Un monde de foot

Ça y est ! La bataille est en passe de se terminer. Après avoir parcouru les champs de mines kazakhs ou moldaves, après avoir survécu au bombardier Ribéry ou au pétard mouillé Modric, les vainqueurs se tiennent là, droits, fiers, sous la poussière retombante d’une lutte acharnée. Ils iront au Brésil. Et voici ce que nous retiendrons de cette fin d’éliminatoires.

En Europe

Les grands seront au rendez-vous et ça, ça nous plait. Pour certains d’entre eux, ces qualifications se sont apparentées au parcours du combattant, pour d’autres, à un jogging tranquille, mais le résultat y est, petite revue des troupes :
– Championne en titre de toute compétition importante, l’Espagne s’est qualifiée au petit trot. Sans impressionner, loin de là, mais sans non plus connaître d’insurmontables difficultés. Si ses performances, notamment face au voisin français, ont été loin d’être brillantes, il serait une grave erreur de sous-estimer un champion sortant. D’autant que notre Nati, seule équipe capable de vraiment embêter la Roja sur le plan international, sera tête de série elle aussi. Une garantie pour Iniesta & co de sortir de leur poule avec 9 points. Et tout le monde sait qu’une fois la Furia lancée, elle est quasi inarrêtable.
– Roy Hodgson l’a fait ! Notre pépère anglais préféré a qualifié l’Angleterre dans un des groupes les plus relevés de cette phase éliminatoire. Pas avec la manière, mais avec des piliers décisifs quand ça compte. Et Dieu sait que la victoire contre la Pologne, offerte à la Reine par Rooney et Gerrard, compte. Il y a 40 ans, ces mêmes Polonais (enfin, leurs prédécesseurs) avaient mis une claque monumentale aux Three Lions, les éliminant de la course au Mondial 74. Jamais plus, depuis, les Anglais n’ont vraiment tenu leur rang de pays du football sur la scène internationale. La malédiction polonaise sur le foot anglais est-elle levée ? Cette équipe-là a-t-elle la carrure de redorer un blason si terne ? Tout est désormais possible. Wait and see.
– La Bosnie-Herzégovine nous apporte enfin un peu de fraîcheur au sommet du foot européen. Son attaque est boulimique. Des buts, des buts et encore des buts, voilà la recette gagnante. Et avec des Dzeko, Misimovic, Pjanic ou Ibisevic, il est quasiment impossible de voir la Bosnie finir un match sans en planter au moins deux. Après avoir s’être fait passer dessus en barrage il y a deux ans, les voilà prêts… A devenir la première équipe moderne à sortir des poules avec plus de 10 buts marqués pour une première participation ? Les paris sont pris.
– Après avoir vaincu notre bête noire luxembourgeoise lors de l’avant-dernière journée, les Russes se sont rendu compte qu’ils pouvaient la jouer relax, n’ayant besoin que d’un point pour conclure, en Azerbaïdjan. Du coup, est-ce un complot made in CEI, ou une victoire fêtée excessivement, ils se sont dit qu’un nul suffirait et ne nuirait pas au ranking de leurs anciens compatriotes azéris. Allez, un rouge, un but encaissé tardivement, et… un ticket validé pour le Brésil. Les Portugais sont passés «à ça», pas cool pour eux, ils iront s’arranger avec Zlatan dans le barrage des égos !
– Il y a eu Costanzo en amical, puis Schär, il y a désormais Lang. La Nati peut toujours compter sur des buts improbables de ses nouveaux sélectionnés. Et heureusement, car on parle d’une équipe – future tête de série qui plus est – qui doit appeler des joueurs comme Derdiyok pour faire le nombre en attaque. Le nombre ? Deux, dont un titulaire. Du coup, pourquoi ne pas convoquer 7 nouveaux joueurs, qui permettraient un but par match jusqu’à la finale ? Ottmar va partir, voilà un dernier coup d’éclat à tenter !
– Après deux mauvaises sorties face à l’Estonie et Andorre, les vice-champions bataves ont rassuré leur monde en faisant de la Pallinka de la sélection hongroise : 8-1 ! On n’avait vu que RVP lors des dernières sorties, et on se demandait un peu sur quel support il pourrait compter. Des types comme Strootman ont répondu. Ils seront là, et pas pour tricoter. Il n’y a plus qu’à prévoir suffisamment de cargos pouvant transporter les légions Oranje, leurs caravanes et leurs boîtes de conserve.
– 28 points sur 30 possibles. +28 de différence de buts. C’est reparti comme en 40 – si j’ose dire – pour l’Allemagne. Une marche sur le monde – en crampons cette fois – qui a plus de chances d’aboutir que la dernière tentative. L’Allemagne a empilé tellement de talents et développe un jeu si attractif qu’elle pourrait, situation rarissime, faire l’unanimité en tant que maîtres du monde. Attention toutefois. Il faudra, comme d’habitude, se méfier d’une défense friable.

– La Squadra a longtemps représenté pour moi l’archétype de l’équipe détestable. Ils gagnaient toujours 1-0. Souvent sur pénalty, parfois avec un but entaché d’un hors-jeu. Toujours contre le cours du match et systématiquement dans le dernier quart d’heure. Il y avait ces détestables (selon mes propres critères, on en a tous) Pipo et Gattuso. C’était moche et efficace. Du coup, quand je me suis surpris, lors du dernier Euro, à admirer cette équipe et, plus impensable encore, le jeu qu’elle présentait, je me suis un peu senti comme le Mollah Omar à l’Oktoberfest. C’était à des années-lumière de tout ce en quoi j’avais toujours cru, mais je tapais des mains quand même. Et puis, sérieusement, comment détester une équipe qui aligne Super Mario ?
– A en juger par son look et la manière dont il a bouffé Luka Modric tout cru dans le match le plus important pour la sélection à damiers de ces éliminatoires, on peut conclure que Steven Defour est cannibale. Le milieu de Porto n’a cependant dû sa place sur le terrain qu’à l’absence de plusieurs cadres des Diables, qui peuvent enfin afficher leur surnom sans rougir. Terrifiant !

Ailleurs

– Le Mexique, qui a galéré tant et plus durant toutes les qualifications, ne doit son sauvetage et sa présence dans un étrange barrage intercontinental (contre la Nouvelle-Zélande) à deux buts inscrits par les sauveteurs US dans les arrêts de jeu du dernier match. En lieu et place de la traditionnelle prime, tous les cadres de la sélection ont gagné une thérapie de couple.
– Selon les rumeurs, le FC Sion, habitué des transferts étranges et en panne d’attaquant sachant marquer des buts depuis le départ d’Ahmed Ouattara et la disparition d’Emile Mpenza, pourrait prochainement jeter son dévolu sur Deon McCaulay. Le buteur du Bélize et du prestigieux club de RG City Boys United est auréolé d’un titre de meilleur buteur des qualifs pour la zone Concacaf, avec 11 buts en 8 matchs. Saborio n’a jamais fait mieux.
– On parle principalement de la zone Europe, mais n’oublions pas que le Mondial se tiendra en Amérique du Sud. Et croyez-moi, ils font peur ces Sud-Américains. Argentine, Colombie, Paraguay, Equateur et Brésil seront présents et aucune équipe européenne ne veut tomber contre eux, même notre Nati. L’Uruguay devrait rejoindre cette délégation avec un barrage déséquilibré contre la Jordanie. Nous aussi, en Europe, on veut des demi-qualifiés et des barrages Islande – Tahiti !
– Les barrages de la Zone Afrique sont toujours en cours (les matchs retour auront lieu plus… d’un mois après les matchs aller). On peut cependant déjà considérer que les Black Stars ghanéens seront de la partie après leur amusante victoire 6-1 face à la supposée grande Egypte. Le Nigéria (vainqueur 2-1 en Ethiopie) et la Côte d’ivoire (tombeurs 3-1 du Sénégal) tiennent également le bon bout. C’est plus serré entre le Burkina et l’Algérie (3-2 au match aller à Ouagadougou) et entre la Tunisie et le Cameroun (0-0 en Tunisie).
– Un jour, désœuvré, j’ai regardé un match de la Zone Asie. Il y avait 11 Lee d’un côté et 11 Al-(quelque chose) de l’autre. Ce jour-là, j’ai commencé à me dire que les commentateurs sportifs n’ont pas un boulot facile… On retrouvera bien les 11 Lee sud-coréens au Brésil. L’Australie représentera également l’Asie (comme quoi l’UEFA n’a pas la palme des inepties géographiques). Japon et Iran les accompagneront.
– A noter qu’en raison de la tenue de ce Mondial au Brésil, il a été difficile au Qatar de naturaliser assez de… Brésiliens pour présenter une équipe compétitive. Ce qui sera évidemment différent dès les prochaines qualifs.
Photo Ozil de Pascal Muller, copyright EQ Images

Écrit par Arnaud Antonin

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2 Commentaires

  1. hmmm, il me semble que le Paraguay n’y sera pas mais bien le Chili en ce qui concerne Am Sud.
    J’ai hâte d’y être.
    J (Diable Rouge :-))

  2. Le passage sur l’Italie –> juste terrible!

    j’ai ressenti exactement la même chose. Depuis toujours, à vouer une haine ultime du jeu italien et paf, avec Prandelli on en vient à les admirer!

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