D’habitude, j’avoue manger avec un plaisir non dissimulé une bonne saucisse de St-Gall. Pour le coup, force est de constater que celle que j’ai dévorée samedi dernier m’est restée en travers de la gorge. Allez savoir pourquoi… Non, il ne faut pas rougir d’une défaite à l’Espenmoos ! Je l’ai déjà dit et je le répète, St-Gall sera champion suisse cette saison. Je me trompe peut-être, mais tu m’accorderas quand même le courage de mes opinions.
Nous avons reçu un courriel intelligent et très à propos d’un lecteur de Crans-Montana, qui répondait à ma précédente chronique «Le retour sur terre». Comme les arguments que la missive avançait sont de qualité, il me semble intéressant de renvoyer la balle à mon tour.
La malchance et les arbitres
En substance, notre ami de Crans-Montana – qui ne s’est à aucun moment laissé emporter par la passion ni les insultes, mais qui a agi sous l’égide de la raison et de la courtoisie (cela méritait d’être signalé) – n’avait pas la même analyse concernant les poussifs résultats des Sédunois face à GC, Lucerne et Aarau. Je le rejoins en ce qui concerne l’excellent match contre les «Sauterelles», qui aurait pu basculer d’un côté comme de l’autre et qui a vu l’arbitre annuler injustement un but aux Valaisans en fin de match.
Justement, en parlant d’arbitre… D’accord, les directeurs de jeu ont commis quelques erreurs face aux pitoyables Argoviens et aux «ciriesques» Lucernois. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Si Sion avait été habité par la même euphorie durant ces matches-là que lors de son début de saison tonitruant, l’affaire aurait été pliée sans souci. Les hommes du Schälli ont des limites. Un point c’est tout ! Néanmoins, comme ils possèdent une grande marge de progression, compte tenu de leur moyenne d’âge, je suis certain qu’ils arriveront encore à franchir plusieurs paliers.
On me parle de la malchance et de mauvaise gestion du résultat contre Leverkusen en Coupe de l’UEFA. Je reste sceptique. Pour avoir assisté aux deux rencontres – à Genève et en Allemagne – et pour avoir longtemps discuté avec plusieurs joueurs à la fin des deux parties, une seule chose me vient à l’esprit : Sion et le Bayer ne jouaient pas dans la même catégorie. Oui, l’exploit était possible. Mais cela aurait été un… exploit. Objectivement, la troupe de Skibbe était supérieure techniquement, tactiquement et physiquement à celle du lâcheur de la Pampa. Attention, avancer le contraire friserait la mauvaise foi.
Nous fermerons ce chapitre en évoquant le match Sion-Zurich. Mon correspondant de Crans-Montana parle d’un «match nul entièrement mérité». Aurait-il la mémoire qui flanche ? Le FCZ a livré un véritable récital en seconde période, notamment sous l’impulsion d’un Margairaz en pleine réussite. En salle de presse, lors de la discussion avec les entraîneurs, tous s’accordaient à dire que Zurich devait remporter cette rencontre. De tête, les mots de Clausen ressemblaient à «on devait perdre 3 ou 4 à 0». Lulu n’allait pas si loin mais arborait tout de même le visage de l’entraîneur déçu d’avoir laissé filer une partie où les trois points lui étaient promis.
Alors oui, Sion joue parfois de malchance. Oui, les arbitres ne sont pas toujours pertinents dans leurs décisions. Oui, éliminer Leverkusen était possible. Mais ne trouves-tu pas que cela commence à faire beaucoup de «c’est la faute aux autres» ?
Les internationaux
On m’a reproché de considérer que les Sédunois étaient encore dans une phase d’apprentissage du haut niveau, en me dressant la liste des joueurs chevronnés de Tourbillon. Il me faut ici préciser un fait : un international M… quelque chose (21, 20, 19…) n’est pas encore un international ! Je concède que le niveau des sélections juniors est très élevé. Pourtant, il est à des années lumières de celui des équipes A. Combien a-t-on vu de joueurs talentueux et prometteurs avec les espoirs ne jamais percer non seulement avec l’équipe nationale, mais aussi en club ? Enormément.
J’avais précisé, dans ma précédente chronique, que mis à part certains cadres – Obradovic, Kuljic et Pinto, que je n’avais pas mentionné car son attitude me déplaît fortement –, le FC Sion était passablement inexpérimenté. Je persiste ! Si évoluer exactement 34 minutes contre le Venezuela et le Costa Rica fait d’un joueur un international accompli, alors je présente mes excuses à Rega. Mais, sérieusement, j’en doute. Tout comme je doute que le fait d’être pressenti à une éventuelle sélection probable qui devrait normalement si tout va bien et selon la logique intervenir bientôt ou plus tard mais un jour c’est sûr, comme c’est le cas pour Vailati, confère à l’intéressé un statut de cadre expérimenté. Pardon aussi à Gaspoz et Ahoueya, qui régatent avec la sélection du Bénin. Ce qui représente, comme tout le monde le sait, un gage de classe mondiale… Idem pour l’équipe nationale de l’Angola. Pardon à toi aussi Kali !
Tintin en Valais
Je vais mettre les choses au clair en ce qui concerne le dictateur d’Octodure. Je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu’il a fait pour le club, et surtout d’avoir mis dans leurs petits souliers les amateurs hargneux de la Swiss Football League. Tintin répond tout à fait à ma conception de «grand président». Maintenant, comme toutes les personnes de sa trempe, il se prête on ne peut mieux à la caricature. Tu m’accorderas tout de même que l’architecte n’a pas son pareil…
Le dictateur est un personnage difficile à côtoyer. Attachant, impressionnant et roublard, il est de ces personnes – si l’on se laisse aller uniquement aux sentiments – que l’on aime ou que l’on déteste. J’essaie pour ma part de ne pas donner à l’aspect affectif trop d’importance et de me servir de ma tête. Son bilan à la tête du FC Sion est bon, mais la manière et ce qui se cache certainement en coulisse prête parfois à caution. Ce n’est donc pas que j’aime ou que je n’aime pas Tintin. Tout simplement, j’admire sa réussite et son caractère, tout en prenant des précautions en refusant de considérer son discours comme une vérité absolue.
Écrit par Psyko Franco
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