Certains auraient mieux fait de se tirer une balle dans le pied…

Les Pigeons reviennent avec une sélection pour le moins éclectique où se mêlent un journaliste partial, un skieur dépressif, un hockeyeur frustré, un footballeur à paillettes, un athlète handisport complètement timbré ainsi que le CC du Calcio. Qui mérite de remporter le volatile doré ? Tu as jusqu’au dimanche 31 mars à minuit pour faire ton choix !

Emmanuel Favre

Comme chacun le sait, le journal le plus lu de Romandie se caractérise par ses analyses toujours pertinentes et objectives. La rubrique sportive ne déroge pas à la sacro-sainte règle. Quoi d’autre qu’un papier hygiénique matinal pour créer une polémique futile puis de la monter en épingle afin de faire mousser son lectorat qui possède la presse qu’elle mérite ?
Car ce n’est plus un secret de polichinelle : le Valaisan Emmanuel Favre, éminent journaliste du quotidien orange, possède un sérieux problème avec le LHC. Au soir du deuxième match qui a vu le Lausanne Hockey Club perdre sur la glace de Viège en accumulant notamment la bagatelle de quatre pénalités de méconduite lors de la seule première période, l’occasion était trop belle : telle une hyène en mal de sensationnalisme, le plumitif – affublé en l’occurrence de son Padawan Frédéric Lovis – a sorti l’artillerie lourde en faisant la une du journal sur de supposées insultes lausannoises. Les sources du Valaisan : un obscur officiel viégeois ainsi que d’autres sources dites «anonymes» probablement sorties de son imagination, le tout sans avoir pris la peine de demander le moindre droit de réponse du côté des ignobles Vaudois.
Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Si Le Matin n’est plus à une contradiction près, il a remis la compresse sous la forme d’un éditorial absolument saisissant parlant de respect envers les arbitres et suggérant aux dirigeants lausannois de suspendre leurs joueurs incriminés alors que le même journal cire quotidiennement les pompes du… Valaisan Christian Constantin. Le même président qui prônait le rétablissement de la peine de mort pour les arbitres lors d’une conférence de presse à Madrid ; un Christian Constantin qui avait alors été encensé par ce même journal. La liberté de la presse est un droit inaliénable, à condition d’en jouir de manière intelligente.

Carlo Janka

En témoignant d’une telle incurie à produire des résultats – tant bien même que Carlo Janka fut un jour un brillant skieur –, une reconversion ne devient plus nécessaire, mais obligatoire. Un rôle dans la pièce de Molière «le malade imaginaire» serait parfait.
La fameuse devise shadok «pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes» devient hélas difficilement applicable lorsqu’on évoque le bilan de la délégation suisse aux derniers Championnats du monde de ski. Ce mois-ci, c’est le Grison qui s’y colle. Non content de sous performer tel un Jean-Claude Dusse du pauvre, Carlo Janka y est aussi allé de ses excuses bidons. Au sujet de sa saison hideuse, il croyait avoir trouvé la parade en invoquant des problèmes de santé, en particulier au cœur – un mal typiquement lausannois – pour justifier au passage une énorme fatigue qui l’a poussé à se faire la malle en couard en se retirant de son propre chef de la deuxième manche du géant de Schladming. Une attitude qui en dit long sur la motivation et le sérieux du skieur.
Manque de bol, Carlo Janka s’était justement fait opérer avec succès des problèmes d’arythmie cardiaque qui ne l’avaient jadis pas empêché de remporter le grand Globe de cristal en 2010, l’or olympique à Vancouver en géant, ainsi que deux breloques supplémentaires aux Mondiaux de Val d’Isère en 2009. Juste après avoir passé sur le billard, le Grison s’était même imposé dans le géant de Kranjska Gora pour son retour. Essayé, pas pu : de nouveaux contrôles ont confirmé qu’«Iceman» était en parfaite santé et que tout était en ordre. Il va donc falloir trouver autre chose pour justifier une saison aussi minable qu’inattendue. Physiquement fatigué, à voir; fatigué de raconter des conneries, on ose l’espérer.

Marcel Jenni

Marcel Jenni, c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité. Le joueur des Kloten Flyers a véhémentement critiqué le rival local des ZSC Lions, soi-disant coupable d’avoir laissé filer un peu complaisamment un match à Bienne, perdu 7-0, et ainsi d’avoir contribué à la rétrogradation des Aviateurs en play-out. On veut bien croire que les champions en titre n’ont pas joué le match de leur vie à la Gravière mais c’est finalement toujours comme ça en fin de saison régulière, lorsque certains clubs qui n’ont plus grand chose à jouer affrontent des équipes qui luttent pour une place en play-off. Et les pleurnicheries de l’ancien international sont d’autant plus déplacées si l’on songe à tous les passe-droits dont a bénéficié Kloten grâce à la double casquette de son président à la ligue, pour s’en sortir indemne d’années de problèmes financiers, de manipulations comptables et de licences obtenues sur le base d’informations trafiquées. En ce sens, la présence des Flyers en play-out a fait plaisir à beaucoup de monde et pas par sympathie pour le EHC Biel.
Si Kloten s’en est retrouvé-là, il ne doit s’en prendre qu’à lui-même. Car les Aviateurs étaient maîtres de leur destin et en avance au classement sur des Bioulois censés s’écrouler après le départ de leurs stars NHL. Mais Marcel Jenni et ses petits camarades ont complètement foiré leur fin de saison, se montrant incapables d’inscrire les points suffisants pour conserver leur place en-dessus de la barre. Et ils en ont été réduits à compter sur des coups de pouce d’autrui pour préserver leur rang, coups de pouce qui n’ont pas eu lieu, précipitant les Flyers en play-out. Où ils devront sauver leur place en LNA tout seul, comme des grands, sans pouvoir compter sur le soutien du président de la ligue ou du rival zurichois.  

Gerard Piqué

Gerard Piqué, c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité (bis). Après une énième défaite contre le Real Madrid, Shakiro a critiqué l’arbitrage pour un pseudo-pénalty qui aurait soi-disant été refusé à tort au FC Barcelone, mettant en doute la partialité des arbitres lors des matchs à Bernabeu. C’est tout de même assez cocasse quand on sait à quel point les faveurs arbitrales et des liens privilégiés avec le très partial patron de l’arbitrage mondial et européen sont à la base des succès récents du Barça et de la Roja qui ont permis à Piqué de se forger un palmarès gigantesque. Mais évidemment, il est plus facile de pleurnicher sur des erreurs d’arbitrage qui n’en sont pas plutôt que de se livrer à une quelconque autocritique sur ses performances.
On ne sait pas si c’est l’effet de sa liaison avec une célèbre chanteuse sud-américaine, de sa récente paternité ou, comme bon nombre de ses coéquipiers, d’un énorme melon, mais Gerard Piqué n’est plus que l’ombre du meilleur défenseur central du monde qu’il était il n’y a pas si longtemps. Il est passé où le défenseur qui lançait la victoire du Barça lors de la finale de C1 2009 avec un sauvetage miraculeux en début de match ? Elle est où la forteresse imprenable qui a permis à la Roja de devenir championne du monde en 2010 malgré une offensive misérable ? Lors de la demi-finale de Coupe du Roi, Piqué a fait peine à voir, entre sa lenteur d’intervention sur le pénalty de Ronaldo et sa passivité sur le coup de tête de Varane. Mais a priori, une remise en question n’est pas à l’ordre du jour. Shakiro et ses coéquipiers donnent l’impression d’attendre qu’adversaires et arbitres se couchent complaisamment devant les Dieux descendus de l’Olympe du Barça. Et lorsque ce n’est pas le cas, alors les mauvais coups, les récriminations incessantes, les pleurnicheries et les insultes pleuvent. Le vrai visage d’une imposture qui n’a que trop duré.

Oscar Pistorius

Un modèle, un exemple, un gendre idéal, un phénomène ; le Sud-Africain Oscar Pistorius suscitait bien plus que des vocations dans le milieu dans le lequel il excellait. L’athlète était promis à un avenir brillant, peut-être au sein même du monde des valides dans lequel il ambitionnait de concourir. Mais de concourir ne subsiste que la première syllabe. C’est vrai que le coureur pouvait agacer avec son obnubilation maladive de vouloir en découdre avec les Usain Bolt et consorts, et nous aurions été ravis de le pigeonner en cas de bide en bonne et due forme en dépit de ses prothèses bioniques lui conférant un avantage certain. C’est cependant dans un tout autre domaine qu’Oscar Pistorius voit sa nomination entérinée avant l’heure.
Au-delà de la personnalité d’apparence parfaite du coureur se cachait une réalité bien différente. A la suite d’une divergence d’opinion somme toute banale qui conditionne la routine de tout aveugle qui a choisi de vivre maritalement, le gendre idéal a craqué en flinguant sa douce – de même que sa carrière – de manière bien dure. Pour l’exemple à suivre, on repassera. Quitte à décevoir son monde, autant faire une approche à la Tiger Woods : se taper une multitude de femmes passe toujours mieux que d’en taper une seule, même si c’est avec un fer 5 ou un outil similaire. Même si cette tragédie a coupé les jambes de sa carrière, gageons que cette expérience lui mette un peu de plomb dans la cervelle !

Maurizio Zamparini

Christian Constantin n’étant plus éligible depuis sa victoire au Pigeon d’Or 2007, on se rabat ce mois-ci sur son homologue italien Maurizio Zamparini, président de l’US Città di Palermo, actuelle lanterne rouge de la Serie A. Les deux hommes ont en commun la construction de centre commerciaux, l’échec de projet de nouveaux stades, les polémiques stériles, les critiques constantes sur l’arbitrage, des résultats largement inférieurs aux moyens investis, leur incapacité à reconnaître leur incompétence dans les choses du football, à déléguer la gestion sportive à des personnes plus qualifiées et à comprendre l’importance de la continuité dans un club, et surtout une surconsommation chronique d’entraîneurs. Si l’on prend en compte sa présidence à Venise, Maurizio Zamparini doit en être à quarante-trois entraîneurs virés depuis le début de ses activités dans le football !
A l’instar du satrape de Martigny, le promoteur italien est devenu spécialiste du réengagement d’entraîneurs qu’il avait licenciés par le passé. Ainsi, Francesco Guidolin est passé quatre fois sur le banc de Palerme, Stefano Colantuono, Delio Rossi et Bortolo Mutti deux fois. La dernière fantaisie du président sicilien, c’est d’avoir engagé le 24 février dernier Gian Piero Gasperini qu’il avait viré le… 4 février, son successeur et prédécesseur Alberto Malesani n’ayant tenu que trois semaines. Puis de virer une deuxième fois ce pauvre Gasperini le 11 mars pour réengager Giuseppe Sannino, lui-même déjà licencié par le bon président Zamparini en septembre 2012…
Cette valse des entraîneurs ne porte pas ses fruits puisque Palerme squatte toujours la dernière place du classement. Cela n’empêche pas le bon président Zamparini, plutôt que de s’occuper du sérieux danger de relégation qui menace son club, de donner des leçons de tactique à Carlo Ancelotti dans les médias et de critiquer Zlatan Ibrahimovic qui ferait de l’ombre à son protégé, Javier Pastore, qu’il avait vendu au PSG contre espèces sonnantes et trébuchantes, affaiblissant considérablement son équipe de Palerme. Si un jour Christian Constantin devait se retirer, Nicolas Jaquier et consorts pourront toujours se rabattre sur la Sicile pour animer la rubrique people du Matin. 

Écrit par Julien Mouquin et Mathieu Nicolet