Stade-Lausanne n’a pas assez osé

Déplacement à Wembley oblige, j’avais raté le derby lémanique entre le Lausanne-Sport et Servette de mercredi passé. Du coup, je m’offre une séance de rattrapage avec le deuxième derby lémanique de la semaine, moins prestigieux celui-là, entre le Stade-Lausanne-Ouchy et Servette dans le cadre des 32e de finale de la Coupe de Suisse.

Le simple fait que l’on parle de derby lémanique montre bien à quel point la dénomination lac de Genève est aberante pour désigner le plus grand plan d’eau d’Europe occidentale. Cela reviendrait à qualifier un Lausanne – Servette ou, en l’occurrence, un Stade-Lausanne-Ouchy – Servette, de derby genevois, alors qu’aucune âme sensée ne pense qu’un derby genevois peut désigner autre chose qu’un Carouge – UGS ou Collex-Bossy – Plan-les-Ouates. Bref, il faudra bien qu’un jour les citoyens du bout du lac admettent que le lac de Genève, ce n’est rien d’autre que les quelques mètres cubes d’eau croupie qui entourent leur fontaine.C’est donc bien sur les bords du lac Léman, dans le cadre magnifique du stade Juan-Antonio Samaranch, que se déroule ce 32e de finale entre Stade-Lausanne-Ouchy (2e ligue interrégionale) et Servette. Le stade n’est pas trop garni pour l’occasion. Des cinq 32e de finale disputés ce week-end sur sol vaudois (Baulmes – Delémont, Echallens – Lausanne, Bavois – YB, Le Mont – NE Xamax et Stade-Lausanne – Servette), c’est celui qui a attiré le moins de spectateurs, preuve que le «grand» Servette n’attire plus les foules. Il ne règne donc pas vraiment ce parfum si particulier de la Coupe du côté de Vidy et ce n’est pas le déroulement du match qui va y remédier.


Bratic se faufile entre deux Lausannois

Fidèle à ce qu’il proposait lorsqu’il était à la tête du Lausanne Sport, l’entraîneur stadiste Patrick Isabella a opté pour une tactique très prudente. Manifestement, le but n’était pas d’aller bousculer les Grenats mais bien de tenir le 0-0 le plus longtemps possible. Ce plan ne fonctionnera que durant 25 minutes, un round d’observation où il ne s’est pas passé grand-chose, ni d’un côté ni de l’autre. Servette a eu la chance de marquer sur sa première occasion : après un corner, le ballon revient à Boughanem dont le centre parvient à Girod, resté aux avant-postes et complètement oublié par la défense lausannoise. Légèrement dévié par un joueur adverse, le tir du défenseur servettien a fait mouche pour l’ouverture du score. Sans avoir eu à accélérer, Servette avait fait le plus dur et tout est devenu plus facile par la suite.
Les Genevois auraient pu se mettre à l’abri avant la pause déjà mais Vitkieviez (33e), Tréand (39e) et Moukoko (40e) n’ont pas cadré leur envoi alors qu’ils étaient en position favorable. Et Stade Lausanne dans tout cela ? Trop timorés et respectueux de l’adversaire, les Lausannois attendent la 44e pour adresser leur premier tir cadré, une volée de Joao Socrates bloquée par Marques. Après la pause, Servette revient très déterminé et bien décidé à marquer rapidement le but de la sécurité. Le jeu servettien est incontestablement dynamisé par l’entrée en jeu de Yoda, qui a remplacé Vitkieviez, lequel s’est cassé le nez dans un contact avec un pied lausannois.


Joie de Tréand et Pont, déception de Jeanmonod

A la 47e, Moukoko voit sa frappe détournée par le gardien stadiste Jeanmonod. Celui-ci ne pourra en revanche rien faire à la 52e devant la conclusion toute en finesse de Tréand, bien lancé par Moukoko. Deux minutes plus tard, Yoda part sur le flanc droit, rentre dans le terrain, passe en revue la défense lausannoise et inscrit le 0-3 d’un tir au ras du poteau. Le Stade-Lausanne prend enfin davantage de risque et sa défense est régulièrement prise de vitesse par la rapidité des attaquants genevois. En position manifeste de hors-jeu, Tréand inscrit le quatrième but sur un service de Yoda. C’est la deuxième grossière erreur d’arbitrage dont bénéficient les Grenats à Lausanne en l’espace de quelques jours. Mais celle-là est moins lourde de conséquence que le penalty flagrant refusé au Lausanne-Sport quatre jours plus tôt à la Pontaise.
En fin de match, le Stade-Lausanne tente d’inscrire le but de l’honneur. Kasongo a été tout près d’y parvenir mais son tir était juste trop croisé (75e). Les Lausannois ont ensuite bénéficié d’un penalty (79e) mais, sous les yeux de l’entraîneur de l’équipe de Suisse M-21 Pierre-André Schürmann, le portier genevois David Marques (qui joue lui avec la Nati M-19) tenait à son blanchissage et a détourné l’envoi trop centré de Mercuri. Au final, Servette s’impose donc 4-0 sans jamais avoir été mis en danger. On regrette que le Stade-Lausanne n’aie pas fait preuve de plus d’audace et n’aie jamais vraiment bousculé une formation servettienne pourtant pas vraiment en confiance. La parenthèse Coupe refermée, les Stadistes peuvent désormais se consacrer à leur championnat où ils sont toujours invaincus dans le très relevé groupe 1 de 2e ligue interrégionale, où ils auront l’occasion de retrouver d’autres Genevois comme Chênois, Racing, Bernex, Grand Lancy, Versoix ou encore Perly. Quant à Servette, son prochain adversaire en Coupe sera un autre Stade, Nyonnais celui-là, qui s’annonce sans doute beaucoup plus redoutable.


Yoda a marqué un but samedi après-midi 


Toutes les photos copyright
www.mediasports.ch – Pascal Muller

Stade-Lausanne-Ouchy – Servette 0-4 (0-1)

Stade Juan-Antonio Samaranch : 400 spectateurs.
Arbitre : M. Studer.
Buts : 25e Girod (0-1), 52e Tréand (0-2), 54e Yoda (0-3), 74e Tréand (0-4).
Stade Lausanne : Jeanmonod ; Cardinaux, Guekam, P. Noverraz (61e Paul), Ures-Varela ; A. Noverraz, Ngindu, Ruchat, Da Costa Domingues (54e Mercuri), Joao Socrates (46e Kasongo) ; Grohéré. Entraîneur : Patrick Isabella.
Servette : Marques ; Ratta, Guillou (71e Kusunga), Girod, Bratic ; Pont (60e Dubois), Boughanem, Pizzinat, Tréand ; Moukoko, Vitkieviez (46e Yoda). Entraîneur : Jean-Michel Aeby.
Cartons jaunes : Yoda (57e) et Guekam (88e), tous deux pour jeu dur.
Notes : Servette sans Chedly, Dabo, Celestini, N’Diaye, Bouziane, Yoksuzoglu (tous blessés), ni Katana (absent).

Écrit par Julien Mouquin

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8 Commentaires

  1. Ca fait un moment que ça me chatouillait de le dire, mais cest vraiment dommage que la rédaction lors de matches entre romands soit à ce point Valdo-vaudoise. Jaime bien votre site, souvent caustique. Jaime bien quand vous égratignez tout le monde, Servette y compris. Mais jai un peu plus de mal que vous preniez systématiquement langle vaudois, voire lausannois pour les analyses des matches

    Et pour conclure par un clin doeil, Lausanne-Servette, ce nest pas un derby genevois, ou alors au plus Genève-Ville – Genève-Campagne, mais le derby du lac de Genève, de dieu !

  2. Moi cest langlophilie a outrance qui me fait bondir, faudrait vraiment arreter decrire les resumes des match apres plusieurs heures au pub, ca a tendance a rendre tout plus beau…

    😉

    Y

  3. Y, la rédaction de CartonRouge.ch aime bien lAngleterre, à des degrés divers. Certains, cest le combo « pub crawl-Wembley », dautres le plus sympathique « pork pie-Buxton » !

    Du coup, on a du mal à rester objectifs 😉

  4. Donc comme les anglophones disent le lac de Genève, cest cette version qui est juste ??

    Jusquà nouvel avis la plupart des américains confondent la Suisse et la Suède (Switzerland -Sweden, faut déjà le faire..)
    Ce nest pas pour autant que je considère que Stockolme est la capitale de la Suisse.

    Les Allemand appèlent bien le lac de Constance « Bodensee » et je nai jamais entendu quelquun me dire que cétait faut dappeler ce lac de Constance.

    Surtout que si on voulait vraiment lui donner un nom de région ce serait bien plus logique de lappeler le lac de Vaud voir même le lac de Savoie, jusquà nouvelle avis Genève nest rien dautre que lembouchure.

  5. Je ne savais pas que cétait les les anglophone qui avaient baptisé ce lac…..

    laméricain moyen a pour habitude de confondre la Suède et la Suisse (pourtant faut déjà le faire : Switterland – Sweden … )
    Ce nest pas pour autant que je consiède que Stockolme est la capitale de la Suisse.

    De même que les Allemands appèlent le Lac de Constance « Bodensee », ce serait complétement ridicule de prétendre que le nom de Lac de Constance est faux.

    De plus si vous tenez absolument à donner un nom de région à ce lac ce serait bien plus logique de lappéler lac de Vaud ou même lac de Savoie, après tout Genève nen est que lembouchure.

    PS: Vous prétendez que cet article est écrit dun point de vus Lausannois, nempêche que le rédacteur à trouver moyen de confondre deux quartiers bien distincts, à savoir Vidy et Ouchy…

  6. Je ne savais pas que cétait les les anglophone qui avaient baptisé ce lac…..

    laméricain moyen a pour habitude de confondre la Suède et la Suisse (pourtant faut déjà le faire : Switterland – Sweden … )
    Ce nest pas pour autant que je consiède que Stockholm est la capitale de la Suisse.

    De même que les Allemands appèlent le Lac de Constance « Bodensee », ce serait complétement ridicule de prétendre que le nom de Lac de Constance est faux.

    De plus si vous tenez absolument à donner un nom de région à ce lac ce serait bien plus logique de lappéler lac de Vaud ou même lac de Savoie, après tout Genève nen est que lembouchure.

    PS: Vous prétendez que cet article est écrit dun point de vus Lausannois, nempêche que le rédacteur à trouver moyen de confondre deux quartiers bien distincts, à savoir Vidy et Ouchy…

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