La Coupe du monde, ce joujou de l’industrie du ski

L’industrie du ski respire. En débarquant in extremis avant le cap fatidique de Noël, la Coupe du monde lui a permis de réveiller son marché. Pas besoin d’avoir fait HEC pour comprendre le business : le cirque blanc est une vitrine censée doper les réservations dans les stations pour les Fêtes et peupler les rayons ski des magasins. Or, cette année, l’interminable été indien a failli tout ruiner en engendrant une cascade d’annulations de courses.

Sur un plan sportif, cet hiver tardif ne posait pas fondamentalement de problème. Le circuit aurait pu rester en Amérique du Nord où l’enneigement était parfait et attendre la venue du froid sur le Vieux Continent. Beaver Creek s’était même proposé pour reprendre des épreuves. La FIS a refusé, arguant un problème de financement. Reste que la vérité est ailleurs. Pour les bailleurs de fonds de la Coupe du monde, il était hors de question de donner l’impression que seules les pistes américaines étaient ouvertes et de se contenter de retransmissions télévisuelles confidentielles en fin de soirée.

Le retour en Europe était inévitable. Et pas n’importe où : en Autriche, pays roi du ski. Encore meurtri par l’annulation des courses de Sölden (une première en 13 ans), le marché autrichien avait besoin de la Coupe du monde pour vendre le produit ski. Le choix des instances internationales s’est ainsi porté sur Reiteralm, seul candidat capable de fournir le minimum de neige (artificielle) requis. Commercialement judicieux ? Pas sûr. Reiteralm, avec son domaine skiable modeste, n’a pu par exemple organiser que des super-combinés boiteux (super-G + slalom). Certes, c’est mieux que rien. Mais ce n’est pas avec ce genre de spectacle que le ski va déchaîner les passions et donner envie aux téléspectateurs/consommateurs de s’acheter de nouvelles lattes et de se ruer sur les pistes.
Quelques jours plus tard, le cas Val d’Isère a donné une nouvelle preuve de la puissance de l’industrie sur la Coupe du monde. Si le site savoyard a finalement pu reprogrammer une partie de ses courses, ce n’est ni pour la beauté de la piste Oreiller-Killy ni pour maintenir une classique au calendrier. Comprenant le tort subi à l’image de la station à moins d’une semaine de Noël, l’office du tourisme a mis la main à la poche et financé presque à lui seul les épreuves.

Écrit par Grégoire Silacci

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