Francfort s’impose au bout du suspense

Notre arrivée prématurée au stade, quelques heures avant le coup d’envoi de la finale masculine entre Stuttgart et Nuremberg, nous donne l’occasion d’assister, en éclusant quelques bières, à la finale de la Coupe d’Allemagne féminine entre le 1. FFC Frankfurt et le FCR 2001 Duisburg, qui se joue en lever de rideau à l’Olympistadion berlinois.

Pour moi, c’est une première, je n’avais jamais assisté à un match de foot féminin dans un stade. La composition de l’équipe de Duisburg n’évoque strictement rien au profane du foot féminin que je suis. En revanche, quelques noms me sont vaguement familiers dans l’équipe de Francfort, comme Steffi Jones, Renate Lingor ou encore Birgit Prinz, souvenir de quelques matches de Coupe du Monde ou d’Europe féminines entrevus sur Eurosport. J’en déduis donc que Francfort doit être favori de cette finale. Cela est confirmé par le palmarès : les Francfortoises disputent leur neuvième finale de DFB-Pokal consécutive (cinq victoires, trois défaites avant cette finale 2007) et sont en tête du championnat avec cinq points d’avance sur Duisburg à deux matchs de la fin de la saison.

Les Francfortoises confirment leur statut de favorites dans un début de match à sens unique. Après moins de deux minutes de jeu, la gardienne duisbourgeoise Längert accroche Wimbersky qui se présentait seule. L’arbitre a donné une faute de l’attaquante mais de notre côté, on avait plutôt vu une faute de dernier recours. L’arbitre sera moins clémente avec Duisburg quelques instants plus tard en accordant un penalty parfaitement justifié pour une faute de Van Bonn sur Prinz. Renate Lingor transforme et permet à son équipe de mener 1-0. 1-0, c’est le score des deux finales qui ont déjà eu lieu entre ces deux formations, en 1999 et 2003, toujours à l’avantage du FFC. Mais on n’a pas vraiment l’impression que le score va en rester là, tant la domination francfortoise est nette en ce début de rencontre et l’on redoute un match à sens unique qui serait rapidement plié.
Peut-être impressionnées par le monumental Olympistadion (qui n’est pas trop garni au coup d’envoi) en début de rencontre, les Duisbourgoises refont petit à petit surface, même si les accélérations de l’attaquante vedette de Francfort Birgit Prinz sèment à chaque fois la panique dans la défense des Oranges. Francfort donne rapidement l’impression de se contenter de ce 1-0 alors que Duisburg tente déjà de se rassurer après son entame de match catastrophique, avant de penser à aller égaliser. Du coup, le match sombre dans une certaine monotonie. Il n’y a guère qu’un tir juste au-dessus de Bender (20e) à signaler. Il faut préciser que ces demoiselles n’ont pas de chance car des violents orages et des pluies torrentielles s’abattent sur l’Olympiastadion. Le point positif c’est que cela a incité certains supporters du Stuttgart et Nuremberg qui buvaient la bière dehors à rentrer dans le stade pour se mettre à l’abri. Enfin, à l’abri c’est tout relatif car, même si l’enceinte berlinoise est couverte, le vent est tel que même au milieu de la tribune principale, on reçoit de l’eau.

Du coup, l’ambiance monte d’un cran et il y a plus de 10’000 spectateurs pour assister à un but que l’on n’attendait pas vraiment à l’ultime seconde des arrêts de jeu de la première mi-temps : Lira Bajramaj s’échappe sur le côté et adresse un centre tir que Sonja Fuss propulse au fond des filets. Duisburg égalise et Francfort n’a même pas eu le temps d’effectuer l’engagement avant la mi-temps. Puisque l’on parle de Duisburg, je profite de l’occasion pour rappeler que l’équipe masculine du MSV Duisburg a obtenu, en compagnie de Karslruhe et Rostock, sa promotion en 1ère Bundesliga, douze mois après l’avoir quittée. C’est une excellente nouvelle : avec Schalke, Dortmund, Bochum et Duisburg, il y aura douze Revier-Derby la saison prochaine ! Ce sera difficile de faire mieux parce que les autres clubs de la gigantesque métropole de Rhénanie-Westphalie ne sont pas prêts d’accéder à la Bundesliga : Rot-Weiss Essen vient d’être relégué en Regionalliga (3e division), le KFC Uerdingen (ex-Bayer) évolue en Oberliga (4e division), tout comme le Rot-Weiss Oberhausen (qui devrait fêter une promotion en Regionalliga) et Wattenscheid 09 (en grand danger de relégation).
Ce but juste avant la pause a complètement changé la physionomie de la rencontre et Duisburg s’enhardit et vient régulièrement taquiner une défense francfortoise beaucoup moins sereine qu’avant le repos. Du coup, le match s’anime et devient très agréable à suivre, alors que la pluie a cessé de tomber. Les spectateurs, de plus en plus nombreux dans l’Olympiastadion, se voient gratifier de quelques belles actions de football.
La gardienne francfortoise Holl doit s’interposer sur deux tirs (50e, 55e) d’Inka Grings, qui mène le classement des buteurs en championnat, avec une longueur d’avance sur Birgit Prinz. Cette dernière a galvaudé une belle occasion à la 59e en ne cadrant pas sa frappe après un bon service de Garefrekes. Fuss (73e) et Grings (85e) manquent l’occasion de donner l’avantage à leur équipe alors qu’en face Garefrekes (70e et surtout 78e, sauvetage sur la ligne de Martini) ne trouvent pas la faille. La dernière possibilité est pour Duisburg mais le corner botté directement par Hanebeck rebondit sur le dessus de la transversale. Il était dit que les deux formations ne parviendraient pas à se départager durant le temps réglementaire.

Le règlement ne prévoyant pas de prolongations, on passe directement aux tirs de penalty. A ce stade-là, j’ai pris fait et cause pour l’outsider du FCR Duisburg, qui a magnifiquement redressé la situation après son début de match catastrophique. Le club de la Ruhr tente un coup de poker en changeant de gardienne juste avant les tirs au but. Un coup de poker perdant car la nouvelle entrante Lena Hohlfeld ne parviendra même pas à toucher le ballon sur les penalties de Prinz, Smisek, Hansen et Wimbersky. Malheureusement, la première tireuse duisbourgeoise, la jeune et souriante Vanessa Martini voit son tir détourné par la gardienne Ursula Holl. A 17 ans, ce n’était pas évident d’aller tirer un penalty devant un stade désormais garni d’environ 40’000 spectateurs et quelques millions de téléspectateurs (le match était retransmis en direct sur la chaîne publique ARD). Son penalty n’était d’ailleurs pas mal tiré mais la gardienne francfortoise s’est superbement détendue pour aller chercher le ballon au ras du poteau. Un nouvel exploit de Holl sur la tentative d’Hanebeck anéantira définitivement les espoirs du FCR Duisburg. La seule Duisbourgeoise à avoir transformer son tir au but, Sonja Fuss, est paradoxalement celle qui avait fait ce qu’il ne faut surtout pas faire dans une série de penalty : venir en sprint depuis le milieu de terrain jusqu’au point de penalty. Un dernier tir au but transformé par Petra Wimbersky a permis aux Francfortoises d’exulter et d’enlever leur sixième DFB-Pokal (un record). La logique a été respecté et les favorites l’ont emporté mais cette remarquable équipe du FCR Duisburg aurait certainement mérité meilleur sort. 

1. FFC Frankfurt – FCR 2001 Duisburg 1-1 (1-1), 4-1 t.a.b.

Berlin, Olympiastadion : 5’000 spectateurs au début du match, 40’000 à la fin.
Arbitre : Mme Jung.
Buts : 3e Lingor (penalty, 1-0), 45e +1 Fuss (1-1).
Penalties : Prinz (1-0), Martini (arrêt Holl), Smisek (2-0), Fuss (2-1), Hansen (3-1), Hanebeck (arrêt Holl), Wimbersky (4-1).
Frankfurt : Holl ; Bartusiak, Jones, T. Wunderlich, Affeld (70e Kliehm) ; Garefrekes, P. Wunderlich (79e Hansen), Lingor (56e Weber), Smisek ; Prinz, Wimbersky.
Duisburg : Längert (91e Hohlfeld) ; Martini, Van Bonn, Krahn, Schröder ; Hanebeck, Fuss, Bender, Bajramaj ; Laudehr (12e Hagedorn, 80e Odebrecht), Grings.
Cartons jaunes : Hohlfeld, Bender.

Écrit par Julien Mouquin