La consécration d’une Pigeonne dorée

Pour la deuxième fois après 2008 et le sacre de Pierre-Alain Dupuis, les lecteurs de CartonRouge.ch ont consacré un digne représentant du se(r)vice public de la RTS : Pascale Blattner, grande gagnante du Pigeon d’Or 2013 qui l’emporte sans coup férir avec 37.3% des suffrages. Comme on dit dans le jargon, ça fait toujours mal la première fois. En effet, la brillante journaliste est aussi la première lauréate féminine de l’histoire de la prestigieuse récompense. Dans un milieu surreprésenté par la bêtise masculine, cette victoire est un véritable exploit.

«Pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes». Ce n’est pas que l’on veuille coûte que coûte suivre cette devise shadok, mais admettons que la télévision suisse romande pour laquelle – faut-il le rappeler – vous versez un petit pécule sabrant un budget parfois fragile agit à merveille pour procéder ainsi. Il est vrai qu’on atteint quelque peu les limites du système : s’il fallait nominer un journaliste de la RTS à chaque boulette, il faudrait instaurer non plus des sélections mensuelles, mais journalières. De plus, la technologie actuelle ne permet pour l’instant pas de pouvoir bénéficier d’une capacité de stockage suffisante afin de compiler la liste qui en résulterait. Ma foi, il faut se résoudre à poursuivre avec ces contraintes.A tort, nous pensions que les performances de Pierre-Alain Dupuis allaient rester à jamais imbattables, à l’image de certains records du monde d’athlétisme pulvérisés à l’époque de la grande Allemagne de l’Est gavée d’hormones de croissance, de la Tchécoslovaquie bourrée de stéroïdes, de la Chine élevée à la soupe de poulet transgénique et de l’Union soviétique qui carburait à d’autres substances qui permettait aussi d’exploser des records au Scrabble. Exercer une activité professionnelle au sein de la RTS constitue une forme de dopage sans équivoque dans la compétition du Pigeon d’Or. Ça tombe bien, nous n’avons aucune intention de légiférer sur la question.

Quand l’élève égale le Maître

Le Ben Johnson de la RTS a donc trouvé son digne successeur en la personne de la Florence Griffith-Joyner du service des sports – les artifices visuels en moins – Pascale Blattner. Petit retour en arrière : lors du barrage de promotion-relégation entre le Lausanne Hockey Club et le SC Langnau, la récipiendaire du trophée doré est au grand dam des téléspectateurs romands à l’antenne pour commenter l’acte IV de la série. Heureusement, elle pète la forme : le match est mauvais, les équipes sont médiocres, bref on a vraiment l’air de s’emmerder grave à Malley dans cette rencontre sans intérêt. Permettez-nous l’expression, ça doit vraiment lui casser les couilles de devoir se farcir ce match. Certes, il ne fallait pas non plus s’attendre à une analyse très pertinente sur la gestion calamiteuse des troisièmes et quatrièmes lignes d’attaque du LHC en zone neutre dans la situation précédant un fore-check agressif à deux, le tout dans la problématique de la différence de système de jeu prôné par les entraîneurs des deux formations, mais tout de même.
Et soudain, c’est la stupeur dans les travées de Malley et dans les foyers et bars acquis à la cause lausannoise. L’équipe emmentaloise égalise, ce qui permet à Pascale Blattner de judicieusement éructer un «c’est bien fait pour eux !» devenu célèbre. La goutte d’eau qui fait déborder le Léman. Par la suite, la journaliste persévérera et signera dans des théories fumeuses, alambiquées, balancées sur un ton toujours aussi démagogique, hautain et méprisant. De quoi rendre jaloux tout dirigeant du LHC qui se respecte. Comme répété à maintes reprises, le client Billag moyen ne demande pas la Lune. Simplement un juste milieu entre faux parti pris unidirectionnel et totale désinvolture mâtinée de condescendance, le minimum syndical et objectif ; bref, un travail et une attitude professionnelle. Ce pourquoi les sbires de Massimo Lorenzi sont payés sous l’étiquette «journaliste professionnel» en définitive.

Plutôt que d’assumer la boulette, Pascale Blattner a pris une pelle et a creusé. Encore et encore, sans relâche ; sable, limon, molasse ou basalte, peu importe. Elle était sans doute en train de nettoyer ses cordes vocales lorsque le son est parti tout seul. C’est aussi à cause de cet affreux micro qui est resté branché tout seul sans en avoir eu l’autorisation. Ou encore de ces sous-fifres de techniciens qui n’ont même pas coupé la malheureuse phrase au montage. Pire : ils ne l’ont même pas coupé avant qu’elle ne prononce ces mots. Un autre monde, qu’on vous dit.
Histoire de rendre le département des sports de la RTS encore plus crédible, certains de ses collègues se sont précipités pour tenter d’éteindre l’incendie qui avait déjà ravagé l’intégralité de l’édifice de la défense des sports. Par exemple en intervenant maladroitement sur un forum de discussion face aux flots de commentaires scandalisés qui s’y déversaient à juste titre. «Non, nous vous l’assurons, Pascale est quelqu’un de très bien, de très sympathique, il ne faut pas lui jeter la pierre»… Trop tard, faites venir les pelles mécaniques pour redonner un semblant d’allure à ce bazar.
Lorsqu’une situation embarrassante vous tombe dessus, comme par exemple lâcher un pet aussi sonore qu’asphyxiant alors que vous draguez cette belle blonde dans le bus, le mieux est toujours de faire profil bas, voire de tourner l’événement de manière comique à votre avantage, plutôt que de prétexter un régime compliqué à base de cassoulet et de poireaux. Cela permet toujours d’en tirer un minimum de panache à défaut de rattraper le coup.

Les deux font la paire

Cette simple parole justifie-t-elle à elle seule la consécration ultime ? Non, évidemment. Loin de nous l’idée de faire exploser les boîtes mail de toutes les adresses se terminant par «@rts.ch» à chaque fois qu’une absurdité est prononcée sous cet acronyme. Pascale Blattner a aussi été sacrée grande Pigeonne de l’année 2013 pour son œuvre tout entière. Car elle ne s’en lasse jamais, la mistinguette. Peu avant la nouvelle année, elle avait démontré toute sa grandiloquence dans la lecture du calendrier du championnat suisse de LNB qui, hélas pour elle, comportait malencontreusement des rencontres entre Noël et Nouvel-An. Les salauds, planquer comme ça des matchs entre les fêtes. Si nos tendres moitiés pouvaient s’astreindre à leur devoir conjugal avec autant d’ardeur que Pascale Blattner débite des inepties, l’infidélité serait éradiquée à jamais.
Il s’agit donc d’un titre autant actuel qu’honorifique. Un doctorat honoris causa en médiocrité télévisuelle, un Gérard dans la catégorie journalisme sportif, un «razzie» du commentaire en direct, un Zéro d’Or de l’émission à but lucratif dans laquelle on vole le pognon du client, sa patience et sa santé mentale, ce qui se traduit ici par

le Pigeon d’Or 2013

Nous espérons que dans son discours de remerciements, une place de choix sera réservée à Massimo Lorenzi, lui qui a donné à Pascale Blattner l’opportunité de se faire une place de choix dans un service des sports transpirant la compétence, de réaliser une progression fulgurante sous l’égide du mentor Pierre-Alain «elle a sans doute abandonné» Dupuis. Massimo Lorenzi, un visionnaire qui a tout de suite su voir le potentiel de la journaliste. La relève est assurée, merci Massimo !
La rédaction vous tiendra au courant sur les suites que donnera Pascale Blattner à l’invitation pour la remise solennelle du trophée qu’elle recevra en bonne et due forme. Si elle ne suit pas la position d’un Pierre-Alain Dupuis qui avait décidé de fuir son prix avec le courage d’un politicien suisse s’exprimant sur un sujet sensible. Si cette dernière possède l’audace et l’ouverture d’esprit d’y répondre favorablement, nul doute que sa cote remontrerait en flèche dans l’opinion de ses contradicteurs, ce qui fait tout de même un sacré paquet de téléspectateurs.

Classement final du Pigeon d’Or 2013 :
1. Pascale Blattner : 256 votes – 37.3 %
2. Patrice Evra : 177 votes – 25.8 %
3. Oscar Pistorius : 98 votes – 14.3 %
4. Didier Défago : 54 votes – 7.9 %
5. Henri Laaksonen : 45 votes – 6.6 %
6. Izet Hajrovic : 24 votes – 3.5 %
7. John Tomic : 17 votes – 2.5 %
8. Amir Abrashi : 15 votes – 2.2 %
Nombre de votes : 686

Palmarès du Pigeon d’Or

2006 : Floyd Landis
2007 : Christian Constantin
2008 : Pierre-Alain Dupuis
2009 : Waldemar Kita
2010 : Raymond Domenech
2011 : Bulat Chagaev
2012 : Lance Armstrong
2013 : Pascale Blattner

Écrit par Alexandre Krimine (texte) et Robert Johanson (dessin)

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26 Commentaires

  1. Mouais… on a eu droit aux x votes des lausannois aigris, qui sont majoritaires tant dans la rédaction que dans les lecteurs, et qui n’acceptent pas que les commentateurs ne soient pas tous toujours pour eux. Venant de Bienne, ça fait déjà un mmoment que je ne m’offusque plus de ne pas être considéré comme faisant partie de la Romandie (lire « arc lemanique ») sans devoir en faire 3 articles sur un site

  2. Sachant qu’elle est juste aussi terriblement mauvaise que le reste du service des sports, sa victoire pour une phrase qu’a irrité les supporters du LHC je trouve ça un peu gratos quand même.

    Faut pas les froisser, « les meilleurs supporters de Suisse », ceux qui ont déposé le copyright pour « La Passion ».

    Blatner est extremement mauvaise, mais pour le coup je retiens surtout l’irritabilité des supporters du LHC qu’est franchement un peu comique. Avoir un commentaire un peu cruel au sujet du LHC? Crime de Lèse Majesté !

    Les fans Lausannois feraient mieux de péter un coup.

  3. En LNB, on était arrogants – en LNA, on est devenu juste pathétiques…

    Lausanne, ville la plus mal habitée de Suisse?

    Rendez-nous St-Aï!

  4. C’est l’exemple le plus marquant, mais y en a eu d’autres. L’article serait un peu long s’il fallait tout exposer. En plus c’est voté alors alors arrêter la parano « y en a que pour Lausanne ». On dirait des vaudois qui gueule sur les votations parce que c’est à cause des Suisses allemand et bla-bla… Par contre à la rédac pour janvier j’espère qu’un certain E.Favre du vitaminé orange sera dans le lot.

  5. Heureusement que les auteurs de l’article sont bons. Réussir à meubler 12 paragraphes autour de « c’est bien fait pour eux », afin de donner l’illusion que le pigeon est mérité, c’est une jolie performance.

  6. Si ce pigeon d’or représentait les Lausannois aigris je peux vous garantir que ce n’est pas Pascale Blattner qui l’aurait gagné… Enfin toujours des gens qui trouvent à gueuler…

  7. Pigeon totalement mérité pour une incompétente pareille. Et il n’y a pas que les vaudois qui ont voté pour elle.

    Le prochain de la RTS a devoir être nominé devrait être Joël « le roi des jeux de mots laids pour cerveaux lents » Grivel. Ou Massimo Lorenzi. Ou Nicolas Burgy, Ou …….. (il y en a tellement !.

    Bravo à Pascale pour ce magnifique sacre.

  8. Et puis ce qui me dérange dans ce pigeon pour Blattner c’est que ça montre un désamour (légitime) pour le service des sports de la RTS mais que du coup ça relativise le pigeon de PA Dupuis.

    Et soyons honnêtes, PA Dupuis mérite largement d’être au dessus du lot de la RTS pour l’ensemble de son extraordinaire oeuvre. Il ne devait pas être égalé ! 😉

  9. C’est vrai qu’il faut trouver un nom marketing a cette distinction histoire d’être au gout du jour, le RTS Pigeon d’Or Gruyère AOC ça pourrait le faire.

    Bon maintenant j’espère que la rédaction ira le lui donner en main propre et pour 2014, je vote déjà pour Massimo Lorenzi, tellement imbuvable ce type, franchement, c’est si difficile de trouver des gens compétents pour ce boulot en Suisse? Qu’on engage des étrangers, je sais pas moi…

  10. Les commentateurs ne sont pas terribles ? Ok ok…….

    Mais quand-même ! Si seulement je pouvais me faire une idée plus précise sur tous ceux qui vomissent leurs condescendance, à défaut de compétence, le cul bien engoncés dans le canapé, une main occupée à se gratter les c******* et l’autre à étouffer des « éructements » mâtinés d’érudition, par là, c’est toute une volière que je décernerai…..

  11. « Si nos tendres moitiés pouvaient s’astreindre à leur devoir conjugal avec autant d’ardeur que Pascale Blattner débite des inepties , l’infidélité serait éradiquée », superbe, rien que pour cette boutade l’article mérite des éloges ! Blattner pigeon d’or , une seule chose à ajouter : c’est bien fait pour toi !!!

  12. Bon, Blattner est nulle, c’est entendu.

    Mais je peine à comprendre l’argument : « elle a même osé dire ‘c’est bien fait pour eux' ».

    Vous autres, les fans, ça vous est jamais arrivé de dire ça de l’équipe que vous supportiez quand vous la trouviez nulle? Je n’y vois aucune trace de condescendance, mais bien plutôt de la déception pour l’équipe qu’on soutient.

    Mais la consécration de Blattner, c’est surtout un vote de sanction contre le service des sports de la RTS.

  13. Après avoir regardé du ski féminin avec Marco Brugger aux commentaires, je me dis que la pauvre Blattner n’est pas si médiocre que ça. En l’occurrence, le type se contente de sortir les classements des concurrentes lors des précédentes courses. Pas le moindre mot sur ce qui se passe sur la piste, c’est dingue… Ca me semble irréaliste également que Blattner ait le même palmarès que PAD, qui nous a encore appris récemment que Ted Ligety était canadien, et qu’Alberto Contador était un grand nom du tennis.

    A côté de ça dans la liste des pigeons, on avait un type qui tue sa femme, un père qui frappe les partenaires d’entraînement de son fils, des traîtres à la patrie footballistique, et les gros boulets du ski suisse et du foot français. Grand coup de chapeau à la RTS, dont l’incompétence chronique de ses journalistes sportifs fait que les 4 pauvres mots « bien fait pour eux » permettent à Blattner de dépasser tous les autres candidats à la pigeondorisation!

  14. « PAD, qui nous a encore appris récemment que Ted Ligety était canadien, et qu’Alberto Contador était un grand nom du tennis. »

    Sérieux?? 🙂 🙂 🙂

  15. Je réitère ce que j’ai souvent demandé:

    Si qqn a les images de PAD confondant Bâle et Barcelone, qu’il me le fasse savoir au plus vite.

  16. J’ai émigré à Londres il y a 3 ans et même si j’ai aussi souvent critiqué les journalistes sportifs de la TSR, PAD, Bertrand Dubout, etc. Je tiens quand même a dire que pour la population qu’on a en Suisse romande, on est gâté au niveau de l’offre télévisuelle sportive. Les commentaires sont rarement bon mais on peut voir tellement d’images sans payer un francs par mois (billag mais bon y a ça dans tous les pays). Des directs, des résumés, etc. En Angleterre, en France, en Allemagne, etc. Sans abonnement on ne voit presque rien…. Alors pour ça bravo à la RTS. Maintenant, formez vos employés et messieurs dames les commentateurs, étudiez un peu avant de passer à l’antenne. Les dossiers de presses sont bien assez bons pour pas passer pour des pigeons à l’antenne! Et en plus vous avez Google!
    Balle de match pour Wawrinka! Jeu, set et match Murray! Incroyable la possession de balle du FC Bâle en ce début de partie!
    Ce qui me manque le plus c’est le ouaiéééé et les oui oui oui de Yannick Paratte! 😉

  17. Je suis d’accord avec toi Alex, l’offre télévisuelle de la RTS est sensationnelle à côté des chaînes publiques de nos pays voisins. Cela dit, la fierté de Lorenzi à ce sujet semble avoir pour conséquence de ne pas demander à PAD et consorts de se remettre en question de temps en temps.

  18. L’offre de la RTS est effectivement excellente. Ce qu’ils en font, en revanche, est d’une rare médiocrité. Et le tout avec pas mal de suffisance et arrogance.

  19. Qu’ils aillent faire un stage à la Première. Là au moins, au sport, ils ont de vrais journalistes, intéressés, intéressants, vivants et pas coincé du derrière dans cet atroce décorum de la RTS. Souvent l’occasion d’écouter sport première le samedi, c’est juste smooth !

  20. Pour le coup où PAD dit que Contador est un grand nom du tennis, c’est plus une bourde d’inattention que de méconnaissance, un lapsus.

    Par contre, lors d’un TJ récent, il dit bien que Ligety est canadien. Là, c’est grave. Ce mec n’y connaît vraiment rien au sport. Il a été muté au TJ pour faire de temps à autre un résumé de 30 secondes sur tel ou tel événement et il arrive encore à sortir des énormités pareilles.

  21. Le public machiste de carton rouge et son rédacteur beauf n’aideront certainement pas – par ce vote et cet article ô combien argumenté – à redonner l’envie de fréquenter des stades et des patinoires suisses. On y sent l’intelligence de la mauvaise bière.

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