Trois points et beaucoup de questions

Entre une défaite mortifiante contre Viège et un déplacement périlleux en Ajoie, le LHC a assuré l’essentiel en dominant Grasshopper 5-3. Mais, face à un adversaire qu’ils avaient dominé 7-0 à Küssnacht il y a deux semaines, les Lausannois ont plus inquiété que rassuré.

Ce match avancé du 4e tour n’a pas attiré la grande foule à Malley. Venus en masse quarante-huit heures plus tôt contre Viège, les spectateurs intermittents ne sont pas là. Il faudra sans doute attendre le match contre La Chaux-de-Fonds pour les revoir. Quant aux supporters des GCK Lions, ils font encore moins de bruit que ceux de Bienne : normal, il n’y en a aucun.On attendait une réaction lausannoise après le couac de Viège, celle-ci ne s’est pas faite attendre : il ne faut que quarante-huit secondes à Loetscher et Ruefenacht pour ouvrir le score. On ne sait pas si c’est Kevin Ryan qui a exigé de diffuser du Rage Against The Machine durant l’échauffement pour booster ses joueurs mais, le cas échéant, la méthode a été efficace. Après moins de six minutes, Ruefenacht s’offre le doublé suite à un une-deux avec la bande derrière le but. Avec la perspective du retour tant attendu d’Eric Himelfarb, le numéro 9 du LHC avait sans doute à coeur de démontrer à son entraîneur qu’il méritait mieux que d’être relégué dans la Katastrophe-Sturm avec Baumann et Sigrist, une nouvelle fois aux abonnés absents. L’ex-Davosien n’apporte de loin pas ce que l’on est en droit d’attendre d’un renfort estampillé ex-joueur de LNA, l’ancien Ajoulot n’est que l’ombre du joueur qui avait fait si mal au LHC en avril 2005.

Baumann déçoit depuis le début de la saison 

2-0 après six minutes, le LHC paraissait parti pour une nouvelle promenade de santé, comme lors de tous les matches disputés jusqu’ici face à un adversaire classé au delà de la cinquième place. Mais la stérilité proverbiale du power-play lausannois a empêché les Lions de Malley de faire le break. Et, alors que le LHC venait à son tour de tuer sans grande peine une pénalité, une partie de billard dans la défense vaudoise a permis à Lemm de réduire le score.
Les Lausannois se sont ménagés une kyrielle d’occasions de reprendre le large mais Ruefenacht (trois fois), Pecker, Merz ou encore Morandi ont raté des montagnes. Si bien que Schommer est passé tout près de l’égalisation à 5 contre 4. Il faudra finalement une double double supériorité numérique au LHC pour reprendre ses distances : alors que les Vaudois évoluent à 5 contre 3, M. Kunz signale une nouvelle pénalité, différée, contre les Lionceaux (ou les Sauterelles, faudrait savoir…). Schäublin fusille Grauwiler pour le 3-1, annule la pénalité différée mais pas la double punition. Le jeu continue donc à 5 contre 3 et Pecker, seul au 2e poteau, peut inscrire le 4-1.
On croit une nouvelle fois le match plié mais, en l’espace de 19 secondes, une intervention douteuse de Tobler et une absence coupable de la défense permettent à nouveau à GC de recoller au score. Alors qu’il avait été irréprochable lors des onze premiers matches de la saison, le gardien du LHC encaisse deux buts évitables en deux rencontres depuis son escapade à Genève. Faut-il y voir une relation de cause à effet ? Peut-être. C’est un gardien en pleine confiance et alignant les blanchissages qui est parti aux Vernets, il revient à Malley après avoir été pointé du doigt comme principal responsable de la défaite de Genève-Servette à Langnau. Ce n’est vraiment pas l’idéal pour le moral d’un jeune gardien. Bref, tout cela pour dire que ce partenariat avec Genève est une ânerie monumentale, je le répète et je le répèterai encore jusqu’à ce qu’il y soit mis un terme.
Et ce n’est certainement pas la prestation évanescente de Laurent Meunier contre Viège qui va me faire changer d’avis. Jeudi, c’est Ian McNeil qui était le deuxième étranger du LHC et, aligné aux côtés de Sigrist et Baumann, il a été tout aussi transparent que cinq jours plus tôt à Neuchâtel. Cela fait cinq matches qu’il n’y a qu’un seul mercenaire du LHC qui inscrit son nom au tableau des compteurs. Vivement le retour d’Himelfarb !

4 points pour Pecker, 0 point pour le fantôme McNeil 

Déjà guère enthousiasmant lors des deux premiers tiers, le match va sombrer dans le néant au troisième. Au milieu d’un festival de dégagements interdits, il faudra un miracle de Tobler pour préserver le LHC d’une égalisation zurichoise (50e). La libération pour les Lausannois viendra d’une ouverture lumineuse de Lardi pour Pecker qui inscrivait là son quatrième point de la soirée. Ce qui lui vaudra quatre olas devant le virage ouest en fin de match.
Une fin de match sans doute accueillie avec soulagement par des Lausannois qui n’avaient jamais été accrochés à ce point cette saison par une équipe aussi mal classée. La victoire du LHC ne souffre certes d’aucune discussion et aurait pu être beaucoup plus nette avec un minimum de réalisme. Mais les performances des protégés de Kevin Ryan sur ces deux derniers matches ne manquent pas de soulever quelques interrogations.
L’imperméabilité de la défense avait constitué la bonne surprise du début de championnat mais l’arrière-garde lausannoise est un peu retombée dans ses travers de la saison dernière contre Viège et GC. Le rendement de certains joueurs est insuffisant. Le power-play est beaucoup trop stérile, avec un puck qui navigue dans la zone adverse sans que les Lausannois ne parviennent à trouver une position de tir favorable. Dans un match accroché, l’équipe est trop dépendante de sa première ligne (auteur des cinq buts jeudi) et manque de réalisme devant le but. Ces quelques interrogations ne doivent pas occulter l’excellent parcours accompli jusque là par les Lions de Malley mais montrent qu’il reste encore beaucoup de progrès à effectuer pour envisager un retour en LNA dès cette saison. Et donnent quelques indications aux dirigeants sur les correctifs à apporter au contingent, à commencer par l’indispensable arrivée d’un défenseur capable de tenir la ligne bleue sur les supériorités numériques.
Une chose est sûre : samedi à Ajoie, le LHC devra montrer un tout autre visage que contre Viège et Grasshopper s’il ne veut pas concéder sa troisième défaite de l’exercice.
Photos copyright www.mediasports.ch – Pascal Muller

LHC – GCK Lions 5-3 (2-1, 2-2, 1-0)

Malley : 2275 spectateurs.
 
Arbitres : M. Kunz, assisté de MM. Wermeille et Zosso.
Buts : 1ère Ruefenacht (Loetscher, Pecker) 1-0, 6e Ruefenacht (Loetscher, Lardi) 2-0, 19e Lemm (Schommer, Holzer) 2-1, 37e (36’43) Schäublin (Loetscher, Pecker/5c3, pén. différée) 3-1, 37e (36’58) Pecker (Gailland, Loetscher/5c3) 4-1, 40e (39’25) Badertscher (Pienitz, Tiegermann, 5c4) 4-2, 40e (39’44) Schelling (Kienzle, Johner) 4-3, 56e Pecker (Lardi) 5-3.
LHC : Tobler; Villa, Schäublin; Lardi, Merz; Morandi, Benturqui; Lötscher, Rüfenacht, Pecker; Sigrist, McNeil, Baumann; Gailland, Lüssy, Bodemann; Staudenmann, Lussier.
GCK : Grauwiler; Pienitz, Sidler; Cadonau, Holzer; Schefer, Schopp; Tiegermann, Badertscher, Rüegg; Lemm, Johner, Schommer; Kienzle, Wollgast, Genoni; Geiger, Ulmann.
Pénalités : 4×2 contre LHC, 5×2 contre GCK.
Notes : LHC sans Grieder ni Himelfarb (blessés).

Écrit par Julien Mouquin