Le FC Orbe de retour en 2e ligue

Le FC Orbe était jadis l’un des plus grands clubs du canton de Vaud. Le club nord-vaudois, notamment emmené par ses attaquants Gilbert Lobsiger et Gérald Favre (le frère de Lulu), évoluait encore en 1ère ligue il y a un quart de siècle et a même disputé des finales d’ascension en Ligue nationale B.

A l’époque, le bucolique terrain du Puisoir accueillait régulièrement plus de 1’000 spectateurs avec des pointes à 3’000 ou 4’000 personnes. Depuis cette époque, le club de la cité aux deux poissons a connu pas mal de déboires, avec une relégation en 3e ligue et même une chute jusqu’en 4e ligue au terme de la saison 2001-2002. La reconquête s’est amorcée la saison suivante avec un retour immédiat en 3e ligue. Le FC Orbe a ensuite échoué à trois reprises dans ses tentative de retour en 2e ligue, terminant 2e en 2004 (derrière Bavois) et 2005 (devancé par Vallorbe/Ballaigues) et 3e en 2006 (derrière LUC-Dorigny et Champvent).Cette saison, le FC Orbe n’occupait que le 3e rang lors de la trêve hivernale mais à seulement deux points de la tête du classement. Après une bataille homérique avec Renens, Bosna Yverdon et Grandson, le club urbigène est parvenu à se hisser en tête du classement et à aborder l’ultime journée en position de force : un match nul lui suffisait contre Saint-Légier IB, lanterne rouge déjà reléguée avec une seule victoire en 25 matches et 97 buts encaissés (contre 97 buts… marqués au FC Orbe). Le genre d’occasion en or qu’il est interdit de laisser passer. Malgré une jeunesse traumatisée par les «en football tout peut arriver» de nos amis du service des sports de la TSR, je ne voyais pas trop comment le FC Orbe pouvait laisser échapper cette promotion. Surtout que l’entraîneur José Grobet, qui a déjà quelques promotions à son actif, notamment avec la Vallée de Joux et, voici deux ans, Vallorbe/Ballaigues (au détriment du… FC Orbe), n’est pas du genre à tolérer le moindre relâchement si proche de l’objectif.

Coup de chapeau aux joueurs du FC Orbe !

La preuve en sera très rapidement apportée sur le terrain : un centre de la fusée Texeira pour la tête de Sinani et c’est 1-0, suivi deux minutes plus tard d’un débordement de l’excellent Demiri, une remise de Sinani et un tir imparable d’Alves. Cette 26e et dernière journée n’était vieille que de 13 minutes que déjà le FC Orbe était assuré de sa promotion. Les Urbigènes profiteront des 77 minutes restantes pour fêter l’événement avec un public muni pour l’occasion de drapeaux rouges et jaunes, les couleurs du club. Face un adversaire complètement démobilisé, les joueurs locaux ont gratifié les spectateurs de quelques beaux mouvements de football. Comme sur le 3-0 inscrit par Sinani au terme d’une belle combinaison à trois qui signifiait le centième but urbigène de la saison. Après la pause, la journée portes ouvertes dans la défense de Saint-Légier IB a permis à tout le monde de participer à la fête de tir : l’ancien et fidèle Christian Weidmann, en reprenant de la tête un énième centre de Teixeira, Edgar Alves pour s’offrir son doublé et l’inévitable Jeton Sinani pour son triplé, le stoppeur Baptiste Maillefer, auteur de son  premier but sur un centre de Goncalves et enfin, pour conclure, le 8-0 d’Amir Demiri, peut-être bien le meilleur joueur sur le terrain.
Le FC Orbe pouvait débuter sa grande fête sur son terrain du Puisoir, fête que même la pluie, qui s’est mise à tomber dans la dernière demi-heure, n’est pas parvenue à gâcher. Dès le 5-0, des gadgets commémoratifs de la promotion étaient vendus et les t-shirts «FC Orbe – 17 juin 2007 – Promotion en 2e ligue» arborés par le staff et les remplaçants. Le président Adrian Zesiger, entré pour les vingt-cinq dernières minutes afin de mettre un terme à une carrière de gardien qui l’a notamment conduit du côté d’Echallens et comme troisième gardien du LS, était bien sûr un président heureux : «C’est magnifique de finir comme cela après vingt-cinq ans de foot. Cela faisait huit ans que nous courrions après cette promotion. Nous avons su jouer ce dernier match du début jusqu’à la fin. Nous devons cette ascension à notre stabilité et à nos bons résultats contre nos adversaires directs. Je pense que c’est nous qui avons présenté le meilleur jeu et notre deuxième tour a été superbe. L’équipe est constituée à 80% de jeunes de la région, nous n’allons pas changer de politique parce que nous sommes montés.»
L’immense bonheur des uns fait bien sûr le malheur des autres. Et les autres, en l’occurrence, c’est le FC Renens, ultime équipe qui pouvait encore espérer détrôner le FC Orbe, même si le calendrier n’incitait guère à un possible coup de théâtre. Le club du Censuy devra donc patienter une année supplémentaire avant de retrouver une catégorie de jeu plus en rapport avec son standing, son passé et son formidable mouvement juniors. Les dirigeants rennanais doivent sans doute se mordre les doigts d’avoir eu l’idée saugrenue de limoger leur entraîneur Tony Egea l’automne passé, alors que leur équipe occupait la tête du classement. Il s’agit du dernier avatar d’une longue série de mauvais choix qui ont fait plonger le FC Renens dans la hiérarchie. Il y a d’abord eu la désastreuse ère Gabet Chapuisat : alors en 1ère ligue, le FC Renens délaisse ses juniors (excepté Celestini et le regretté Savovic) qui comptaient pourtant parmi les plus performants du pays, au profit d’anciens joueurs de Ligue nationale recrutés à prix d’or. Malgré un budget colossal pour la catégorie, Renens échoue lamentablement à de nombreuses reprises dans ses tentatives de retrouver la LNB et l’ère Gabet, qui devait conduire le club en Ligue nationale, s’achève avec une pitoyable relégation en 2e ligue inter à Chavannes/Renens contre le Stade Lausanne. On ne peut que se féliciter qu’il y ait eu quelques esprits clairvoyants à la Pontaise l’été passé pour éviter au Lausanne-Sport de connaître le même sort que le FC Renens (et que Carouge, Yverdon, Epalinges…). Une relégation en 2e ligue plus tard, les Rennanais ont fait appel à Christophe Ohrel pour reconstruire le club détruit par son beau-père ; en fait de reconstruction, il s’est agi d’un coup de grâce lorsque l’ex-international est parti à l’improviste pour le Stade Lausanne, en emportant avec lui la moitié de l’équipe. Depuis lors, le FC Renens, fleuron du foot vaudois s’il en est, végète dans l’anonymat du foot régional.

Gabet Chapuisat, l’ex entraîneur de Renens

Les Rennanais, battus par Bosna Yverdon lors de l’ultime journée, ne terminent finalement qu’à la 4e place. La 2e place revient à Bosna qui, pour sa troisième année d’existence, voit sa marche en avant freinée en ne terminant «que» 2e, après deux promotions consécutives lors des deux premières saisons de sa jeune et brillante histoire. Le podium est complété par le FC Grandson Tuileries, champion d’automne, qui a un peu craqué sur la fin.
La valeur de l’opposition ne rend que plus méritoire la promotion du FC Orbe dans un groupe 3 de 3e ligue qui comprenait quatre formations de valeur qui auraient chacune fait un beau promu. Nul doute que cette équipe d’Orbe a une belle carte à jouer pour venir s’installer durablement en 2e ligue et renouer avec les heures de gloire du club.

Orbe – Saint-Légier IB 8-0 (3-0)

Terrain du Puisoir : 250 spectateurs.
Arbitre : M. Da Palma.
Buts : 11e Sinani (1-0), 13e Alves (2-0), 36e Sinani (3-0), 49e Weidmann (4-0), 52e Alves (5-0), 61e Maillefer (6-0), 72e Sinani (7-0), 86e Demiri (8-0).
Orbe : Kosumi (64e Zesiger) ; D. Beney ; Leite (54e Goncalves), Maillefer, Rochat ; Teixeira, Demiri, T. Beney, Domingues (46e Weidmann) ; Sinani, Alves.
Saint-Légier IB : Dunant ; Bachelard ; L. Karlen, Ludin, Bersier ; D. Karlen (64e F. Lagona), Ducrest, Nuredini (46e Bettinger), Berdoz ; Epp, Tuberosi (46e C. Lagona).

Écrit par Julien Mouquin