Fébrilité, quand tu nous tiens…

Le FC Le Mont survole la 2e ligue vaudoise depuis trois saisons mais a jusqu’ici échoué avec une constance navrante lors du barrage d’ascension en 2e ligue inter. En 2004-2005, les Montains menaient 2-1 lors du match aller à domicile contre Terre Sainte mais ont concédé l’égalisation sur penalty à la dernière minute. Au retour, ils sont encore promus à la 94e mais un but du gardien adverse à l’ultime seconde des arrêts de jeu les prive d’ascension en raison du but marqué à l’extérieur.

L’an passé, les Montains partaient grandissimes favoris contre un Bavois qui n’avait pas vraiment survolé son groupe mais à l’arrivée les Bavoisans l’emportaient 2-1 aussi bien à l’aller au Châtaignier qu’au retour aux Peupliers. Cette saison, c’est mieux parti pour le FC Le Mont qui a cette fois ci réussi à gagner le match aller à domicile, sans prendre de but, en dominant Montreux 1-0.Pourtant cette saison, les Montains partent moins largement favoris dans ce barrage car Montreux a lui aussi réussi une saison extraordinaire et ambitionne également de rejoindre à plus ou moins brève échéance l’échelon supérieur. Néanmoins, avec son armada de joueurs français au statut plus ou moins professionnel (c’est-à-dire en travaillant dans l’entreprise du président mécène Serge Duperret), les banlieusards semblent quand même disposer d’individualités supérieures à l’équipe de la Riviera. Le FC Le Mont, avec son argent et ses mercenaires, ne s’attire pas beaucoup de sympathie dans le petit monde du foot vaudois mais compte paradoxalement beaucoup de supporters dans ce match de barrage : de nombreux clubs souhaiteraient voir les Montains rejoindre la 2e ligue inter pour redonner un peu d’intérêt au championnat de 2e ligue qui, en présence du Mont, est joué avant même d’avoir commencé.

Cette absence de concurrence est d’ailleurs l’une des raisons avancées pour expliquer les échecs à répétition du Mont qui ne joue en fait que trois matches à enjeu de toute la saison : un tour de Coupe de Suisse en début de saison contre un ténor (Sion l’an passé, Servette cette année) et deux matches de barrage sur la fin ; entre deux, ce n’est qu’une série de récitals où un éventuel couac n’a guère de conséquence vu le gouffre d’avance sur la concurrence. C’est difficile ensuite de devoir jouer sa saison contre un adversaire, comme Bavois l’an passé, qui a dû batailler toute la saison pour gagner sa place en finale. C’est d’autant plus ardu que la pression est énorme sur les joueurs, rétribués pour obtenir une promotion qui se joue sur 180 petites minutes. Dernier élément pour expliquer les échecs à répétition du Mont, le flou qui règne à la direction de l’équipe avec un président-entraîneur-mécène Serge Duperret qui coiffe toutes les casquettes et un adjoint, l’ex-Yverdonnois Vincent Taillet, aux compétences indéfinies. Cette saison, pour mettre tous les atouts de son côté, le Mont a encore fait appel à un coach, un vieux routinier de la catégorie, Tony Egea, qui avait remporté ce fameux barrage d’ascension voici trois ans avec Espagnol Lausanne contre Terre Sainte (à l’époque cela se jouait sur un seul match). Sans aucun doute un apport appréciable, qui relègue le président Duperret au rôle de… soigneur.
Les deux formations se craignent et ce match aller du barrage d’ascension en 2e ligue inter peine à démarrer. Montreux domine légèrement le début de match mais les individualités supérieures du Mont prennent rapidement l’ascendant, sans être trop dangereuses : un tir pas assez appuyé de Trabelsi et un centre de Belhadi capté par le gardien Mesce juste devant Weszeli. Cette légère domination sera récompensée à la 34e sur une action limpide : un centre de Belhadi, une subtile remise de la tête d’Adidiema Okeke et une volée imparable de Becirovic. Sans être transcendants, les Montains rejoignaient la pause avec un avantage logique contre des Canaris (pour l’occasion vêtus de maillots noirs guère adaptés à la chaleur ambiante) qui peinent à se montrer dangereux.
Dés la reprise, un ballon parvient chanceusement à Barcelone qui se présente seul devant Mesce mais place un tir trop mou dans les bras du gardien montreusien. Le Mont va alors peu à peu voir ses vieux démons se réveiller et tomber dans une incompréhensible fébrilité. Malgré leurs indéniables qualités techniques, les joueurs montains ne cherchent dès lors plus qu’à se débarrasser du ballon, le plus vite et le plus loin possible. Un vent de panique gagne la défense du Mont devant la pression désordonnée et précipitée de Montreux. Les Canaris se montrent certes beaucoup plus agressifs offensivement qu’avant la pause mais ne se créent guère d’occasions, sinon un coup franc juste à côté de Koné. On est persuadé qu’avec un  peu plus de discernement et moins de précipitation, les Montreusiens auraient pu poser encore bien davantage de problèmes aux banlieusards lausannois. Bien que malmené, Le Mont est plus proche du 2-0 sur un tir mal cadré de Trabelsi après une interception ratée d’Ilic.

L’action de la 89e suffit à illustrer la fébrilité des deux formations : Montreux obtient un coup franc à 35 mètres du but adverse ; plutôt que de mettre le ballon dans la boîte, les Montreusiens tentent deux frappes lointaines désespérées, toutes deux contrées, qui offrent un magnifique ballon de contre aux joueurs locaux. Mais Barcelone et Trabelsi, seuls devant Mesce, trouvent tour à tour le moyen d’ajuster l’ex-portier du FC Bex, héroïque en la circonstance. Plutôt qu’un 2-0 qui eût été presque décisif en vue du match retour, Le Mont sera bien près de concéder l’égalisation dans les dernières minutes : le gardien Humbert devra dévier en corner une frappe instantanée de Rameau au sortir d’un crochet, alors qu’il bloquera facilement une tête pas assez appuyée de l’ex-Baulméran Fankhauser, oublié par la défense montaine.
A l’arrivée, ce score de 1-0 laisse pas mal d’espoir aux deux formations, qui ont toutes deux eu l’occasion de s’offrir un résultat plus favorable mais qui ont aussi risqué d’être bien plus mal barrées. Le Mont dispose sans doute d’un effectif et d’individualités supérieurs à Montreux. Dans leur stade de Chailly, les joueurs d’Alain Baré devront prendre davantage de risques pour inquiéter la très solide défense centrale montaine Nassim Zidane – Hicham Bentayeb – Biselenge Yenga et remonter leur but de retard. La vitesse des attaquants du Mont, en particulier de Belhadi et Trabelsi, peut faire mal à Montreux, qui serait contraint de marquer à trois reprises s’il venait à encaisser un but. Mais on a tout de même trouvé cette équipe du Mont très fébrile. Avec la pression mise sur ses épaules («si on ne monte pas cette année, il n’y aura peut-être plus d’équipe l’an prochain», dixit le président Duperret), Le Mont a tendance à perdre ses moyens. On a même l’impression que cette équipe peut exploser si la tournure des événements devait lui être défavorable. Alors qu’il n’y avait pas péril en la demeure lors de ce match aller, faire rentrer le vétéran et stoppeur Vincent Taillet comme centre avant pour jouer sur sa réputation en restant à cinq mètres du ballon sur les coups francs adverses (et accessoirement friser l’expulsion pour un vilain tacle sur Mesce) n’est pas vraiment un signe de sérénité.
Tout reste donc possible dans ce barrage. Ce n’est pas forcément la meilleure équipe qui l’emportera mais bien celle qui parviendra à être la plus lucide et à garder son sang froid dans les moments chauds qui ne manqueront pas d’émailler le match retour (samedi 19h30 à Montreux). Et à ce niveau-là, bien malin celui qui peut dire avec certitude qui sera l’unique promu vaudois en 2e ligue inter samedi prochain sur le coup des 21h20, peut-être même plus tard en cas de prolongations ou de tirs au but.

Le Mont – Montreux 1-0 (1-0)

Terrain du Châtaignier : 800 spectateurs.
Arbitre : M. Dégallier.
But : 34e Becirovic (1-0).
Le Mont : Humbert ; Zidane ; Bentayeb, Yenga ; Belhadi, Demircan, Weszeli, Boutafenouchet (31e Barcelone), Trabelsi ; Becirovic (85e Taillet), Adidiema Okeke (59e Broche).
Montreux : Mesce ; Moret ; Ilic, Pagano ; Mammone (71e Mayoraz), Ferrario (82e Blasquez), Hochuli, Zuberi (53e Y. Fankhauser), Koné ; R. Fankhauser, Rameau.

Écrit par Julien Mouquin

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