Le mauvais plan

Sevré de victoire jusque-là en 2014, le Borussia Mönchengladbach a renoué avec le succès, pas vraiment au meilleur moment pour ton serviteur puisque c’était sur la pelouse d’un Borussia Dortmund toujours sur courant alternatif. Ce n’était pas franchement prévu au programme…

En atteignant la barre des 80’000 spectateurs pour la 38e fois (fin de série) consécutive en Bundesliga, le Borussia Dortmund a dépassé le cap du million de fans en championnat cette saison. Le BVB confirme son inamovible statut de club le plus populaire du monde puisqu’avec 80’500 spectateurs de moyenne, il mène largement le classement des meilleures affluences planétaires devant Manchester United (75’172), Real Madrid (72’608), Bayern Munich (71’103) et Barcelone (70’993). Par chez nous, on trouve de plus en plus de dirigeants, journalistes ou spectateurs «the place to be» qui nous expliquent doctement que la suppression des places debout, la multiplication des zones VIP, la disparition des prix et de la ferveur populaires sont les seuls moyens pour un club de se financer. Et pourtant, Dortmund a quadruplé son chiffre d’affaires en huit ans, passant d’une situation de quasi faillite aux portes du top-ten des clubs les plus riches du monde. Sans mécène étranger, sans sacrifier une place debout, en choyant les abonnés restés fidèles durant les années difficiles, en conservant des prix abordables et une ferveur populaire intacte. Je crois que je devrai organiser quelques stages d’initiation pour dirigeants débutants au Westfalenstadion pour leur montrer comment concilier passion et rentabilité.   

Un GO défaillant

En attendant, c’est pour une amicale de contemporains de mes amis que j’organisais le déplacement du week-end, inutile de préciser que la morosité n’a guère été au rendez-vous. En bon GO, j’essaie de tout prévoir : train, hôtel, billets de match, apéros, visites culturelles (essentiellement consacrées à des Kneippen et des Biergarten)… Il y a juste un truc que le piètre organisateur que je suis avait complètement oublié de prévoir : une victoire du Borussia Dortmund. J’aurai pu essayer de demander à Lucien Favre de m’arranger le truc mais je doute qu’il aurait accédé à mon souhait car son Borussia Mönchengladbach n’avait toujours pas gagné en 2014 et avait un urgent besoin de points s’il ne voulait pas voir le wagon des places européennes partir sans lui.

Et c’est rentré…

Face à ces Fohlen en plein doute, on attendait donc une victoire dortmundoise assez tranquille, malgré l’absence des cinq titulaires du début de saison en milieu de terrain (Bender, Gündogan, Kuba, Mkhitaryan et Reus). Ces défections n’empêchent pas les Pöhler de prendre le match en main mais Lewandowski et Hummels se heurtent au gardien Marc-André ter Stegen. Le très probable futur gardien du FC Barcelone connaît une saison assez délicate, avec notamment une boulette à Braunschweig qui a fait le tour du monde. Mais contre Dortmund, depuis que Lucien Favre l’a intronisé titulaire au printemps 2011, il a toujours réussi des matchs énormes et celui de samedi n’a pas fait exception. Avec un soupçon de réussite en plus lorsqu’une frappe d’Aubameyang s’écrase sur la latte. On était toutefois en train de se dire qu’à ce rythme-là, ça allait bien finir par rentrer. Et c’est rentré. Deux fois. Du mauvais côté : c’est tout d’abord Raffael qui reprend un centre de l’intenable Patrick Herrmann, l’autre homme du match avec ter Stegen. Puis Max Kruse met à profit un service de Juan Arango pour donner le tournis à Piszczek et Weidenfeller et doubler la mise. Après plus de trois mois de disette, le buteur international aurait pu choisir un autre moment pour retrouver vista et sens du but.

On t’aime, Kloppo !

0-2 à la pause, le scénario attendu de la victoire jaune et noire sans trop d’histoire tournait à l’aigre. Malgré une domination écrasante en deuxième période, favorisée par l’expulsion stupide de Nordtveit, le BVB ne parviendra pas à inverser la tendance. Il n’y a guère qu’une volée du joker Milos Jojic qui parviendra à ranimer la flamme. Mais sinon, un nouveau miracle de ter Stegen devant Lewandowski, un pénalty oublié pour une main de Daems et un but de Ducksch annulé pour une faute préalable peu évidente de Lewandowski ne permettront pas au BVB de sauver ne serait-ce que le point du match nul. Les quelques décisions litigieuses de M. Aytekin, que je trouvais d’habitude plutôt bon, n’auront pas manqué de provoquer une nouvelle disjonctée de Jürgen Klopp. Résultat : un renvoi en tribune, une embrouillée avec un spectateur, une engueulade avec une journaliste en conférence de presse et 10’000 euros d’amende. Mais ne change surtout pas Kloppo, c’est comme ça qu’on t’aime, avec ta passion, ta mauvaise foi et tes excès !

Les bons samaritains

Mönchengladbach avait bouclé le premier tour au 3e rang, soit en position de se qualifier pour la Ligue des Champions, un vrai miracle compte tenu du contingent à disposition. Mais son mauvais début de 2e tour a sans doute enterré les rêves de Königsklasse de la troupe de Lucien Favre. En revanche, les trois points obtenus dans la Ruhr lui permettent de revenir dans la course à l’Europa League. Trois semaines après avoir relancé un Hambourg en perdition, le BVB a donc de nouveau tendu une main charitable à une formation en difficulté. On en viendrait presque à craindre un duel contre le Lausanne-Sport. Ou Manchester United. En attendant, c’est le Zenit Saint-Pétersbourg en Ligue des Champions qu’il faudra éviter de relancer. A priori, la victoire 4-2 au match aller constitue un viatique suffisant mais on se méfie avec ce Borussia inconstant qui n’a pas franchement abordé de manière idéale une période infernale où les semaines anglaises risquent de s’enchaîner en cas d’accession aux quarts de finales de la C1. Infernale pour une équipe décimée par les blessures mais aussi pour ton serviteur qui risque de devoir faire une ou deux impasses pour être de temps en temps au travail (si, si…). A priori, je vais me concentrer sur ce que est important, la Bundesliga et la DFB-Pokal, quitte à zapper le machin à pognon de l’UEFA. Vu la prestation de samedi, on imagine de toute façon assez mal le Borussia rééditer sa place de finaliste de l’an passé et a fortiori encore moins sa victoire de 1997.   

Borussia Dortmund – Borussia Mönchengladbach 1-2 (0-2)

Signal Iduna Park, 80’645 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Aytekin.
Buts : 31e Raffael (0-1), 40e Kruse (0-2), 77e Jojic (1-2).
Dortmund : Weidenfeller ; Piszczek (67e Ducksch), Hummels, Papastathopoulos, Schmelzer; Kehl (63e Jojic), Sahin; Aubameyang (82e Schieber), Hofmann, Grosskreutz; Lewandowski.
Mönchengladbach : ter Stegen; Korb, Stranzl, Dominguez, Daems; Herrmann (79e Rupp), Nordtveit, Kramer, Arango; Kruse (75e Marx), Raffael (89e Brouwers).
Cartons jaunes : 60e Lewandowski, 68e Nordtveit.
Carton rouge : 69e Nordtveit.
Notes : Dortmund sans Mkhitaryan (suspendu), Subotic, Bender, Blaszczykowski, Reus ni Gündogan (blessés), Mönchengladbach sans Wendt (blessé).

Écrit par Julien Mouquin

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.