Sortie de crise pour le VfB Stuttgart ?

En mai dernier, le VfB Stuttgart fêtait à la surprise générale le titre de champion d’Allemagne. Dans la foulée, le club souabe manquait de peu le doublé au terme d’une finale de Coupe homérique. Le tout dans une atmosphère de gigantesque liesse populaire. Cinq mois plus tard, l’ambiance a bien changé sur les bords du Neckar et c’est un club en crise qui attendait samedi le Bayer Leverkusen.

Avant cette onzième journée, le VfB n’occupait que la 14e place du classement avec un seul petit point d’avance sur le premier relégable, Bochum, et restait sur trois défaites consécutives. Avec onze buts inscrits en dix matchs, l’attaque souabe était la moins performante de la Bundesliga derrière Cottbus. Quant à l’aventure européenne, elle risque de tourner court : après trois matchs, le VfB a déjà perdu toutes chances de poursuivre l’aventure en Ligue des Champions et même un repêchage en Coupe UEFA apparaît hautement compromis.Une telle dégringolade ne saurait s’expliquer par le seul départ de Marco Streller. D’ailleurs, la campagne de transfert estivale n’est probablement pas en cause dans les déboires actuels du VfB. Certes, les nouveaux venus (le Turc Bastürk, le Roumain Marica, le Brésilien Ewerthon…) n’ont pour l’instant pas apporté grand-chose mais en même temps Stuttgart n’avait perdu qu’un joueur clé à l’entresaison, son gardien Hildebrand. Son successeur, Raphael Schäfer, même s’il n’assume pas le même leadership que le nouveau portier du FC Valence, ne peut pas non plus être tenu pour responsable des mauvais résultats du VfB.
Les Souabes subissent sans doute en premier lieu le contrecoup, tant physique que mental, du titre obtenu en mai dernier, et en particulier de leur fin de championnat démentielle qui les avait vu aligner sept victoires d’affilée pour coiffer Schalke 04 et le Werder Brême au poteau. Avec ce titre, le statut du VfB a changé : l’équipe surprise de la saison passée que personne n’attendait est devenue le defender dont tout le monde veut s’offrir le scalp. Il en résulte un surcroît de pression sans doute difficile à supporter pour une équipe qui reste très jeune.

Autre élément expliquant les difficultés souabes : la cascade de blessures qui accable l’équipe depuis le début de la saison. Le capitaine Meira alterne blessure et suspensions. Son compère de l’axe central, le Français Delpierre, l’assurance tous risques du VfB l’an dernier, n’a pas encore pu jouer en 07-08. Tour à tour, les latéraux gauches Boka et Magnin ont été blessés, tout comme, devant eux, Hitzlsperger (qui a fêté son retour samedi), décapitant ce flanc gauche du VfB si percutant l’an dernier. A droite, Hilbert peine à confirmer ses brillantes performances du dernier championnat, tout comme l’attaquant vedette Mario Gomez, perturbé par des pépins de santé durant la préparation.
Contre Leverkusen, l’entraîneur Armin Veh est contraint d’aligner une défense inédite : au côté du Mexicain Osorio à droite, on trouve Tasci (20 ans) et Pischorn (21 ans, joueur de la 2e équipe dont c’est le 1er match en Bundesliga) dans l’axe et Beck (20 ans) à gauche. Leverkusen n’aborde lui non plus pas cette rencontre dans les meilleures dispositions puisque les Rheinländer n’ont plus gagné en Bundesliga depuis trois matchs et ont joué en Coupe UEFA moins de quarante-huit heures auparavant.
Ceci explique sans doute que le match n’a pas atteint des sommets, loin s’en faut. Et pourtant, le public avait répondu présent : c’est sans doute actuellement le point le plus positif pour Stuttgart. Alors que l’an passé, ses supporters avaient tardé à se mobiliser, le VfB bénéficie cette saison du soutien inconditionnel de ses fans malgré les difficultés actuelles. Avec 51’000 spectateurs, le Gottlieb-Daimler-Stadion affiche presque complet, les places vides étant surtout le fait des supporters de Leverkusen qui ne se sont déplacés qu’en petit comité (à peine 500, c’est misérable pour un club allemand).

Tranquillo Barnetta est le premier à se mettre en évidence avec un tir dévié juste à côté (15e) et une frappe bloquée par le gardien Schäfer (25e). Alors qu’il a été l’un des plus actifs de son équipe, le Suisse sera crédité de la plus mauvaise note par le Bild (6). Quand on voit que le granitique Barbarez a lui reçu un excellent 2, on se dit que le journaliste ne devait pas être au match. Ou alors qu’il avait encore plus abusé de Dinkelacker que nous mais là ça paraît difficile ; déjà que tout le monde nous regardait comme des extraterrestres quand on a ramené nos douze choppes pour récupérer les consignes. A Dortmund, c’est si tu n’en ramènes que deux que l’on va te considérer bizarrement. Le Gottlieb-Daimler-Stadion n’est décidemment pas le stade le plus festif d’Allemagne.
Il va pourtant s’enflammer à la 26e sur une intervention litigieuse de Kiessling sur Cacau qui avait sans doute le poids d’un penalty. Mais l’arbitrage est rarement favorable à une équipe en difficulté et cela se confirme puisque M. Perl ne bronche pas, puis interrompra deux actions stuttgartoises pour des hors-jeu peu évidents. La poisse semble s’acharner sur Stuttgart : Hilbert doit sortir sur blessure à la pause et contraint Armin Veh à lancer un nouveau néophyte, Julian Schuster, lui aussi issu de la 2e équipe, tout comme Perchtold qui relayera Bastürk sur la fin.
Les débats vont s’animer après la pause : Gekas, annoncé malade mais qui a relayé le Tchèque Papadopulos, lui aussi sorti sur blessure, se présente seul devant Schäfer mais expédie son lob dans les bras du gardien souabe, tout comme son coup de tête quelques minutes plus tard. La plus grosse occasion du Bayer intervient à la 62e lorsque Barabarez décale Kiessling qui ne parvient pas à cadrer sa frappe.
C’est finalement Stuttgart qui va faire la différence à la 72e : auteur d’un bon match de rentrée, the Hammer Hitzlsperger sert Gomez dans la surface du Bayer. Le meilleur joueur du championnat d’Allemagne 2006-2007 cafouille mais, après avoir ricoché sur un défenseur, le ballon parvient à Andreas Beck. Le jeune remplaçant de Magnin et Boka ne se pose pas de question et inscrit son premier but en Bundesliga, l’unique réussite de la partie. Le Bayer passera tout près de l’égalisation sur un coup de tête de Friedrich détourné par Schäfer. Après que Cacau eût manqué le but du K.O. d’une pichenette un peu nonchalante, la dernière occasion a échu à Barnetta, bien servi par Barbarez. Mais le Suisse a précipité sa frappe et ne l’a pas cadrée alors qu’il avait sans doute mieux à faire.

Au final, Stuttgart est plutôt bien payé avec ce succès, même si les Souabes ont sans doute davantage cherché la victoire que le Bayer en 2e mi-temps. De toute façon, Armin Veh ne va pas faire la fine bouche. Compte tenu des circonstances, de la position précaire du VfB au classement et de la défense de fortune alignée, ces trois points face à une valeur sûre de la Bundesliga sont extrêmement précieux et permettront d’aborder la suite des événements avec un peu plus de sérénité. Il est sans doute un peu tôt pour affirmer que Stuttgart est sorti de la crise mais, avec les retours de blessure ou de suspension, le VfB devrait pouvoir revenir occuper une place au classement un peu plus rapport avec son statut de champion sortant.

VfB Stuttgart – Bayer 04 Leverkusen 1-0 (0-0)

Gottlieb-Daimler-Stadion : 51’000 spectateurs.
Arbitre : M. Perl.
But : 72e Beck (1-0).
VfB Stuttgart : Schäfer ; Osorio, Pischorn, Tasci, Beck ; Hilbert (46e Schuster), Khedira, Bastürk (85e Perchtold), Hitzlsperger ; Gomez (81e Meissner), Cacau.
Bayer Leverkusen : Adler ; Castro (53e Gresko), Friedrich, Haggui, Sarpei ; Kiessling (70e Freier), Sinkiewicz, Barbarez, Rolfes, Barnetta ; Papadopulos (36e Gekas).
Notes : aucun avertissement. Le VfB sans Pardo, Meira (suspendus), Delpierre (convalescent), Magnin, Boka, da Silva ni Marica (blessés), le Bayer sans Schwegler, Ramelow ni Schneider (blessés).

Écrit par Julien Mouquin