Osons !

On peut tirer trois enseignements du premier acte des quarts de finale qui a eu lieu samedi soir à la BernArena. Premièrement, il faudra s’employer pour venir à bout d’une équipe de Berne toujours plus redoutable. On a cependant pu constater également que le coup est jouable, à condition de prendre un peu plus de risques. Enfin, pour passer le cap, il faudra ne pas dépendre de l’arbitrage, décidément peu favorable aux Genevois dans la fosse aux ours*.

On joue la 52e minute de jeu. Le puck traîne dans la zone du gardien, poussé par Laurent Meunier. Mêlée. Marco Bührer, à terre, pose la mitaine sur l’objet de toutes les convoitises. Du moins le croit-il. En effet, le palet ressort gentiment de sous le bras du gardien bernois. Yorick Treille, qui passait par là, ne se fait pas prier pour transformer l’occasion. La lumière rouge s’allume. Les Genevois exultent. C’est 2-2. La partie est relancée.Pas si vite. Brent Reiber, très bon autrement, se retrouve malheureusement du mauvais côté du but bernois. En conséquence, dès que le Nounours* pose sa grosse patte, l’arbitre ne voit plus la rondelle. Et siffle au moment où le pauvre Yorick, hélas, tire. Le but est donc annulé alors qu’il était sans cela parfaitement valable. Et il n’y a aucun recours possible, ce cas de figure n’étant pas inclus dans la liste des motifs autorisant la consultation de la vidéo.
Les Aigles* peuvent se sentir doublement spoliés. On se rappelle que lors de leur dernière visite en ces mêmes lieux, un but avait été accordé aux Bernois alors que Gianluca Mona bloquait le puck. Là, encore, Daniel Schmutz se trouvait à l’opposé de l’action. Ne voyant plus ce qu’il se passait, il avait, lui, décidé de laisser jouer. Christian Berglund pouvait donc tranquillement pousser le gant du rempart genevois dans le but.
Tout ceci à quoi relancer la question des deux arbitres principaux, comme NHL, ce qui limiterait ce phénomène d’«angle mort». Cette question qui n’a malheureusement pas droit de cité, nos brillants dirigeants préférant se concentrer sur des formules de championnat toujours plus alambiquées.


Photo Philippe Rayroud

En attendant, les Genevois se consoleront en songeant que si la sagesse (?) populaire a raison d’affirmer que les erreurs finissent toujours par s’équilibrer, des jours fastes s’annoncent pour éponger leur passif. À condition toutefois qu’ils soient toujours en compétition d’ici là.
Ces précisions faites, les hommes de Chris McSorley ne sauraient néanmoins expliquer par cette seule bourde zébrée* leur défaite dans la capitale. Ils iront plutôt chercher du côté de leur extrême frilosité lors de la première moitié de la rencontre. À l’exception d’une phase à 4 contre 3 bien négociée, quoique sans résultat, les Grenat, vraisemblablement paralysés par l’enjeu, se contentaient alors pour toute construction de balancer de la zone neutre sur Bührer, offrant l’initiative du jeu à un adversaire pourtant lui aussi assez peu serein.
Dès le début de la période intermédiaire, les plantigrades* accéléraient et trouvaient rapidement leur récompense par un exocet* d’Éric Landry sous la latte d’un Mona qui a avait jusque là repoussé l’échéance tant qu’il l’avait pu. Peu après la mi-match, Goran Bezina hésitait à aller intercepter une passe dans la zone et laissait filer Christian Dubé dans son dos. Les éléphants* ayant toujours un peu de mal à rattraper les gazelles*, le véloce attaquant se présentait face au but genevois, mais préférait distiller, en bon Valaisan d’origine. Sauf qu’en l’occurrence, c’était plutôt une passe aveugle pour Patrick Bärtschi, dont ce n’est pas trop le genre de gâcher des opportunités pareilles.
S’ensuivaient des minutes assez pathétiques pour des Servettiens dans leurs petits patins, sauvés à plusieurs reprises par de brillants arrêts de leur gardien. Celui-ci se confirme peut-être comme un spécialiste des playoffs, ce qui ne s’était certes pas trop remarqué lors de ses années fribourgeoises, par la force des choses. La chance s’en mêlait aussi. Ainsi, sur des actions distinctes, les deux «renforts» tchèques du SCB rataient la cage bien ouverte.


Photo Pascal Muller

En attaque, seul surnageaient Thomas Déruns, dont l’épaule miraculeuse avait résisté aux assauts de Dominic Meier*, ainsi que Laurent Meunier, toujours aussi actif. C’est d’ailleurs le Français qui relançait ses couleurs. En infériorité numérique, il déviait habilement un tir de John Gobbi dans la lucarne bernoise.
Les Aigles* reprenaient alors progressivement des couleurs. Au troisième tiers, ils trouvaient des espaces au centre de la défense* offrant des possibilités de solos. Bezina essayait plusieurs fois, sans pousser jusqu’au but, au contraire de Meunier (toujours lui) qui passait près du doublé. La menace se faisait encore plus précise quand Kirby Law contournait la cage, fixait et transmettait à Jamie Wright, seul au deuxième poteau. L’ailier canadien reprenait immédiatement, mais Bührer sortait de sa panoplie un incroyable plongeon* qui lui permettait d’intercepter l’envoi. Puis survint l’incident de la 52e.
Un peu dégoûtés, les Genevois se procuraient encore quelques occasions, mais retombaient dans leur manque d’imagination offensive. Et Beat Gerber, omniprésent en phase défensive, notamment en infériorité numérique, faisait le reste en ratissant tous les pucks dans sa zone. Et quand Mona cédait sa place à un joueur de champ, c’est Marc Reichert qui se ménageait la plus nette chance, trouvant l’extérieur du poteau. La sirène* pouvait alors offrir aux Bernois une victoire bien méritée malgré tout.
Du côté des Grenat, ce match fut un avant-goût de ce qui les attend. Ils puiseront de l’espoir dans leur troisième tiers. S’ils peuvent mettre la pression tout le match, s’ils savent varier leurs schémas offensifs et si la défense et le gardien répondent présents comme samedi, alors l’exploit est possible. Mais l’adversaire étant redoutable, ce sera difficile et, en de nombreuses occasions, frustrant. La clé résidera sans doute dans leur faculté à passer outre.
* Le compte rendu du match de samedi soir vous est aimablement présenté par le zoo de Berne.

Berne – Genève-Servette 2-1 (0-0 2-1 0-0)

BernArena : 16’789 spectateurs (guichets fermés)
Arbitres : Brent Reiber ; Gilles Mauron, Paul Rebillard.
Buts : 22’57 É. Landry (sans assistance / 4 contre 4 / C. Dubé ; M. Knoepfli) 1-0, 31’08 P. Bärtschi (C. Dubé / 5 contre 4 / P. Savary) 2-0, 36’04 L. Meunier (J. Gobbi / 4 contre 5 / I. Fedulov) 2-1.
Pénalités : 7 x 2′ + 10′ (Dom. Meier / charge contre la tête) contre Berne, 8 x 2′ contre Genève-Servette.
CP Berne : M. Bührer ; T. Söderholm, D. Jobin ; Dom. Meier, M. Barinka ; B. Gerber, M. Steinegger ; R. Kobach, R. Ziegler ; C. Camichel, É. Landry, P. Hubáček ; M. Reichert, T. Ziegler, I. Rüthemann ; P. Bärtschi, C. Dubé, S. Gamache ; R. Raffainer, A. Rötheli, D. Meier. Entraîneur :John van Boxmeer.
Genève-Servette : G. Mona ; G. Bezina, J. Mercier ; S. Schilt, J. Gobbi ; O. Keller, R. Breitbach ; P. Rytz ; K. Law, S. Aubin, J. Wright ; Y. Treille, L. Meunier, M. Knoepfli ; T. Déruns, M. Trachsler, J. Cadieux ; C. Rivera, P. Savary, I. Fedulov ; G. Augsburger. Entraîneur : Chris McSorley.
Notes : 14’45 Temps mort pour Genève-Servette. 51′ But de Yorick Treille annulé pour coup de sifflet précoce. 59’10 G. Mona quitte sa cage. 59’55 M. Reichert tire sur le poteau. Berne joue sans C. Berglund (suspendu), P. Furrer, S. Bordeleau (blessés) et N. Perrott (surnuméraire). Genève-Servette privé de J. Horak (blessé).

Écrit par Yves Grasset

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