Lucien Favre, Trainer ohne Angriff

Lucien Favre a connu du succès partout où il est passé dans sa carrière d’entraîneur ; mais il lui a chaque fois fallu un peu de temps pour imposer ses méthodes et les équipes qu’il a dirigées ont toujours connu des débuts de saison difficile. A Echallens, l’ère Lucien Favre avait débuté par un sec et sonnant revers 0-3 à domicile contre le Renens de Gabet Chapuisat ; à la fin de la saison, Echallens est monté en LNB, alors que Renens n’a même pas fait les finales. La première saison de Lulu à Yverdon a été sanctionnée d’une place dans le tour de relégation de LNB. La suite ? Une ascension en LNA, puis une cinquième place dans l’élite de football suisse, qui restera sans doute à jamais le meilleur classement dans l’histoire du club vaudois. A Servette…Et puis non, je n’ai pas envie de te gâcher ta journée en te rappelant des succès passés des Grenats.

Disons simplement que Lucien Favre a aussi réussi au bout du lac, tant au plan national qu’européen, et que depuis son départ, il ne s’est plus passé grand chose d’exaltant ni aux Charmilles ni à la Praille. Du moins jusqu’au concert de Céline Dion l’année prochaine…Enfin, le Zurich de Lucien Favre a longtemps squatté le dernière place du classement avant de gagner une Coupe de Suisse et deux titres de champion. Dès lors, on ne devrait pas vraiment s’inquiéter du départ poussif du Hertha Berlin avec une victoire extrêmement chanceuse en Coupe à Unterhaching (0-3, mais les Bavarois avaient raté une kyrielle d’occasions, dont un penalty, et offert l’ouverture du score sur une énorme bourde) et une défaite mortifiante à Francfort.A Berlin, le Vaudois s’attaque sans doute au plus grand défi de sa carrière d’entraîneur. A l’instar d’autres capitales européennes prestigieuses, comme Paris, Londres ou Rome, Berlin n’a jamais possédé de grands clubs de football (et si tu prétend que le PSG, Chelsea, Arsenal ou la Roma sont des grands clubs, additionne combien de Coupe/Ligue des Champions ils ont gagné pour voir). Avec «seulement» 48’000 spectateurs de moyenne la saison passée, le Hertha présentait le plus faible taux de remplissage de son stade de la Bundesliga. Et le championnat à venir ne se présente pas sous les meilleurs auspices après une campagne de transfert qui, de l’avis unanime, a affaibli une équipe déjà un temps menacée de relégation au printemps dernier. C’est dire l’ampleur de la tâche qui attend l’ex-mentor à succès du FCZ.
Pour ses grands débuts en Bundesliga, Lucien Favre a droit à un adversaire, l’Eintracht Francfort, et une atmosphère assez typique de ce qu’il va rencontrer tout au long de la saison : un stade presque comble, une ambiance festive et bruyante, un adversaire généreux, tourné vers l’offensive mais limité techniquement et défensivement perméable. Les supporters de l’Eintracht ont bien travaillé durant l’été et nous gratifient d’un magnifique tifo (ou plutôt Choreo, pour parler local), même si Attila, l’aigle mascotte de l’Eintracht, ressemble en l’occurrence davantage à un canard.

Le match peine quelque peu à démarrer et les imprécisions sont nombreuses de part et d’autre. On ne reconnaît pas vraiment la patte de Lucien Favre dans le jeu berlinois. Il fut un temps où Lulu interdisait les dégagements au pied à ses gardiens ; là, dès qu’il récupère la balle, le portier Drobny s’empresse d’expédier un long coup de botte en direction de ses attaquants. On sait que le citoyen de Saint-Barthélémy a coutume d’insister sur la conservation du ballon et préfère une passe en retrait à un ballon perdu. Il lui faudra s’adapter car en Allemagne, les supporters sont très tolérants avec une ouverture trop profonde ou un centre raté, beaucoup moins avec une passe en retrait.
J’ai toujours eu tendance à trouver que le duo d’attaque de l’Eintracht Amanatidis-Takahara était un peu léger. Pour cette ouverture de saison, ce n’est même plus un duo, avec l’absence du Japonais Takahara, l’homme qui avait donné des cauchemars à toute l’Allemagne en marquant deux buts à la Nationalmannschaft lors d’une partie amicale quelques jours avant le début de la Coupe du Monde 2006. Lors de ce match, comme lors de la rencontre d’ouverture face au Costa Rica, le joueur le plus critiqué était Arne Friedrich, le latéral droit accusé de couper systématiquement le hors-jeu. Aujourd’hui, ce même Friedrich est capitaine du Hertha et évolue dans l’axe de la défense qu’il dirige. Pas sûr que le Hertha utilise beaucoup le piège du hors-jeu cette saison.
L’Eintracht se montre le plus dangereux en première période avec une tête de Kyrgiakos juste au-dessus et une de Meier bloquée par Drobny. C’est donc assez logiquement que SGE va ouvrir la marque sur un centre de Streit et une déviation de la tête d’Amanatidis. Un but évitable car consécutif à une attaque de balle un peu molle d’Ebert. Typiquement le genre d’action qui fait enrager le perfectionniste qu’est Lucien Favre. D’ailleurs, si tu jettes un coup d’œil au plan fixe, tu verras quel est le premier joueur que Lulu a sorti.
On attendait une réaction du Hertha Berlin après la pause, c’est resté très timide. Les Berlinois ont certes eu la possession du ballon durant la majeure partie du match (57%) mais ne se sont créés qu’un minimum d’occasions : un centre de Lucio que Piszczek n’a pu reprendre, un coup franc de Lucio détourné par le gardien Pröll et c’est à peu près tout. L’Eintracht était beaucoup plus près du 2-0 avec une reprise de Meier dans le petit filet extérieur (70e) et surtout deux frappes non cadrées de Streit (80e) et Meier (81e), alors qu’ils étaient seuls devant Drobny.


Marko Pantelic

La presse allemande a surnommé Lucien Favre «der Trainer ohne Mannschaft», au vu de la vague de départ qu’a subie le Hertha cet été. Personnellement, j’estime qu’il faudrait plutôt parler de «Trainer ohne Angriff» car, derrière et au milieu, l’équipe tient la route ; en revanche le secteur offensif paraît actuellement réduit au seul Marko Pantelic. Ce qui est plutôt inquiétant quand on connaît l’inconstance du joueur serbe. L’ex-Lausannois n’a pas démérité sur ce premier match, s’est battu sur tout le front de l’attaque, est même revenu défendre mais a été trop peu soutenu.
Les nouveaux venus n’ont pas convaincu, le Polonais Piszczek a été invisible alors que le Brésilien Lucio s’est surtout distingué en concédant un corner alors qu’il n’y avait pas un Francfortois à dix mètres à la ronde. Disons que se créer aussi peu d’occasions contre une défense de l’Eintracht réputée comme l’une des plus friable de la ligue n’est pas de très bon augure.
Je ne voudrai pas porter la poisse à Lucien Favre, que j’apprécie beaucoup, autant l’homme que sa conception du foot, mais son équipe m’a fait un peu penser au Borussia Mönchengladbach de l’an passé : une équipe globalement solide, jamais ridicule, toujours au contact de l’adversaire mais terriblement limitée offensivement, qui ne va jamais prendre 5-0 mais perdra quinze fois 1-0. Incontestablement, il faudra quelques renforts en attaque et au milieu pour que le Hertha s’évite des soucis cette saison. Prochaine étape : la venue du champion en titre Stuttgart samedi à l’Olympiastadion et les retrouvailles entre Lucien Favre et Ludovic Magnin, qu’il avait lancé à Yverdon.


Spycher en action…

Quant à l’Eintracht, ce succès inaugural lui permettra d’aller jouer un choc au sommet (!) la semaine prochaine à Bielefeld. Même si elle a été acquise au terme d’un match de petite cuvée, cette victoire provoque une vague d’enthousiasme chez les supporters, qui forment une longue file devant le Fan shop. Ce qui nous dissuade d’y entrer ; fort heureusement d’ailleurs, parce que j’avais bu suffisamment de l’excellente Licher pour être tenté par l’achat d’un maillot de SGE floqué Spycher. J’ai déjà ramené un Streller à Cologne et un Degen au BVB dans des circonstances analogues, après il faut assumer pour porter un tel maillot à l’entraînement ou ailleurs.

Eintracht Francfort – Hertha BSC Berlin 1-0 (1-0)

Commerzbank Arena : 45’900 spectateurs.
Arbitre : M. Weiner.
But : 31e Amanatidis (1-0).
Eintracht : Pröll ; Ochs, Russ, Kyrgiakos (74e Vasoski), Spycher ; Mahdavikia (86e Köhler), Inamoto (68e Preuss), Meier, Fink, Streit ; Amanatidis.
Hertha : Drobny ; Chahed, Friedrich, Schmidt, Fathi ; Ebert (57e Lucio), Dardai, Gilberto (73e Lakic), Müller ; Pantelic, Piszczek (62e Okoronkwo).
Cartons jaunes : 54e Ochs, 69e Lucio, 71e Russ.
Notes : Francfort sans Galindo, Heller, Takahara ni Chris (tous blessés), Berlin sans Simunic (suspendu).

Écrit par Julien Mouquin

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3 Commentaires

  1. Habitant frankfurt depuis quelques temps… c est vrai que la Licher est pas mal! Mais rien ne vaut une bonne Schoefferhofer Weizen! 🙂

  2. Malgré tout le respect que jai pour Lucien Favre, je ne donne pas cher de sa peau….

    Le Hertha naura pas la patience dattendre comme la par exemple fait Zürich… Encore 2 défaites et Auf Wiedersehen!!

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