Vendanges tardives

Le dernier match de l’année 2013 en Bundesliga n’aura pas été le moins bon. Le Borussia Mönchengladbach pensait avoir fait le plus dur en retournant la situation mais, pour avoir vendangé plusieurs balles de break, les Fohlen concèdent leurs premiers points de la saison à domicile, contre Wolfsburg, au terme d’un match de haute tenue.

Tu t’es sans doute rendu compte que j’étais vaguement enragé avec ma Bundesliga, alors, approche des Fêtes ou pas, il était hors de question de rendre les armes avant que le dernier match de l’année ne soit joué. En l’occurrence, le dernier match de Bundesliga en 2013 met aux prises le Borussia Mönchengladbach et le VfL Wolfsburg, une affiche pas vilaine entre deux clubs qui réalisent un bon premier tour et qui, compte tenu des résultats du week-end, pouvaient faire une bonne opération dans la course l’Europe.

Fohlen et Wölfe renaissants

Après une saison 2012-2013 mitigée, le Borussia Mönchengladbach a retrouvé sa dynamique positive d’il y a deux saisons. Intraitables à domicile, les Fohlen ont enfin fait oublier le départ de Marco Reus grâce au duo Raffael-Kruse et la compétence de Lucien Favre fait le reste avec un groupe qui paraît plus homogène, solide et mature que l’équipe qui avait bouclé le championnat 2011-2012 au quatrième rang. C’est dire si tous les espoirs sont permis dans le Niederrhein et que la perspective de ramener le monument Gladbach en Coupe d’Europe des Champions a largement suffi pour que Lucien Favre nie tout intérêt pour l’équipe de Suisse dès le retrait d’Ottmar Hitzfeld connu.
Du côté de Wolfsburg, il a fallu du temps pour digérer le titre obtenu en 2009. La vitrine de Volkswagen a dépensé beaucoup d’argent pour des résultats médiocres avec une valse d’entraîneurs qui se sont cassés les dents sur une équipe de mercenaires sans âme qui se contentaient d’assure le strict minimum, soit le maintien. Depuis janvier dernier, les Wölfe ont changé leur fusil d’épaule avec un entraîneur un peu moins prestigieux que les Magath, McClaren et compagnie, mais réputé formateur, Dieter Hecking, et un manager respecté, Klaus Allofs. Il a fallu un peu de temps pour mettre les choses en place mais Wolfsburg semble sur la bonne voie avec un effectif moins pléthorique et onéreux mais davantage de motivation et d’ambitions avec une chance enfin donnée aux jeunes comme Robin Knoche, qui a relégué Timm Klose sur le banc, Maximilian Arnold, « le nouveau Götze », ou notre Ricardo Rodriguez national.

Diego égal à lui-même

La première période confirme les prétentions des deux clubs. Les occasions sont certes plutôt rares, un tir trop croisé d’Olic, un sauvetage de ter-Stegen devant Arnold et un raté de Kruse seul devant le but, mais c’est intense, engagé et rythmé avec un sacré duel tactique entre les deux entraîneurs. Je dois être le seul de notre petit groupe à ne pas apprécier le spectacle mais cela doit tenir davantage à quelques vagues séquelles de la veille qu’à ce qu’il se passe sur le terrain. Tiens, ce serait une idée de bonne résolution pour 2014 : arriver frais et dispo à tous les matchs de Bundesliga auxquels j’assiste. Je doute que ça tienne bien longtemps…
Après la pause, c’est toujours aussi intense mais en plus arrivent les occasions et même les buts dans l’ambiance comme d’habitude fervente du Borussia-Park, que demande le peuple ? Cela commence par un centre de Ricardo Rodriguez pour Diego qui fait du Diego, c’est-à-dire qu’il peut être à la fois talentueux et imbuvable sur la même action : il commence par conclure d’une pointe de pied en extension subtile quoiqu’assez peu académique avant d’aller allumer les fans adverses. On ne le changera pas.

Fussballgott

Ce qu’il y a de sympa à Mönchengladbach (entre autres), c’est que, comme à Saint-Etienne, tu croises pas mal de fans particulièrement démonstratifs et dont le look semble s’être figé lors du dernier titre national de leur club favori. On en hérite d’un spécimen moustachu assez spectaculaire juste devant nous, qui va passer en peu temps de l’énervement le plus complet à l’extase la plus totale. En effet, les Fohlen vont rapidement réagir sur un exploit personnel du chouchou de Lucien Favre, son ex-joueur du FC Zurich et du Hertha Berlin, Raffael, qui feinte deux fois la passe à un coéquipier pour embarquer la défense bas-saxonne avant d’aller conclure d’une frappe magnifique. Le numéro deux est encore plus beau sous la forme d’un splendide coup franc pied gauche pleine lucarne du spécialiste Juan Arango qui ne laisse aucune chance à Diego Benaglio. Lequel était particulièrement courroucé car, à l’origine du coup franc, les Fohlen ont poursuivi une action alors qu’un adversaire était à terre. Plutôt que de se lancer dans de vaines protestations, le portier de la Nati aurait plutôt pu se féliciter que Juan Arango soit Vénézuélien et non Equatorien : ça lui évitera de trembler à chaque coup-franc en juin prochain. Le Borussia-Park lui pouvait célébrer son Fussballgott, lequel me paraît avoir un poil plus la tête de l’emploi que Kevin Schläpfer en Hockeygott. Mais c’est un autre débat.  

Le temps des vendanges

On pensait que le Borussia, l’autre, avait fait le plus dur en retournant le score. J’ai même éprouvé une pointe de jalousie en voyant un Borussia euphorique bien jouer et mener au score à domicile. Les Fohlen auraient dû plier le match à ce moment-là avec trois ou quatre situations de surnombre contre des Wölfe qui prenaient tous les risques. Mais les balles de break ont été mal négociées à l’image de cette frappe de Kramer sauvée par un Benaglio décisif ou ce tir au-dessus de Kruse. Je tente de rassembler le peu qu’il me reste de lucidité et de voix pour faire profiter mon voisin de ma brillante analyse tactique : « Quand on gaspille autant, on finit par prendre un but ». Et cela n’a pas manqué, puisque, au terme d’une action confuse, Bas Dost est venu égaliser, remportant ainsi le duel à distance des joueurs stars du championnat hollandais 2011-2012 et flops de la Buli 2012-2013. Il faut dire que son homologue Luuk de Jong n’est entré que huit secondes avant le coup de sifflet final, c’était un peu compliqué de se mettre en évidence pour le transfert le plus cher de l’histoire du Borussia Mönchengladbach.

La peur du vide

Au final, si Gladbach, peut regretter de ne pas avoir tué le match, le résultat nul est assez équitable. Ce sont les premiers points égarés cette saison à domicile par les Poulains de Lucien Favre, qui n’en bouclent pas moins ce premier tour à un excellent troisième rang. Voilà qui laisse augurer une seconde partie de saison assez excitante dans le Niederrhein. Et en Bundesliga en général, même si le titre est joué. La Buli ça reprend le 24 janvier avec un certain Mönchengladbach – Bayern Munich, le 25 pour moi avec Dortmund – Augsburg. L’attente va être longue. Mais rassure-toi : comme j’ai peur du vide, je ne vais pas attendre jusque-là pour de nouvelles aventures germano-sportivo-festives, le prochain épisode est agendé dès samedi du côté d’Oberstdorf. D’ici là, joyeux Noël à tous !

VfL Borussia Mönchengladbach – VfL Wolfsburg 2-2 (0-0)

Borussia-Park, 53’301 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Perl.
Buts : 53e Diego (0-1), 59e Raffael (1-1), 64e Arango (2-1), 85e Dost (2-2).
Mönchengladbach : ter Stegen; Korb, Jantschke, Stranzl, Wendt; Herrmann (87e Hrgota), Kramer, Xhaka, Arango (77e Younès); Raffael (93e de Jong), Kruse.
Wolfsburg : Benaglio; Ochs, Naldo, Knoche, Rodriguez; Caligiuri (87e Koo), Luiz Gustavo, Medojevic (71e Perisic), Diego; Arnold, Olic (79e Dost).
Cartons jaunes : 49e Ochs, 55e Diego, 72e Wendt, 78e Caligiuri.
Notes : Mönchengladbach sans Dominguez (blessé), Wolfsburg sans Polak (blessé).

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Heureusement que tu as pris une eau minérale à la mi-temps, pas sûr que tu aies trouvé les ressources nécessaires à ton analyse tactique sinon. Merci pour le weekend !

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