Vaduz (675 km) et Wil (550 km) avaient été de gentils préliminaires avant l’odyssée Chiassesie et ses plus de 800 bornes. En temps normal, les supporters qui ont l’habitude de se déplacer reprennent à leur compte la devise de Taylor Rain : plus c’est long, plus c’est bon. Il est vrai que les plus anciens du Blue-White Fanatic Kop se souviennent avec émotion de déplacements en car ou minibus à Anvers, Celje (Slovénie), Andorre, Graz, sans parler bien sûr des mythiques épopées romaines ou amstellodamoises. Les déplacements débiles, c’est comme dans la pub : si vous y goûtez, vous êtes cuits.
Il faut donc replacer le contexte pour comprendre pourquoi seuls 16 membres du BWFK prirent le chemin du Tessin samedi dernier. La saison du LS n’a rien d’enthousiasmant. Les défaites honteuses, avec une équipe qui refuse de jouer (contre Kriens, à Lugano, à Vaduz, contre Delémont) ont ces derniers temps laissé place à des victoires peu convaincantes, obtenues en présentant un jeu à l’extrême limite du minimum syndical. Dans l’encadrement du club, tous les messages sont brouillés, les lignes directrices du LS sont illisibles en l’absence de Direction, réduite à un seul homme. Une pincée de partenariat opaque, des joueurs qui disparaissent ou changent de nom, 600 spectateurs pour le dernier match à domicile, des licenciements à l’interne, des affaires qui se retrouvent dans les journaux (les deux Brésiliens Mauro et Balthazar, blessés, pourraient ne pas être en règle, sans que le LS ne se donne la peine de commenter l’information sur son site, comme d’hab…), etc. Ajoutez à cela que lors de cette saison morte, le LS n’a plus rien à perdre ni à gagner, et vous comprendrez que la motivation n’ait pas été au pinacle chez tout le monde.Reste que l’on pourra objectiver tous les arguments que l’on veut auprès des plus enragés, le LS, c’est le LS, et il n’y a pas à aller chercher au-delà au moment de se déplacer. S’il avait fallu lâcher, nous l’aurions fait lors de la faillite, ou nous nous serions pendus en regardant jouer Bühlmann en 2000.
L’autre facteur plus terre à terre qui a pu effrayer les plus jeunes était le prix : 80 francs pour se déplacer, sachant que ce faisant le BWFK essuyait encore une bonne perte… C’est pourquoi les organisateurs ont essayé d’offrir un maximum pour cette somme : le déplacement par un chauffeur professionnel, dans un car tout confort, avec des boissons et sandwiches offerts, et des animations qui ont permis aux participants de gagner gadgets du BWFK, billets d’entrée pour le match et écharpes «collector» du LS. Le voyage était lancé, et l’aller fut festif à souhait (si tu te prétends connaisseur du LS, tente ta chance sur http://www.bwfk.com/downloads/Quizz%20LS%202003.-2007.pdf concocté pour l’occasion !).
Crettenand et le LS rentrent bredouilles du Tessin
(Photo Pascal Muller)
Sur place, rejoints par 4 membres de l’autre groupe de supporters et quelques indépendants, nous dissertons un peu des possibilités du LS actuel : le secteur offensif est à ce point décimé que pour une fois les entraîneurs Isabella et Hunziker auront une excellente raison de s’aligner en 4-5-1… En effet, les blessures de Mauro et de Balthazar couplées à la suspension de Thurre faisaient de l’unique attaquant rescapé Arona un titulaire en puissance. Problème : revenant d’une longue blessure et n’ayant pas encore retrouvé toutes ses capacités physiques, Arona ne peut pas jouer plus d’une heure… Etant donné que notre maître à jouer (et seul milieu de terrain buteur) Bugnard était également suspendu, il fallait prier pour que l’équipe forcément expérimentale tienne le choc, et pour que, par exemple, Malgioglio trouve le chemin des filets, lui qui avait scoré 5 fois avec La Chaux-de-Fonds au premier tour. D’autant qu’en face, les Chiasseux abattaient leur dernière carte afin d’avoir encore une chance de viser la deuxième place.
Contre toute attente, surtout après les rencontres très moyennes contre Servette et Wohlen (sur le plan du jeu, donc. Le supporter que je suis se contente des 6 points, pas de problème), le LS entame plutôt bien le match. Certes, tout n’est pas parfait mais ma foi nous avons sous les yeux une équipe qui va de l’avant, dont l’engagement physique est à la hauteur de son adversaire, et qui tient donc plutôt bien son rang. Il aura fallu une erreur à hurler de rage (ce que je fis) pour que nous offrions à des Tessinois presque décevants un but tout fait : coup franc pour le LS à droite dans son propre camp. Créant des espaces, Comisetti sur son aile gauche semble oublié par la défense et effectue un appel de balle. Au lieu de tenter la diagonale, Scalisi essaye et rate une passe latérale, qui permet dans les 3 secondes à Kalu de se présenter seul devant Favre pour le 1-0. Terriblement frustrant.
En seconde période, le LS ne lâche rien. Arona, comme prévu, sort à l’heure de jeu pour être remplacé par le milieu de terrain Alexandre Pasche (pas encore 16 ans !), ce qui n’empêche pas le LS de toucher le poteau et de résister à quelques attaques adverses. Au coup de sifflet final, le match nul aurait été mille fois mérité. Au-delà de la défaite, c’est avec une ferveur et une fierté un peu retrouvées que le carré de supporters salue par un tendu d’écharpes une équipe qui n’a cette fois pas à rougir de sa performance. De bon augure avant d’aller défier Xamax sur ses terres samedi prochain.
Le retour est inénarrable, entre ceux qui ruminent la défaite, ceux qui soulignent la qualité de la prestation vocale des supporters autant que celle footballistique des joueurs, et ceux qui déchaînés se lancent dans les chansons et dans les performances corporelles les plus folles. Tout ce petit monde s’éteindra petit à petit, pour une arrivée en douceur à la Pontaise vers 2h30 du matin.
Chiasso – Lausanne-Sport 1-0 (1-0)
Comunale : 1’132 spectateurs.
Arbitres : M. Daniel Wermelinger, assisté de MM. Lanz et Von Flüe.
But : 34e Kalu (1-0)
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