Angleterre : décembre, la période folle

En Angleterre on joue, beaucoup, durant la fin de l’année. Comme on l’entend si souvent, ce n’est pas là que le championnat se gagne, mais c’est souvent là qu’il se perd…

Le foot anglais j’aime ça, mais peut-être même que je l’aime encore plus pendant cette période là. Cet enchaînement de match et de passion est unique et ne se passe que dans le Royaume. Partout ailleurs, c’est la pause, la trêve, les vacances… par conséquent, tout le monde, ou presque, regarde et scrute la Premier League. Quand tu supportes vraiment une équipe tu suis tout ça à ta façon. Par cet article, je vais essayer de te faire vivre, comme je l’ai vécue, la période folle du foot anglais. «Ils sont malades les Anglais, ils s’arrêtent jamais». «Non ? Sérieux ? Ils jouent le 1er janvier ?»… Oui ils sont fous et oui ils jouent le jour de l’an, mais en fait, quoi de plus beau ?

Mercredi 13 décembre 2006

Chelsea accuse huit points de retard sur Manchester et reçoit Newcastle pour un match en retard et une fois de plus l’inévitable Didier Drogba donne la victoire aux Blues (1-0). Plus que cinq points à rattraper. Mourinho s’en félicite et met les hommes de Sir Alex Ferguson en garde, Chelsea ne va rien lâcher. Pendant ce temps, en tant que fan d’Arsenal, je m’ennuie ferme devant le match de mon équipe chérie à Wigan, il ne s’y passe pas grand chose et mon seul sourire viendra après le seul but de la partie, inscrit par un autre joueur africain, Emmanuel Adebayor.

Samedi 16 & dimanche 17 décembre 2006

Samedi, en début d’après-midi, Liverpool confirme son retour en forme en s’imposant facilement (0-3) sur la pelouse de Charlton et lance cette 18ème journée. Il est temps pour moi, et quelques autres Gunners, de m’asseoir dans un pub de la ville et de voir ce que va nous concocter la troupe d’Arsène Wenger face à Portsmouth, équipe surprise du haut de tableau. Hélas, les hommes d’Harry Redknapp jouent bien et Arsenal un peu moins… 0-1 avant la pause et même 0-2 juste après… la rentrée d’Adebayor va faire tourner le match, mais au final il faudra encore se contenter d’un point à domicile : 2-2. Evidement, je suis déçu, mais cette saison Arsenal est encore en construction et la réaction de cette jeune équipe me laisse plein d’espoirs. Sur les autres terrains, Bolton continue d’épater son monde en s’imposant à Villa (0-1), alors que Blackburn (1-2 à Reading) et Sheffield United (0-1 à Wigan) obtiennent des victoires à l’extérieur qui valent leur pesant d’or dans la dure lutte contre la relégation.
Le lendemain, c’est sur le Télétext d’abord (fête de famille oblige) et avec les reflets de la BBC ensuite, que je constate la défaite de Manchester United à West Ham et la victoire de Chelsea à Everton. Tiens, et si l’arrogant Mourinho avait encore une fois eu raison ? Si son Chelsea était une nouvelle fois intouchable ? Menés 2-1 à Goodison Park avec seulement 10 minutes restantes sur la pendule, les Blues sont rentrés à Londres avec trois points, acquis grâce à des buts magnifiques de Lampard et de Drogba (encore…).  Il ne reste maintenant plus que deux points d’écart et on n’est pas encore rentré dans le rythme infernal d’un match tous les trois jours. Manchester va-t-il résister ? L’arrivée d’Alan Curbishley à la tête de West Ham va-t-elle ressusciter les Hammers ? Autant de questions qui trouveront des débuts de réponse avant la fin de l’année 2006…

Samedi 23 décembre 2006

Je me tiens au courant de cette journée par SMS. En effet, la veille, avec un petit groupe d’amis nous étions au Vélodrome pour voir Marseille – Saint-Etienne et le chemin du retour ne se passe comme prévu pour cause d’embouteillages. Je comprends rapidement que je ne pourrai pas voir le match et je mandate un ou deux informateurs pour me tenir au courant des scores de la Premier League. Des fois je me dis que je suis malade, certains le pensent certainement, mais à vrai dire je m’en fous. Quand tu es fan, ça fait bizarre de suivre l’évolution du match de ton équipe par message alors que tu es enfermé dans une voiture. Ca donne à peu près ça… «0-1 pour Blackburn pénalty Nonda», tu n’as pas le temps de lire le premier et soupirer que voilà déjà le deuxième «Latte de Kolo… ça recommence», et puis le troisième «YES ! 1-1 Gilberto Silva», on joue depuis 11 minutes seulement à Ashburton Grove alors je t’épargne de la suite car Arsenal gagnera ce match 6 à 2 et se fera plaisir en pratiquant – par moments – un jeu magnifique, si cher à Wenger. D’autres SMS m’apprendront la victoire de Liverpool (la quatrième de rang) sur Watford 2-0 à Anfield et celle plus nette encore (3-0) de Manchester United à Villa Park. Plus tard dans la soirée, devant les résumés de la BBC, j’ai applaudis le magnifique but de Scholes et le doublé de Cristiano Ronaldo, et déduis que le faux pas des Mancuniens à West Ham n’était qu’un accident. Chelsea, qui joue le match décalé, n’a qu’à bien se tenir et doit gagner à Wigan pour maintenir l’écart. Cette fois encore, Essien et les siens (je sais elle est facile…) répondront présents, de justesse une fois de plus (2-3 grâce à un but de Robben à la dernière minute), mais jusqu’à quand ?
Bolton gagne encore (0-2 à Manchester City), Portsmouth continue son bon parcours en battant Sheffield 3-1 tandis que dans le bas du tableau, Charlton confirme sa bien mauvaise mine en s’inclinant 2-0 à Middlesbrough. Défaite de trop pour Les Reed et arrivée d’Alan Pardew à la barre des Addicks… Merry Christmas !

Mardi 26 décembre 2006

Le fameux «Boxing Day». Chaque année au lendemain de Noël, l’Angleterre se rend au stade, c’est la tradition. Si tu ne vas pas au stade, tu vas au pub. C’est ce que je fais ce jour là. J’ai un peu de retard pour le premier match et quand j’arrive Chelsea mène 1-0, chez lui à Stamford Bridge, face à Reading. Bien entendu, je m’empresse de demander : «Qui a marqué ?», un type au bar me répond «Drogba, of course». Mais Reading ne lâche pas son os et va égaliser, il se passe quelque chose se dit-on, l’empire Abramovitch tremble, mais Drogba (qui d’autre ?) redonne l’avantage à son équipe cinq minutes plus tard. Une fois de plus Mourinho va aller en conférence de presse vanter le mental de son équipe et se contenter d’une victoire par un but d’écart… mais c’est sans compter sur l’abnégation des banlieusards de Londres et sur la maladresse d’Ashley Cole qui dévie un centre de Doyle sur Essien qui ne peut éviter l’autobut. Exploit. Reading égalise et on en reste là : 2-2.

Dans un coin d’Old Trafford, Sir Alex Ferguson doit esquisser un sourire. Mais pour que le scénario soit parfait il faut que ses boys viennent à bout de Wigan. 0-0 à la pause et Cristiano Ronaldo fait son entrée. Souvent critiqué pour des excès de simulation ou des crises de facilité, le Portugais est en toute grande forme et marque rapidement deux buts. Manchester Utd mène 2-0 à la 50ème minute et s’imposera finalement 3-1. Les Reds Devils ont maintenant quatre unités d’avance sur Chelsea. Bolton (2-1 contre Newcastle) et Portsmouth (1-2 à West Ham) gagnent encore. Liverpool marque un coup d’arrêt en perdant un match qu’il ne devait pas perdre au vu des occasions manquées sur le terrain de Blackburn (but de Mc Carthy et rentrée d’Henchoz à la 95ème pour les Rovers). Le «Boxing Day» se termine mais il reste encore un match et pas le moins important pour moi puisque Arsenal se rend à Watford. On change de pub mais on gagne encore (1-2). Spectacle peu enthousiasmant, mais confirmation de la bonne forme de Gilberto Silva et de Robin Van Persie, les deux buteurs du jour.

Samedi 30 décembre 2006

Virée entre potes, je suis aux Canaries pour fêter la nouvelle année et trouver un peu de soleil. Evidement c’est rempli d’Anglais et ce n’est pas les solutions qui manquent pour suivre le championnat. Chaque restaurant, bar, pub ou disco, a son écran et diffuse la Premier League. Tu y vois le fou de Newcastle qui fait endurer à sa femme les matches des Magpies ; le vieux couple de Manchester, Monsieur avec sa pinte de bière qui ne manque pas une seconde du reportage d’avant match, et Madame qui le regarde en buvant sa vodka ; ce ravagé d’Everton qui parle à tous les joueurs à chaque ballon touché en leur lançant des «Come on !» ; il y aussi ce gamin de Nottingham, maillot de Forrest sur le dos, parlant de son club qui va bientôt remonter en Championship (deuxième division). Même si les Anglais en vacances sont parfois envahissants (qui a dit souvent ?), il faut leur laisser l’amour qu’ils portent à leur club, à leur ville. Respect.
Charlton a gagné dans le premier match de l’après-midi ! Ca commence fort et même s’il est vrai que Villa va mal (quatrième défaite et neuvième match sans victoire), il faut souligner chaque succès des Addicks tant ils sont rares. Le duel entre les deux équipes de tête se poursuit et elles jouent cette fois en même temps. Score de 1-1 sur les deux terrains à la pause, mais chaque équipe prend l’avantage peu après le thé ; Drogba (oui, encore lui) donnant l’avantage à Chelsea face aux voisins de Fulham et Cristiano Ronaldo (oui, oui…) trouvant l’ouverture pour ManU face à un tenace Reading. On pense alors que le plus dur est fait pour tout le monde. Mais cette fois encore Chelsea va se faire surprendre dans les dernières minutes et ne devra compter qu’un seul point sur sa pelouse pour la seconde fois en moins d’une semaine. Plus grave, la défense des Blues a capitulé quatre fois en 180 minutes. Un seul être vous manque ! John Terry blessé au dos et c’est tout Chelsea qui boîte… Les Reds Devils eux ne faiblissent pas et s’imposent finalement 3-2, le dernier but étant l’ouvre de Cristiano Ronaldo… Au terme de la partie, Manchester affiche six longueurs d’avance sur les Londoniens et José Mourinho n’apprécie guère le spectacle. Pendant ce temps, les Reds de Liverpool relèvent la tête et vont s’imposer 0-1 sur le terrain de Tottenham, réussite signée Luis Garcia. Cette fois Portsmouth ne gagne pas puisque il s’incline à Bolton, il s’agit là de la cinquième victoire de rang pour les hommes de Sam Allardyce ! West Ham perd encore (0-1 face à Man City) et peine à confirmer sa surprenante victoire face à ManU. Arsenal ? Match piège à Sheffield United. Terrain désastreux et piteuse prestation des Gunners, privés de trop de monde ce jour là pour tenir la distance. Défaite 1-0 due à un but évitable juste avant la pause et à un manque de réalisme en début de match. Notons que Kenny (gardien de Sheffield) a cédé sa place à un joueur de champ (pas de gardien remplaçant…) à la 61ème minute et qu’Arsenal n’a pas réussi à inquiéter Jagielka, gardien d’un jour, durant le reste du match. Ca en dit long sur la prestation du team d’Arsène Wenger. Happy New Year quand même !

Lundi 1er janvier 2007

Gueule de bois pour certains, match de foot pour d’autres. Liverpool commence 2007 en beauté et matraque Bolton 3-0 à Anfield. Magnifique ciseau de Crouch pour le 1-0 et buts de Gerrard et Kuyt pour clore l’affaire. Tottenham grappille un point sur le terrain de Portsmouth grâce un but du Français Malbranque tandis que Blackburn (troisième victoire) s’impose facilement 0-3 à Wigan (cinquième défaite) et que Reading ridiculise West Ham 6-0 ! Malgré le changement d’entraîneur, ça va très très mal à Upton Park et les joueurs anglais si brillants la saison dernière (A. Ferdinand, Reo-Cocker, Harewood…) ne sont que l’ombre d’eux-mêmes. La presse se lâche et il faudra plus que l’arrivée de Luis Boa Morte (Fulham) durant le mercato pour sauver les Hammers de la relégation. Manchester United effectue lui le difficile déplacement de St-James Park pour y défier Newcastle. Un but exceptionnel venu de Millner donne l’avantage aux «code-barres» et les Reds Devils doivent s’en remettre à un doublé de Scholes pour prendre l’avantage. Hélas pour eux, le tout jeune et inconnu David Edgar trouve l’égalisation à un quart d’heure de la fin et Newcastle ne laisse qu’un seul point aux Mancuniens. Mourniho et Chelsea qui jouent le lendemain à Aston Villa reprennent espoir.

Mardi 2 janvier 2007

La piteuse forme d’Aston Villa et l’obligation de victoire laisse penser que Chelsea va refaire un peu de son retard sur le terrain de Villa Park. Le résumé de match que je verrai sera bien pauvre et Chelsea, privé de Ballack suspendu, ne fera mieux que match nul 0-0. C’est le troisième match nul de suite pour la bande de Drogba et ce résultat sonne comme une défaite. Occasion manquée pour les Blues. Heureusement pour Mourinho, le retour de John Terry est programmé pour ce week-end face à Wigan. Il faudra d’ici là que le technicien portugais trouve des solutions aux problèmes posés par les performances très décevantes de Ballack et Shevchenko (qui n’a pas commencé un match de championnat depuis le 10 décembre). La rumeur court que le vestiaire gronde et reproche aux deux nouveaux leur manque d’investissement… Avant le résumé de Chelsea je me suis régalé de la performance d’Arsenal face à Charlton. Une belle victoire 4-0 qui aurait pu être beaucoup plus ample sans un excellent Carson (prêté par Liverpool) dans les buts. Thierry Henry (un but, un assist) est de retour en grande forme et sa présence à elle seule semble dynamiser l’équipe. Robin Van Persie continue lui sa progression en inscrivant deux nouveaux buts. Suite du championnat : samedi 13 janvier 2007.

Samedi 6 et dimanche 7 janvier 2007

The FA Cup. La plus vieille compétition du monde. Une institution. Sir Alex Ferguson en vieux briscard a sorti pour l’occasion Henrik Larsson de son chapeau magique. Le Suédois est en effet prêté pour une durée de trois mois par son club d’Helsingborg. Débuts réussis pour l’ancien du Celtic puisque c’est lui qui montre la voie à suivre aux Reds Devils en ouvrant la marque face à Aston Villa. Milan Baros égalisa et donna l’espoir d’un match à rejouer aux supporters des Vilains venus en masse, mais ce diable de Solskjaer, bien aidé par Gabor «Training» Kiraly dans les buts, donna la victoire à Man Utd dans les tous derniers instants. De son côté, Chelsea s’est imposé aisément 6-1 contre Macclesfield (divison 4). Mais l’affiche de ce tour de Cup opposait Liverpool à Arsenal dans un stade d’Anfield Road absolument magnifique de chants et d’ambiance. Les Gunners, avec un Almunia très présent dans les buts et un axe défensif Senderos-Touré très solide, ont attendu leur heure pour placer deux contres meurtriers en fin de première période et prendre un double avantage par  deux buts signés Tomas Rosicky. Dirk Kuyt a bien réduit le score à 20 minutes du terme, mais une accélération d’Henry a eu raison de Carragher en fin de match et c’est par 3 buts à 1 qu’Arsenal obtient sa qualification sur le terrain du tenant du trophée. Inutile de préciser que j’ai hurlé de joie et passé un très bon week-end. Du côté des éliminés, en plus de Liverpool on retrouve Charlton, Sheffield Utd, Everton et Wigan pour ce qui concerne les clubs de Premier League.

Écrit par David Despont

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