e fois consécutive en championnat. Jamais dans l’histoire du football, un club n’avait pu compter sur un public d’une telle assiduité et fidélité. Quelque part, on est des privilégiés de pouvoir, par notre modeste présence au stade, contribuer à écrire cette légende qui est en marche. Même si en l’occurrence, en ce magnifique samedi d’automne, le BVB n’a de loin pas écrit la page la plus glorieuse de son histoire. 

La semaine infernale

Echaudé par ses précédentes défaites dans le temple jaune, Hanovre avait démarré le match de manière plutôt prudente. Constatant que le Borussia n’était pas dans un grand jour, les Bas Saxons vont (timidement) s’enhardir et une sourde angoisse commence à nous envahir, ça sentait l’accident bête de l’égalisation en fin de match. Mais finalement, à part deux frappes de Prib et Kadah repoussées par Weidenfeller, les assauts d’Hanovre sont restés bien timorés et n’ont pas remis en cause la poussive victoire jaune et noire. L’essentiel était sauf mais rien de plus.

On avait rêvé prestation dortmundoise plus convaincante avant une semaine capitale pour la suite de la saison avec deux déplacements à Arsenal et Schalke. Il y a deux ans, le BVB avait bradé le match de C1 à Londres contre les Gunners et abandonné ses ambitions européennes pour mieux se concentrer sur les chocs contre le Bayern et Schalke qui avaient précédé et suivi sa visite à Ashburton Grove. Si les supporters seront probablement unanimes pour répéter l’opération et laisser la Ligue des Champions de côté pour cette saison, l’important étant de gagner le Derby samedi à Herne-West, pas sûr que Jürgen Klopp soit du même avis et il va probablement aligner sa meilleure équipe à Londres pour tenter de ramener le point qu’il faut au minimum au BVB pour continuer à croire à une qualification pour les huitièmes de finale. Mais le niveau du jeu présenté contre Hanovre n’incite pas à un optimisme béat et le Borussia va devoir faire de la résistance s’il ne veut pas, samedi prochain sur le coup de 17h20 du côté de Gelsenkirchen, avoir vu ses expectatives tant nationales qu’européennes sérieusement revues à la baisse pour cette saison. Enfin, c’est dans ces moments-là que l’on reconnaît les grandes équipes et que l’on verra ce que ce BVB 2013-2014 a vraiment dans le ventre.  

Borussia Dortmund – Hannover 96 1-0 (1-0)

Signal Iduna Park, 80’645 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Gagelmann.
Buts : 4e Reus (pénalty, 1-0).
Dortmund: Weidenfeller ; Grosskreutz, Subotic, Papastathopoulos, Durm; Bender, Sahin; Aubameyang (91e Schieber), Mkhitaryan (80e Hofmann), Reus (66e Blaszczykowski); Lewandowski.
Hanovre: Zieler; Sakai (77e Schlaudraff), Marcelo, Schulz, Pocognoli (46e Bittencourt); Stindl, Andreasen, Sane, Prib; Sobiech (68e Kadah), Huszti.
Cartons jaunes : 3e Sakai, 7e Sobiech, 32e Sane, 94e Weidenfeller.
Notes : Dortmund sans Piszczek, Kehl, Gündogan (blessés) ni Hummels (suspendu), Hanovre privé de Ya Konan, Franca, Felipe et Diouf (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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