Tour de France : un Tour peut en cacher un autre

Le Tour de France 2007 s’élance samedi de Londres alors que le vainqueur de la Grande Boucle de 2006 n’est pas encore connu. Pour s’assurer de la hiérarchie de cette édition, prière de vous adresser à votre pharmacien et de bien lire la notice d’emballage.

L’année dernière, la plus grande épreuve du calendrier avait été surnommée un peu prématurément le «Tour du renouveau». On n’en espérait pas tant… La folle chevauchée de Floyd Landis vers le col des Saisies avait enchanté le téléspectateur et tout le monde parlait du retour du cyclisme «à papa».Au lendemain de sa défaillance du col de la Toussuire et de la cuite qu’il prenait à l’hôtel pour oublier ses déboires (hum…), l’Américain s’était envolé à 150 km de l’arrivée pour compter jusqu’à 11 minutes d’avance sur le peloton. Finalement, il reprenait plus de 7 minutes sur la ligne au maillot jaune Oscar Perreiro et ne pointait plus qu’à 30 petites secondes de l’Espagnol. Un contre-la-montre plus tard et l’ancien grégario de Lance Armstrong pouvait parader aux Champs-Elysées.
Quel ne fût pas notre étonnement lorsque le terrible verdict est tombé : le coureur mormon était blindé de testostérone ! Depuis, il n’est jamais remonté sur un vélo. De prétoires en interrogatoires, de conférences de presse en show TV, l’Américain n’a en prime toujours pas été jugé, ni d’ailleurs déchu du haut de son podium.


Floyd Landis : Pigeon d’Or 2006 !

Et depuis ? Les affaires se sont enchaînées. Dix ans après l’affaire Festina qui avait (enfin) levé un coin d’omerta dans le cyclisme, les coureurs n’ont toujours pas fini de jouer avec leur santé. Il arrive même de voir des énormités telles, que même les suiveurs, les commentateurs et surtout les spectateurs en aient honte et en rigolent (jaune, comme le maillot) sous cap. Quand même le plus fondu des fans ne croit plus au classement général, la mort de ce sport est proche.
Le Tour du Pays-Basque au printemps dernier a été le sommet du ridicule. Les coureurs espagnols et surtout basques, habituellement des seconds couteaux pour nombre d’entre eux, ont littéralement survolé l’épreuve. Loin derrière, les Français et les Allemands étaient profondément dégoûtés.
Ces deux nations, parmi les quatre plus grandes du peloton en compagnie de l’Espagne et de l’Italie, ont fait la purge de ces pratiques il y a quelques années déjà. Il reste bien entendu quelques moutons noirs (Ullrich, si tu me lis), mais le travail fait par leurs Fédérations nationales a tout de même porté ses fruits.
Cela leur fait d’autant plus mal lorsqu’ils se voient dépossédés de nombreuses victoires par des avions venus de la péninsule ibérique ou de la Botte. Propres, ils n’ont aucune chance de gagner un grand tour, ou ne serait-ce autre chose qu’une étape dite «pour baroudeurs». Excédés, les directeurs sportifs de ces nations ont craqué jeudi soir et dénoncé l’hypocrisie de leur confrères hispano-italiens.


Ullrich en 1997 !

Cela fera-t-il bouger les consciences et est-ce que cela redonnera un peu de confiance dans ce sport ? N’est-il pas d’ores et déjà trop tard ? Je vous invite à jeter un coup d’oeil sur les 10-15 derniers podiums du Tour, et demandez-vous quel(s) coureur(s) n’a rien pris.
Dans les années 90, les années «EPO», on note la présence sur le podium de : Indurain, Chiappucci, Rominger, Bugno, Riis, Jaskula, Ugrumov, Virenque, Escartin, Pantani, Zülle ou encore Julich. Stop ! Arrêtez-vous. Prenez une seconde et regardez votre visage. Quel est ce sourire en coin ? Tous, je dis bien tous rappellent une quelconque affaire louche, c’est effrayant !
Au XXIe siècle, pas mieux : Armstrong, Beloki, Ullrich, Rumsas, Basso, Landis, Perreiro, Klöden, Vinokourov… Dans quel sens penche la balance ? Le constat est terrible, rien ne bouge. Et pourtant, l’UCI ne désarme pas et après le barouf des affaires Jaschke, Petacchi, Di Luca, Piepoli, Basso, Ullrich et j’en passe, le niveau de ras-le-bol est tel que l’implosion est proche.
Ce Tour devrait (au moins) servir à ça.


Après ce moment d’intense introspection de «sériosités», Carton Rouge t’offre quelques récréations :

Et pourtant, les cyclistes continuent de nier. Trois questions à Yan Ouh-le-Ric, grimpeur-rouleur-sprinter breton de la formation Caisse-Duval-Iles-des-Açores :

Gary Romain : Alors Yan, c’est fini et bien fini le dopage cette fois-ci ?

Yan Ouh-le-Ric : Mais il n’y a jamais eu de dopage dans le cyclisme ! Il faut arrêter cette paranoïa. Ce n’est pas de notre faute si nous, les coureurs, sommes tous sujet à nombre de pathologies différentes. Si 60% des coureurs sont asthmatiques, c’est à cause d’El Niño, du réchauffement de la planète et de la couche d’ozone. Après, si on n’a pas le droit de se soigner comme Monsieur Tout-le-monde…

Tenez, l’autre jour j’étais à l’entraînement avec Iban Ketchup, le coureur basque. On était tranquille en train de se faire le 7ème col hors catégorie de la matinée avant de s’arrêter pour se ravitailler, et là, paf ! Pas de bol, broncho-pneumonie cancérisanto-fulgurante. Alors on a fait ni une ni deux, cocktail de corticoïdes et de testostérone de synthèse pour lui éviter des complications et on a pu repartir. Il n’y a pas eu de soucis, il a une AUT. Comme ça tout est clair et on ne se fait pas de fausses idées.

GR : Mais pourtant récemment, tout ce déballage, toutes ces stars suspendues ?

YOlR : Elles ont été victimes d’un complot je pense, ou peut-être que c’était à l’insu de leur plein gré. L’affaire Puerto ? Pfff… Avec toutes les prises de sang que l’AMA nous fait avant les courses, vous croyez que c’est bon pour la santé ? Alors on a à peu près tous pris nos précautions et stocké du sang chez ce bon Docteur Fuentes pour pouvoir partir sur un pied d’égalité, c’est tout ! Il faut arrêter de voir le mal partout.

Écoutez, il y a une semaine, j’étais chez moi, pas de bol mon chat me griffe. J’ai perdu quelque chose comme un litre et demi de sang selon le médecin italien de l’équipe. En pleine préparation pour la Grande Boucle, c’est rédhibitoire, j’aurais pu y laisser ma peau. Alors sur les conseils du Docteur Ferrari, connu pour sa probité, et grâce à une dérogation du code éthique, on a pu me réinjecter la même quantité avec quelques additifs autorisés genre des globules rouges, des plaquettes, un peu de Super sans plomb, des trucs anodins quoi ! Comme Monsieur Tout-le-monde je vous dis.

GR : Mais enfin, avec cette surmédicalisation, vous n’avez pas peur que votre santé en pâtisse ?

YOlR : Oh moi le pastis pas trop, mais je veux bien faire santé avec vous.

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