Serie A : le titre promis à l’Inter

La Serie A a observé ce week-end une pause en vue de la délicate rencontre qui attend la sélection italienne face à l’Ecosse, et qui pourrait s’avérer décisive pour les espoirs de qualification de la Squadra à l’Euro. L’occasion de faire tranquillement le point sur le championnat.

Les premiers de la classe

L’Inter a remporté le scudetto cuvée 2006-07, cela ne fait plus l’ombre d’un doute. Ce titre, qui lui était promis, n’a d’ailleurs été remis en question qu’en début de saison, lorsque le jeu et les résultats des Milanais ne semblaient pas à la hauteur des attentes, ni du potentiel à disposition. Les hommes de Mancini ont su affronter le rôle d’archi-favori qui pesait sur leurs épaules, et contrairement aux saisons passées, ils ont brillamment franchi l’obstacle. Et ce, même malgré quelques tensions dans le vestiaire (Adriano) et des blessures d’hommes-clé (Vieira et Cambiasso surtout). Mais la question est sur toutes les lèvres : l’Inter aurait-elle supporté cette pression, et aurait-elle surtout remporté le championnat, si le Milan n’avait pas du faire face au handicap mathématique et psychologique de la pénalisation, et si la Juve n’avait pas été reléguée ? La réponse est, selon votre serviteur, oui, et ce après moult rencontres suivies. Il y a fort à parier que la suprématie de l’Inter n’aurait pas souffert plus que ça de la présence des deux rivaux historiques. L’Inter c’est quand même 17 victoires de suite (record absolu), meilleure attaque et seconde meilleure défense du championnat. Et s’il est vrai que la Serie A se remporte en ne perdant pas de points contre les «petites» équipes, et bien force est de constater que l’Inter a parfaitement rempli cet objectif cette année. Au niveau du jeu, rien de bien spectaculaire, c’est certain. Mais tout de même, voir l’Inter jouer en équipe, après des années d’ersatz de football, ça fait un drôle d’effet. Honneur donc à Mancini, qui a réussi là où de nombreux et prestigieux prédécesseurs avaient échoué, lamentablement parfois. Bravo aussi à lui pour avoir su exploiter au mieux l’immense talent d’Ibrahimovic, qui est de loin le joueur le plus spectaculaire du championnat, et à qui son coach a eu l’intelligence de laisser la liberté suffisante et nécessaire à l’expression de son talent.

Bravo enfin pour avoir su faire preuve d’intelligence tactique à des moments difficiles (Recoba a enfin cessé de souiller les terrains de foot italiens, et Cruz a joué un rôle de joker décisif digne de ses qualités, etc…). Et n’en déplaise à ceux qui s’appuient sur l’élimination des Milanais en Champion’s League pour «prouver» que l’Inter ne tiendrait pas la route en Serie A face à des adversaires «dignes de son rang» (merci pour les autres), il faut dire que Valence n’a pas vraiment dominé les débats, et que l’Inter aurait certainement mérité de passer ce tour. Et mis à part le fait que qui a fauté a justement (et même pas assez) payé, et que donc il est injuste de délégitimer le titre des Nerazzurri avec de faux arguments, il est clair que cela annonce une saison 2007-08 intéressante au plus haut point. Car en plus du Milan et de la Juve, les ambitions de la Roma, et surtout de la Fiorentina pour l’année prochaine peut et doit être le scudetto ! Mais bon, on a encore le temps d’en parler…

…et les viennent-ensuite

Deux mots quand même sur les Florentins : le duo d’attaque Toni-Mutu est d’une complémentarité explosive et redoutable ! La Viola en plus de ses joyaux, propose un milieu de terrain extrêmement technique, une défense solide et l’un des meilleurs gardiens du monde (Sébastien Frey, que Domenech continue d’ignorer, probablement trop imbu de lui-même pour admettre que ça fait au moins deux ans qu’il aurait dû le convoquer). Le tout orchestré par un coach auquel on peut prédire un avenir lumineux : Cesare Prandelli. Nul doute que si les Toscans arrivent à conserver leurs meilleurs joueurs et leur entraîneur, et avec un ou deux renforts ciblés (pas plus, la relève interne est très bonne : Montolivo, Pazzini…), ils pourront en surprendre plus d’un l’an prochain.

La Roma a payé sèchement son parcours sur le double front italo-européen, l’effectif étant malheureusement pas assez conséquent, même si la base de l’équipe est extrêmement forte. Maintenant qu’ils se sont hissés jusqu’en quarts de Champion’s, et ayant abandonné tout espoir d’accrocher l’Inter en championnat, Totti et ses coéquipiers pourraient bien s’avérer des clients très sérieux à la finale d’Athènes… A voir.
Pour le reste, une petite parenthèse sur la Lazio de Rome semble nécessaire : 6 victoires d’affilé et meilleure défense de la Serie A, avec un effectif fait de bric et de broc, en apparence, mais construit en réalité avec intelligence par Delio Rossi, son entraîneur, qui a toujours réussi à obtenir de superbes résultats dans tous les clubs qu’il a entraîné. Une Lazio dans laquelle joue titulaire Valon Behrami au poste de latéral droit, ce qui un jour ou l’autre, dans un fol espoir de lucidité footballistique, devrait quand même finir par mettre la puce à l’oreille à Köbi quant à qui faire jouer à ce poste avec la Nati…

Et s’ils s’étaient appelés Ronaldi et Gilardinho ?

Si Behrami joue titulaire depuis janvier, c’est parce que Massimo Oddo a été vendu à l’AC Milan. 8 millions d’euros plus Pasquale Foggia, grand espoir du foot italien. Une opération qui aura coûté à Berlusconi & Cie environ 13 millions. Pas mal pour un type de 31 ans, engagé pour rajeunir la défense des rossoneri. Une sagacité manageriale qui a aussi contribué à l’achat de Ronaldo. Avant de balancer la boue, un retour en arrière. Votre serviteur insinuait sur ce même site il y a quelques mois que Gilardino commencerait à planter but sur but dès qu’Ancelotti aurait compris que celui-ci doit jouer seul en pointe, et non en soutien d’un autre attaquant. Le bon Carlo a mis le temps, mais il a pigé et, ô miracle, Gila n’a pas arrêté de marquer durant le mois de décembre. Puis est venu janvier (ou Janeiro, comme vous voulez), et Ronaldo. Qui a piqué la place de mon ami Alberto. Et oui à Carton Rouge, nous osons le dire : Gilardino est 100 fois supérieur à Ronaldo ! Sauf que le second vend plus de maillots… No comment.

Post-scriptum

Pour conclure, et pour ne pas faire comme tous les médias italiens, c’est-à-dire oublier, un mot sur l’après-drame de Catania : les matches ont repris, les stades ont ouvert à nouveau leurs portes, le monde du foot et les politiciens ont fait plein de promesses, et lors d’une rencontre de Serie C ce week-end, des «supporters» ont agressé et blessé trois journalistes, dont l’un grièvement. Show must go on.

Écrit par Maurizio Colella

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