Suisse – Pologne : Le brillant réveil est venu un peu tard…

On a d’abord dû encaisser le coup. C’était dur. Le scénario est à peu près toujours le même et nous, on doit se contenter d’être des braves faiseurs de huitième. La Suisse, et Shaqiri en tête, a montré enfin un visage séduisant. Mais attendre la 80ème d’un match c’est trop tard. Et nous voilà à revivre un mix de l’Ukraine et de l’Argentine.

Le résumé.

Deux ans d’attente pour ce match. Une entame catastrophique de la Suisse qui prend conscience de sa lenteur dans la construction dès qu’elle se retrouve face à une équipe qui presse. De nouveau, cette maladresse offensive qui nous a accompagnés depuis le début. Les Polonais mettent le but qu’ils méritent face à une Nati trop fébrile. La Suisse s’offre la seconde mi-temps, le plus beau but de l’Euro et une prolongation. Puis des tirs-au-but. Dans l’absolu, les meilleurs qu’on ait fait de notre histoire. Mais définitivement ce n’est pas notre truc. Des jurons, des regards dans le vide, des bières tièdes finies dans des soupirs. Il y en a marre de vivre ça tous les deux ans. Même si certaines années on vit encore pire.

L’homme du match.

On aurait voulu que ce soit Shaqiri et son but magique mais malheureusement quand c’est beau pour rien au final…  Je vais plutôt éluder la question et évoquer le fait qu’il ne faut pas oublier à quel point on ne nourrissait pas d’immenses espoirs dans cette équipe de Suisse avant le début de cet Euro. Pour le coup, la Nati mérite largement autant d’honneur qu’on lui en a attribué exagérément après le Mondial au Brésil. On sort invaincu et, en plus, on ne s’est pas pris de casquette 5-2. Alors peut-être qu’un jour on arrêtera d’être ces losers de deuxième tour.

La buse du match.

Lichtsteiner. Pas seulement pour son match mais surtout parce qu’il nous a refait le coup d’une compétition ratée comme au Brésil il y a deux ans. On dirait que le mec arrive cramé de chacune de ses saisons italiennes. Se permettre encore de critiquer dans les médias la lenteur de ses coéquipiers par rapport à la Juve est franchement abusé quand on fait le bilan de son activité avec la Suisse. On me rétorquera qu’à Turin, il joue plutôt en milieu droit avec cette défense à trois mais ce n’est pas seulement pour ses piètres prestations défensives qu’il mérite ce titre, c’est aussi pour son inutilité en attaque et ses centres tout nazes.

Le tournant du match.

Le tournant devient forcémment un des tirs-au-but quand en on arrive à cette étape. On ne peut pas blâmer Xhaka d’avoir craqué, d’autres plus prestigieux l’ont fait. Et, vu ses performances et la réelle révélation qu’il a été avec la Suisse lors de cette compétition, on peut moins lui en vouloir que si c’était Lichtsteiner ou Djourou qui avaient fait pareil. Il n’empêche… Granit a une dette envers nous.

Le geste technique du match.

On sait lequel. J’ai tellement gueulé… Mais ce que c’était bon ! C’est horrible que ce chef d’œuvre n’ait abouti qu’à cette triste conclusion. C’est vraiment comme s’envoyer en l’air toute la nuit avec Kate Upton et apprendre le lendemain qu’elle a un violent herpès.

Le geste pourri du match.

Non mais sérieusement, on va prendre ce même but encore combien de temps ? Cette action de contre rapide après un corner ou un coup-franc raté des Suisses, j’ai l’impression de l’avoir vu des dizaines de fois. Je rêve du jour où on se penchera sur ce problème et que cela résoudra bien des choses.

Ce match m’a fait penser à…

A l’incompatibilité d’aimer le foot et d’avoir la Suisse comme équipe favorite. Ça me donne l’impression d’être un vilain informaticien à grosse lunettes et cheveux gras amoureux de la jolie fille qui bosse deux étages plus haut et qui savoure chaque moment où il la croise dans le couloir en se faisant des idées quand elle lui dit bonjour. Est-ce qu’un jour on vivra autre chose que ces déceptions tiédasses ? On ne pourrait pas un jour être l’équipe surprise de quelque chose ? Comme l’ont fait, en d’autres temps, les Croates, les Turcs ou la Suède. Sans même vouloir être Grecs ou Danois…

L’anecdote.

Une réflexion par rapport au chef d’œuvre de Xherdan. Comme si c’était une consolation que le monde entier ait vu qu’un Suisse pouvait faire un tel geste et que, pour notre réputation, c’était presque mieux ça plutôt que passer en quart avec un but de la main… Je ne sais pas si on peut y voir un caractère romantique ou un désir frustré de reconnaissance, mais j’espère que ce n’est pas avec cette mentalité qu’on va chercher à avancer dans l’avenir (du foot autant que de la vie). C’est sûr que Tyrion Schwarzenegger m’a offert le plus gros mouillage de slip de ma vie avec un goal de la Suisse. Et grâce à cela, on ne peut pas lui cracher dessus à propos de cet Euro. Mais c’est quand même pas suffisant de faire une merveille inutile au milieu de toutes les erreurs et les imprécisions qui font que nous sommes tristes aujourd’hui.

La minute Pierre-Alain Dupuis.

Aujourd’hui je veux épargner ce pauvre PAD qui doit être aussi triste que nous. Je garderai plutôt les profonds débats sur les chaînes françaises (BFM et TF1) pour se rassurer que « quand même le numéro 1 des plus beaux buts reste celui de Payet hein… » Mais oui super les gars. Si ça peut vous faire plaisir, nous, on n’en a rien foutre.

Le tweet à la con.

Toutes les blagues sur le but de Shaqiri comparant à Olive et Tom, ça m’a fait marrer. Les calembours sur « le ciseau » de Shaqiri en référence aux maillots qui se déchirent, c’était du niveau Guy Montagné.

La rétrospective du prochain match.

Pour la Pologne, c’est un quart contre le Portugal qui va sans doute leur faire un bon hold-up. Pour la Suisse, c’est un tour de qualification dans un groupe qui va nous faire transpirer avec les Portugais, les Hongrois et les Lettons. Il y a tout un chantier à mettre en place. Déjà, on ne peut pas espérer davantage que cette triste élimination quand on n’a pas d’attaquant. Avec Sommer, Schär et Rodriguez, Xhaka et Shaqiri, nous avons une colonne vertébrale de mec de 23 ans extrêmement prometteuse. Il manque quelque’un tout devant. On aimerait croire en Embolo ou Tarashaj (voire même en Seferovic mais il faut se forcer un peu). Je sais que sur Carton-Rouge, j’ai passé bien assez de temps à chier sur le discours des « promesses d’avenir » qu’on nous ressort depuis 1996. Mais, pour une fois, j’ai envie de me répandre dans ce type de démagogie. Et d’envisager que l’on a quand même des tauliers de 23 piges et que c’est dans l’ordre des choses de ne pas performer tout de suite. Il manque juste encore un peu de talent pour sortir du lot. Mais un jour ça va passer. Et bien d’ailleurs.

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3 Commentaires

  1. c’est vrai que cette reprise de vélo retourné ciseaux était de toute beauté et efficace en plus !!!!
    sans problème la plus belle réalisation de ce tournoi (qui est par ailleurs bien médiocre)

  2. Mais qu’est ce que vous êtes cons les suisses, c’est affligeants ! Et vous osez pensez que vos voisins français le sont plus que vous ? A pleurer de rire, merci pour cette franche rigolade !!!

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